J11 - Une gorgée de vodka pour oublier sa voix, puis deux pour oublier ses yeux. (Talya)

J’hochais les épaules suite à sa question sur la température ambiante : « J’suis réchauffé alors je peux pas dire, je serais pas objectif… » Et puis réchauffé pas que par la vodka… J’avais encore l’impression de sentir le souffle de la jeune femme contre ma peau, les effluves de son parfum ou encore le contact de ses doigts sur mon torse… Et maintenant qu’elle avait mis sa main dans la mienne, mon cœur s’affolait de nouveau. Non je ne pouvais pas, et ne voulais pas, rester assis là à côté d’elle, le piège allait se refermer sur moi j’allais finir par être incapable de lui résister. Mais lorsqu’elle se leva finalement se retrouvant debout, son visage à quelques centimètres du mien, je réalisais que l’option assis avec elle contre ce mur aurait probablement était la meilleure. Ses lèvres s’emparèrent des miennes et je fermais les yeux. Retrouver le goût de sa bouche, même brièvement, était bien trop délicieux pour que je réussisse à la repousser. Ma main lâcha la sienne pour aller se poser sur son épaule mais resta inerte, incapable d’effectuer la pression qui l’éloignerait de moi. Ce fut elle seule, qui mit fin à ce baiser en s’écartant de moi et en s’excusant.  « Talya… » Je lui lançais un regard fiévreux, l’envie de fondre sur elle pour reprendre ce baiser trop bref me dévorait intérieurement et je luttais contre cette tentation… Déjà que ne pas réussir à la repousser avait été une erreur. « Tu devrais t’en aller sinon… » Sinon je n’étais pas sûr de résister plus longtemps…

Je voyais maintenant dans le regard de Priape qu'il était incapable de résister plus longtemps et ses paroles me confirmèrent ce que j'avais déchiffré. Je devrais m'en aller sinon... Mais sinon quoi ? Sinon il allait craquer ? C'était exactement ce que je voulais. Je restais donc là tout près de lui, me rapprochant même encore plus près pour le sentir, sentir son corps contre le mien vraiment et mes mains se déposèrent sur ses joues glissant alors dans son cou. « Je ne veux pas m'en aller, je veux être avec toi Priape... » J'avais fait cet aveux droit dans les yeux du beau dunster. Je le voulais lui, même enceinte de Matthéo c'était lui que je voulais près de moi, dans ma vie, dans mon lit, là dans toutes les épreuves. Mesl èvres se rapprochèrent des siennes comme des aimants mais finalement je m'arêtais à quelques milimètres, les ferait il ? Lâcherait il un peu de leste dans son comportement froid et dur à mon égard que je pouvais tout à fait comprendre. Dans cette position je finis par lui souffler : « Je te jure que je ne veux être qu'avec toi...qu'à toi... » Si lui avait du mal à m'avouer des choses car elles étaient fausses, moi je pouvais sans mal lui dire que je l'aimais, qu'il était le seul à compter au niveau amoureux et que je voulais faire ma vie avec lui, le rendre heureux.

Talya ne bougea pas, malgré mon avertissement. Elle se rapprocha même encore plus, se jouant de mon self contrôle. Mes yeux se fermèrent instinctivement lorsque ses doigts glissèrent de mon visage vers mon cou en une lente caresse. Un frisson parcouru mon corps qui se contracta aussitôt. « Talya, arrête… » soufflai-je alors. C’était plus une supplication qu’un ordre, parce que je me sentais faiblir et que je savais très bien qu’en agissant ainsi, la jeune femme allait finir par m’avoir. Je saisis ses poignets pour retirer ses mains et je rouvris les yeux. Son regard me transperça, ou plutôt transperça mon armure de glace qui avait déjà bien commencé à fondre. Elle était là à quelques millimètres de moi, avec sa beauté fracassante, ses lèvres si attractives et son regard étourdissant et j’étais juste incapable de relâcher ses poignets et de m’éloigner d’elle, comme ma raison me le dictait pourtant. Tirant doucement sur ses bras pour l’attirer complètement à moi, je m’emparai de ses lèvres avec passion, unissant nos bouches dans un baiser qui n’avait rien à voir avec le timide contact qu’elle avait initié quelques instant auparavant. Mes lèvres étaient plus pressantes, plus fièvreuses, mes mains relâchèrent les siennes pour aller glisser dans le bas de son dos, plaquant son corps contre le mien.

Priape lâchait enfin du leste, baissait enfin sa garde pour s'abandonner complètement dans un baiser qui exprimait bien toute la passion qu'il pouvait y avoir entre nous, l'amour aussi, mais aussi la colère de l'avori trompé. Ce baiser mélangeait tout ce qui le rendait vraiment intense et je n'avais aucune envie qu'il s'arrête. Je n'avais qu'une peur : qu'il l'interrompe et ne redise qu'il ne voulait plus me voir qu'il avait une autre petite amie. Ah sa Léanne il ne l'embrassait surement pas aussi intésement. Alors qu'il lâchait mes poignets, je passais mes bras autour de son cou déposant mes mains dans sa nuque pour qu'il n'interrompe pas ce baiser. Collés l'un à l'autre de la sorte, il était difficile de s'imaginer ce par quoi nous étions en train de passer. Lorsque le baiser se termina, je gardais mon front collé au sien, n'osant pas me reculer pour le regarder dans les yeux pour voir ce qu'il pouvait penser de tout cela, lire peut être qu'il regrettait. Alors qu'il allait dire quelque chose je m'empressais de le couper : « Ne dis rien... » Non je ne voulais pas qu'il brise ce moment, je voulais en profiter et je n'avais qu'une envie : l'embrasser à nouveau ce que je fis.  « Ne me laisse pas Priape... » J'étais heureuse d'être là dans ses bras, mais bien consciente quand même que ce n'était qu'un moment de faiblesse derrière l'armure qu'il s'était faite, qu'un coup porté à l'immense mur qu'il s'était construit pour ne plus souffrir. « Je te promets que je ne te ferais plus jamais souffrir, que ça ne se reproduira plus jamais... »

