JOLINE ✱ Nice to meet you again

La Nouvelle-Zélande, j'avais pas eu le choix que d'accepter de venir ici. Je veux dire, c'est quand même une destination rêvée et puisque je n'avais pas d'exams avant un bon moment - bon, dans la limite du raisonnable - je pouvais me laisser ce break pour ne pas réviser et profiter du soleil et de ma vie loin d'être aussi chaotique qu'il y a quelques mois. Je me remettais doucement mais sûrement de ma rupture avec Joan. Faut dire que Blaise aidait énormément de son côté alors bon. Et puis voilà, les choses allaient mieux, c'était l'idéal. C'était bien pour cette raison que je me suis dit que j'allais profiter à fond de ce Spring Break, me retrouvant alors au pied de ces cascades, qui ont une source d'eau où la baignade était autorisée, à mon plus grand bonheur. Je m'étais mis à m'amuser une bonne partie de la journée avant de me poser dans un coin au niveau des arbres, pour manger et me ressourcer. J'avais pas tellement envie de passer tout mon temps à me socialiser non plus. Un peu okay, trop non non non. Enfin, une fois la petite pause faite, je me redressais pour aller me baigner, c'était sans compter que quelqu'un vienne me bousculer genre narmol. « Hey ? » disais-je en fronçant des sourcils, m'attendant au moins à un "désolé".

Pourquoi fallait-il que le spring break commence aussi mal han ? A crorie que tu n'attirais que les histoires ce qui au final, n'était pas totalement faux. Mais c'était exaspérant. Vraiment. Sauf que t'essayais de sortir le côté positif de cette situation en te disant qu'au moins, maintenant, tu pouvais faire ce que tu voulais. Y aurait pas Aaron pour te faire des crises ni même Nate pour.. Ouais enfin bref, tu pouvais faire ce que tu voulais. Et aujourd'hui, c'était la sortie aux cascades. Paysage magnifique et tout le reste. Autant que tu profites du fait de ne pas être encore totalement énorme pour aller te baigner, non ? Ouais. Vu que tu rentrais toujours dans ton bikini, tu pouvais au moins faire ça. Mais t'avais carrément la tête ailleurs, c'était le cas de le dire. En fait, tu faisais même pas attention à ce qui se passait autour de toi et paf, tu poussais quelqu'un. Promis, c'était pas fais exprès. « Dé.. » Et merde, c'était Joshua. « solée.. » Non mais sans déconner, y avait combien de chance que tu tombes sur lui ? Et puis c'était affreux de le revoir, vraiment. T'avais l'impression qu'il y avait une éternité ce qui était sûrement le cas. Ouais, manquait plus que ça.

Et paf! On retombe sur une ex. En fait, je me doutais qu'un jour, j'allais retomber sur Charline, même si je pensais pas que ça allait être aujourd'hui, au niveau de ces cascades. « Dé.. » commençait-elle à dire avant de se rendre compte qu'il s'agissait de moi. « solée.. » Déglutissant, je ne savais pas trop comment réagir face à elle. Je me souviens qu'elle m'avait envoyé un sms plus tôt dans l'année et j'avais pas vraiment bien réagi, tellement j'étais encore en colère contre elle. Je me souviens encore du coeur brisé que j'avais eu quand j'avais appris qu'elle m'avait trompé l'été où j'étais rentré en Irlande. Autant dire, j'avais eu du mal à m'en remettre. « Hey, c'est pas.. grave » Après tout, il n'y avait pas mort d'homme. Juste une bousculade et on allait pouvoir reprendre le court de nos vies respectives.

Tu devais avoir l'air stupide pour la peine. L'effet Joshua. En fait, t'avais toujours l'air stupide en sa présence et ça n'avait pas vraiment changé avec les années. Au final, t'étais sûrement à deux doigt de te mettre à bredouiller avant de virer rouge tomate. Quoi que.. T'avais changé depuis ça non ? Tu n'avais plus dix huit ans, il ne te faisais plus le même effet et.. Tu pouvais juste pas continuer à réagir comme ça en sa présence. De l'eau avait coulé sur les ponts et vous étiez tout les deux passés à autre chose, point. T'haussais les épaules quand il disait que ce n'était pas grave avant de reculer d'un pas. Qu'est ce que tu pouvais lui dire de plus de toute façon ? T'avais bien tenté un premier pas en début d'année et disons qu'il n'avait pas vraiment été réceptif alors c'était pas comme si t'allais lui faire la conversation ou autre idiotie dans le genre. Ouais. T'avais qu'à continuer ton chemin et faire ta vie de ton côté comme il était prévu plutôt que de tenter la moindre approche qui serait à tout les coups un échec. Et merde, pourquoi est ce qu'il continuait à te déstabiliser, hein ?

