ISAAMEN + I'm falling to pieces.

Assise sur le canapé du salon de la collocation dans laquelle je vis, je sens le stress monter dans tout mon être. Je redoute fortement le moment où il passera la porte. Nous avons convenu qu'il viendrait à l'appartement que j'occupe, parce que je n'avais aucune envie de sortir depuis le décès de Rome et que personne ne serait là. Charlie ayant cours, Milo étant au travail et Kol.. j'sais même pas en fait. Je ne suis jamais au courant de ce qu'il fait, tout ce que je sais, c'est qu'il n'est pas là. Je sais déjà que tout va s'effondrer. Que je risque de rester sans mots. Que ma main va me démanger. Que les larmes vont couler sans que je ne puisse rien y faire. Aujourd'hui, je dois faire face à la réalité et ça que je le veuille ou non. Concrètement, j'ai déjà un pied dans le réel, puisque j'ai appris par message ce qu'il avait fait, mais dès qu'il ouvrira la bouche, tout sera bien concret. Quand il me dira de vive voix ce qui s'est passé tout me paraîtra bien plus réel. Je me fais du mal au fond, quand il m'a envoyé ce message pour m'annoncer qu'il voulait qu'on discute, j'aurais tout simplement dû lui dire non. J'aurais dû lui dire que je n'avais pas besoin d'un dessin et qu'on pouvait en rester là, qu'il pouvait faire sa vie comme je ferais la mienne, seulement j'en ai été incapable. Je lui en veux, mais une part de moi me supplie de ne pas le laisser partir, de garder cette grande amitié qui nous a toujours uni et qui m'a si souvent apaisé et aidé à tenir le coup. Je suis totalement perdue, coincée entre deux envies qui se battent en mon fort intérieur. Plus rien ne va. Je ne me comprends même plus. Je n'ai plus l'épaule de Rome sur laquelle pleurer. Je n'ai plus mes longues conversations avec Charlie au sujet des hommes. J'ai l'impression de perdre tous mes repères, sauf Milo et Alaska. Mais avec Alaska, c'est compliqué. Je ne peux pas me permettre de lui raconter tout ce qui ne va pas, surtout au sujet d'Isaac puisqu'ils sont de la même famille et très attachés l'un à l'autre. Et voilà dans quelle position je me retrouve : attendre morte de peur sur ce foutu canapé.

Les minutes sont longues, presque interminables. La peur me dévore l'estomac. Jouant avec ma boule anti-stress je tente de me calmer tant bien que mal. C'est dans ce genre de moment que je comprends à quel point je devrais me remettre au yoga, ça ne me ferait pas de mal. Lorsque l'on frappe à la porte, je sursaute. Je n'aurais pas dû être surprise puisque je l'attendais. Je me lève après une petite minute d'hésitation et ouvre la porte, le trouvant. T'es vraiment con. dis-je d'une voix grave avant de lui claquer la porte au nez sans qu'il n'ait eu le temps de dire ouf. Elle se referme et je m'en veux. Je ne comprends pas. Je ne suis pas du genre impulsive, mais me trouver face à lui a fait surgir une nouvelle facette de ma personnalité que je ne me connaissais pas. Et que je n'aime pas. Je ne suis pas comme ça. Je dois le laisser s'expliquer. Je souffle un coup, serrant très fort ma boule anti-stress avant d'ouvrir une nouvelle fois la porte de l'appartement, espérant le trouver derrière. J'suis désolée, Isaac. dis-je en baissant le regard, déçue de moi. Entre, s'il te plait. demandais-je, me reculant de l'entrée pour qu'il puisse passer avant de me diriger vers le salon. Ca risque d'être compliqué.

Je crois que je ne remercierais jamais assez Milo de m'avoir trouver ces boules malléables pour me permettre de me calmer plus rapidement. Je ne me pensais pas capable d'être aussi angoissée et énervée. Je pensais me connaitre par coeur, savoir jusqu'où je pouvais aller, mais finalement il semble que je me sois bien trompée sur moi-même. Et pas que sur moi-même. Sur lui aussi. Alors qu'il se tourne pour me faire face et me demander si ça va, je lâche mon jouet, que je tenais pourtant ferment dans ma main tout en lâchant un rire nerveux qui me fait presque peur. J'ai mal entendu, pas vrai Isaac ? Tu ne m'as quand même pas fait l'affront de me demander si j'allais bien ? dis-je d'une voix trahissant mon énervement. Comment peut-il me mander si je vais bien ? C'est presque irréel. Donc, tu veux savoir si je vais bien hein ? Bah écoute, j'ai couché avec.. toi. dis-je, me retenant de l'insulter une nouvelle fois. Puis, j'ai appris qu'en fait t'étais du genre à courir de lit en lit. Mais ça, c'est que la partie visible de l'iceberg tu vois. Rome est.. Ma voix devient tremblante, je souffle un coup pour me calmer. Notre relation n'est plus la même, il n'est plus l'ami sur lequel je pouvais compter. Il vaut mieux pour moi que je m'arrête là, que je m'en tienne au problème et à ce qu'il a à me dire. Tu sais quoi ? On va dire que je vais super bien ! dis-je d'une voix que je veux neutre, mais trahis clairement mon agacement. Il ne pouvait pas commencer par pire question, parce qu'il sait que je vais mal, c'est loin d'être un mystère.

