Catching up among other thing - Marlex

J’étais soulagé qu’elle ne s’oppose pas à ce qu’on respecte le planning et qu’on entre prendre un café. Je n’étais pas le mec avec le plus de volonté sur terre, j’avais tendance à faire ce dont j’avais envie même si ce n’était pas ce que je devais faire, mais pour une fois j’avais fait l’inverse. Elle sort de la voiture avant moi, je prends un petit instant seul afin de reprendre mes esprits pendant qu’elle fait de même à l’extérieur. Je la rejoins et on entre ensemble dans le café, je scrute un peu la salle des yeux, y’a pas foule, en même temps avec les évènements des derniers jours c’est compréhensible de vouloir rester chez soi. Je me fichais un peu d’où on allait s’assoir donc lorsque Marlo proposa un endroit j’acceptai, non parce que j’avais bien plus en tête la discussion qu’on allait avoir que l’endroit où nous l’aurions. Parce que si on avait prévu se voir pour discuter de tout et de rien ça venait de changer, enfin je crois du moins que ce qui vient de se passer dans la voiture mérite une petite attention. Autant j’appréciais Marlo, je lui faisais confiance et j’adorais sa compagnie autant j’avais été blessé par le passé, et je préférais savoir à quoi m’attendre avant de me lancer à cœur ouvert. Mais bon ça ne sert à rien de se faire trente-six mille scénario, mieux vaut se concentrer sur le présent, et présentement je devais choisir ce que j’allais boire. Après quelques secondes de délibération j’optai pour le classique Cappuccino. Je laissai Marlo commander d’abord, puis je rajoutai ma commande à la sienne avant de sortir mon portefeuille pour payer le tout. Agir autrement aurait été contre ma nature et puis comme je ne sais pas trop si le café d’aujourd’hui est un rencart il vaut mieux agir comme si. Une fois mon café en main j’allai m’assoir à notre table.

on entre dans le café, et j’ai toujours mon histoire de jus de fruit qui me prend le citron parce que bien sûr vaut mieux penser à ça que tomber dans les pommes à cause du stress de la future discussion. après avoir choisi la table je me retourne derrière le grand panneau qui se trouve derrière le barman, je regarde un peu partout, je sais pas. j’avais dit un jus. alors ça sera un jus, mais y a tellement de goûts. on a dit pas orange, pas pomme, pas raison, pas carotte non plus, ça fait fille bizarre, kiwi c’est bien, ou banane, ou les deux, un kiwi-banane, c’est exotique et doux, c’est parfait. j’regarde le serveur qu’à l’air impatient de savoir après ma longue hésitation ‘‘un jus kiwi-banane’’, alex lui a choisi depuis longtemps son capuccino. il nous sert, j’attrape mon verre et suit alex jusqu’à la table. ‘‘merci’’ pour quoi ? pour l’invitation ? ouais pour l’invitation et puis pour tout plein d’choses aussi. merci d’m’avoir rien reproché mais si j’sais que t’aimerais bien certaines explications, certaines garanties que j’me barre pas encore une fois. j’m’assois et j’souris. va falloir parler, bientôt. avant j’bois un coup puis j’me lance. ou pas, j’ai bu mon coup mais je sais pas commencer lancer le sujet. c’est mega délicat, j’aurais du y réfléchir au lieu de penser à ce jus. j’peux pas juste lui dire pardon, j’ai pas non plus envie de me justifier, j’prends mon inspiration, avale une nouvelle gorgée ‘‘tu sais alex … j’ai appris d’mes conneries…’’ message codé bonjour. on devrait inventer un dictionnaire pour les hommes pour les déchiffrer ces putains de messages codés à la noix.