Bon, faut croire que certaines choses n'avaient pas changé en... six ans. Putain ça faisait déjà six ans qu'on se connaissait, six ans et demi. Cinq ans et demi que nous avions rompu et que nous vivions notre vie chacun de notre côté. Ouais, elle était toujours pareille me concernant, du moins en ma présence. Muette, gênée.. J'avais l'impression de revivre notre première rencontre, quand je ne savais pas où me mettre lorsqu'elle m'avait invitée chez elle. Et elle aussi savait pas trop où se mettre. C'était mignon, quand on y repensait... même si bon, la fin de notre histoire n'était pas si mignonne. « T'as... t'as l'air d'aller bien » Ouais bon, pareil en fait. J'étais pas super à l'aise, surtout que je n'avais jamais répondu à son dernier message. Mais bon, que dire, que faire face à la fille qui a brisé son coeur pour la toute première fois ? Pas grand chose, en effet. Elle m'avait manqué pendant un moment, mais à présent je sais pas trop. Disons que j'étais prêt à tourner la page. Elle m'avait trompé, so what ? La vie continue, c'est tout.

Non mais c'était pas normal que tu continue à réagir comme ça en sa présence. Pas après tout ce temps. Là, t'avais l'air d'une adolescente en pleine puberté incapable de savoir comment réagir face à un mec. Puis merde quoi, t'avais carrément fait ta prostipute avec lui même si tu l'avais énormément regrettée par la suite et.. Fallait vraiment que t'arrête de te rendre malade avec ça. « Toi aussi.. » Quoi qu'en fait, tu te sentais vraiment pas bien pour le coup. Tu savais pas pourquoi mais d'un coup, t'avais hyper mal au ventre comme si t'allais vomir. Tiens, c'était sûrement à cause des fajitas de la veille. Quoi que c'était peut être le guacamole qu'était pas forcément frais. A moins que le camembert ait été de trop. Ouais, mais pour le coup, tu te sentais nauséuse et c'était pas vraiment bon signe. D'ailleurs, t'étais presque sûre que t'étais devenue blanche livide d'un seul coup et.. Ce qui devait arriver arriva. Tu venais de vomir sur les pieds de Joshua et.. C'était sale. Vraiment. Parce que le pauvre, il était pied nu quoi. Tu mettais ta main devant ta bouche reculant l'air ahuri comme si t'avais vu une testicule sans trop savoir quoi faire ou quoi dire. « J'crois qu'en fait je me sens pas du tout bien. »

Il parait qu'on n'oublie jamais son premier amour. Et bien je peux certifier que c'est vrai. Je n'ai jamais oublié Charline, à quel point on a pu être bien tous les deux, avant qu'elle ne vienne à me tromper sous prétexte que j'étais parti en Irlande. Sympa la rentrée de deuxième année, n'est-ce pas ? Autant dire, je l'avais pendant longtemps eu mauvaise et puis il y a eu la bombe et puis récemment la prise d'otages. La vie est courte, bien trop courte. Alors je préférais tourner la page et faire table rase du passé. « Toi aussi.. » J'esquissais un sourire, bien content alors de me trouver face à elle. J'allais entamer alors la discussion, comme deux personnes normales feraient - même si bon, on est loin d'être normaux nous deux - sauf que je voyais son teint blanchir à vu d'oeil. Et en très peu de temps, le contenu de son estomac se retrouvait à mes pieds. Enfin non, que dis-je.. sur mes pieds. So glam. Merci Charline pour ce reflux gastrique, j'en demandais pas tant. « J'crois qu'en fait je me sens pas du tout bien. » Cessant de respirer par le nez pour éviter l'odeur nauséabonde, je venais alors lui demander « Tu pourrais pas aller chercher genre.. un ou deux bouteilles d'eau. Histoire de rincer tout ça » On s'occupera de son cas juste après. Parce que là, le plus important restait le vomi sur mes pieds quoi.

