suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis w/ jules

Apparemment, il s'trouvait drôle. Il était ridicule et un instant, il me semblait avoir levé les yeux au ciel. Oh que tu es drôle. Tu m'impressionnes Jules, ta répartie est sans failles. Je me débarassais de mon ironie le temps de quelques instants. T'es pathétique. Pathétique mais terriblement attirant, merde. Une nouvelle fois, Jules s'approcha de moi et osa poser sa main sur une de mes hanches. Ça sentait la connerie à plein nez encore. Encore une fois, il s'aventura vers mon oreille. Mes yeux s'écarquillèrent soudainement. Un dîner aux chandelles ? Grosse blague. Tellement grosse que j'étais pas certaine d'avoir bien compris. Et pourtant, si. Je me retins de pouffer de rire - ouais, vraiment - et préférais arborer un sourire ironique, alors que le bout de mes doigts caressait une de ses joues. Quel romantisme ... Je repris alors un ton un peu plus sérieux, laissant tomber ma main. Non, sérieux, tu m'prends pour qui ? J'suis pas assez idiote pour croire une connerie pareille. Il tenait pas à sa bagnole ou quoi ? Il était pas normal, c'était louche. J'avais envie d'me barrer d'ici, il m'énervait avec ses conneries. Puis j'avais besoin d'me changer, ça commençait à devenir urgent.

Pathétique ?! Elle n'avait peut être pas tord, voilà ce que j'étais devenu depuis que j'avais réalisé à quel point l'"amour" que j'avais pu ressentir pour elle ou du moins ce que je pensais être de l'amour, était une erreur de chemin. Je ne savais pas réellement comment ce sentiment de la vouloir prêt de moi à chaque instant s'était évaporé encore plus rapidement que de l'eau sous un soleil aveuglant. Je ne répondais pas, alors que ma main se trouvait sur sa hanche que j'avais si souvent caressée, nous étions presque trop proche pour que cela se trouve être raisonnable, sa main posée à présent sur ma joue, j'esquissais un sourire. Y a que les cons qui ne changent pas d'avis babe ! Je te ramène à la Cabot pour que tu puisses te changer et après je te remontre ce que peut être une soirée en ma compagnie ! Même si sur une soirée j'allais sortir le grand jeu bien entendu et que sur la durée, il y a des hauts et des bas comme dans tous les couples, et le notre n'avait pas fait exception à la règle.

J'y croyais pas, il était sérieux. Attends, Jules, moi, un dîner aux chandelles ... Y'avait d'quoi être surprise. Lui qui est censé me trouver insupportable comme il le disait si bien ... c'était chelou, il cachait un truc. J'ignorais à quoi il jouait et ça éveillait ma curiosité. En effet, pour une fois qu'tu dis quelque chose de censé, répondis-je perplexe, méfiante jusqu'au bout des ongles. Ma réflexion ne dura finalement pas bien longtemps. J'suis partante. Mais t'as parlé de dîner aux chandelles, alors j'veux qu'ce soit un vrai dîner aux chandelles, sinon ça compte pas. Fallait qu'il respecte son engagement tout de même. Un dîner aux chandelles sans chandelles, c'était pas un dîner aux chandelles, voilà. Bon, dans c'cas, tu m'raccompagnes joli minois ? Ouais, fallait que j'rentre là, fallait que j'me change, et que j'dégote quelque chose de foncé, au cas où Jules me renverserait encore j'sais pas quoi. Au moins sur du foncé, ça s'verrait moins.

Oui au mon dieu qu'elle m'insupportait à m'attirer autant ! Elle avait toujours eu ce don pour m'attirer à elle comme un aimant, et pourtant je ne pouvais me laisser aller alors qu'elle me donnait des fièvres insupportables rien qu'à l'entendre parler de son argent, de ses habits, de ses manières de reine imaginaire. Comme si j'étais un con à la base ... tu aimais bien mes conversations fut un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ! Je lui lançais un clin d'oeil charmeur et joueur, oui après tout il fallait se rendre à l'évidence à une époque on se supportait plus que simplement, c'était comme électrique aujourd'hui, même cela l'avait toujours été en réalité, il n'y avait pas vraiment de temps mort à l'époque d'un "nous" inopportun. Oui cela n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde, il faudrait que je fasse attention la prochaine fois, mais pour le coup j'allais sortir le grand jeu, presque les violons. Des chandelles et même des pétales de roses rouges si cela peut dessiner un charmant sourire sur tes lèvres. Puis nous nous mettions en route vers la Cabot House, maison où je ne me rendais pas trop souvent il fallait l'avouer, mais pourquoi pas j'attendais de découvrir une nouvelle fois cette antre que seule Gia avait réussi à me forcer à franchir. Pas toi mais ma veste ! Une petite langue tirée tout fier de moi.