Les mains de Talya glissèrent derrière ma tête au niveau de ma nuque, la jeune femme répondait à mon baiser avec la même fièvre, la même envie, comme si rien de tout cela n’était arrivé, comme si ces dernières semaines n’avaient été qu’un cauchemar. Nos bouches se séparèrent finalement mais pas nos visages. Talya resta près de moi, son front collé au mien… J’étais partagé entre l’envie de m’enfuir et celle de la retenir à jamais contre moi. Je restais simplement immobile, le cœur tambourinant dans ma poitrine, avec le sentiment angoissant d’être en train de commettre une terrible erreur. « Talya je… » Mais elle m’empêcha de poursuivre, redoutant probablement ce que j’allais dire, elle m’embrassa une nouvelle fois, dissipant mon malaise temporairement. Mais quand nos lèvres se délièrent à nouveau, je sentis aussitôt le poids des regrets m’envahir… « On devrait pas faire ça, je devrais même pas être ici avec toi… » articulai-je difficilement sans pour autant relâcher sa taille sur lesquelles mes mains restaient obstinément ancrées, maintenant la jeune femme contre moi.  

Je savais qu'il allait dire une phrase du genre c'est pourquoi j'avais repris rapidement ses lèvres après notre premier baiser. Mais après le second, je ne pouvais pas non plus le forcer à se taire ou à faire quelque chose qu'il regretterait, ce n'était absolument pas mon genre même si rester dans les bras du beau dunster aurait été mon souhait le plus profond. Mes mains vinrent se poser sur les siennes que j'ôtais délibérément, j'avais mal au coeur de faire cela mais je ne voulais absolument pas qu'il regrette quoi que ce soit me concernant, je savais bien trop ce que cela faisait de nourir des regrets et ce n'était pas du bien. M'écartant je finis par lui dire : « Va la rejoindre... Fais ce que tu as à faire, éloigne toi de moi alors... » Mes yeux étaient humides mais par chance il faisait nuit et ma voix ne trahissait pas l'émotion avec laquelle j'avais dit cela. C'était un crève coeur mais je ne voulais pas qu'il soit avec moi par défaut, ni même qu'il soit là en pensant à une autre. Ce doux moment entre nous m'avait laissé entrevoir un petit espoir que je pouvais aller chercher ses sentiments, que je pouvais les faire sortir de la boite dans laquelle il tentait de les enfermer... C'était un grand pas pour ce soir même si passer la nuit avec lui serait la plus belle chose. « Je veux pas te forcer et te faire faire des choses que tu regretterais moi en tout cas je ne regrette pas ce qu'il s'est passé et j'aimerais recommencer cent fois au moins... »

Ce fut elle qui fit ce que mes mains refusaient de faire : elle les ôta de ses hanches avant de me répondre que je devais la rejoindre. Je restais un moment figé, à la fois étonné par son geste mais également perdu par ses paroles. « Rejoindre qui ? » Ses baisers, l’alcool, je n'avais pas saisi d’abord qu’elle faisait référence là à ma supposée petite amie, qui n’était en fait qu’une de mes très bonnes amies. Je me repris rapidement, reculant d’un petit pas, un imperceptible recul en réalisant ma boulette : « Euh, oui, je vais aller retrouver Leanne. » Comment j’avais pu être aussi stupide ? Baisser ma garde au point de me retrouver en train d’embrasser Talya et ensuite gaffer de la sorte… J’allais ramer à présent pour convaincre mon ex petite amie que j’étais passé à autre chose et que j’avais tiré un trait sur nous. Je repris donc un peu de contenance pour lui répondre : « On recommencera pas Talya… C’était la dernière fois. » J’avais adopté un ton froid et détaché, comme si le rapprochement qui venait de nous réunir n’avait pas eu lieu. J’allais devoir peut être la supprimer de mon répertoire pour ne plus l’appeler à moitié saoul, j’allais surement aussi tenter de l’éviter pour le reste des vacances mais j’allais m’y tenir : Talya Blackburn n’avait plus sa place ni dans mon cœur, ni dans ma vie. « Considère ça comme un baiser d’adieu et oublie-moi. »

Un baiser entre nous et il oubliait qui il devait rejoindre, cela me confirmait qu'il n'y avait personne, qu'il m'avait dit cela juste pour que je me détache et ses paroles ne faisaient que me le confirmer. Cherchait il à me convaincre qu'on ne recommencerait pas ou à se convaincre lui même ? C'était surement là la grande question parce que si c'était moi c'était loupé, je ne marchais pas dans son petit jeu. Et puis même si tout cela était vrai et que j'en avais la preuve, je m'en fichais, il ne pouvait pas avoir enfermé tous ses sentiments et avoir jeté la boite aussi vite, j'allais donc aller la retrouver et la rouvrir, coute que coute. Il ne connaissait surement pas la Talya déterminée, il allait la voir maintenant. Au moins il aurait fait le tour d'à peu près toutes les facettes ce n'était pas plus mal. « Je ne t'oublierais pas...» Je laissais ma phrase en suspend, il la prendrait comme il voulait et me dirigeai vers l'intérieur pour retourner dans ma chambre, c'était assez pour ce soir au niveau des émotions, mon lit m'attendait.