It's not over (Vanille)

J’avais réussi à capter son attention et un petit sourire satisfait étira mes lèvres. Je ne l’avais peut être pas encore complètement convaincu, elle n’avait rien signé, mais elle montrait déjà quelques signes d’intérêt et pour moi c’était un bon début. Je poursuivis donc mes explications : « Tu as deux phases dans l’étude. La phase d’essais cliniques, c’est la phase intensive qui s’étend sur un mois avec une heure de massage quotidienne, une heure d’exercices physiques… Je vais pas te cacher que c’est éprouvant, contraignant, et très prenant. Mais c’est très important d’être rigoureux et de suivre à la lettre le protocole de l’étude. » expliquai-je en espérant que malgré toutes les contraintes que cela représentait, Vanille allait se laisser tenter. « Ensuite tu as la deuxième phase : celle du recueil des résultats. Chaque patient est reconvoqué après ce premier mois, et alors il doit subir une série de test pour mesurer sa réponse au protocole, l’avancée de ses progrès. Selon ces résultats : soit on a une excellente réponse et il est considéré comme guéri, soit on reconduit le protocole pour un mois, soit on le dirige vers une chirurgie, soit dans le pire des cas il sort de l’étude si il ne répond pas. » C’était probablement cette dernière éventualité qui pouvait effrayer la jeune femme c’est pourquoi j’ajoutai : « Mais ça reste exceptionnel. La plupart des patients que j’ai rencontrés ont toujours fait de gros progrès. »

Ça ne voulait absolument pas dire que tu allais accepter han ? Disons plutôt que tu étais en intense réflexion et que pour le moment, tu pesais le pour et le contre. Parce que ouais, tu voulais avoir toutes les informations avant de faire quoi que ce soit et.. Peut être qu'au fond t'avais juste trop peur que ça ne marche pas. Trop peur de t'investir corps et âme dans quelque chose pour qu'on te dise finalement que non, il n'y avait aucun espoir et que ça marcherait pas. Tu savais que tu ne pourrais pas le supporter et c'était sûrement la raison qui faisait que tu repoussais toute aide depuis le début. Parce que t'avais le trouille que rien ne fonctionne pour toi. « Donc.. Deux heures par jour pendant un mois ? J'pourrais pas aller au spring break si j'fais ça ? » Ouais, c'était pas le truc le plus important du monde mais.. T'avais besoin d'aller là-bas. Fallait que tu puisses profiter un peu et surtout sortir de cette monotonie dans laquelle tu t'étais plongée. « La chirurgie est.. Conséquente ? Enfin, si par hasard j'devais aller en chirurgie, après ça je pourrais remarcher ? » T'avais l'impression que c'était mauvais parce qu'au fond de toi, t'avais cette mini parcelle d'espoir qui venait de s'allumer. Et s'il avait raison ? Si ça pouvait vraiment marcher ? Qu'est ce que tu perdais à essayer ? Après tout, si rien n'était concluant, tu partirais sans doute déprimer à nouveau mais.. Est ce que ça ne valait pas le coup d'au moins essayer ?

D’autres questions s’échappèrent des lèvres de la petite blonde et je ne pouvais pas m’empêcher de trouver son intérêt croissant comme un signe encourageant. Elle se demandait même si la thérapie était compatible avec le spring break, ça voulait dire qu’elle se projetait déjà ça non ? « Si tu décides de te lancer dans le programme, je te promets de t’aider avec tes séances pendant les vacances. Je suis en pédiatrie donc ni neuro, ni ortho, mais à force de bosser sur ce protocole avec les gamins je le connais par cœur. » lui assurai-je alors avant d’ajouter : « Tu pourras aller au spring break, mais ça sera pas le meilleur de ta vie : pas d’alcool, pas de nuits blanches, beaucoup de repos… » Rien qui ne sonnait comme un SB classique donc. Les questions suivantes concernaient la chirurgie. « Les réparations nerveuses sont des opérations très délicates Vanille… » Je ne pouvais rien promettre à la jeune femme. « Les résultats sont aléatoires. Je pourrais brandir devant toi nos excellentes stats avec ce protocole, plus de 70% de réussite lors de l’opération. Mais la vérité c’est que quand tu es dans les 30% d’échec, les statistiques ne veulent plus rien dire et te restent en travers de la gorge. » Je savais qu’elle ne voulait pas espérer en vain, placer trop d’espoirs dans une éventuelle guérison qui n’était pas assurée, mais je pouvais pas lui promettre ça, personne ne le pouvait.

