Que se passe t-il ? - Thélia

Elia m'avait envoyé un message afin de me demander à me voir et il ne fallait pas être devin pour comprendre ce qu'elle voulait me dire. Je m'étais laissé aller, j'avais laissé mes émotions prendre le dessus et j'avais totalement brisé ma carapace afin de montrer à quel point j'étais agacé par la situation. La savoir elle et lui si proche. Savoir que finalement, j'avais perdu la place la plus importante dans son cœur et que désormais elle lui revenait de droit. Et encore plus maintenant qu'il était célibataire et avec le cœur brisé. C'était comme ça qu'ils avaient dérapé soit-disant la première fois non ? Secouant la tête, j'enfonçais les mains dans mes poches tout en continuant d'avancer vers le lieu de rendez-vous qu'elle m'avait fixé. Ce Spring Break était naze et ma vie aussi. Je n'avais pas envie de la voir. Ni l'envie de m'excuser. Je voulais limite rentrer étudier ou me taper une autre nana. Je voulais me venger et oublier à la fois. Perdu dans mes pensées, j'avançais dans la direction de mon ex-femme sans m'en rendre compte. « Tu veux bien qu'on aille marcher en même temps ? » me demanda-t-elle après m'avoir fait la bise me laissant ronchon. « Ouais. » débitai-je juste avant de la suivre. « Comment tu vas ? » Bien. Très bien même. J'ai pris mon pied en tapant ton love interest, je passe mon temps à me faire chier et la vie me gonfle mais très bien. Je lui jetais un regard en biais, levant les yeux au ciel. Très agacé. « Et si t'allais plutôt droit au but ? » demandai-je finalement en la regardant. L'entendre me parler de Priape allait être de la torture, alors autant commencer maintenant.

« & si tu m'expliques ce qui cloche chez toi ? Un coup ça va un coup ça va pas. Pourquoi t'as frappé Priape alors que je t'avais demandé de ne plus le faire ? Puis pourquoi tu me parles comme ça, pourquoi t'es froid ? C'est quoi le problème avec moi ? » Notre promenade avait été courte, si bien la jeune femme s'était arrêtée afin de m'observer, me faisant perdre patience. Je n'avais pas envie de reparler de cette histoire bien qu'elle était très récente et que la Cabot avait été aux premières loges. Alors certes elle m'avait vu frapper Priape en premier mais ce qu'elle ne savait pas était que le jaune m'avait balancé son verre à la tronche et qu'ensuite il n'avait cessé de faire des sous-entendus à son sujet avant d'essayer de me balancer son poing dans la figure. Même lorsque la jeune femme avait finalement fait acte de présence, il avait osé faire des sous-entendus. Ma colère était telle que je me sentais bien merdique. Il avait fini par conquérir son cœur, là où moi j'avais fauté tant de fois. C'était bien fait pour moi et je le savais parfaitement mais je ne pouvais m'empêcher de m'en vouloir, de regretter, d'avoir la haine et de vouloir péter la gueule encore et encore à ce sale jaune canari. « Qu'est-ce que tu veux que je te dise exactement Elia ? » disais-je alors dans un excès de colère en levant un bras pour extérioriser celle-ci. « Puis de quoi un coup ça va, un coup ça va pas ? » Là, je ne savais pas de quoi elle me parlait et je secouais juste la tête, me passant une main sur le front, exaspérer. « Il n'y a pas de problème avec toi...Enfin si, mais c'est plus ton meilleur ami qui me fous hors de moi ! » Je repris ma marche de quelques pas avant de me stopper. « Il m'a cherché, provoqué, et en plus sous tes yeux ! Mais évidemment là tu dis rien, parce que Ô Saint Priape, c'est le meilleur et il ne faut pas le toucher ! » Je m'emportais carrément et je devais me calmer mais mon regard émeraude me trahissait amplement. J'étais déçu et effrayé. Déçu de l'avoir perdu, effrayé de la perdre encore plus maintenant.

