keep our glasses full until morning light. (Royce)

Royce me racontait ses problèmes avec Leevy. Je n'avais pas trop l'habitude qu'il me raconte sa vie, alors ça me surprenait un peu. Mais ça prouvait aussi qu'on avait fait du chemin cette année, et que notre relation s'était vraiment améliorée. Ça me permettait aussi de me rendre compte que mon frère était vraiment amoureux de la blonde, que je n'appréciais pas vraiment. Après tout, la dernière fois qu'on s'était vues, on s'était disputée puis elle m'avait carrément fait comprendre que j'étais une mauvaise sœur. Excusez-moi, mais c'est qui qui rend mon frère à moitié dépressif là ? Donc elle n'est pas si parfaite que ça Blondie. Je suis sûre que tu ne la perdras pas. Tu sais, il y a quelques temps je n'aurais jamais cru qu'une fille pourrait te changer. Même si je ne l'aime pas, elle te rend meilleur. Qu'il profite, je ne dirai pas du bien d'elle souvent. Le truc c'est qu'il risquait de ne pas s'en souvenir demain. Moi non plus d'ailleurs. Et puis si elle te fait du mal, elle aura à faire à moi. Mais j'suis quasi certaine que ça n'arrivera pas. Si elle a accepté de s'installer avec toi, c'est qu'elle t'aime. En tout cas moi je n'emménagerai jamais avec un mec que je n'aime pas vraiment, sauf peut-être en coloc, mais ce n'est pas la même chose. C'était mignon de voir Royce vraiment amoureux. Je crois même que c'est la première fois que je le voyais dans cet état. À vrai dire ça m'inquiétait presque. Mais bon je n'eus pas le temps de m'inquiéter trop longtemps puisqu'il me demanda de raconter à  mon tour mon "histoire". D'ailleurs il posais sa main sur ma tête que je secouais. Je lui lançais un faux regard méchant. Crois moi, t'arriverait pas à t'en empêcher. Tu vas être en colère quand tu vas le savoir. Je me resservais un verre que je buvais d'un trait, histoire d'avoir du courage. L'alcool fonctionne plutôt bien pour ça. Un, deux, trois. J'me suis faite violer. Pendant les vacances au ski. Voilà, maintenant il le savait.

Alors là, si je m'attendais à un aveux de la part de ma soeur, c'était tout sauf celui-ci. Cela me faisait plaisir, un grand sourire se dessina instantanément sur mon visage. Sister vs girlfriend, ça commençait à devenir lourd, j'avais vraiment envie qu'elles arrivent à s'entendre, car elles ont toutes les deux quelque chose en commun, ce sont les deux petites  femmes de ma vie. Et le fait qu'elles soient en froid, ne m'aidait pas, c'est clair. Je suis pas meilleur Tess, je suis toujours le même enfoiré. je ne sais pas, je le sentais dans ma peau, dans mon corps, c'est tout. Comme si j'étais en train de faire quelque chose de mal. Cela me rendait bad, et l'alcool y était pour beaucoup. Après avoir expliqué ma vie à deux balles, je demandais à ma soeur qu'elle me déballe tous ces problèmes, au moins, une fois le coeur léger, nous pourrons nous achever à terre, sans aucun soucis. Je fronçais les sourcils. D'accord, je me prépare psychologiquement à cogner quelqu'un. lançai-je en brandissant ma bière comme si je venais de crier victoire, ou alors je me prenais pour superman. Il ne me manquait plus que ma cap, les slim moulant et le caleçon délavé. Je ne savais pas si c'était une bonne idée d'apprendre ça ce soir, non c'était clairement pas une bonne idée et je voyais bien sur le visage de la quincy qu'elle était sérieuse et... un peu honteuse, du moins, elle ne voulait pas que tout le monde le sache. Quoi?... je posais ma bière sur le bar et j'essayais de désaouler, oui, il fallait que je sois sobre pour vérifier si ce qu'elle disait était vrai ou faux. Ma soeur s'était fait violé... VIOLEEEEEE! Je clignais plusieurs fois des yeux, je comprenais plus trop, mais je sentais de la haine et de la colère me démanger mes mains. D'un coup, j'attrapais la bouteille d'alcool et je la défonçais sur le mur d'en face. Elle explosa en plusieurs éclats de verre, alors que le liquide tombait sur le sol. ENFOIRÉ, FILS DE CHIEEEEN!! hurlai-je en regardant la bouteille, comme si c'état elle qui avait agressé ma soeur. Je me laissais tomber sur les genoux en laissant des larmes couler sur mes joues rouges. C'était la chute, c'était horrible. Ma soeur, j'avais juré de la protéger, j'étais qu'un bon à rien et là, j'avais mal. C'était sans doute la plus pire douleur que d'être impuissant face à cette attaque. J'aurais du empêcher cela, je ne sais pas. En tout cas, cette histoire de GANA m'aura pourrit jusqu'aux os. C'était la goûte qui faisait déborder le vase, c'était l'ombre de ma personnalité qui m'emportait...

