Leave me | PRIALYA

J'avais bien compris qu'en plein milieu de ce couloir notre conversation n'évoluerait pas, je n'avais pas envie de parler de manière mouvementée plus longtemps de peur de voir mon père apparaître à un bout d'un couloir et Priape n'avait pas l'air d'avoir envie de se justifier de pourquoi il était entre les cuisses de son ex ici. J'avais donc capitulé pour le rejoindre dans la salle de repos pour cinq minutes ou il ne tarda pas à faire les cents pas alors qu'il n'y avait pas la place de les faire. « Assis toi s'il te plait, tu vas me donner envie de vomir à marcher comme un lion en cage là. » Il n'y avait la place que pour dormir ici, c'était tout à fait normal après tout. « Je crois que tu ferais mieux de continuer et que j'oublie ta question comme si de rien n'était où je vais déverrouiller la porte et partir directement parce qu'après tout à quoi bon avoir cette conversation si tu ne me fais pas du tout confiance ? » Il avait des doutes sur moi mais ses doutes étaient ils tels qu'il ne pouvait plus me faire confiance ? Car si c'était le cas la situation était encore pire que je le croyais entre nous et je n'avais pas du tout envie d'imaginer le pire. J'attendais la suite de l'histoire patiemment, restant presque de glace à tout ce qu'il me révélait pour pouvoir en analyser chaque partie.

Talya n’était pas fan du suspense que mes hésitations faisaient monter. Mon agitation l’agaçait, elle m’invita d’ailleurs à m’asseoir sur le petit lit. Je me laissais tomber à côté d’elle alors qu’elle me menaçait de partir de la pièce après ma question, vu que celle-ci sous entendait que je ne lui faisais pas confiance. « Oublie. Je te fais confiance Talya. » J’étais vraiment le roi des idiots. Caly allait me devoir une reconnaissance éternelle après la galère dans laquelle elle venait de me mettre avec ses coucheries mal choisies là… Je ronchonnais intérieurement contre mon ex et pris finalement une grand inspiration avant de lâcher le morceau : « Calypso a contracté la syphilis. » Je scrutais le visage de ma petite amie pour observer sa réaction alors qu’elle était resté de marbre lors de mes précédentes explications.

Priape était maintenant assis à côté de moi sur le petit lit, une proximité que nous n'avions plus connue depuis plusieurs jours surtout autour d'un lit et d'une porte verrouillée. Il me demanda d'oublier sa question ce que j'appréciais et finis par me dire ce qui lui brûlait la langue depuis tout à l'heure. Son ex petite amie avec choppé la syphilis. Je restais un moment silencieuse avant qu'un rire nerveux sorte de ma bouche et que je me lève. « Tu n'as pas trouver excuse plus bidon ? » J'étais prête à sortir de la pièce. Pourquoi est ce que je ne croyais pas tout ce qu'il me disait ? Finalement je revins m'asseoir près de lui comme pour lui laisser le bénéfice du doute. Il avait fait des pas vers moi, il m'avait cherché, il avait tenu à ce qu'on parle. Il ne pouvait pas être totalement de mauvaise foi et jouer un jeu. « Tu ne me mens pas ? » Je ne pouvais pas lui demander le dossier de Calypso pour vérifier car il avait dû s'abstenir d'en faire un, si elle était venue le trouver pour plus de discrétion il n'allait surement pas laisser un dossier hospitalier traîner derrière lui. « Je ne sais plus quoi croire, je t'avoue que je suis perdue depuis notre dispute et que je doute de tout. » J'avais tout de même une petite fille, je ne pouvais plus penser que pour moi alors notre histoire n'était elle pas trop compliquée, trop mal partie ? Seul le temps nous le dirait surement. C'était embêtant de ne pas savoir. Mais pour savoir il fallait laisser le temps au temps, tenter les choses et ne pas avoir peur.