Je n'avais pas envie d'une nouvelle dispute, surtout pas avec elle. Mais il y avait comme un sixième sens chez moi qui me disait que je n'allais pas y échapper. Soit ça, soit ne pas échapper à quelque chose de pire encore. Et bon sang comme j'avais pas envie de discuter et comme cette situation me prenait le choux. Je n'aimais pas la savoir trop proche de son meilleur ami, c'était pas si compliqué à comprendre, si ? Enfin pour elle apparemment, mais ça c'était sûrement dû au fait qu'à présent elle devait l'aimer et que donc elle se fichait totalement de ce que je pouvais penser ou ressentir. D'ailleurs, je serrais les poings, attendant le savon qu'elle voulait me passer pour avoir frappé son nouveau cher et tendre. Il l'avait bien mérité, même si je m'étais aussi mangé de sacrés coups. «  Je n'étais pas là avant donc je ne peux pas en parler, je juge sur ce que j'ai vu Théo et j'ai vu que tu lui as mis ton poing dans sa tête sans vraie raison. J'ai pas compris pourquoi soudainement tu lui as sauté dessus. Il t'aurais frappé en premier d'accord t'as le droit de te défendre mais tu l'as frappé en premier et tu m'avais dit que tu le ferais plus. Puis c'est quoi ton problème avec moi d'abord ? » Fallait au moins s'y mettre à deux pour être aussi aveugle. Il était hors de question que je n'étale au grand jour le pourquoi de ma jalousie ni ma jalousie même. Je me passais la langue sur les lèvres en fermant les yeux, respirant profondément avant de planter mon regard vert dans le sien. « Je n'ai pas aimé ta façon de le dorloter comme si c'était la septième merveille du monde, ni même sa façon de me sous-entendre que toi et...lui, argh ! » Je ne terminais pas ma phrase, ayant plutôt poussé un cri de dégoût en faisant des gestes incompréhensibles avec mes mains. J'étais agité et ça se voyait. Je n'aimais vraiment pas la situation mais alors pas du tout. Me détournant, je pris appuie sur une balustrade qui donnait accès au passage maritime pour se balader au bord de la plage. Je jetais désormais mon dévolue sur celle-ci comme si elle était bien plus intéressante que mon ex-femme. « J'ai toujours été là pour toi, même aujourd'hui après que tu te sois barré en me laissant en plan, alors en quoi t'as un problème avec moi ? » Je secouais la tête. Je n'avais pas envie d'en parler ni d'entendre à voix haute qu'elle aimait l'autre. « Rien. Je n'ai aucun problème avec toi. Si j'en suis là c'est par ma faute et j'ai perdu ce que j'ai perdu...Tant pis pour moi. » disais-je d'une voix lasse, ne répondant pas tout à fait à ce qu'elle voulait savoir. « Je l'ai frappé parce que j'avais la haine. S'tout, j'le referais plus à condition qu'il me foute la paix et que vous vous teniez loin de moi... » Ma dernière phrase allait probablement lui faire de la peine mais c'était mieux ainsi, de mettre une certaine distance entre nous désormais.

La discussion avec la jeune femme prenait une tournure totalement différente. Si en un principe elle m'avait convoqué afin de me réprimander sur le pourquoi j'avais tabassé son meilleur ami alors que je lui avais promis de ne lui plus jamais le faire, j'avais plutôt l'impression de vivre un remake de l'émission confession intime, dans laquelle je faisais part de ma jalousie à la Cabot. Et je ne voulais pas, bon sang que je ne voulais pas. Surtout que la jeune femme puisse comprendre à quel point j'étais jaloux de sa relation avec le Dunster et encore plus depuis que j'avais compris qu'elle partageait des sentiments à son égard. « Ce n'est pas une raison mais je pense qu'il doit te charier avec ça car tu as quand même vendu la mèche à Talya. Certes c'est pas cool de sa part et je lui ferais passer le mot mais faut pas le prendre mal, puis pourquoi tu le prends aussi mal, ça te touche encore cette histoire ? » Je secouais la tête car pour moi sa raison n'était pas vraiment valable. « Évidemment qu'elle me touche cette histoire ! » gueulai-je avant de me rendre compte que je faisais d'une écorchure, toute une une plaie ouverte. Pourquoi ne voulait-elle pas comprendre ce que je ressentais sans que j'eus besoin de le lui expliquer avec des mots ? Il ne fallait pas vraiment être magicienne pour comprendre pourquoi je réagissais ainsi...Bien que ce pourquoi m'échappais encore totalement. Quand je disais que j'en avais marre, ce n'était pas des mots en l'air. « Je ne supporte pas que tu sois proche de lui, surtout avec ce qu'il s'est passé entre vous...Putain, c'est si difficile à comprendre ?! » demandais-je en me tournant vers elle alors que je m'étais appuyé contre une balustrade afin d'observer la plage. Néanmoins, alors que je confiais à mon ex-femme que je préférais prendre mes distances vis-à-vis d'elle et de son foutu meilleur ami, je n'avais pas imaginer qu'elle puisse se révolter ainsi, en me foutant toutes mes erreurs en pleine face d'une seule lancée. Je ne souhaitais pas les voir ensemble et souffrir encore plus. J'avais déjà bien souffert en comprenant qu'elle s'était mariée avec moi plus par pitié que par amour alors là, la voir avec un autre était ce que je souhaitais le moins. « Tu recommences ? » Je tournais lentement mon visage vers le sien, attendant la suite. «  T'es revenue pour un mois après me dire que tu veux t'éloigner de moi ? Tu joues à quoi à la fin ? Je suis pas un yoyo Théophyl. Ca t'amuse de venir dans ma vie pour en partir puis revenir et repartir etc ? Je t'ai pas fait le quart de ce que tu as fait et je me suis jamais permise de faire le yoyo avec toi. Alors c'est quoi ton problème à la fin ? » Je déglutissais alors péniblement, surtout vu le ton qu'elle avait employé pour prononcer mon nom complet. Elle n'avait rien comprit ou faisait exprès. « Pourquoi c'est plus facile pour toi de me virer que de me garder ? » Je soupirais. Parce que c'était comme ça, que je finissais toujours seul de toute façon, peu importe ce que je faisais. « Arrête tes conneries, j'te prends pas pour un yo-yo. » débitai-je tranquillement en me passant une main derrière la nuque tout en soupirant. « Il y a que...Je ne suis pas près à être le spectateur de ta vie avec un autre, j'suis désolé. » disais-je alors en murmurant dans un premier temps. « J'ai pris conscience que j'étais incapable d'être seulement ton ami, j'peux pas, tout simplement... » J'avais subitement le sentiment que le temps des adieux était arrivé. « Je serais toujours là pour, je te le jure, mais là...Surtout avec lui, c'est trop me demander. » J'étais alors prêt à prendre mes jambes à mon cou afin de la fuir le plus loin possible. « Franchement, crois-moi quand je te dis que je suis désolé pour tout...Et j'comprends, tu sais...C'est un meilleur choix et j'espère que lui au moins ne te fera jamais souffrir...J'sais que c'est un type bien. » Et Dieu savait que ça me coûtait de dire de telles paroles. Et putain, j'avais subitement l'envie de mettre à chialer comme une mauviette.

