Leave me | PRIALYA

Un jour de plus à être à l'hôpital, un jour de plus à devoir supporter les remarques de mon père sur ma mine à faire peur, un jour de plus à prendre le risque de croiser Priape et de devoir le regarder de loi parce qu'une mer de glace s'est formée entre nous... En ce moment, être à l'hôpital était un suplice mais impossible d'en sortir et cela ne faisait que deux jours que la dispute avait eu lieux... Je faisais tout de même tant bien que mal mon job, tentant de me retrouver seule dans des chambres vides de temps à autre pour laisser mes nerfs aller. D'ailleurs j'avais fait cela en début d'après-midi et j'étais tombée sur Priape et Calypso... Enfin Priape entre les cuisses de Calypso... Mon coeur avait loupé un battement et après avoir lancé une petite remarque assassine j'avais claqué la porte derrière moi allant m'enfermer dans la remise la plus au fond de l'hôpital pour pleurer un bon coup. Lui au moins n'avait pas l'air d'en avoir besoin, il se portait plutôt bien même, grand bien lui fasse. En sortant j'avais effacé toutes les traces de se laisser aller sur mon visage mais mes yeux restaient rougis. Je me dirigeais vers mon responsable de la journée et Priape apparut sortant de je ne sais où, à quelques centimètres de moi, mais non je ne pouvais pas, impossible de lui faire face je fis demi tour mais il était trop tard.

Comme si devoir examiner la vulve de mon ex petite amie n’était pas suffisant, il fallait en plus que je me fasse surprendre en plein acte par ma petite amie. Je n’avais rien pu dire, rien pu faire, elle avait disparu trop rapidement. J’avais expédié la fin de ma consultation avec Caly, en prenant quand même le temps de lui faire son injection de péni, au point où en était ce n’était pas une piqure dans les fesses de la blonde qui allait aggraver mon cas auprès de Talya… Et puis j’avais ma conscience professionnelle, la syphilis pouvait avoir de graves conséquences si elle était mal traitée, ce n’était pas à prendre à la légère. Je m’étais ensuite empressé de chercher ma petite amie, espérant qu’elle se trouvait toujours dans les locaux de l’hôpital. J’interrogeais toutes les infirmières que je croisais, mais personne ne semblait l’avoir vue. Soudain, au détour d’un couloir, je tombais nez à nez avec celle que je cherchais avec tant d’énergie. « Taly.. » J’avais même pas le temps de prononcer son prénom en entier, elle me tournait déjà le dos, essayant de faire demi tour. Mais j’eus le réflexe de tendre le bras pour m’emparer de sa main et la retenir en tirant doucement dessus. « Attends, il faut qu’on parle. Je peux t’expliquer c’est pas ce que tu crois. » commençai-je alors sans lâcher sa main de peur qu’elle essaie de s’échapper à nouveau. Et aussi peut être parce qu'après ces derniers jours de froid glacial entre nous, ce simple contact entre nos doigts me paraissait vital.

Croiser Priape pour quoi ? Le regarder mais ne pas pouvoir le serrer dans mes bras car ni moi ni lui n'étions prêts à baisser la garde trop blessés par les mots que nous avions eu l'un pour l'autre ? Cela ne servait à rien. Et puis je n'étais même pas sûre d'avoir envie de le croiser, de lui dire quelques mots, je ne savais pas où cela nous mènerait surtout après l'avoir vu entre les jambes de Calypso. Je ne m'attendais cependant pas à tomber sur lui à ce moment, je fus surprise et je fis demi-tour immédiatement mais sa main vint saisir la mienne se qui provoqua un frisson chez moi. Ce contact me faisait du bien, me donnait envie de fondre dans ses bras mais non je gardais une distance repensant à la scène que je venais de voir.  Je ne pus pas soutenir son regard et préférais donc le poser sur mes pieds, qu'est ce qu'ils me paraissaient beaux aujourd'hui. « Ne cherche pas Priape il n'y a rien à expliquer, je crois que tes exs sont un peu trop présentes dans ta vie pour moi, laisse moi partir. » Sa main tenait toujours la mienne ne voulant pas me laisser me dégager et mon coeur n'était pas à la retirer de moi même.