Bon, visiblement Royce ne voulait pas admettre qu'il était devenu quelqu'un de meilleur depuis qu'il sortait avec Leevy. Pourtant j'étais bien placée pour le savoir, puisque j'étais assise à côté de lui, à me saouler, alors que ça n'était jamais arrivé avant. Je haussais les épaules avant de répondre d'un ton détaché. Je n'ai jamais dit que tu n'es plus un enfoiré. T'en es toujours un. La preuve, tu m'as insulté au téléphone la dernière fois qu'on s'est parlés. Mais disons que t'as fait beaucoup de progrès. Je voulais blaguer un peu avant de lâcher la bombe, celle qui allait mettre Royce dans tout ses états : mon viol. J'avais prévu de lui cacher, mais le secret était devenu trop lourd. Un peu d'alcool m'avait finalement fait tout avouer. Au début, mon fère ne parut pas me croire, mais il dû voir mon air hyper sérieux, honteux, et totalement désespéré. Et là il éclatait. Du Royce tout craché ! Mais qui pouvait lui en vouloir ? Il éclatait la bouteille d'alcool contre le mur d'en face, dans un fracas pas possible puis il se laissait tomber au sol en pleurant. Tout le monde nous regardait maintenant, mais je m'en fichais pas mal. Je en bougeais pas pendant un court instant parce que je ne savais pas vraiment comment réagir. Puis je me levais avec difficulté à cause de tout l'alcool que j'avais avalé. Je m'agenouillais à côté de lui et j'essuyais ses larmes avec mes pouces. C'est la première fois que je le voyais dans un état comme ça. Et ça me faisait mal. Je suis désolée de te l'avoir caché.. Mais je ne voulais pas en parler. Je croyais que j'allais finir par oublier, et pouvoir vivre comme si rien ne s'était passé. J'essaye vraiment de vivre normalement et d'oublier. Mais je n'y arrive pas. Cette fois ci je me laissais tomber à côté de lui, sur le sol du bar, parce que je ne voulais pas qu'il soit témoin des larmes qui me montaient aux yeux. Il m'a détruit. Mais ce n'est pas de ta faute.