S'ayé c'était dit. Lui souhaiter tout le bonheur du monde avec son meilleur ami était probablement la meilleure chose à faire par la suite, surtout après lui avoir dit que je comprenais son choix, que de toute façon il était une meilleure personne que moi et que du coup, c'était tout à fait compréhensible qu'elle ait des sentiments à son égard et que probablement maintenant qu'il était célibataire, déprimé et cocu et qu'elle aimait les causes désespérées, ça allait le faire pour eux à présent. Putain, j'allais gerber. Pourtant, je m'étais plus attendu à un ''je suis désolé'' ou alors à un ''merci'' qu'à ce qu'elle osa me dire. « Mais de quoi tu parles ? Tu crois que Priape et moi on est ensemble ou on va finir ensemble ? Si c'est ça tu peux me dire qu'est ce que tu fumes ou bois ? Non parce que ça doit être fort hein ! Tu te souviens que Priape était avec Talya ? Puis c'est même pas ça, mais comment peux tu penser que je suis amoureuse de lui ? » Je n'avais pas envie d'entendre ce qu'elle voulait me dire. Lala je chante et je me bouche les oreilles. Ça faisait gamin certes, et c'est donc pour ça que je ne le fis pas, écarquillant les yeux au fur et à mesure que les sens de ses mots venaient se faufiler dans mon cerveau d'imbécile. « Et alors ?! Qu'est ce que ça peut foutre qu'il était avec Talya maintenant qu'il ne l'es plus et qu'apparemment -à ce que j'ai compris- il est cocu ? T'as tout à fait le champ libre...Mens pas Elia...J'ai tout compris. » Qu'elle avait des sentiments pour lui, oui je l'avais bien compris. D'ailleurs, j'allais vraiment vomir. C'était trop d'émotions d'un coup pour mon petit cœur. « Priape est mon meilleur ami et t'es bien trop têtu et buté pour voir que je n'ai jamais eu personne d'autre depuis toi, tout ça car j'ai toujours des sentiments pour toi. » Elle a dit quoi là ? Je tournais mon visage d'une façon tellement précipitée dans sa direction que la tête me tourna comme une hélice. Jésus Christ. C'était tout simplement impossible...Et j'allais mourir sur le champ. « Ke..sstudis ? » demandai-je alors précipitamment en me posant une main sur le front tellement je me sentais pas bien pour le coup. Je ne l'avais encore jamais confié à personne mais depuis mon accident, il m'arrivait d'avoir des pertes de connaissance ou d'être sujet à de fortes migraines et apparemment plus les émotions étaient fortes, moins j'y échappais. « T'es surement le mec le plus aveugle de l'univers » Probablement, surtout lorsque je ne portais pas mes lunettes. « Mais...tu l'aimes lui... » répétais-je d'une façon hébété, en ne comprenant pas ce retournement de situation. Était-il possible que je me sois autant trompé sur ce sujet ? J'étais perdu...Je reculais alors jusqu'à appuyer mon corps entier contre la balustrade, le teint probablement blanc, le cœur au bord des lèvres. N'osant plus la regarder ni elle ni les larmes qui envahissaient son visage, je me retournais afin de me pencher et de plonger mon visage vers le vide, aussi loin que je le pouvais, avalant l'air à grande bouffée. Puis, comme j'étais le roi des maladroits, je perdis précisément connaissance à cet instant et je perdis l'équilibre, laissant mon corps passer par-dessus bord, avant de venir s'étaler en bas, sur le sable chaud.