Elle refusa nette mes explications, baissant les yeux, fuyant mon regard qui ne la lâchait pas pour autant. Je ne libérais pas non plus sa main, la gardant prisonnière entre mes doigts, malgré sa demande de la laisser partir. Je pouvais la laisser croire des choses infondées. « Talya, mes exs, enfin mon ex, Caly… Elle n’est pas du tout une menace… Il n’y a plus rien entre nous aujourd’hui. » tentai-je de la rassurer. Il allait falloir que je m’explique cela dit. « Elle a… » J’hésitais sur les termes adéquat à utiliser, puis j’avais pas envie de raconter à Talya en plein dans un couloir, là où les oreilles indiscrètes pouvaient trainer, que Caly avait chopé la syphilis. Si elle se retrouvait dans CS par ma faute je m’en serais voulu. Ca aurait été bien plus simple de tout lui expliquer en privé. « Elle a des problèmes de santé… » expliquai-je en restant un peu évasif. « Et c’est pour ça qu’elle est venue me voir aujourd’hui. Ce que tu as surpris tout à l’heure, ça n’avait rien de sexuel. » C’était dur de se défendre alors qu’elle m’avait clairement vu entre ses cuisses, mais bon les spéculums et les écouvillons ne faisaient pas partis de mes fantasmes…

« Hum... Je ne pense pas avoir étudier ce qui vaut qu'un jeune pédiatre se retrouve entre les cuisses d'une de ses exs blondes alors... » Cette fois mon regard croisa le sien et dans le trouble je retirais ma main de la sienne brisant ce contact entre nous qui me retenait ici, qui me donnait envie de rester même si sa présence entière ne me donnait pas envie de bouger, le pouvoir d'attraction de cet homme était fabuleux tout de même. « C'est trop facile Priape, tu vois je ne doutais pas de toi avant, je te reprochais juste d'avoir été mise au pied du mur devant certaines choses... Toi tu as douté de la nature de ma relation avec Matthéo à mon tour de douter de la nature de tes relations. » Mon ton était calme et délicat, rien à voir avec la dernière fois même si ramener ce sujet c'était prendre le risque de se donner en spectacle devant tout le monde sur notre lieu de travail. Sauf que s'il voulait que je le crois il allait devoir être beaucoup plus convaincant.

Talya allait pas se contenter de ma vague explication. Elle retira sa main de la mienne en croisant mon regard qui continuait de la dévorer. Je posais mes yeux partout où j’aurais voulu mettre mes lèvres, parce que depuis notre précédente dispute, nous nous en tenions à ce froid polaire. « Il n’y a pas à douter Talya. Et je m’excuse de mes réflexions sur Matthéo et toi ok ? » Je savais que ce manque de confiance que j’avais manifesté avait du la blesser. Du moins à présent, là dans ce couloir, alors que ma petite amie doutait à son tour de moi, je le comprenais très bien en l’expérimentant à mon tour.« Je t’assure qu’il y a rien avec Caly, que c’était purement médical. » Puis parlant trop vite, sans prendre le temps de réfléchir, je poursuivis mon explication et je m’enfonçais en comparant deux situations complètement différentes : « Regarde, lors de la fusillade, je t’ai bien laissée aller voir Matthéo. Vous êtiez tous les deux en tête à tête dans sa chambre… »

J'avais commencé à croire en ses excuses au sujet de Matthéo à croire qu'il pouvait être honnête avec moi sur le fait qu'il ne se passe rien entre lui et Calypso jusqu'à ce qu'il ramène encore les choses à mon meilleur ami et qu'il doute une nouvelle fois. « T'es sérieux là Priape ? Tu t'excuses d'avoir douté de mon amitié avec Matthéo et tu la remets sur le tapis maintenant en me disant que t'as bien voulu me laisser aller auprès de lui ? Il était endormi ou à moitié endormi, il venait de se prendre une balle... Qu'est ce que ça a à voir avec toi la tête entre les jambes de ton ex sérieusement ? » Mon ton restait calme et pas trop fort, je ne voulais pas me donner en spectacle devant tous ces gens qui ne manqueraient pas d'aller répéter les choses à mon père qui se ferait un malin plaisir de me dire qu'il me l'avait bien dit que ce mec n'était pas pour moi. « Ca sert à rien qu'on discute, on en revient toujours au même point et ce n'est pas du tout le lieu pour le faire je n'ai pas envie qu'on me regarde comme une pauvre petite qui n'arrive pas à sauver son couple ou que mon père me fasse la morale. Je crois qu'il vaut mieux qu'on en reste là. » Ou qu'on se dirige vers une pièce où nous ne serions que tous les deux mais là je ne pourrais plus répondre de mes actes et surtout ceux qui me poussaient à l'embrasser fougueusement ce que je n'avais pas fait depuis la dispute à mon plus grand regret.