Ouais bah en même temps il avait pu le remarquer vu que tu venais lamentablement de lui vomir dessus. Heureusement que tu cherchais pas à le reconquérir ou une connerie comme ça parce que fallait quand même avouer que là, c'était un puissant tue l'amour pour le coup. Gosh non mais tu venais de vomir sur les pieds de Joshua. Y avait quand même mieux comme situation. Surtout si on partait du fait qu'il était ton premier amour et qu'il y avait une éternité que tu ne l'avais pas vu. M'enfin, de toute manière tu pouvais pas effacer le fait que tu venais de lui gerber dessus et gosh, t'aurais tellement aimé disparaître dans un trou de petite souris à ce moment précis. C'était affreux. « Tu pourrais pas aller chercher genre.. un ou deux bouteilles d'eau. Histoire de rincer tout ça » Et où est ce que tu étais censée trouver des bouteilles d'eau toi ? Non mais parce que tu pouvais pas les faire apparaître comme par magie et pour le coup tu regardais autour de toi d'un air stupide. « Ou sinon tu peux aller te rincer les pieds dans l'eau là-bas. » Ouais, c'était la seule solution que tu avais là maintenant tout de suite et il faudrait sûrement qu'il s'en contente. « J'suis vraiment désolée Josh.. Vraiment. » Bah ouais, t'avais quand même pas fais exprès de rendre ton repas là comme ça.

Je trouvais ça tellement dégueulasse. Mais je pouvais rien y faire, si ce n'est retirer le tout. J'avais demandé des bouteilles puisque ça restait la solution la plus propre, mais elle n'avait pas l'air d'avoir la même vision que moi. « Ou sinon tu peux aller te rincer les pieds dans l'eau là-bas. » Je ne pus m'empêcher de grimacer, pour la simple et bonne raison que c'était aussi dégueulasse que le vomi sur mes pieds. « Là où tout le monde se baigne ? Rappelle-moi de ne jamais me baigner là-bas, genre jaaaamais. » Je me rendais compte qu'en fait, fallait pas que je sois urgentiste juste vis à vis de ça. Parce que bon, c'est assez connu qu'aux urgences, on arrivait à avoir des cas assez spéciaux, et je suis sûr qu'avec la chance que j'ai, je peux tomber sur des gens vomito. Comme Charline quoi. « J'suis vraiment désolée Josh.. Vraiment. » Je relevais le regard sur elle et je me calmais doucement, parce que oui j'étais légèrement agacé par ce reflux gastrique - qui pue - sur mes pieds. « Je.. c'est pas grave, c'est pas grave t'en fais pas. Je.. vais aller m'rincer ça » C'est pas comme si j'avais le choix en fait. Je me débarrassais du surplus avant de me diriger vers un coin reculé de la source d'eau et je trempais les pieds, que je secouais vivement pour que ça me nettoie bien. Vraiment dégueulasse duh.

Inspire, expire. Fallait pas que tu paniques. C'était la pire rencontre que t'avais pu faire de toute ta vie. Probablement même que t'arriverais jamais à l'effacer de ta mémoire et c'était putain d'humiliant aussi. T'étais presque sûre qu'il allait gentiment t'attribuer le surnom de vomito. Ouais, il avait aucune raison d'être sympa avec toi et du coup, ça serait mesquin de sa part mais amplement mérité puisqu'il fallait dire que dans ton genre, tu l'avais bien détruit. Et même si cela datait de plusieurs anné, y avait des gens qui avaient la rancune tenace. Un peu comme toi en fait. Ouais, tu serais même pas étonné qu'il s'en serve juste pour t'emmerder. Quoi que Josh n'était pas le genre de mec méchant. Pas comme toi qui était une vraie connasse avec plus ou moins tout le monde. « Là où tout le monde se baigne ? Rappelle-moi de ne jamais me baigner là-bas, genre jaaaamais. » Roooh, il faisait vraiment l'enfant pour le coup. Enfin, certes, c'était du vomis et par conséquent plutôt sale mas y avait carrément pire que ça. « Si tu prends en compte que la moitié des gens pissent dans l'eau, tu devrais pas t'en faire pour un peu de vomis. » Non mais sans déconner. Et encore, t'avais juste parler d'urine parce que y avait bien pire et peut être qu'il valait mieux que tu le gardes pour toi. Histoire de ne pas complètement l'écoeurer en fait. « Je.. c'est pas grave, c'est pas grave t'en fais pas. Je.. vais aller m'rincer ça » T'haussais les épaules alors qu'il s'éloignait en direction de la source d'eau et après un bref moment d'hésitation, tu finissais par le rejoindre. « Dis toi que je t'ai offert l'exclusivité. C'est comme.. Un privilège ? J'ai jamais vomis sur personne à part toi. » Et puis ta gueule aussi.