Jour 1 - Matthéo - On avale à pleine gorgée le mensonge qui nous flatte et l'on boit goutte à goutte une vérité qui nous est amère.

Premier soir. On avait atterri à 18heures et la plupart des étudiants spring breakers étaient allés se coucher tôt complètement jetlagué. Mais moi j’avais dormi pendant tout le vol alors je pétais la forme. Et puis on était en Nouvelle Zélande, c’était le spring break, je n’avais pas envie de rester enfermé dans ma chambre pour cette première soirée. Je me lançais donc dans une petite exploration de notre hôtel et ma première étape fut naturellement le bar, histoire de voir si d’autres harvardiens y étaient également. Mon regard se posa sur un grand brun accoudé au comptoir : Matthéo. Certainement pas la personne avec qui je rêvais de passer cette première soirée, mais après tout, nos explications parisiennes, les choses semblaient aller un peu mieux entre nous. J’avais même reçu un texto de lui quelques jours avant le départ, c’était plutôt un signe encourageant de mon point de vue. Je décidais donc de faire un effort et je m’avançais vers lui. « Hey Silver ! Je t’ai tant manqué que ça pendant ton séjour à Londres pour que tu me proposes une nouvelle dégustation de vodka? » l’abordai-je tout en faisant référence au sms qu’il m’avait envoyé. « Avoue que tu rêves de me voir danser le sirtaki. » ricanai-je alors.

Le Spring Break ! Le grand départ pour faire la fête, reprendre un peu de force pour affronter la suite de l'année, à Harvard, cet évènement était l'un des plus attendu, il se passait toujours des choses tordues, des dérapages, tout couple arrivant à deux n'était pas sûr de repartir ensemble, c'était peut être cet imprévu qui était si palpitant, si excitant.
A peine les valises dans ma chambre, je me mettais déjà en quête d'un petit bar branché de Nouvelle Zélande, le paysage était totalement dépaysant, un bon bol d'air frais. Finalement je commençais à marcher sur la plage, que j'avais rejoins en petit bus, un moyen de prendre l'air seul et faire le grand vide. Les pieds dans l'eau, lunettes de soleil sur le nez, il faudrait que je rentre pas trop tard pour être au rendez vous pour voir Leena. Après avoir passé une fin d'après midi des plus calmes et relaxantes, je retournais à l'hôtel, en direction du bar pour boire un verre lorsque je vis Priape. Je n'irais pas jusque là ... juste que rien que rien de mieux que l'alcool pour oublier. Et puis le Sirtaki tu as raison cela m'émoustille. Même si en réalité il fallait que je trouve un moyen d'oublier le dérapage avec Talya, et tout ce que cela engendrait.

Sa réponse aurait peut être du me mettre la puce à l’oreille : que pouvait-il vouloir oublier ? Mais je savais qu’il avait été blessé pendant les prises d’otage, alors je pensais qu’il faisait référence à ça : il voulait zapper les évènements qui s’étaient déroulés à Harvard et nous avaient tous secoués. « Allez la première tournée est pour moi. Tu prends quoi ? » J’étais amoureux de Talya, j’étais dingue d’elle, et même si Matthéo avait essayé de nous mettre des bâtons dans les roues à Paris, même si il ne me portait pas dans son cœur, je voulais lui prouver que j’étais un type bien, qu’on pouvait s’entendre malgré mon passé avec jumelle. Je voulais faire ça pour ma petite amie, car de voir son meilleur ami et son copain se déchirer, ça devait juste être invivable pour elle. Et puis, sa réponse concernant la danse traditionnelle de chez moi m'arracha un petit rire. Je l'aimais bien ce type en fin de compte. Enfin plus pour longtemps...