C'est vrai, je restais un enfoiré. Dès que je n'avais pas ce que je voulais, j'envoyais tout le monde bouler. Comme Tessy, plusieurs fois, quand c'est pas la jeter dans l'eau, je la rejetais par téléphone en l'insultant. Mais au fond, j'espère qu'elle savait que je l'aimais. On se l'était dit une fois pendant un moment de faiblesse et ça faisait juste de bien de savoir qu'on comptait pour l'autre. C'était totalement différent de l'amour qu'on a pour notre amoureux, c'est un lien fort, celui du sang. Je n'avais que Tessy comme frangine, elle était ma petite famille. J'avais Gabriel aussi, mais ce n'était qu'un cousin éloigné. Dans la famille Magyar, on avait pas le droit de se disputer, on devait rester souder face à toutes les épreuves qu'on avait traversé. Je me voyais encore consoler ma petite soeur qui ne comprenait pas pourquoi notre père était méchant avec moi. Je la protégeais, mais plus maintenant. Je servais vraiment à rien. Elle avait été violée, agressée, et elle ne m'avait rien dit. Pendant tout ce temps je l'avais engueulée, je l'avais traité comme un chien alors qu'elle souffrait. J'étais le pire frère au monde. Après avoir éclaté la bouteille contre le mur, je me sentais vidé de toutes mes forces, me laissant tomber sur les genoux, mes mains sur la tête. Je craquais, je pouvais pas retenir mes larmes. Ma petite soeur se cala près de moi et attrapa mon visage pour essuyer mes joues humides. Les rôles s'inversaient, c'était elle qui me consolait maintenant, un grand garçon de 24 piges. J'avais mal au coeur, pour elle, pour moi, pour la famille. Je suis désolé, pendant tout ce temps je te traitais comme  de la merde alors que... non, je ne pouvais pas le dire. J'attrapais Tessy dans mes bras pour qu'elle s'appuie contre moi. Tous les deux, assis par terre, face au mur, complètement bourrés, c'était dramatique. Vous ne pouvez pas rester ici les amoureux, fichez le camp. je tournais la tête vers le serveur qui me tirait par le bras pour me lever et je fronçais les sourcils et je pointais mon index sur son torse. C'est ma soeur, t'as compris? Ma petite soeur et tu lui parleras plus gentiment la prochaine fois que tu nous vires de ton bar. j'aidais Tessy à se relever, bras dessus, bras dessous, comme deux clowns. C'est bon, on s'casse, de toute façon, l'alcool est trop cher ici. je faisais sortir ma soeur et une fois à l'extérieur, j'attrapais son visage entre mes mains. Tu vas le dire à maman? Il ne faut pas que tu gardes ça pour toi. Je te jure que je vais te venger Tessy, je vais tout faire pour te venger. j'avais envie de faire ça pour elle, mais les victimes de Gana avaient soit perdus la vie, soit étaient en prison.

Royce s'excusait d'avoir agit comme il l'avait fait avec moi ces dernières semaines. Il ne m'avait pas fait grand chose, excepté m'envoyer bouler au téléphone. Mais il n'avait pas non plus ressenti mon mal être. J'avais tout fait pour le lui cacher jusque là et ça avait plutôt bien fonctionné. Mais je me demandais si c'était une bonne chose. J'aurais peut-être dû lui dire directement, il aurait dû être l'un des premiers à e savoir. Et pourtant j'avais crains sa réaction. J'avais eu peur qu'il se mette en colère, et qu'il culpabilise. Et j'avais eu raison. Je connaissais décidément mon frère aîné par cœur ! J'avais pas le courage de le consoler, parce que moi aussi j'avais envie de pleurer, alors je haussais les épaules, sans rien dire. On restait donc là, assis par terre dans le bar l'un contre l'autre, avec tout le monde qui nous regardait. Jusqu'à ce que le serveur vienne nous déloger en nous appelant "les amoureux". En tant normal ça m'aurait peut-être fait rire, mais là, pas tellement. Royce l'envoyait bouler, lui demandant d'être plus gentil la prochaine fois qu'il me virera du bar. Je doutais qu'il me laisse entrer encore une fois dans l'établissement après la scène qu'on venait de faire. Il allait falloir que je trouve un autre endroit dans lequel je pourrai passer mes soirées. Mon frère m'aidait à me relever, et on sortait en titubant. J'avais l'impression que le sol tremblait, et je crois que ça ne m'était jamais arrivé. C'était trop bizarre ! Royce prit mon visage entre ses mains, et moi je n'osais même pas le regarder alors qu'il me demandait si j'allai en parler à maman. Maman ne doit pas savoir, Royce. Jamais ! Elle va vouloir que j'aille voir un psy, et j'en ai pas besoin. Mais surtout elle va vouloir que je retourne vivre à la maison définitivement. En clair, si elle apprenait mon agression, j'allai vivre un réel enfer, j'allai étouffer à cause de la surprotection de ma mère. T'as pas besoin de te venger. Celui qui m'a fait ça, il est soit en prison, soit il est mort. C'est peut-être lui que j'ai vu se faire abattre à la bibliothèque après qu'il m'ait pris en otage avec d'autres étudiants. Comme s'il ne m'avait pas suffisamment fait souffrir. Je revoyais encore ce mec avec son flingue à la main, qui hurlait, et qui s'énervait, et qui tirait.