Je m’étais attendu à tout sauf à ça. Talya se mit à rire, j’étais dérouté, je la regardais se lever, confus : elle ne me croyait pas. Elle se dirigeait vers la porte. « Talya attends, c’est pas une excuse je t’assure. C’est la vérité ! » essayai-je de la retenir. Elle décida probablement de m’accorder le bénéfice du doute. Elle revint s’asseoir à côté de moi. Mon cerveau fonctionnait à plein régime : j’avais pris soin de faire des prélèvements à Caly, mais bien sûr la jeune femme ne voulant pas que ça se sache, je l’avais fait en toute confidentialité, ne mentionnant rien de tout cela dans son dossier médical. J’avais donc aucune preuve à apporter à ma petite amie. Elle allait devoir me croire sur parole. Je m’approchais un peu plus d’elle me décalant un peu sur le matelas et je saisis ses mains, plongeant mon regard dans le sien : « Talya, pourquoi j’irais inventer une histoire pareille ? Tu crois qu’on se trouvait dans une salle de consultation pourquoi ? Le fantasme du gynéco et de sa patiente c’est vraiment pas mon délire... » Je resserrai doucement mes doigts sur les siens avant de poursuivre plus sérieusement : « Ecoute Caly veut pas que ça s’ébruite alors j’ai pas fait mention de tout ça dans son dossier. Je peux même pas de le montrer, du coup tu vas devoir me faire confiance. » L’ironie de la situation, c’était que je lui demandais de faire ce que moi même j’avais été incapable de faire il y a quelques jours lorsqu’on s’était expliqué sur sa relation avec Matthéo. «Moi aussi je ne suis pas très à l’aise depuis notre dispute… » avouai-je avant d’ajouter : « Mais je sais une chose : tu me manques Talya. »

Ma première réaction avait été de ne pas croire Priape. C’était difficile d’avoir la confiance après ce qu’il s’était passé entre nous, cette dispute n’avait pas eu de bonnes conséquences sur moi et je m’étais mise à douter. Mon doute était surement la solution de facilité plutôt que de choisir de lui faire confiance mais je n’avais pas envie de me brûler les ailes, de souffrir à nouveau. Alors oui lorsqu’il m’avait sorti la maladie que Calypso avait contracté j’avais cru qu’il se foutait purement et simplement de moi, mais en le regardant à nouveau alors que j’allais déverrouillé la porte pour sortir de la pièce, j’avais compris, qu’en fait, il ne plaisantait pas. Mais ce n’était pas le fait qu’il me dise que ce n’était pas son fantasme qui m’avait fait comprendre la chose non, j’étais moins bête que cela pour savoir avant qu’il ne rigolait pas.  « Je crois que les circonstances ne vont pas dans ton sens et que je n’ai que la solution de te croire sur parole. Ce que je vais faire … J’espère ne pas me tromper. » Je décidais de ne pas fuir et  de lui faire confiance, c’était à mes risques et périls mais je voulais prendre ce risque car mon cœur battait vraiment pour le jeune homme. Cette histoire avait débuté doucement et timidement mais elle s’était développée bien plus rapidement après et je crois que nous nous étions tous les deux faits prendre de court par la rapidité, mais au moins, nous ne réfléchissions pas, jusqu’à cette fameuse dispute. Priape m’avoua finalement que je lui manquais et je ne pus empêcher mes joues de rougir et un sourire de se dessiner avant de finalement lui dire à mon tour :  « C’est dur de rester loin de toi Priape mais… » Ma phrase ne trouva pas de fin alors que nos lèvres se trouvaient pour un baiser timide qui devint un peu plus fougueux et langoureux, le plaisir de se retrouver même si nous étions bien conscients tous les deux que nous étions sur la réserve, enfin surtout moi. Je fus d’ailleurs celle qui recula la première, remettant de la distance entre nous et me levant. « Je suis désolée, il faut vraiment que j’y aille.»

Je n’avais rien à lui présenter : aucun dossier, aucun résultat… Je ne pouvais pas compter sur Caly pour appuyer mon explication : elle n’avait pas envie de parler de son infection à qui que ce soit, et l’actuelle copine de son ex petit ami était probablement la dernière personne avec qui elle le ferait. Je fus donc envahi d’un soulagement immense en voyant Talya faire demi tour pour revenir s’asseoir à côté de moi malgré mon manque de preuves. « Tu ne te trompes pas… Je ne te trompe pas. » Mon histoire avec Caly était certes complexe, mais si me retrouver entre ses jambes aujourd’hui m’avait fait me sentir horriblement mal à l’aise, ce n'était pas parce que j'avais encore des sentiments ou une attirance pour elle, non, c’était en grande partie parce que cela m’avait fait réaliser une chose : je tenais énormément à Talya et je savais que j’allais faire souffrir la jeune femme, qu’elle n’allait pas comprendre, qu’elle allait peut être imaginer des choses, penser qu’il se cachait autre chose derrière cet examen médical. Et la simple pensée de la faire souffrir m'était intolérable. « Je suis désolé de te faire endurer ça… » m’excusai-je avant de reconnaître qu’elle me manquait. Je la dévorais des yeux, brûlant de la toucher, de la caresser. La jeune femme reprit alors la parole, m’avouant qu’elle avait du mal à rester loin de moi et sans lui laisser le temps de poursuivre et d’en dire davantage, mes lèvres finirent sur les siennes d'abord doucement puis avec de plus en plus de passion. C’était si agréable de pouvoir l’embrasser à nouveau. J’aurais voulu que cela ne prenne jamais fin. L’une de mes mains se posa derrière sa tête, mes doigts glissant dans ses cheveux, comme pour l’empêcher de se dérober… Mais elle se détacha quand même de moi finalement avant de se lever. Je me levais à mon tour, attrapant sa main pour la retenir. « Attends Talya, je… Ca veut dire quoi ? » Nos disputes, ce baiser, tout ça, ça rimait à quoi ? J’avais le sentiment de la perdre, je la sentais filer entre mes doigts, et je savais au fond de moi que ce n’était pas une vague explication dans la chambre de garde et un baiser volé qui allaient tout arranger…  