Je le savais, j’aurais pas du me lancer dans cette comparaison. Talya voyait pas le rapport. Ce que je voulais bien croire mais plutôt que de me taire j’essayais de clarifier là où j’avais voulu en venir. « Ca a tout à voir… Caly et moi on essaie d’être amis aussi tu vois, juste amis comme Matthéo et toi. Et elle m’a demandé ça comme un service, elle savait pas à qui demander… C’était pas une situation facile pour elle… » Ok, je m’enfonçais encore plus. Je parlais à voix basse pour éviter que l’on m’entende, à la fois parce que j’étais d’un naturel discret et je n’avais jamais été fan des scènes de ménage en public, surtout sur mon lieu de travail, mais aussi parce que je ne voulais pas que l’infection de Calypso face le tour de tout Cambridge. D’ailleurs, Talya ne tenait pas non plus à épiloguer sur ce sujet, ici, à l’hôpital, en plein couloir. « Attends Talya… »L’évocation de son père m’avait fait froid dans le dos. Je n’osais même pas imaginer ce que Dr Blackburn me réserverait si il avait vent de ce qui s’était passé. C’était un homme influent, il pouvait faire de ma vie un vrai enfer au sein de cet hôpital. Pourtant, je ne voulais pas renoncer à cette explication avec Talya. Je repris la parole. « Ca fait des jours qu’on ne se parle plus, je supporte pas ça. Laisse moi une chance de t’expliquer au calme. » proposai-je alors en désignant la chambre de garde qui n’était pas loin et qui était probablement libre à cette heure en plein milieu de la journée.

« Mais il y a des tonnes de médecin dans ce foutu hôpital, des médecins qui ne sont pas spécialisés en pédiatrie tu vois, qui gèrent les grandes personnes et elle vient te demander à toi ? Comment veux tu que je ne trouve pas ça louche, voir même super étrange. » Je n'aurais jamais été demandé à mon ex de m'examiner le vagin ou je ne sais quoi qui se trouve entre les jambes, j'étais beaucoup trop pudique pour cela et même en couple je ne demanderais pas à Priape de le faire. Pourquoi le faisait elle ? Est ce que des amis se regardent entre les jambes ? Non... Drôle de manière d'essayer d'être amis ! « J'ai peu de temps, j'étais en train de rejoindre mon référent pour aujourd'hui quand on est tombé nez à nez. » Direction cette fameuse salle de repos qui fait fantasmer tant de personne au vue de son utilisation dans les films. Je doutais qu'on allait faire la même chose même si Priape avait l'air aussi perturbé que moi par le fait qu'on ne se parle plus et qu'on ne se touche plus, qu'on se comporte comme deux parfaits étrangers. La porte se ferma discrètement derrière le jeune homme verrouillant la serrure pour qu'on ne soit pas dérangé ou alors pour m'empêcher de m'enfuir. Je m'installais sur le lit et lui dis : « Cinq minutes. Je t'écoute. » J'étais têtue mais pas bête non plus je pouvais bien lui laisser cette chance de communiquer.

Pourquoi moi ? Talya se posait la question logique et si elle avait su le pourquoi de la consult, ça lui aurait paru plus clair. Mais là, l’endroit n’était pas adéquat. « Je peux pas te le dire ici… » Je regardais à droite et à gauche en chuchotant, ma paranoïa d’être entendu me forçant à baisser la voix. Mais Talya avait elle même ses raisons pour ne pas vouloir prolonger ses explications publiques en plein couloir et on se rendit dans la chambre de garde que je pris bien soin de fermer. Talya avait peu de temps, elle s’assit sur le lit et annonça qu’elle me laissait cinq minutes. Top chrono. Moi je restais debout, faisant les cents pas dans cette pièce étriquée, le lit y occupait quasiment toute la place. Je bredouillais un début d’explication pas beaucoup plus convaincant que ce que j'avais raconté dans le couloir précédemment : « Donc… Euh Caly était génêe… Pas du tout à l’aise tu vois. Parce que c’est une situation vraiment pas facile. Je dis pas que c’est pas de sa faute. Je l’ai d’ailleurs un peu sermonnée, mais c'est pas le sujet... Donc elle est venu me trouver parce qu’elle avait pas envie que ça se sache tu vois… Un autre interne n’aurait pas fait l’affaire, tu sais comment c’est. Les murs ont des oreilles ici. » Bon allez Priape, lance toi, crache le morceau. « Tu devras surtout n’en parler à personne hein ? » demandai-je comme ultime confirmation avant de lâcher la grosse info.