It will be the last time ? ❤ PRIALYA

J'avais planté mon regard dans celui de Priape pour qu'il comprenne que j'étais sérieuse, pour que je n'ai pas à lui répéter plusieurs fois car déjà une fois cela me faisait mal au coeur... Maintenant mon regard se posait sur mes pieds. « Non il n'a pas menti en te disant qu'on avait couché ensemble. » Voilà comme ça si il avait un doute sur le fait que je ne pouvais pas savoir ce qu'il lui avait dit, il était fixé. J'étais mal à l'aise, honteuse, enfin j'aurais aimé ne jamais avoir à vivre cela et en plus de cela, aussi inexplicable que c'était je ne pouvais rien dire de plus, j'aurais dû me justifier et autre mais non, je n'avais pas d'excuse. « Je suis... » Désolée ? Non il ne fallait mieux pas que je le dise, c'était nul de dire cela après ce que j'avais fait et cela n'aiderait pas Priape. Pourquoi, pourquoi avais je tout gâché ? Parce que oui je le sentais, même si il ne parlait pas, même si il ne faisait rien, je sentais que ma phrase venait de sonner la fin de notre relation et c'était tout à fait normal même si mon coeur n'était pas prêt à supporter ça.

Et soudain, tous les élans de tendresse à son égard qui m’avaient gagné depuis que j’étais entré dans cette chambre, tout ceci disparu. L’incompréhension céda la place à un profond dégoût alors qu’elle exprimait clairement ce qu’il s’était passé. Plus aucune chance que ce soit une blague, ou bien elle serait de très mauvais goût. Instinctivement, je fis un petit pas en arrière, mettant un peu de distance entre nous, sans arrêter de la regarder, sourcils froncés, comme si je la découvrais vraiment pour la première fois. Talya avait ôté son masque de perfection pour emprunter celui de la petite amie adultère. Elle avait couché avec Matthéo. Ils avaient couchés ensemble. Elle reprit la parole, brisant le silence pesant qui avait suivi son aveu. « Laisse-moi deviner, tu es désolée ? » réussis-je à articuler d’une voix brisée. « Et puis c’est quoi la suite ? C’est pas moi, c’est toi, c’était bien le temps que ça a duré, tu veux qu’on reste amis ? » énumérai-je alors. Les excuses habituelles que l’on avait tous sorti au moins une fois lors des séparations. « Mais ça va comme ça, des amies j’en ai déjà plein ! » Qu’elle s’embête pas à s’excuser, à me servir de tels discours, c’était inutile.

J'étais complètement novice dans ce genre de situation. En effet, il n'y avait eu qu'Alexander dans ma vie et jamais un truc du genre ne s'était passé entre nous. J'étais trop sage, trop respectueuse, trop fidèle, mais qu'est ce qu'il m'était arrivé en couchant avec Matthéo, qu'est ce que ce mec m'avait fait pour me faire sortir du droit chemin ? Il m'avait envoutée, hypnotisée ou je ne sais quoi mais ce n'était surement pas ma tête et mon coeur qui décidaient de cela tout seuls. « Être désolée ne servira à rien, je sais bien que le mal est fait... » Je me levais pour me rapprocher de Priape, cette distance entre nous, cette perte que j'étais en train de ressentir était en train de se concrétiser devant mes yeux et je ne supportais pas cela. « Je ne sais pas la suite, je n'en sais rien... Je te dis qu'on a couché ensemble, parce que je tiens sérieusement à toi et que je ne veux pas te mentir plus longtemps... » J'avais assez joué la comédie, c'était fini maintenant je voulais être sincère avec lui mais encore fallait il qu'il m'écoute. « Je ne vais pas te demander à ce qu'on reste ami, je veux que tu ...» Je relevais les yeux pour les plonger dans les siens. Est ce que je pouvais dire ce que j'allais dire ? Non je ne pouvais pas. Je lisais tant de déception dans ses yeux que lui demander de me pardonner était trop. « Je ne voulais pas te faire ça, je ne voulais pas qu'on soit dans cette situation, je ne sais pas ce qu'il s'est passé Priape. »

Au moins Talya ne se leurrait pas, elle savait que ses excuses seraient inutiles. Je gardais le silence en la regardant avec un regard dur. Lorsqu’elle se leva pour se rapprocher de moi, je fis un nouveau pas en arrière, m’approchant un peu plus de cette porte que j’avais tellement envie d’emprunter pour sortir de cette chambre, sortir de ce cauchemar. Mais j’étais partagé entre cette envie de fuite et mon désir de savoir. D’ailleurs, ce que je retins du speech de la jeune femme furent ses trois mots –mentir plus longtemps-. Le reste de ses paroles glissèrent sur moi, je ne les entendais pas, je n’écoutais déjà plus soudain gagné par le sentiment terrible de non seulement avoir été trahi mais d’avoir en plus été pris pour un con. « Quand ? » demandai-je d’une voix ferme, la machoire crispée par la colère. « Ca date de quand ? » répétai-je.

