charleena ◮ ❝anger is a wound gone mad.

J'avais passé la nuit à bosser. C'est fou ce qu'on pouvait avoir des horaires de merde quand on était interne ! J'avais commencé le boulot à 16 heure hier et j'avais eu le droit de dormir quelques heures (de minuit à quartes heures) en salle de repos, avant de me remettre au travail. Faire quelques points de suture aux urgences, remonter au bloc pour observer une opération sans s'endormir, redescendre au labo pour récupérer des résultats d'analyse de sang … Le tout en pourrissant la vie de Ashley, matant Kol et en évitant Marc... autant dire que c'était épuisant. Crevée je n'avais pas pris la peine de me changer avant de quitter le boulot. C'est donc avec ma blouse blanche sur le dos et quelques taches de sang de ma dernière intervention sur mon haut que je franchis la porte de l'appartement. Je laissais tomber mon sac à main et mes converses dans l'entrée avant de traîner des pieds jusqu'au salon. Je me pensais seule jusqu'à entendre du mouvement dans la chambre d'Amen. « Amen ? C'est toi ? T'as pas cours ? » Demandais-je en m’approchant de sa chambre tout en me détachant les cheveux.

Je me penchais un peu dans la chambre d'Amen, restant tout de même sur le pas de la porte, pour apercevoir une grande blonde, de dos, qui attrapait un vieux portable posé sur la table de chevet. Elle ne tarda pas à se retourner, marquant une pause étrange en croisant mon regard, avant de terminer sa phrase, m'avouant qu'elle était une amie d'Amen et qu'elle était sur le point de partir. Son regard s'arrêta quelques instant sur mes vêtements et je compris que la vue de ces quelques petites tâches de sang n'était peut-être pas faite pour tout le monde. Je refermais donc rapidement ma blouse pour cacher mon haut, un sourire crispé sur le visage. « Désolée je sors tout juste du boulot. » Lui dis-je en riant nerveusement. Puis je la fixais un moment, fronçant un peu les sourcils. Je sais pas pourquoi, j'avais l'impression de l'avoir déjà rencontré... pourtant il ne me semble pas qu'elle soit déjà venue à l'appartement. « On se connait ? » Demandais-je enfin. « J'ai l'impression de t'avoir déjà vu quelques part... » Ajoutais-je pensive.

Soit cette fille était totalement lunatique, soit j'avais raté quelques choses. Ma remarque la fit partir au quart de tour, son regarde devint un peu plus agressif et elle échappa un rire amère avant de me répondre avec un cynisme évidant, me proposant d'aller boire un verre pour me rafraîchir la mémoire. Je fronçais légèrement les sourcils, essayant de me remémorer une possible rencontre mais rien ne me revenais. Son allusion à l'alcool me laissait tout de fois entendre qu'elle m'avait rencontré en soirée .. ou bourrée, ce qui expliquait mon trou de mémoire. Elle glissa son portable dans la poche de son blouson avant de s'avancer vers moi pour partir et soudain ça me revenait. « T'es la fille qui m'avait gifler à New-York ! » Lâchais-je, la joie d'avoir trouvé qui elle était dessina un sourire sur mes lèvres, qui disparu rapidement quand je me remémorais l'incident qui m'avait valu cette gifle. « La fille au collier... » Dis-je plus sérieusement. « C'est fou qu'on se retrouve ici ! » Ajoutais-je en souriant de nouveau. Je m'en voulais un peu d'avoir cassé son collier et je lui en voulais un peu de m'avoir gifler, mais l'idée de la retrouver ici me rendait étrangement heureuse... Ou alors c'était la fatigue qui me rendait euphorique.

Je la suivis jusqu'au salon où elle récupéra son sac. Elle semblait encore un peu énervée jusqu'à ce qu'elle m'entende me réjouir de de la revoir ici. Enfin réjouir c'était un grand mot mais bon... Elle connaissait mon prénom, je ne connaissais pas le sien. En faite Amen ne me parlait pas vraiment de ses amies, avec elle je parlais surtout de garçon, donc la jolie blonde n'avait jamais été évoquer dans nos conversations. Je hochais la tête : « C'est bien moi. Charlie, ou ''la folle qui t'as agressée dans un café''... comme tu veux ! Et toi c'est quoi ton petit prénom ? »  Plaisantais-je avant de reprendre plus sérieusement. « Pardon, je devrais pas plaisanter avec ça, c'est la fatigue... » C'est vrai que ce n'était pas vraiment une sujet sur lequel plaisanter. Bien qu'a première vu c'était un accident assez anodin, la gifle que je m'étais pris ce jour là m'avait laisser penser que ce collier avait une importance toute particulière pour la jeune femme... ou alors qu'elle avait une certaine rancœur contre les blondes fortement alcoolisées. « Tu m'en veux toujours hein ? » Demandais-je, directement. J'étais bien trop épuisée pour tourner autour du pot.

J'avais passé la journée à voir des gens pleurer à l'hôpital suite à la perte de proches, donc la voir rire un peu me faisait chaud au cœur ! Puis bon : si elle riait c'est qu'elle ne m'en voulait plus vraiment et ça me rassurait. Je pu enfin mettre un vrai prénom sur le jolie visage de poupée de la jeune femme : Leena. C'est vrai que ça lui allait mieux que ''la fille qui m'a giflé'' ou ''la fille au collier'' !  « J'aime bien ce prénom » murmurais-je alors qu'elle me conseillait de ne pas être seule après avoir autant bu.  « Oh t'es trop mignonne de t'inquiéter ! »  Dis-je d'une voix mielleuse. J'étais sincère, je la connaissais à peine, pour ne pas dire : pas du tout, et pourtant elle s'inquiétait pour moi. C'était tellement gentil. « Tu dois être quelqu'un de bien... »  Dis-je à voix haute comme pour conclure ma réflexion. « Je suis désolée pour ton collier ... » ajoutais-je, je me sentais d'autant plus mal de l'avoir embêter ce jour là, alors qu'elle avait l'air d'être adorable en tout point. Je l'observais un instant de haute en bas, m'arrêtant un moment sur sa coiffure pas très soignée.  « Tu viens de te lever ? Tu veux manger quelques choses ? » Demandais-je avant de baisser une nouvelle fois mes yeux sur ma tenue.  « Bon faut que je me change et me douche, mais … je serais ravi de te tenir compagnie ! Faut pas partir le ventre vide, le petite déjeuner est le repas le plus important de la journée ! »  Dis-je sur un air enjoué.  « Et c'est un docteur qui te le dis ! »  Ajoutais-je en lui faisait un clin d’œil. J'étais vraiment fatiguée et je commençais à lui parler de la même façon que je parlais au patient de pédiatrie... c'était grave, elle allait me prendre pour une folle.