Pour la peine, t'étais en pleine indécision. Tu ne savais absolument plus ce que tu devais faire ou non et ça te perturbais totalement pour la peine. Tenter ou pas ? Si tu disais oui, tu savais qu'il ne faudrait pas que tu abandonnes par la suite. Tu savais aussi que c'était prendre le risque de voir tout ton espoir s'effondrer d'un seul coup. Est ce que t'étais prête pour ça ? Pas vraiment. Mais c'était le seul truc que t'avais. Tenter le tout pour le tout et avoir peut être la chance de faire des progrès ou rester coincée dans ce fauteuil à vie sans savoir si les choses auraient pu marcher. Tu fronçais les sourcils continuant ton intense réflexion intérieure alors qu'il te disait pouvoir t'aider pendant le spring break si tu choisissais de suivre le programme. « Et ça va pas te gâcher le tiens de devoir m'aider ? » Toi au pire, l'alcool et tout le reste ça te gênais pas vraiment. T'avais jamais vraiment bu et t'étais pas la plus grande fêtarde au monde alors être raisonnable, tu savais le faire. Par contre, lui prendre plus d'une heure de son temps chaque jour, ça pouvait le gonfler. « Je vois.. » Et tu comprenais totalement qu'il ne veuille pas te promettre quoi que ce soit. Après tout, si ça ne marchait pas tu rejetterais sûrement la faute sur le monde entier alors il tentait peut être de se préserver par avance. Puis ça ne servait à rien de te faire de faux espoirs. « Je.. Ça pourrait rester entre nous ? Si je le fais tu pourrais le garder pour toi ? »

Vanille resta un instant silencieuse. J’imagine que mes paroles faisaient leur petit chemin dans sa tête et qu’elle devait se les passer et repasser, se demander si ça valait le coup, si j’étais fiable aussi car au final on se connaissait peu. Je n’avais pas mentionné Addison, dont j’étais très proche, parce que je ne voulais pas que ça pèse dans la balance, je voulais qu’elle choisisse de se lancer la dedans parce que gagnée d’une vraie envie de guérir, pas pour sa meilleure amie, mais pour elle. Elle demanda finalement si ça n’allait pas me gâcher le spring break de devoir l’aider. Je souris en secouant négativement la tête. « Si je te le propose c’est que ça me dérange pas. » Puis il y allait avoir beaucoup d’autres événements qui allaient me polluer mes vacances, mais à ce moment là j’étais sur mon petit nuage, ne me doutant pas un instant de ce qui m’attendait pour ce nouveau spring break. « Et puis attends, passer plusieurs heures à masser une belle blonde ou dans une piscine à patauger avec elle, c’est le rêve de tous les mecs. » plaisantai-je en essayant de la détendre avant d’ajouter plus sérieusement : « Je plaisante hein… Je suis en couple et heureux je te rassure, je me propose pas dans un but complètement médical. » Finalement, après l’avoir quand même informée des risques d’échec, éventualité qu’il fallait malgré tout envisager, Vanille me demanda de garder cela pour moi, si jamais elle se lançait. « Motus et bouche cousue. » lui répondis-je avant de préciser : « De toute façon, je serais tenu au secret professionnel. »

