M. Jordann Adamovitch ► Yvonne Strahovski

On pourrait passer le blabla habituel de la rencontre des deux parents jusqu’à l’âge réellement important, mais ça laisserait passer quelques détails. Jordann est née d’une mère américaine, et d’un père Russe – aux origines polonaises – Les deux grands enfants se sont battus jusqu’à sa naissance pour savoir le nom qu’elle porterait. L’un voulait un prénom américain, l’autre un prénom des pays de l’est. Ainsi soit-il, Milicàh Jordann porterait les deux. Sa mère tenait beaucoup au prénom de Jordann, en souvenir de sa cousine, décédée quelques mois après sa naissance. Et quant à Milicàh, il avait été trouvé dans ce bon vieux dico’ des prénoms. Et tous deux étaient finalement tombés d’accord. Mais la petite blondinette n’était pas la première de la famille. Il y avait un frère avant elle, de quelques années son aîné. Un frère qu’elle a toujours idolâtré, malgré les coups bas qu’il lui faisait. Ah, c’est beau l’amour fraternel me direz-vous ! Enfin malgré ces petites disputes entre frères et sœurs, Jordann ne manquait de rien. La famille Adamovitch n’était ni riche, ni pauvre. C’était une famille tout ce qu’il y avait de plus normal. Néanmoins, qui dit nouveau membre dans la famille, dit déménagement : la maison n’était plus assez grande pour qu’elle ait sa propre chambre et c’est à la troisième année de Jordann qu’ils déménagèrent à quelques pâtés de maisons plus loin. Là, Jordann pu enfin avoir sa chambre de petite princesse qu’elle désirait tant : un pan de mur rose, le reste en blanc, des meubles blancs laqués, des poignées roses en forme de fleurs, des draps roses, une mini coiffeuse rose, etc… Eh oui, on ne fait jamais les choses à moitié chez les Adamovitch.

Jordann s’épanouissait de jour en jour. À l’école, elle était toujours la meilleure – bien loin devant son frère d’ailleurs – et comptait de nombreuses copines, mais aussi beaucoup d’ennemies parce qu’elle avait toujours les meilleures notes. Elle était d’ailleurs la chouchoute du maître. Ce dernier avait aussi de très bonnes méthodes pour éduquer les enfants. Chaque bonne réponse rapportait “un bon point” et au bout de dix bons points, il fallait les échanger contre une image. Et ainsi, dix images rapportaient un “A” sur le bulletin. Et si je vous disais que Jordann comptabilisait des centaines d’images, vous comprenez mieux la fierté de ses parents ? Toujours est-il qu’intérieurement, elle avait mal, mal pour son frère. Car ses parents lui disaient sans cesse « ta sœur est bien meilleure que toi tu l’étais à son âge. » Et c’est aussi pour cela que bien souvent, cela se terminait en disputes entre eux. Pourtant, elle n’avait rien à envier, et il ne devait pas la jalouser, alors qu’elle, elle aurait aimé être comme lui, et puis, pouvoir jouer avec les grands, c’était le top auprès de ses copines ! M’enfin, malheureusement, ça ne se passait pas comme ça.

La période de la gentille petite Jordann s’estompait au fur et à mesure qu’elle dépassait sa deuxième décennie. Envoyée dans une école publique – qui plus est, différente de celle de son frère – la jeune Jordann, âgée de quatorze ans commençait les quatre cents coups. Cela passait d’abord par le physique : adieu les cheveux bouclés, les murs roses, et bonjour le fer à lisser, le vernis à ongles noir, les jeans troués dans le genre baggy, les posters sur les murs, et la musique métal à fond dans les oreilles. Adieu les « maman je t’aime » et bonjour les grossièretés ! C’était ça, la nouvelle Jordann, et ça ne faisait qu’empirer.