Je ne m'étais pas du tout préparée à cette question : quand est ce que je l'avais trompée. Enfin si inconsciemment, dans mon comportement distant après avoir fauté, j'avais pris les devants face à cette question. Et pourtant c'était tout de même tellement dur de lui dire quand cela s'était passé... Il allait remettre en question tous les moments passés tous les deux, tout ce que je lui avais dit... Tout allait volé en éclat que je lui dise ou non de quand est ce que cela datait alors autant continuer d'être honnête avec lui. « Quelques jours après qu'on ait parlé à l'hôpital. » Il voulait la date exacte ? Je ne la connaissais pas, je ne l'avais pas marqué d'une grosse croix sur le calendrier. « Mais tout ce qu'il s'est passé après et tout ce que je t'ai dit je le pensais... » J'avais ajouté cela rapidement pour qu'il ne se pose pas trop de questions mais j'imaginais bien que ça allait rentrer par une oreille et ressortir par l'autre, pour lui ça y est j'étais une simple nana qui avait commis l'impensable et lui avait brisé le coeur. « Tout ce temps, je voulais te le dire mais je ne savais pas comment te le dire ni à quel moment le faire. » Avait il voulu que je gâche le saut en parachute et que j'arrive vers lui en lui disant, bien joué j'ai adoré mais j'ai couché avec Matthéo ?

Et à l’instant où elle me répondait, je regrettais déjà d’avoir posé la question. J’avais gardé un tellement bon souvenir de cette journée du saut en parachute, où je m’étais ouvert à elle, lui disant pour la première fois que je tenais à elle. « Alors, quand on s’est réconciliés, tu avais déjà.. » Je ne finis pas ma question. C’était trop dur à dire, je ne préférais même pas savoir. Mon visage afficha un instant une expression peinée, avant de très vite durcir mes traits à nouveau, tentant de masquer mes émotions et de reprendre un visage impassible. Je déglutis à nouveau avec difficulté, me eplongeant dans mes terribles réflexions, dans ma bulle, où les paroles de ma petite amie ne semblaient pas pouvoir entrer. Je sortis de mon mutisme après quelques minutes de silence tendu. « Tu l’aimes ? » Nouvelle question dont je n’avais probablement pas envie d’entendre la réponse, pas après l’avoir entendu me rabâcher en long en large qu’elle n’était qu’amie avec Matthéo. Mais d’un autre côté, il fallait que je sache. Etait-ce qu’une histoire de sexe ? Ou était-ce plus ?

Je sentis la déception dans la voix de Priape lorsqu'il prononça ses quelques mots... Lorsqu'on s'était réconcilié oui le mal était déjà fait et je n'avais pas voulu en faire plus mais finalement il devait croire que j'avais joué avec lui tout ce temps. J'étais une idiote, une égoïste finalement parce qu'à ne pas vouloir assumer de suite je n'avais fait que lui faire plus de mal. « Priape je ne voulais pas gâcher le moment que tu m'offrais, je ne voulais pas gâcher le moment qu'on partageait... Mais c'est aussi pour cela que je n'étais pas à l'aise de voir que c'était toi et pas Sienna qui m'attendait, je ne voulais pas me jouer de toi. » J'avais dit mes derniers mots très vite comme si j'avais besoin qu'ils sortent de peur qu'il ne me coupe avant que j'ai besoin de finir. « Tu crois vraiment que c'est lui que j'aime ? Que j'aurais joué la comédie tout ce temps après notre dispute si je l'aimais ? Tu crois pas que j'aurais pris la facilité en te laissant et en partant avec lui sans me poser de questions ? » Je ne cherchais plus à me rapprocher de lui car à chaque fois il s'écartait de moi par dégout ce que je pouvais comprendre. « Je crois que je me suis voilée la face trop longtemps concernant Matthéo et moi, oui j'avais surement des sentiments plus qu'amicaux, mais non je ne l'aime pas... » Si Matthéo n'était pas l'homme que j'aimais, il n'en restait qu'un et c'était lui, mais il n'était pas prêt à le comprendre et je n'étais pas prête à le dire clairement, pas dans cette situation. En tout cas je préférais dire toute la vérité à Priape, ne pas lui cacher que oui peut être j'avais des sentiments pour Matthéo mais qu'ils n'étaient rien à comparer de ceux que j'avais pour lui.

