It will be the last time ? ❤ PRIALYA

« Sienna dis moi pas que t’as encore oublié ta clé, j’arrive t’ouvrir deux secondes. » Je pris le gant sur le rebord de l’évier pour me débarbouiller un peu le museau. Je m’étais levée à l’aube ce matin,  complètement nauséeuse alors que je n’avais pas bu de trop la veille, c’était à n’y rien comprendre, peut être que j’avais choppé un virus en arrivant sur le sol de la Nouvelle Zélande. Je n’en savais rien mais toujours est il que si j’avais des projets pour la journée s’était cuit. J’étais condamnée à rester là à ouvrir la porte à mes deux colocataires blondes boulettes de première qui ne faisaient qu’oublier leur clé. Quelle idée de sortir du lit alors qu’il est à peine dix heures aussi… Je me dirigeais donc vers la porte et l’ouvris. Mais ce ne fut pas l’une des deux dunsters blondes que je vis apparaître mais bien Priape. « Entre, entre, je suis désolée je ne t’embrasse pas je suis…»
Je ne pus finir ma phrase me dépêchant de courir aux toilettes pour évacuer la masse qui s’était formée dans ma gorge en quelques secondes m’empêchant de parler, de respirer, d’être bien tant qu’elle n’était pas sortie. Priape avait fermé la porte derrière lui et une fois vidée parce que oui c’était bien le mot je tournais la tête légèrement vers lui. « Je crois que je ne pouvais pas rêver meilleur état pour mes premiers jours ici ! Rien de plus glamour que de vomir ses tripes ! » J’étais vraiment désolée qu’il me voit dans cet état, si nous n’avions pas été si proche je l’aurais surement mis à la porte, petit ami ou pas. Mais en attendant sa présence me faisait du bien, ne sachant pas du tout ce qui allait en fait m’attendre.

J’avais pas vu Talya depuis notre arrivée, j’avais hâte de la voir, mais je n’avais pas trouvais cela plus étrange que cela malgré les propos de son meilleur ami. Vraiment ce Matthéo il perdait rien pour attendre. Et moi qui avais cru qu’il voulait vraiment enterrer la hache de guerre. Mais il avait joué la carte du mec sympa pour mieux me manipuler, il espérait peut être qu’en la jouant copain copain j’allais prendre tout ce qu’il disait pour des paroles d’évangiles. Je frappais à la porte de la chambre de ma petite amie, espérant que ses deux colocs ne seraient pas là. Je comptais bien profiter de notre petit tête à tête pour lui rapporter les manigances de son meilleur pote. Mais lorsque la porte s’ouvrit sur une Talya cernée et blanche, le mather s’évapora de mes pensées pour céder la place à de l’inquiétude concernant l’état de santé de la jeune femme. « Hey… » J’eus juste le temps d’esquisser un geste vers elle que la jeune femme s’excusait de ne pas m’embrasser avant de disparaître aux toilettes. Je fronçais les sourcils et entrais dans la chambre. Après avoir refermé la porte derrière moi, je m’avançais jusqu’à la salle d’eau où la blonde était accroupie devant les toilettes qu’elle venait de remplir. Heureusement, les études de médecines immunisaient complètement du dégoût habituel que pouvaient provoquer ce genre de situation. « Je connais quelqu’un qui a trop abusé des cocktails de Sienna hier soir… » taquinai-je gentiment ma petite amie, sans jugement dans ma voix car des lendemains difficiles on avait tous connu ça un jour ou l’autre… Surtout que j’avais expérimenté les talents de barmaid de sa meilleure amie et on peut dire que la dunster avait plutôt la main lourde en terme d’alcool.

« Moque toi et ne me crois pas si tu veux mais je suis malade et vaseuse depuis qu'on est arrivés ici ! J'étais déjà pas bien un peu avant de partir mais là c'est pire je crois. » Ce matin était le pire que j'avais connu depuis un moment. Même avec la gastro je n'étais pas aussi malade d'habitude et même lorsque j'avais attendu Charlie je n'avais pas eu aussi mal au coeur. La gastro de Nouvelle Zélande mélangée à celle des Etats Unis devait être coriace. Et si elle continuait comme cela elle allait venir à bout de moi. « Et si seulement c'était à cause des cocktails de Sienna ça serait bien mais je n'ai pas bu d'alcool tellement je suis pas bien et je suis rentrée tôt... » Incompréhensible vraiment. J'avais beau avoir des bases en médecine, j'étais incapable de trouver le remède à mes maux. « Tu crois qu'ils ont du diosmectite ici ? » Le smecta comme on l'appelait familièrement chez nous, il n'y avait que ça de vrai et efficace en cas de gastro et au pire des cas cela ne me ferait pas de mal aux intestins. « Tu voulais qu'on passe la journée ensemble que tu es venu de bon matin ? » Je jetais un coup d'oeil à Priape, gardant aussi les WC dans mon champ de vision alors que je me levais pour me passer de l'eau fraiche sur le visage au robinet.

