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JUNE & GRAHAM ∞ la belle au bois dormant.

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Je souris au jeune homme, je suis loin de me douter qu’il me trouve jolie, je ne plaie pas aux garçons en général, ou alors juste physiquement mais aucun garçon ne s’intéresse à moi et quand je fais connaissance avec un garçon et que je souhaite que ça aille plus loin, cette personne ne le souhaite pas, me met systématiquement un râteau et lorsque je vis un histoire avec quelqu’un tout se passe horriblement mal à tel point que j’ai l’impression d’être maudite. « Je l’espère, en tout cas ça me ferait plaisir, je suis à la lowell house, j’ai la chambre 18, je risque d’y être durant un moment alors n’hésite pas à venir me voir… ». Un sourire s’affiche sur mon visage, franchement, un peu de compagnie ne me fera pas de mal du tout. Je me connais, je sais que je vais me sentir seule, mes amis viendront me voir mais toute seule dans ma chambre, j’allais déprimer. Il me demander alors la date de ma sortie, pour l’instant j’avais toujours de la morphine, j’étais sortie du coma depuis quelques jours seulement, il m’avait parlé de deux ou trois semaines pour l’instant : « Deux ou trois semaines, je ne sais pas précisément… ». Cela donnait juste une idée, aussi une idée du nombre de cours que je devrais rattraper. J’avais très peur de devoir redoubler cette année, je ne l’espérais pas vu le prix de l’école. Je prenais ensuite des nouvelles de lui car il avait été écorché aussi : « Et toi alors, tout va bien à présent ? ». Pas sûr que ce soit le cas pour moi, j’étais loin de pouvoir danser. « Je fais des études de danse, reprendre les cours ça demandera du temps… ». Surtout que j’ai été blessé justement à la jambe.  
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Nous n’avons pas eu l’occasion de nous rencontrer avant cette terrible tragédie mais ça n’a rien de dramatique. A vrai dire, il n’est jamais trop tard pour commencer à apprendre à se connaitre et il se pourrait très bien que nous soyons amenés à régulièrement nous recroiser à partir d’aujourd’hui. Vous seriez surpris de constater ô combien on remarque certaines personnes après leur avoir adressé la parole par hasard, pour la première fois. C’est dans ce genre de situations que l’on se rend compte que rien n’est laissé au hasard et que ceux que l’on pensait inconnus ne le sont finalement pas vraiment. Combien de fois nous sommes nous croisés dans les couloirs ou en ville sans jamais avoir fait attention ? Surement plus qu’on ne le pense. « Je l’espère, en tout cas ça me ferait plaisir, je suis à la lowell house, j’ai la chambre 18, je risque d’y être durant un moment alors n’hésite pas à venir me voir… » Elle est membre des Lowell, ça ne me surprend pas, je l’imagine davantage dans cette confrérie que chez les Cabots par exemple. « Je prends note et je n’hésiterais pas à passer ! » Je réponds dans un sourire. Ce qui me fait penser, sait-elle déjà quand elle pourra sortir d’ici ? « Deux ou trois semaines, je ne sais pas précisément… » J’acquiesce silencieusement, les médecins restent souvent vagues, tout dépendra du suivi et de la cicatrisation, ce genre de petits détails qui font la différence. « Et toi alors, tout va bien à présent ? » Bonne question, tout va-t-il bien ? « Tout va bien oui, j’ai encore quelques petites douleurs mais rien que je ne puisse endurer. » Surtout avec mes antécédents. « Je fais des études de danse, reprendre les cours ça demandera du temps… » Surtout si elle a été blessée à la jambe. Difficile de trouver les mots pour la rassurer, est-ce au moins possible ? « Avec l’aide d’un kiné tu pourras peut-être faire de beaux progrès ? »