Je devais être le grand frère rassurant, je pouvais le faire! Sauf que non, car j'étais complètement torché comme elle, et je ne me rendais pas encore compte de la gravité de l'histoire. A mon avis, le réveil demain sera douloureux. Là j'étais juste à bout, j'ai même pleuré des litres et Tessy avait été obligée de sécher mes joues. Une dois à l'extérieur, je tenais ma soeur comme si je voulais tout le temps la protéger. Le premier mec qui posera un regard sur elle, je le défoncerais. Je lui demandais si elle en avait parler à maman et je comprenais pourquoi elle ne voulait pas le faire. Puisqu'elle fermait bien sa bouche lorsque j'avais des crises bipolaires, je fermerais la mienne sur le sujet. Promis, je dirai rien... mais tu sais, si tu veux, tu peux venir dormir quelques jours chez moi. Comme ça tu n'es pas toute seule. j'avais la trouille de la laisser pioncer n'importe où. Tessy faisait comme elle voulait, mais j'étais prêt à l'accueillir chez moi. Leevy allait râler mais de toute façon, je finirais bien par lui expliquer pourquoi ma soeur avait besoin de son frère. Je voyais dans les yeux de ma soeur qu'elle se remémorait la scène et j'avais juste envie qu'elle oublie tout ça. Je lui tenais la main, comme deux enfants et je la tirais pour marcher un peu plus loin dans la rue. Je la regardais d'un air sérieux, en essayant d'oublier qu'on marchait vraiment pas droit. T'es une Magyar d'accord? On souffre tous, mais on s'en sort... le plus souvent! Toi tu vas venir avec moi, je vais t'obliger à t'apprendre à te défendre, comme on m'a appris. Comme ça, le prochain qui te fais chier, tu lui casses la gueule. j'ai appris tout seul à me défendre depuis tout petit, mais avoir une copine mafieuse, ça aidait. Je savais utiliser une arme et désarmer quelqu'un. Si au moins Tessy savait la base, je serais rassuré. Mais pour ça, elle doit s'entendre avec blondie et c'est vraiment compliqué. Pas sur qu'elles veuillent coopérer, mais c'était la seule solution pour que je puisse dormir sur mes deux oreilles en sachant que ma soeur savait se défendre.

Ca me rassurait de savoir que Royce n'allait rien raconter à maman à propos de ma confession de ce soir. Il ne fallait pas qu'elle sache, sinon elle allait m'emmener chez un psy, et elle allait m'empêcher de sortir pendant les dix prochaines années de ma vie. Et puis je ne voulais pas qu'elle s'inquiète pour moi. Elle avait déjà suffisamment de soucis à se faire à propos de Royce et de son comportement merdique. D'un autre côté ça me faisait du bien de me confier à quelqu'un. J'avais peut-être eu tort d'attendre si longtemps pour l'annoncer à mon frère, même si je savais qu'il prenais mal tout ça, et que ça aurait été pareil si je lui avait dit plus tôt. Mais je en pouvais pas lui en vouloir, j'aurais probablement réagi pareil à sa place. Et puis si je n'avais pas déjà versé toutes les larmes de mon corps, je serais probablement encore en train de pleurer là maintenant. Il me proposait de m'installer chez lui pendant quelques jours. Ricardo m'avait proposé la même chose et j'avais refusé. Je me voyais mal aller squatter chez quelqu'un, et je savais que si je ne revivais pas normalement j'allai perdre pieds. Et puis bon, faut avouer que la colocation avec Leevy risquait d'être compliquée. Ça va, ne t'inquiète pas pour moi. J'suis la plupart du temps chez maman, il ne peut rien m'arriver. L'autre partie du temps j'étais sois en cours, soit chez Wolf. Donc je ne craignais pas grand chose, sauf peut-être perdre la boule à cause de mon meilleur ami absolument pénible. Royce me tirait par le bras pour qu'on avance de nouveau, et j'avais vraiment la tête qui tournait, je ne me sentais vraiment pas bien du tout. Il me disait que j'allai m'en sortir, qu'il allait m'apprendre à me défendre. Je n'osais pas lui dire que j'avais pris un cours de boxe avec Koray, et que j'envisageais en prendre d'autre en club. C'était peut-être une bonne idée d'avoir des "cours" de self défense en dehors de tout ça. Tu veuux vraiment m'apprendre à me battre ? J'veux dire, t'auras trop peur de me faire mal, je te connais. Ouais, je me voyais mal faire semblant de me battre avec mon frangin en plein milieu de son appartement. Et puis je n'oserai jamais le frapper.