Assis à la table je ne sais pas trop quoi dire alors je reste silencieux, je sais qu’elle se sent mal, moi aussi je me sentirais mal si j’étais elle, pas que je lui en veux, mais c’est normal quoi. J’aurais envi de lui dire que je lui pardonne, mais en même temps je lui pardonne quoi ? D’avoir choisi Deon plutôt que moi ? D’avoir fait un choix ? D’être parti ? D’avoir eu besoin de changer d’air avec tout ce qui s’était passé ? J’ai rien à lui pardonner, elle a fait des choix, elle a pris des décisions et au final elle l’a fait pour elle, pour aller mieux. Lui en vouloir d’avoir choisi son bonheur plutôt que le miens serait stupide et égoïste, elle n’a pas à attendre mon pardon. Je la regarde, je veux parler, mais j’arrive pas à ouvrir la bouche, enfin j’arrive pas à trouver un truc intelligent à dire plutôt. J’ai envi de lui dire qu’elle m’a manqué, que j’ai eu peur pour elle, que j’ai été en colère, que je ne comprenais pas pourquoi elle ne m’avait pas donné de nouvelle. Que je me suis senti impuissant et inutile, que je m’en suis voulu. Je voudrais lui dire tout ça mais j’y arrive pas. J’aurais voulu la protéger. On passe un bon bout de temps assis l’un en face de l’autre à se regarder, à boire, sans parler. Et puis elle brisa enfin le silence. J’imagine que c’était à mon tour de parler maintenant… ‘’ Je… je ne t’en veux pas tu sais... T’avais tes trucs à faire, et à vivre…’’ Je croyais que ça serait plus facile à dire, mettre mes sentiments sur la table n’a jamais été mon fort, surtout lorsqu’ils sont aussi fort que ceux-là. ‘’J’ai pas le droit de t’en vouloir...’’ Mais sur le coup je lui en ai voulu pas qu’elle ait choisi de faire ce qu’elle a fait, mais sur le coup ça semblait comme si nous deux, la confiance qu’on portait à l’autre c’était qu’un truc que j’avais imaginé. ‘’J’ai été inquiet… J’avais plus de nouvelle…’’ Des brides de phrase c’était tout ce que j’étais capable de faire sortir de ma bouche. ‘’Mais… j’suis content que tu sois revenu… en un seul morceau…’’ J’espérais qu’elle comprenne qu’à travers ces bouts de phrase j’étais prêt à lui faire à nouveau confiance, que je ne demandais qu’une raison de m’ouvrir à nouveau à elle.

j’sais vraiment pas comment il a vécu mon départ. ce qu’il a ressenti quand j’lui ai dit que j’le quittais pour deon. j’ai toujours cru qu’il avait fini par me détester, et même plus me haïr, et je l’aurais compris, mais ça ne semblait pas être le cas. du moins je pensais en avoir eu la confirmation déjà lorsqu’il me contacta par sms hier soir puis son baiser dans la voiture. les choses n’étaient pas claire, la conversation semblait essentielle pour repartir sur des bases solides, parce que c’était bien ce que je voulais. je savais qu’avec lui j’pourrais vivre quelque chose de stable, mais il fallait vérifier les fondations et faire attentions aux possibles failles. que rien ne s’écroule. j’l’ai entendu parler et là j’ai presque eu envie d’pleurer. moi à sa place je me serais détesté, j’aurais souhaité ma mort, j’aurais fait du vaudou sur ma poupée. j’aurais pas compris. j’m’en serais foutu de m’en vouloir, j’l’aurais fait jusqu’à la mort même. j’avais rien à dire, rien à faire, à part peut-être retenir une larme qui tentait de s’échapper. il était inquiet. c’est à ce moment-là que la larme s’est échappé j’ai pourtant essayé de la retenir, puis je l’ai vite essuyée avec ma manche. j’ai envie de parler mais j’sais pas quoi dire, je le regarde et j’ai l’impression que tout a disparu autour de nous, qu’il y a juste deux chaises, une table et deux personnes qui se retrouvent. les minutes qui passent sont interminables, j’entre-ouvre la bouche, pour parler mais y a aucun mot qui sort. rien. j’ai honte, d’être partie et même si il dit qu’il m’en veut pas j’sais qu’il a eu mal. j’ai honte. j’ai juste été égoïste. j’avais toujours été du genre à écouter mon cœur plutôt que ma raison, et aujourd’hui je le savais, ma raison et mon cœur semblait se lier vers la même idée. ‘‘j’m’en veux…’’ dis-je en reniflant un peu, c’était pas glamour mais je m’en foutais. ‘‘aujourd’hui j’le sais, j’ai pensé qu’à moi, mais, qu’à mes malheurs. j’étais tellement dans mon truc que j’ai même pas vu les mains autour de moi pour m’sortir de cette histoire… ta main’’ j’osais pas l’regarder dans les yeux. j’avais toujours autant honte et j’pouvais pas me justifier, j’étais pas en position pour le faire, fallait juste que j’assume et qu’il comprenne que j’étais prête à recevoir sa confiance, mais que j’étais prête aussi à lui donner la mienne.