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Je ne sais pas pourquoi je l’avais invité à venir dans ma chambre mais ce garçon m’avait l’air sympathique, nous avions vécu quelque chose en commun, quelque chose qui nous rapprocherait forcément, un père violent. Graham semblait mystérieux mais le mystère était intéressant et j’avais hâte de le connaitre, je fus contente quand je vis qu’il semblait désireux de repasser me voir, je savais déjà que les prochains mois seraient difficiles. « Merci, ça me fera plaisir tu sais ! ». Je crois que j’en aurais fait de même pour lui si la situation avait été inversé, je lui demandais si de son côté tout allait bien et il me répondit qu’il avait encore mal parfois, ce qui était je pense tout à fait normal. Quand j’étais petite j’avais eu mal longtemps à cause des coups de poignards de mon papa. « Si tu as vraiment mal je pourrais te donner ma morphine tu sais ! ». Je me mis à rire. Il me parlait d’un kiné mais pour moi ce genre de chose venait trop tôt, j’avais trop mal, psychologiquement pour y penser et physiquement pour faire le moindre exercice, je n’avais plus espoir : « Je ne sais pas, je ne veux pas y penser, j’ai l’impression d’avoir tout perdu, je ne vais pas retrouver mon niveau comme ça… ». Si jamais je le retrouvais un jour.  
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Une chose à savoir me concernant, je possède un seuil de résistance à la douleur très élevé. En partie parce qu’à force de recevoir les coups j’ai commencé à m’habituer si bien qu’aujourd’hui, après avoir rajouté trois années en plein milieu de cette jungle sauvage et hostile que l’on appelle prison, mon seuil de tolérance a encore bien évolué. Je serais presque capable de supporter l’impossible, presque. « Si tu as vraiment mal je pourrais te donner ma morphine tu sais ! » Je pouffe de rire, trop de bonté en elle dites donc. J’aurais accepté avec joie si je ne connaissais pas les risques d’un abus de morphine et si la douleur était réellement déchirante. Puisque ce n’est pas le cas tout va bien, je considère que les blessures physiques sont une bonne leçon, un moyen de ne pas répéter certaines erreurs. « C’est gentil, mais je vais passer mon tour. Je te la laisse ! » Je commente en souriant, complice. En parlant de kiné, n’est-ce pas le moyen idéal pour se remettre en selle ? « Je ne sais pas, je ne veux pas y penser, j’ai l’impression d’avoir tout perdu, je ne vais pas retrouver mon niveau comme ça… » Difficile pour moi de réagir sans avoir l’impression d’être un monstre dépourvu de la moindre humanité. Je n’ai jamais été défaitiste, j’ai du mal avec cette manie de baisser les bras à la première difficulté. Soyons battants et arrachons-nous pour réussir. « Loin de moi l’idée de te critiquer, de te dicter ta conduite ou quoique ce soit mais… » Je marque une pause. « Plutôt que de te morfondre, tu devrais te servir de tout cela, te choisir un objectif et repartir, et tant pis si ça fait mal, tant pis si ce n’est pas facile, tu te sentiras tellement mieux après cela. »
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Je souriais lorsqu’il me laissa mon cachet, je n’allais pas tarder de toute façon à l’avaler, j’attendais encore un peu. Je lui confiais ensuite mon mal être concernant la danse, le fait de ne plus pouvoir marcher, je voulais me confier davantage car après tout nous avions la même histoire tous les deux même si j’ignorais que Graham avait tué son père : « Il y a deux ans j’ai fait une grossesse nerveuse, mon copain de l’époque m’a abandonné et du coup…je me suis mise à la cuisine, j’ai rebondi grâce à ça, je ne pouvais pas danser car je me suis fait opéré et du coup j’étais la présidente du club cuisine, j’ai fait de mon mieux pour créer un groupe, imaginer des recettes…. ». Mais franchement à l’heure d’aujourd’hui je ne savais pas si j’avais cette volonté de nouveau, de puiser dans mes réserves. Je réfléchissais mais même cuisiner me semblait impossible aujourd’hui : « Je ne sais pas si je pourrais cuisiner, je ne pourrais pas me tenir debout…Et je n’ai pas d’autres passions, sinon la boxe et la moto, on a besoin de ses jambes… ». Pourtant j’écoutais ce qu’il me disait, j’essayais de trouver autre chose : « Tu as une idée ? ». Peut être qu’il avait une passion que je ne connaissais encore pas.  