Je n'aime pas le côté de ma personnalité qui sort subitement au bout de dix-neuf ans de vie pour insulté Isaac à tort et à raison me faisant me comporter comme une gamine mal élevée. Je crois que mes parents ne me reconnaîtraient pas s'ils me voyaient de la sorte. J'essaie tant bien que mal de me contrôler et de retrouver l'emprise que j'ai toujours eu sur mes sentiments. Lorsqu'il me répond sèchement et débite un peu trop rapidement toutes ses explications pour que je puisse les saisir je me sens stupide. Je souffle un coup et prend place dans le canapé du salon. Tu sais pertinemment que ta question ne sers à rien. C'est soit je décide de te mentir et dans ce cas je ne vaudrais pas mieux que.. Je tousse un coup avant de reprendre. Soit je t'expose clairement ma faiblesse. Et c'est réellement inconfortable, parce que je n'ai pas envie de te mentir Isaac, mais je n'ai pas non plus envie de dire ce que tu sais déjà, m'exposant un peu plus. Je garde une voix calme, moins agressive. L'emprise que j'ai sur moi-même semble revenir petit à petit. J'entends sa voix, mais étrangement je ne suis pas certaine de comprendre tout ce qu'il dit lorsqu'il parle de Charline. Je baisse les yeux au sol. La voilà, la réalité. Très bien. Je tente de contrôler ma voix qui tremble malgré moi. Je n'ai pas envie de me mettre à pleurer, je suis déjà bien assez bas comme cela, alors je lutte pour que ma vision ne se brouille pas. Je crois que pour la première fois je comprends ce qu'est souffrir d'amour. Jusqu'à aujourd'hui je trouvais inconcevable l'idée qu'amour et souffrance puisse être associée, je devrais probablement le remercier, il m'a délivrée d'une erreur. Le son de sa voix continue de retentir, me demandant de le détester. Je lève les yeux, emplie de larmes que je m'efforce de retenir, dans sa direction. Te détester. répétais-je. Tu veux que j'te raconte un truc drôle Isaac ? J'ai crû que.. et je.. enfin tu sais. Je.. j'ai même pas la force de te détester. dis-je, laissant échapper une larme, puis une deuxième. Je continue de le fixer alors que ma vue se trouble et mes joues deviennent humides. C'est moi que je déteste. J'sais pas toi, mais je trouve ça plutôt drôle. J'aimerais mourir, là, maintenant, tout de suite. Pitié. Qu'on m'exécute sur le champs.

Je veux être frappé par la foudre un bon coup. Je veux qu'un mec ayant pété un plomb entre en furie dans l'appartement et me mette une balle dans la tête. Je veux que le plafond s'effondre et m'apporte. J'aimerais mourir là, tout de suite. Pitié. Je me sens tellement mal, partagée entre la haine à cause de cette situation, la culpabilité parce que je me conduis de façon méprisante avec lui et une vague d'amour qui se joue de moi. Je crois que c'est le fait de le revoir après cette nuit qui fait que tous mes sentiments s'emmêlent malgré moi. J'aimerais le frapper un bon coup, lui faire mal comme il m'a fait. Lui dire de débarrasser le plancher et de plus jamais s'approcher de moi. Mais paradoxalement, je crois que j'ai également envie qu'il me prenne dans ses bras. Je ne comprends tout ce qui se passe en moi et c'est horriblement frustrant. Alors mes larmes ne cessent de couler il me demande de ne pas pleurer. J'aimerais pouvoir arrêter, mais je n'y parviens pas. Frottant mes joues humides, je l'entends me demander pour quelles raisons je me déteste avant de s'avancer et de dire qu'il ne veut pas me perdre. Je relève les yeux et le fixe presque incrédule. Ne pas me perdre, c'est ça qu'il veut ? Je crois que c'est trop tard. Bien trop tard. Je me déteste parce que je.. Parce que je t'aime Isaac. dis-je d'une voix étouffer par mes larmes, la gorge serré. C'est la première fois de toute ma vie que j'ose dire ce que je ressens vraiment question sentiments. Je me sens comme libéré d'un poids, avant de revenir à la réalité. Il est trop tard. Je suis minable. Terriblement minable. J'voulais pas te perdre non plus, mais j'crois qu'inconsciemment tu en as décidé autrement. Les mots me soulèvent le coeur, l'arrachent, l'éparpillent en morceaux. Je voudrais fermer les yeux et tout revivre, tout changer. Rester la petite Amen vierge, terrifié par les hommes et le contacts physiques. J'aimerais qu'il n'ait jamais pris une si grande place dans ma vie.