Avoir croisé Jules m'avait fait gagner un dîner aux chandelles en sa compagnie. Qui l'aurait cru ? On m'aurait dit ça une heure avant, j'aurais explosé de rire. Enfin au final j'avais gagné une soirée aux allures romantiques, mais à cause de ses conneries, ma robe était quand même bonne à laver. Jules était à demi-crétin, on va dire. Parce qu'après avoir fais exprès d'avoir renversé ton café sur ma robe, tu t'crois intelligent ? J'étais d'humeur taquine, ça y'est, j'étais lancée. Oh oui, que j'aimais nos conversations, dis-je d'un ton légèrement ironique mais toujours aussi souriante. Bizarrement, j'souriais. J'sais pas, en toute logique, j'devrais même pas lui adresser la parole au vu de ce qu'il venait de faire subir volontairement à ma tenue, et j'devrais déjà avoir filé après la gifle que j'lui avais collé. Mais non, j'étais encore là. C'que j'pouvais être chelou par moment. Des pétales de roses ? répétais-je, à la limite du choc. Tu m'impressionnes et tu m'inquiètes à la fois. A croire qu'il voulait vraiment faire ça bien. C'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde ça. Sur ces mots, nous partions en direction de la CH qui - heureusement - s'trouvait pas trop loin. Je serrais un peu plus la veste de Jules contre moi en espérant qu'elle me tienne un peu plus chaud en plus de cacher l'ignoble tâche de café dont Jules était responsable. Tu parles de c'torchon-là ? J'haussais les sourcils, faisant un petit signe de tête afin de montrer la veste que je portais sur mes épaules, toute aussi fière que lui de mon petit pic. Enfin ça va, elle était plutôt classe sa veste. Mais fallait bien déconner de temps en temps. J'apercevais la CH qui se faisait de plus en plus proche au fil de nos pas. Quelle heure ce soir ? Histoire que j'sois pas à la bourre.

C'était étrange d'avoir de tel rendez vous avec quelqu'un que vous étiez normalement en train de détester, oui il est vrai que de loin je ne pouvais plus la supporter, et pourtant lorsqu'elle se trouvait proche, que nos regards se croisaient c'était comme si finalement tout était naturel entre nous, que rien n'avait changé sur notre proximité, étrange, dangereux, délicat comme jeu. J'ai pas besoin de le croire parce que je le sais, mais ne soit pas jalouse tu es pas mal dans ton genre non plus ! Oui il fallait dire la vérité, elle pouvait avoir tous les défauts du monde à mes yeux, elle restait une jeune femme intelligente, ambitieuse et qui méritait qu'on s'intéresse à elle, du moins lorsque tous ses défauts ne nous rebutaient pas en quelques secondes. Nous étions partis en direction de la Cabot House, alors qu'elle prenait bien en main ma veste, comme le précieux de Gollum, peut être que mon odeur qui l'enivrait la faisait rêver et la combler de joie. Je te connais il faut au moins que je te dise 19h pour qu'à 20h30 tu sois enfin arrivée ... mais sinon je passe te chercher, tant pis si tu es encore en sous vêtements il m'en faut plus pour me décontenancer.

Jules était tout aussi différent de moi qu'il me ressemblait. Nous n'avions pas la même vision des choses, cause de nos différents conflits. Puis on avait pas le même caractère, du coup c'était souvent électrique entre nous. Mais quand on regardait bien, on avait des points communs, même si nous avions tendance à le nier. T'avais pas besoin d'me l'dire, j'le savais déjà. J'étais pas en sixième année à Harvard pour rien hein. J'réussissais là où beaucoup d'autres auraient échoué, alors forcément, oui, j'me considérais comme étant plutôt balaise. Comme chaque étudiant de cette université d'ailleurs. Nous arrivions à la CH et j'en poussais la porte d'entrée qui donnait sur un grand hall. J'me suis améliorée dans l'domaine de la ponctualité. Ouais, j'étais rarement prête à l'heure exacte mais j'étais moins en retard, c'était quand même un progrès. T'es chelou. T'es sur que t'es un homme toi ? lui demandais-je malicieusement. Sans m'vanter, j'avais connu peu d'hommes capables de rester de marbre alors que j'me trouvais devant eux en sous-vêtements. Peut-être que Zakhar était capable, lui il se fichait clairement de m'voir à moitié à poil ou non, ça lui faisait rien, c'était comme si j'étais un mec. Même si ça n'te perturbe pas, j'te ferais pas c'plaisir. J'serais prête. Je retirais la veste de Jules de mes épaules afin de la lui rendre. Tiens, dis-je en la lui rendant, ce serait bête qu'après tant d'chemin pour l'accompagner, tu l'oublies. On s'quitte ici je suppose. J'allais pas lui faire monter les escaliers pour qu'il me regarde rentrer sans ma chambre puis repartir.