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Je ne prendrais pas le cachet qu’elle me propose sur le ton de l’humour d’avaler, je pourrais très bien m’en servir, la douleur est présente et si je n’étais pas un peu plus dur je sauterais surement sur l’occasion pour soulager ma peine. Il se trouve que j’ai une manière un peu spéciale de voir les choses, je m’inspire de ce que j’éprouve lorsque j’ai mal pour rebondir. Étrange n’est-ce pas ? « Il y a deux ans j’ai fait une grossesse nerveuse, mon copain de l’époque m’a abandonné et du coup…je me suis mise à la cuisine, j’ai rebondi grâce à ça, je ne pouvais pas danser car je me suis fait opéré et du coup j’étais la présidente du club cuisine, j’ai fait de mon mieux pour créer un groupe, imaginer des recettes…. » Je l’écoute attentivement, acquiescement simplement pour ne pas l’interrompre dans son récit. La jeune femme n’a définitivement pas eu une vie facile, elle a probablement énormément souffert après sa grossesse nerveuse. Ce n’est pas quelque chose dont on se remet très facilement, ça prend du temps. « Je ne sais pas si je pourrais cuisiner, je ne pourrais pas me tenir debout…Et je n’ai pas d’autres passions, sinon la boxe et la moto, on a besoin de ses jambes… » Cuisiner ne nécessite pas forcément d’être debout, comment font les personnes handicapées par exemple ? « En cuisine il y a des équipements qui permettent de cuisiner même en étant assis, le plus gros peut même être fait avec du matériel classique. » Être assis devant une table se déplacer jusqu’au four… Il n’y a que les cuissons sur des plaques qui peuvent être plus délicates en étant assis, à moins de se surélever. « Tu as une idée ? » Une autre idée ? Je ne la connais pas assez pour pouvoir la conseiller efficacement. « Tu fais de la danse, tu dois avoir une certaine musicalité… Pourquoi ne pas apprendre à jouer d’un instrument ? La lecture ? Le cinéma ? »
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En effet, rien n’a été facile mais je n’ai pas avoir honte de ce que je suis devenue, j’aurais largement pu finir à l’asile psychiatrique comme mon père mais non, je tenais bon, malgré les épreuves qui m’arrivaient et j’espérais en avoir vu le bout maintenant même si il est presque impossible de vivre heureux avec beaucoup d’enfants. Surtout quand on est stérile. Il me parlait d’équipements, mais je me doutais que ça coutait beaucoup d’argent et je n’en avais que très peu, cette nouvelle hospitalisation me couterait un bras mais j’allais demander à ma grand-mère, elle pouvait m’envoyer de l’argent en cas de coup dur même si j’étais loin d’être une fille à papa. « Oui, je verrais, j’essayerai en tout cas ! ». Un petit sourire se fit apparaitre sur mon visage, il me parlait d’un instrument et je savais déjà jouer du violon vu que la musique était mon domaine d’étude en mineur, pourquoi ne pas en apprendre un autre ? Je réfléchis aux deux autres propositions : « Si tu sais jouer d’un instrument je veux bien que tu m’apprennes, je joue déjà du piano… ». Alors que nous étions en pleine conversation, l’infirmière arriva pour me faire ma piqure de l’après midi, elle était plutôt souriante mais regarda Graham avant de lui dire : « Excusez moi Monsieur, je vais lui faire ses soins, vous pouvez vous absenter ? ». Je dis alors au revoir à Graham avec un sourire.   
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