Elle n’avait pas voulu gâcher ce moment, n’avait pas voulu se jouer de moi. « C’est raté alors… » Sur les deux plans. Tout était détruit désormais. Les –beaux- souvenirs que j’avais de cette journée était désormais entachés à jamais par l’horrible révélation que Talya venait de me faire. Et ce sentiment d’avoir été pris pour un con ne faisait que s’amplifier. « Je pensais pas que je pourrais être aussi… déçu à nouveau. Et pourtant, la barre était haute. » J’avais la gorge serrée, la mâchoire crispée, me concentrant pour ne pas laisser voir à la jeune femme la peine qui me traversait, d’où mon hésitation sur le mot déçu, car blessé, effondré, totalement abattu auraient surement été plus adaptés. J’avais l’impression que si elle m’avait enfoncé un poignard en plein cœur, cela aurait fait moins mal. Pourtant, en grand masochiste, j’avais osé poser la question qui me brulait les lèvres mais dont la réponse risquait aussi de m’achever : était-elle amoureuse de lui ? Mes yeux plongèrent dans les siens, attendant avec une angoisse croissante sa réponse. Ce n’était pas que du sexe, il y avait bien des sentiments, mais pas de l’amour… Bref quelque chose d’indicible au milieu de quoi je n’avais certainement pas ma place. « Alors si tu l’aimes pas, pourquoi ? Explique moi comment t’as pu faire ça ? » Me faire ça… Nous faire ça…

« Tu aurais préféré que j'arrive vers toi en te disant merci Priape mais Sienna n'aurait pas dû t'encourager là dedans parce que t'es cocu ? » Il était blessé et le voir blessé à ce point me faisait mal, tellement mal que j'en perdais toute ma délicatesse, toute la douceur que je pouvais avoir. Je sentais que nous allions partir dans un rapport de force et je n'avais absolument pas envie de cela, je n'en avais pas la force tout simplement. « Tu n'as pas besoin de le préciser merci... » Je m'attendais à ce qu'il dise un truc du genre, un truc qui m'enfonce encore plus la tête sous l'eau, je savais que cela avait été dur pour lui après avoir été séparé de Calypso et voilà que je lui faisais remettre le couvert peut être même en pire parce que je savais tout cela... Je n'étais pas fière il pouvait se l'assurer mais au lieu de cela il préférait savoir le pourquoi du comment. Répondre c'était le blesser encore plus mais ne pas lui donner ses réponses c'était continuer à lui mentir. Je ne savais pas quoi faire mais finalement je m'approchais à nouveau de lui, à force de reculer il finirait coincer contre la porte et ne pourrait plus le faire, s'il était assez loin de la poignée, il ne pourrait pas se dérober facilement. Mes yeux se posèrent sur son visage, détaillant tous ses traits qui me paraissaient comme étranger, comme complètement changé, j'avais l'impression de ne plus avoir le même homme en face de moi, déformé par la haine surement. « Je ne sais pas... Je ne sais pas vraiment... Je ne savais pas où on en était toi et moi, je doutais de tout, de toi de moi, de nous du sens de ma vie... Je ne sais pas, Matthéo était là, j'étais heureuse de le retrouver dans ce moment pénible pour moi et j'étais aussi perdue vis à vis de lui... Je ne savais pas où j'en étais vis à vis de toi, de lui et les choses ce sont faites comme ça. Je ne veux pas te mentir et te dire que c'était un coup de tête même si sur le coup nous n'avons pas réfléchi... » Non cette coucherie n'était pas un coup de tête sans sens, autrement elle n'aurait pas provoqué la distance entre Matthéo et moi et elle ne serait pas en train de déchirer le couple que je formais avec Priape. Plus qu'une tromperie, il pensait surement que je m'étais foutue de lui et de ses sentiments possibles depuis le début.

Son ton se durcissait, ses paroles aussi. La tension dans la pièce était de plus en plus palpable. « Tu me demandes sérieusement ce que j’aurais préféré ? » demandai-je après sa question immonde qui faisait finalement plus mal qu’une gifle. « J’aurais préféré que tu ne me trompes pas Talya, voilà ce que j’aurais préféré. » La jeune femme fit un nouveau pas vers moi, alors que je reculais à nouveau, me retrouvant le dos contre la porte. J’avais demandé, j’avais voulu savoir : pourquoi ? Quel idiot je faisais de vouloir m’infliger cela… Parce que lorsque la jeune femme reprit la parole, ses mots furent tous une nouvelle entaille douloureuse. C’était horrible de les imaginer ensemble, impossible de garder plus longtemps un visage fermé. La peine se lisait clairement sur mes traits. J’étais soudain gagné par une certitude : j’avais perdu Talya, elle était là devant moi, pourtant j’avais l’impression qu’un gouffre nous séparait. Et ce gouffre s’appelait Matthéo Silver. Elle était paumée vis à vis de lui, ainsi que vis à vis de moi… Mais pour moi, c’était limpide : « En tout cas, il y a une chose qui me paraît claire : c’est que tu ne tiens finalement pas autant à moi que ce que tu avais prétendu. » J’étais cocu, c’était ses mots, c’est à dire que le temps d’une nuit, j’avais été assez longtemps hors de ses pensées pour qu’elle prenne une autre personne dans ses bras, là où il n'aurait du y avoir que moi...