Talya, toute pâlotte, m’expliqua qu’elle ne se sentait pas bien depuis qu’on était arrivé, et que les cocktails de Sienna n’étaient même pas en cause. Elle avait du choper un virus. Il faisait toujours un froid de canard dans les aéroports surclimatisés et le choc chaud froid n’avait pas du faire du bien à son système immunitaire. « Y’a que ma petite amie pour choper la gastro le premier jour du spring break… » me moquai-je gentiment avec un petit air attendri. La pauvre, après le vol de sac à main la voilà maintenant condamnée à passer le début de ses vacances dans la salle de bain avec la cuvette des toilettes comme meilleure amie. « Tu veux que j’aille te chercher ce qu’il faut en ville ? Je vais demander à la réception de l’hôtel où est la pharmacie la plus proche… » fis-je avec plus de sérieux, sincèrement désolé pour la jeune femme. Elle me demanda pourquoi je venais la voir si tôt. « Tu me manquais déjà, c’est pas une excuse valable pour venir de bonne heure ça ? » répondis-je avec un petit sourire en m'approchant d'elle et en déposant un petit baiser sur le sommet de son crâne. Lui parler de ma dispute avec Matthéo risquait de la contrarier, hors, elle n'était pas bien du tout ce matin. Le moment était peut être mal choisi ? Mais d’un autre côté, je lui avais promis de faire des efforts en terme de communication et lui cacher la baston avec son meilleur ami n’était pas non plus un bon plan. Je finis donc par répondre avec un air plus grave : « En fait, je voulais te parler d’un truc et… Ca va pas te plaire je crois. »

« Non non ne t'en fais pas pour moi, je te promets que ça va aller, quand je choppe ça ça passe toujours vite et je dois bien avoir un truc dans mes affaires... T'embêtes pas. Et puis je suis pas sûre que tu parviennes à comprendre quelque chose avec le pharmacien ni que t'arrives à lire la posologie. » Ma mère avait le don pour glisser des médicaments de première nécessité dans mes affaires alors pourquoi ne l'aurait elle pas fait cette fois ? En tout cas pour une fois j’espérais qu'elle l'avait fait mais pour le moment j'étais trop bien avec de l'eau fraiche sur le visage pour aller regarder. « Tu peux me filer la petite bouteille de Cristaline qui est dans le mini frigo s'il te plait ? » Mes boyaux me faisaient la misère mais un peu d'eau ne me ferait pas de mal. « L'excuse est excellente, la prochaine fois tu peux essayer de demander une chambre pour nous deux, au moins tu m'auras tout le temps avec toi ! » Je lui souris gentiment, j'avais envie de le prendre dans mes bras, de le serrer contre moi mais dans mon état il ne valait mieux pas sans compter ce que j'avais fait à Cambridge... D'ailleurs je ne savais pas pourquoi mais sa question me paraissait louche. Il avait changé d'expression, de ton, et il disait clairement que ça n'allait pas me plaire. « Au point où j'en suis je crois que tu peux tout me dire que ça me plaise ou non ! »

Talya m’assura qu’elle avait ce qu’il fallait, elle m’avait quand même l’air bien faible. Je lui tendis la bouteille d’eau qu’elle me demandait en la regardant toujours avec un air inquiet. « J’espère que tu vas vite te remettre quand même, histoire que ça te gâche pas tes vacances. » On allait reprendre les cours ensuite, et le deuxième semestre était toujours très intensif, surtout lorsqu’on était en médecine comme Talya et moi. Je voulais que ma petite amie passe un bon spring break et puisse en profiter autrement que depuis le fond de son lit. La chambre d’hôtel était cool mais il y avait tellement de choses à découvrir en NZ. J’étais venu ici pour passer du temps avec Talya mais également et surtout parce que la veille j’avais eu un accrochage avec son meilleur ami, fait que je ne voulais pas lui cacher même si c’était certain elle risquait d’être contrariée. « J’ai croisé Matthéo hier soir au bar… » Je grimaçais un peu me remémorant la scène, culpabilisant déjà de m’être emporté contre le mather. « Et en fait je lui en ai mis une… » Je m’en voulais d’avoir cogné le jeune homme, d’avoir si facilement perdu le contrôle de mes nerfs, même si le brun l’avait bien cherché hier soir. « Je comprendrais que tu sois fâchée contre moi Talya mais pour ma défense, il a vraiment dépassé les bornes… »