C'était étrange de le voir là devant moi, faire comme si de rien n'était, même si tout ceci était la meilleure solution après tout, il ne fallait pas qu'il apprenne quoi que ce soit, sinon la mort serait proche. Je vais commencer par un cocktail avec du rhum ! Oui le rhum c'est la vie, même si cela suffit pour commencer mais qu'après il faut un peu plus. JE ne savais pas trop comment me comporter à dire vrai, en espérant ne pas être trop bizarre pour qu'il comprenne le malaise. Qu'est ce que tu deviens depuis tout ce temps Zacharias ? Après tout j'étais parti pendant quelques semaines, et je n'avais pas réellement pris de ses nouvelles auprès de Talya, car nos retrouvailles avaient été un peu perturbantes.

J’étais prêt à ranger mes griffes et à payer un coup à Matthéo, pour Talya. Et je crois que lui aussi avait envie de faire des efforts. On avait les intérêts de la blonde en commun après tout. « Rhum, très bon choix. » validai-je avec un sourire. On avait visiblement également des goûts communs en terme de boissons. « Mettez nous 2 mojitos s’il vous plait. » demandai-je en m’adressant au barman, qui, je ne le savais pas encore, allait devenir mon meilleur ami durant ce séjour, comme ce bar allait être mon endroit préféré. Le mather me demanda ensuite ce que je devenais. « Et bien toujours en médecine, toujours à la dunster. » J’aurais bien ajouté –toujours fou de Talya- mais je préférais pas, j’savais qu’il avait notre relation en travers de la gorge, il fallait pas que je le pousse à bout non plus. « Et toi de ton côté, ça va mieux ? Tu as pas de séquelles de ta blessure ? » Non parce que si il pouvait pas profiter du spring break à fond à cause de cela c’était dommage. Ouais, j’étais trop bon trop con, à m’inquiéter de l’état de santé de celui qui avait couché avec ma copine… J’allais probablement changer de ton quand j’aurais appris la terrible vérité.

Parfait un petit mojito pour commencer même si un seul risquait d'être insuffisant tout de même, surtout que c'était tellement bon comme truc. C'était étrange de se prendre un verre avec Priape, je ne le détestais plus autant qu'avant, il faut avouer que cela serait le comble après ce que j'avais été connard de lui faire, mais cela s'était passé sans réellement avoir pensé à ce que cela pourrait engendrer, mais une chose était certaine pour le coup c'était lui qui allait me détester. Le fameux pédiatre de Charlie j'avais un instant oublié ... d'ailleurs elle doit t'adorer depuis que tu lui as sauvé la vie ...J'ai appris aussi que Sienna et toi ce n'était pas l'amour fou ?! Oui après tout à croire qu'on était vraiment pas fait tous les trois pour être potes, même si Sienna était une "amie" ou presque, un peu chiante à vouloir toujours avoir raison il fallait l'avouer. ALors que les verres étaient arrivés sur le comptoir, je prenais mon verre dans la main avant de le faire se cogner contre celui de Priape. A la tienne Zacharias ! Montant le verre à ma bouche pour commencer à saliver aux arômes de ce divin cocktail frais de menthe et rhum. Pas de blessure non ... je me suis rengaillardie comme un chef !

Matthéo répondit alors en évoquant Charlie et mon rôle de pédiatre auprès de la petite. Un sourire étira mes lèvres à la pensée de ma petite patiente. « J’ai rien fait d’autre que mon taf… Mais c’est surtout avec ma future belle mère que j’ai gagné des points ce jour là apparemment. » répondis-je en riant en me rappelant ce que Talya m’avait confié : que sa mère avait beaucoup apprécié mon professionnalisme et ma réactivité auprès de Charlie. « Enfin, ça tombe bien parce qu’avec papa Blackburn, le courant passe pas très bien. C’est pas ton cas d’ailleurs, t’as un gros ticket avec lui… » Y’avait un brin de jalousie dans ma voix, j’aurais aimé avoir les deux parents de Talya dans la poche mais ce n’était pas le cas avec son père. Peut être que Matthéo allait me confier le secret pour avoir monsieur B à la bonne. « Sienna c’est une toute autre histoire… Je peux pas la voir en effet. En fait, elle a couché avec Chase alors qu’il était déjà plus ou moins en couple avec ma meilleure amie. Elle a tout fait pour les séparer. Quel genre de personne fait ça ? » Une salope, voilà ce qu’elle était mais je le dis pas à voix haute, j’savais pas ce que Matthéo pensait d’elle après tout, j’attendais de voir sa réaction avant de me laisser aller dans les critiques. On trinqua ensuite « A ton bon rétablissement Silver ! » J’étais content pour lui qu’il aille mieux, même si il était pas mon meilleur pote, j’lui souhaitais malgré tout une santé de fer.