Aussi bizarre cela puisse t'il être, tu tenais vraiment à ce que cette information reste entre vous. Tu ne voulais pas que les gens soient au courant. Ni tes proches ni même d'autres. Pour la simple et bonne raison que tu ne voulais pas leurs donner un espoir si jamais ça ne fonctionnait pas. Tu voulais te lancer toute seule dedans et peut être les choquer en remarchant à nouveau mais dans le cas contraire, tu ne voulais pas qu'ils soient bercés d'illusion. C'était normal après tout non ? C'était même totalement logique en y réfléchissant bien. Ouais, fallait vraiment que ça reste entre vous. « Merci.. » Tu ne savais pas trop pourquoi est ce qu'il voulait tant te venir en aide mais tu ne pouvais que le remercier d'agir de la sorte avec toi. C'était carrément adorable et très franchement, c'était peut être ce dont tu avais eu besoin. Tu ne voulais pas dire par là que personne ne t'avais aidé ou quoi que ce soit mais c'était la première fois que tu réalisais que certains voulaient vraiment que tu t'en sortes. « Fais gaffe, je pourrais presque prendre ça pour des avances. » Bien entendu, tu plaisantais. De toute manière, t'étais en couple et pire qu'amoureuse et tu savais aussi qu'il sortait avec Talya. « T'inquiète pas, j'ai pas mal interprété les choses. » Tu souriais cette fois de manière totalement sincère alors qu'il te promettait de garder les choses entre vous. Maintenant, tu n'avais plus qu'à fournir une réponse et ça pourrait commencer. Tu pourrais tenter l'impossible. « J'veux essayer.. Et.. Merci Priape. Merci pour ce que tu fais. » Mine de rien c'était énorme, vraiment.

hj : on clôture et on s'en refait un à l'ouverture du SB ?

Bon, si ça marchait pas pour moi en médecine, je pourrais me reconvertir en avocat parce que j’étais plus doué en persuasion que ce que j’avais pu imaginer. Surtout que vu comment Vanille était fermée au début de notre conversation, ce n’était pas gagné d’avance. Mais finalement ce fut un merci qui s’échappa de ses lèvres et m’arracha un sourire. « C’est normal… » Après tout, si ça avait été moi dans ce fauteuil prêt à baisser les bras, j’aurais voulu aussi qu’on vienne me présenter un plan, un protocole, n’importe quoi qui pourrait me redonner espoir et peut être me permettre de remarcher un jour. J’attrapais alors un petit papier et un crayon sur l’une des tables de la salle et je griffonnais dessus mon numéro. « Docteur Zacharias, pour vous servir mademoiselle Clayton. Considère moi désormais comme ton thérapeute personnel et secret. » Je lui tendis le post-it en continuant : « Tu me recontactes quand tu veux Vanille. N’hésites pas. Je me charge des formalités administratives, des prescriptions et d’ici quelques jours on va pouvoir commencer. » Il fallait que j’intègre son dossier dans l’étude, que j’adapte le protocole à son poids, sa taille, que je m’occupe également de rédiger ses ordonnances de morphine pour qu’elle puisse gérer la douleur tout au long de cette phase de rééducation intensive. Mais rien que je n’avais pas déjà fait avec mes petits patients, donc ça ne m’effrayait pas. « Je te laisse… De toute façon on se revoit bientôt. » lui fis-je en m’éloignant finalement pour regagner ma chambre.

HJ : Ca marche pour moi  Bon courage pour la maintenance au fait

Sûrement qu'il s'en rendait pas compte mais.. C'était comme s'il venait de te donner l'électrochoc dont tu avais besoin. Après, t'étais vachement étrange ces derniers temps alors il était possible que d'ici une heure tu n'ais plus envie de rien mais.. Pour une fois tu voyais un peu de lumière au bout du tunnel et tu ne pouvais que lui être reconnaissante pour ça. Tu souriais à nouveau alors qu'il prenait un bout de papier griffonnant dessus avant de te le tendre. « J'aime avoir un médecin rien que pour moi. » Ça faisais un peu comme les bourgeois avec leurs infirmières personnelles. Ben toi tu avais ton médecin et il allait t'aider du mieux qu'il pouvait pour cette thérapie. Et très honnêtement, t'espérais du plus profond de ton être que ça marche. Dans le cas contraire tu serais probablement anéantit. « D'accord. J'pense que j'vais me reposer en attendant que ça commence puisque c'est.. Eprouvant. » Tu savais pas vraiment si c'était le mot mais il avait dit que c'était difficile et douloureux alors autant que tu profites des quelques jours qu'il te restait avant tout ça pour te remettre totalement en forme. Du moins, en partie quoi. « Ouais.. Et encore merci. » Tu le regardais s'éloigner sortant ton téléphone pour enregister son numéro. Là, t'aurais moins de chance de le perdre.

hj : merci beaucoup