J'espérais aussi parce que les choses avaient beau être belles en Nouvelle Zélande, la cuvette des toilettes était la même que chez moi et le carrelage n'était pas plus confortable qu'en Amérique. Et oui il n'avait pas encore eu la bonne idée de créer des moquettes résistantes à l'humidité spéciales salle de bain ou pièces humides. Dommage. Je souris à Priape avant qu'il ne finisse par me dire qu'il avait croisé Matthéo et qu'il lui en avait mis une parce qu'il avait dépassé les bornes. Après Paris, j'avais cru que les deux hommes pourraient faire une trêve mais visiblement c'était peine perdue. « Viens on va vers le lit ça a l'air d'aller mieux. » Je m'enroulais dans le plaid que j'avais laissé là et m'asseyais au bord du lit prête à bondir vers la salle de bain à nouveau. « Je ne suis pas fâchée, crois moi que je n'en ai pas la force maintenant, je suis juste en train de me dire que Matthéo va débarquer dans peu de temps lui aussi pour se plaindre de ce que tu as fait... Mais explique moi, pourquoi il a dépassé les bornes ? » Matthéo était imprévisible, il cherchait sans cesse mon petit ami mais j'étais tout de même loin d'imaginer qu'il avait pu aller dire à Priape que nous avions coucher ensemble, je lui faisais plus que confiance.

Talya proposa qu’on aille ailleurs que dans la salle de bain pour poursuivre notre conversation. Je plaçais une main dans le bas de son dos alors qu’elle s’avançait vers le lit, craignant de la voir faiblir en chemin, puis ma petite malade s’installa sur le bord du matelas, enroulée dans un plaid. Je ne m’assis pas, restant face à elle, nerveux concernant les aveux sur mon accrochage avec Matthéo, redoutant la réaction de la blonde. Elle allait peut être m’en vouloir de ne pas avoir pu contrôler mes nerfs. Même si Matthéo avait dépassé les bornes, je n’aurais pas du le frapper. Mais ma petite amie me répondit qu’elle n’était pas fâchée, juste peut être lassée d’être entre nous. Elle imaginait déjà que le mather allait débarquer à son tour pour se plaindre de moi. « Je crois pas qu’il va venir Talya… Il va avoir trop honte je pense. » Sérieusement après les conneries qu’il avait débité sur elle hier soir, je l’imaginais pas venir jouer les victimes auprès de la jeune femme… « Surtout après ce qu’il a osé raconter sur toi… Je devrais pas te répéter, ça va t’énerver. »

Qu'est ce qu'il pouvait raconter si inavouable que notre coucherie hein ? Qu'est ce qui pouvait faire penser à Priape qu'il ne viendrait pas à part ça ? Je ne savais pas, enfin si je savais... Il lui avait dit. Pour le coup je ne savais pas si c'était Priape qui se doutait de quelque chose et qui prêchait le faux pour savoir le vrai ou si Matthéo m'avait vraiment trahie en lui disant alors que c'était moi qui devait le faire, c'était ma connerie moi qui avait des comptes à rendre à Priape... Bref, j'étais sûre il lui avait dit cela et je n'en pouvais plus de faire semblant que tout roule avec Priape alors que oui tout roule parce que maintenant je sais que je l'aime mais qu'il doit savoir ce qu'il s'est passé. Je pris une grande inspiration puis je plantais mon regard dans le sien pour lui dire le plus honnêtement et simplement possible : « Je ne vais pas m'énerver parce qu'il n'a pas menti.» Ces quelques mots signaient mon arrêt de mort j'en étais consciente. J'attendais maintenant la réaction du beau dunster, allait il croire que je mentais, que je voulais faire de l'humour ?

L’expression de Talya changeait à mesure de mes paroles. Elle semblait soucieuse, et après mes paroles, elle prit une grande inspiration et lâcha que Matthéo n’avait pas menti. « Mais je t’ai même pas dit ce qu’il a rac… » Je me stoppais devant ce regard, ces yeux plantés dans les miens, cette expression et cette lueur particulière que je pus voir. Mon cœur manqua un battement. Je me figeais. J’avais pas besoin de lui répéter, je n’avais pas besoin de lui raconter les idioties de son crétin de meilleur ami, de lui dire comment il m’avait annoncé avoir couché avec elle, je n’en avais pas besoin parce qu’elle savait déjà. Et elle savait déjà parce qu’il n’avait pas menti, parce que c’était vrai. Ce que j’avais pris pour une nouvelle taquinerie mesquine du jeune homme, une nouvelle tentative pour m’agacer, semer le trouble dans notre couple, ces propos qu’il avait tenu, ce n’était rien de tout ça, c’était la vérité. « Il n’a pas menti ? » repris-je en déglutissant difficilement. Je voulais pas comprendre, je voulais pas. Je préférais croire que c’était une mauvaise blague de Matthéo, qui allait surgir du placard en se moquant de moi, je voulais voir Talya sourire et m’assurer que c’était n’importe quoi, qu’ils avaient voulu me faire marcher tous les deux. Je le voulais tellement, mais rien dans l’expression de son visage ne laissait présager qu’il s’agissait d’une plaisanterie.