Les choses étaient un peu éclaircies et c'était tant mieux, il ne fallait pas en rajouter une couche sur ce qu'il s'était déjà passé entre nous. En effet, la dispute avait été assez grosse sans que Calypso et sa maladie viennent créé un autre malentendu. Au moins, nous en avions parlé et c'était réglé. J'étais toujours refroidie par notre dispute tout de même, par toutes les complications qu'il semblait y avoir autour de Priape mais je savais une chose : il me manquait cruellement, cependant j'avais besoin de réfléchir, de penser les choses pour ne pas faire de bêtises, ne pas foncer dans un truc qui peut être n'aboutirait pas ! Mais est ce que ce n'était pas en prenant le risque de se brûler les ailes qu'on pouvait construire une belle histoire ? Les cinq minutes accordées étant passées, je devais vraiment rejoindre mon référent aujourd'hui si je ne voulais pas avoir de problème mais mon petit ami n'en avait pas fini. il me rattrapa et mes doigts se ressérèrent autour des siens comme pour lui dire que je n'avais pas plus envie de partir que lui. Sa question me donna des frissons, incompréhensibles, je ne savais pas quoi répondre. Je lâchais finalement sa main prenant sa tête dans les miennes et déposant doucement mes lèvres sur les siennes pour un baiser doux, long mais timide et respectueux avant de me reculer légèrement et de lui dire : « Laisse moi quelques jours pour... digérer....» J'avais besoin d'un peu de temps oui, surement dû à mon passé, à ma fille...

Je n’avais pas pu m’empêcher de la retenir, même si je savais mes cinq minutes écoulées. Je voulais savoir ce que ça signifiait pour nous : ce baiser, ses disputes. Où en étions nous ? Talya prit alors mon visage entre ses mains avant de m’embrasser. J’aurais voulu que ses lèvres ne se séparent jamais des miennes, craignant un peu la signification de ce baiser… Mais la jeune femme se détacha finalement de moi pour reprendre la parole : elle me demandait du temps. Je secouais la tête pour marquer mon accord même si au fond de moi, je savais que ces quelques jours de silence radio allaient être à nouveau horriblement longs. « Je comprends… » Je comprenais en effet et prenais sur moi pour lui laisser le temps et l’espace qu’elle me demandait. Je n’étais pas en position de lui refuser quoi que ce soit, tout ce que je voulais c’était l’assurance de ne pas la perdre…

« Ca va aller Priape, ne t'inquiètes pas s'il te plait. » Je n'étais pas bien de le voir comme cela, de voir son regard plein de questions, avec un peu de peur aussi. Je ne voulais pas le perdre s'était sûr et certain, j'avais beaucoup trop de sentiments pour laisser filer la perle que j'avais entre les mains. Cependant j'avais besoin de temps, de prendre du recul et je ne pouvais rien à cela. Ma main qui était restée sur sa joue descendit en une caresse. J'aurais aimé pouvoir lui assurer que demain tout irait mieux dans ma tête pour qu'il ne s'inquiète plus. Je déposais un nouveau baiser sur ses lèvres, plus long, plus langoureux pour accentuer ce que je venais de lui dire, pour le rassurer. « Ca prendra peu de temps, je pense, ta présence me manquera bien trop rapidement...» Je lui avais soufflé ses quelques mots avant de m'éloigner définitivement et d'entrouvrir la porte lui adressant un dernier regard, un dernier sourire. Je resterais bien avec lui mais il fallait que j'y aille.