À l’âge de quinze ans, elle se rendait à sa première soirée. Mais elle était loin de connaître les ravages de l’alcool. Bien que cependant, jamais elle n’ait touchée à une cigarette ou un pétard, l’alcool se consommait, chez elle, sans modération. Et cette première soirée alcoolisée deviendrait très vite sa première cuite. Et pendant des mois, elle s’était retrouvée avec l’étiquette de “Jordy la dégourdie” à cause de quelques dérapages. En même temps, c’est vrai qu’allumer le mec de sa meilleure amie c’était pas franchement futé, et encore moins d’embrasser tous les mecs de la soirée, qu’ils aient une copine ou non. C’est à peut-être à cette période là que Jordann prenait conscience de ses formes, et de ses charmes. Et lorsque cette étiquette avait disparu, elle n’avait pas hésité à recommencer, mais cette fois-ci, d’une manière plus réfléchie.

À l’âge de seize ans, Jordann connaissait sa première fois avec son premier amour. Enfin, celui qu’elle considérait comme tel. Car à l’inverse, il n’était en rien un saint. Il la trompait à plusieurs reprises, et elle, amoureuse, fermait juste les yeux sur ce qu’elle avait entendu. Mais cette première fois qu’elle avait eu avec lui, n’avait, en rien, été ce dont elle avait toujours rêvée. Il ne l’avait même pas respectée ce soir-là, et encore moins le lendemain lorsqu’elle s’était réveillée seule dans son lit. La seule explication qu’il lui donna par la suite, c’était « J’voulais juste coucher avec toi ». Il ne fallait pas s’étonner si, quelques jours plus tard, le frère de Jordann lui avait cassé la gueule. Car à cette période, même si ses relations avec son frère étaient encore pire que quand ils étaient gosses, c’était sa sœur et il n’allait certainement laisser passer ça.

À l’âge de dix-sept ans, étaient écrit dans son livret scolaire multiples rapports, exclusions temporaires, conseils et disciplines et sans oublier les x heures de colle. Trois années de conneries comme mettre le feux aux poubelles du lycée, organiser une bataille de nourriture à la cafet’, écrire sur les portes des toilettes, insulter les professeurs, devoirs non-rendus, ou encore bagarres au sein de l’établissement. À l’entrée de sa dernière année, Jordann avait changé du tout au tout. Elle avait repris ses bonnes vieilles habitudes et avait réussi à remonter sa moyenne, regagnant sa place dans le podium de l’excellence. Ce changement, c’était grâce aux paroles de son frère, mais aussi une remise en question de son avenir, un recul sur elle-même. C’était une réelle prise de conscience, et des semaines de travail. La blondinette s’était inscrite dans un club de judo, ce qui lui permettait d’extérioriser tout ce qu’elle ressentait. Elle avait aussi commencé à se renseigner sur ce qu’elle voulait faire plus tard. Et l’université d’Harvard, pas très loin de Boston, qui proposait des études dans le multimédia, n’acceptait pas ce genre de cancres. Cette suite d’évènement l’avaient conduit à changer, et à devenir ce qu’elle était aujourd’hui.

Cela fait maintenant cinq années que Jordann est à Harvard. Elle a laissé derrière elle son passé, et sait aujourd’hui prendre le temps nécessaire pour la fête, autant que pour les études. Elle y a retrouvé son frère, avec qui les choses se sont nettement arrangées aujourd’hui, mais aussi quelques personnes qui connaissent son passé, et qui n’hésiteraient pas à la faire tomber au moindre écart. Cependant, Jordann ne joue pas dans la popularité, et c’est un atout pour elle, face à ses ennemis. Puis, quant à ses copines, certaines hypocrites ne sont pas au courant, les plus sincères le sont. Elle sait choisir ses amis, et se méfie des autres. Depuis sa première fois, elle n’est plus jamais tombée amoureuse de qui que ce soit, mais sûre d’elle, toujours aussi charmeuse, il n’est pas rare de la voir avec un garçon différent chaque semaine. Certaines relations sont plus longues que d’autres, mais elles sont toutes, sans grands intérêts pour elle. Elle aime l’homme, et même si certains d’entre eux son attachants, elle, elle essaye de ne pas s’y attacher. Cependant, sous cette apparence, son rêve de rencontrer le grand amour est toujours présent malgré tout. Mais ça, ça passe après les études.