Ah oui Madame Blackburn a du te brosser un tableau depuis, dans le salon au dessus de la cheminée j'imagine le truc ... Il faut avouer que chez les Blacburn c'était cool, j'y avais passé beaucoup de temps à discuter surtout avec Monsieur et m'occuper de la petite Charlie, un amour de petit fille. Comme quoi Priape ne plaisait pas trop à Mister, il faut dire que j'avais un peu marqué mon territoire, je le considérais un peu comme mon modèle et on était vraiment pote, d'ailleurs j'en rigolais souvent avec Talya. Non mais il est vraiment cool papa Blackburn, il a une classe et j'espère que tu réussiras à te faire une place tout de même ... même si cela veut dire qu'adieu pour mois les repas du dimanche avec la famille Blackburn. Après tout avec ce que j'avais fais, pas sûr qu'il ai réellement envi de faire des efforts mais faudrait il encore qu'il l'apprenne, et prions pour que cela n'arrive jamais, après tout j'avais presque trouvé un nouveau pote; "presque". Comme quoi Sienna faisait parler d'elle un peu partout, elle était excellente, à me faire rire, autant peste que gentille, il fallait juste réussir à voir le bon côté des choses. Cool merci pour l'info je vais pouvoir la faire chanter maintenant ... Mais je comprends pas cool pour ta meilleure pote .. Nous levions ensuite nos verres pour trinquer enfin et boire ce bel elyxir. Ah notre Spring Break de folie !

Un petit rire s’échappa de ma bouche après les paroles de Matthéo. L’idée d’un portrait de moi chez les parents de Talya, c’était juste trop drôle. Mais aussi irréaliste. « J’suis pas sûr que Docteur Blackburn aurait approuvé ce choix de déco ! » ricanai-je. Le courant était pas trop passé avec l’homme ce qui n’était pas le cas du mather. Le brun me confia alors qu’il espérait quand même que je me ferais ma petite place dans la famille, c’était sympa, et étonnant de la part du jeune homme. Finalement j’commençais vraiment à croire qu’on pouvait enterrer la hache de guerre lui et moi. « C’est gentil ça… Mais te tracasse pas, je te laisse le père, tant que j’ai la fille… » Talya m’avait bien fait savoir que ma mauvaise entente avec son père ne jouerait jamais en ma défaveur à ses yeux alors… « Au spring break ! » fis-je en trinquant avec lui et en buvant ensuite mon cocktail.

Non c'est certain que comme choix de décoration, il y avait mieux que le portrait de Priape en grand dans le salon, encadré comme à l'époque des portraits de roi, même si je l'appréciais plus qu'avant, je ne voulais pas le voir en peinture tous les jours et je pense que Papa Blackburn non plus. Pourquoi je commençais à le porter dans mon coeur ? Peut être parce qu'avec le temps on oublie, on apprend à dire pardon, ou alors peut être parce que je m'en veux d'avoir foiré avec Talya, entraînant surement des ragots, des médisances, car oui un jour que j'espérais le plus lointain possible, Priape allait être au courant et ce jour là ça serait le drame du siècle. Et moi je te laisse la fille parce qu'elle est bien trop compliquée ... déjà en meilleure amie j'ai du mal à comprendre Talya ... et je te souhaite bien du courage ! Levant les verres pour trinquer l'un dans l'autre, je mettais ensuite la coupe à mes lèvres, pour me soumettre à cet elixyr de bonheur et ça ne faisait que de commencer ... Et à l'hôpital ça se passe comment ? Pas trop la pression ? Tu sauves encore des petits bébés tout mignons ?  

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