sherlaith + i never forgot you.

Je faisais mon sport de la journée et je passais par les résidences. Ça avait l'air cool mais bon, je préférais de loin mon appart en ville, y'a rien de mieux que d'être chez soi. J'entendais d'un coup quelqu'un gueuler mon nom. Je regardais en face de moi et j'ai bien du activer le zoom de mes yeux histoire de voir qui c'était. En tout cas je connaissais cette voix, elle me semblait bien familière, mais pas moyen de mettre un nom dessus. Je ne ralentissais pas et avançais normalement avant de reconnaître à quelques mètres de moi.. Faith. Whaaaat ? « FAAAAAAITH !! » gueulais-je comme une tarée. On s'en foutait c'était les retrouvailles là. J'allais la prendre dans mes bras, oubliant carrément qu'elle avait des béquilles, jusqu'à ce que je l'entendre pousser un léger grognement, même si elle avait aussi essayer de me serrer. Je la relâchais donc aussitôt. « Aw désolée.. Mais.. j'suis trop contente de te trouver là, par hasard en plus ! Ça doit faire quoi, quatre ans ? » oui c'était bien ça, ça faisait quatre ans. Mon dieu le temps passait tellement vite, elle était super canooon maintenant, même si elle était pas moche non plus avant.

OMG mais j'arrivais pas à le croire. Sherlyn, MA Sherlyn à Harvard. Qu'est-ce qu'elle foutait là ? Elle était pas à Yale ? Bof, on s'en fout au fond. L'important, c'était qu'elle était dans les mêmes environs que moi et qu'elle avait l'air de se souvenir de moi. FAAAAAAITH !! hurla t elle en réponse à mon propre hurlement. Elle vint se jeter dans mes bras, mais je ne pouvais malheureusement pas vraiment lâcher mes bequilles pour la serrer en retour, mais osef, j'avais essayé quand même. Aw désolée.. Mais.. j'suis trop contente de te trouver là, par hasard en plus ! Ça doit faire quoi, quatre ans ? Je ris légèrement en hochant tout doucement la tête. Oui, quatre ans. Putain ma poulette j'suis trop heureuse de te revoir. C'était sûr qu'elle m'avait manqué, perdre une amie d'enfance ça fait mal au coeur. Qu'est-ce que tu fous à Harvard ? T'es pas à Yale toi ? Trop de confusion en moi.

Faith me confirmait bien que ça faisait quatre ans qu'on ne s'était pas vues. En rajoutant six mois, ça aurait pu faire cinq ans. « Moi aussi ! Mon dieu, on a tellement de choses à rattraper ! » Je me devais de tout lui raconter sur ma vie passée à Yale. Mais bon avant ça je voulais d'abord prendre de ses nouvelles. Sauf qu'elle me coupait en posant la question que j'attendais. «  Alors évites de crier de joie quand je te dirai pourquoi je suis là. » je riais avant de reprendre. « Je suis ici depuis deux semaines et j'emmènage à Cambridge définitivement. J'ai demandé mon transfert ici et je suis étudiante à Harvard. Et toi alors, raconte moi tout de ta vie ici. Je veux tout savoir, de ta première année jusque maintenant. » bon, la connaissant, tout me raconter allait être un peu long mais je voulais tout savoir. Je l'aidais alors à aller s'asseoir sur un banc qui s'offrait à nouveau à deux pas histoire de discuter comme avant. Puis maintenant y'avait plus nos parents qui allaient nous empêcher d'être amies.

OMG mais la venue de Sherlyn voulait tout dire sur le reste des mois suivant : il annonçait une nouvelle ère. Une ère où enfin, peut-être que j'avais mes chances d'être heureuse de temps en temps. C'était comme ça mes années avec Sherlyn, on riait, on s'amusait, on se fichait de ce que les gens pensaient. C'était parfait, en fait. Sherlyn était une des rares personne à qui je me confiais étant gamine, elle était un peu comme la grande soeur que je n'avais jamais eus, elle savait que je me sentais comme le vilain petit canard de la famille, elle savait à quel point je détestais m'attacher bien que ça m'arrivait un peu trop souvent à mon goût, elle savait combien mes frères comptaient pour moi. Elle savait tout de moi, elle avait été comme une meilleure amie sans avoir droit au titre officiel quand on était ados. Alors quand elle me dit qu'elle revenait définitivement après quatre ans et demie d'absence -bien qu'elle m'ai demandé de m'abstenir- un petit cri tout excité sortit de ma bouche. AAAAAAAH MA LYNCHOU QUI REVIENT !! j'étais très affolée et ça se voyait. Elle me demanda ensuite de lui raconter ma première année. Alors un petit rire légèrement jaune se fit entendre. Euh, la première année a été pas mal. Jusqu'au jour de l'attentat où... ouais où j'ai été dans le coma à cause de la bombe. Traumatisme crânien à cause d'une brique qui a hurté ma tête. Je me suis réveillée en Juin dernier. une partie de ma vie que je n'aimais pas, une !

Je demandais à Faith de ne pas crier après lui avoir donné cette info ; j'emménagais définitivement à Harvard. Mais elle m'écoutait pas et gueulait. J'éclatais de rire, une vraie folle celle-là. Mais bon je pouvais pas lui en vouloir, elle était super extravertie, ça se voyait juste à son physique. En gros c'était vraiment le genre de fille que j'adorais et elle avait toujours été comme ça, même ado. C'est sûrement pour ça qu'on était autant proches. J'avais pas beaucoup beaucoup eu d'amis au lycée. Enfin j'étais le genre de meuf que tout le monde connaissait, je traînais avec un peu tout le monde mais j'avais pas beaucoup de vrais mais, et Faith en avait fait parti. Je lui avais donc demandé de m'expliquer ce qu'il s'était passé durant sa première année d'Harvard, puisqu'il me semblait que c'était sa deuxième ou sa troisième. Elle m'expliquait que c'était plutôt cool, jusqu'à ce qu'elle tombe dans le coma. J'écarquillais les yeux, la bouche ouverte, choquée. « QUOI ? Attends attends, t'es restée dans le coma combien de temps là ? » il s'était passé tellement de trucs à Harvard entre les bombes, les tornades et les prises d'otages que j'arrivais même plus à situer la bombe dans le temps. « Putain mais c'est affreux, et moi à côté j'vivais ma vie tranquillement. » je culpabilisais presque de pas avoir cherché à avoir de ses nouvelles.

Oui, je savais que j'avais une histoire de fou : petite fille par adoption du président Hoover, a été dans le coma un an et se trouve être le vilain petit canard de la famille. On pourrait faire une saga sur ma vie, je vous jure. J'ai même un titre, si vous êtes preneurs : Faith ou celle qui n'a plus espoir ahahah avec un jeu de mot et tout je suis trop forte. Bref. Quand je racontais à mon amie d'enfance que je n'avais pas vu depuis quatre ans mon coma, elle semblait choquée. Pourtant ça avait du apparaître dans les magazine en gros titre en mode "Parmi les victimes, la petite fille aimée d'un grand père. Une Hoover." Mais bon, ça datait tout ça elle n'avait pas du relever. QUOI ? Attends attends, t'es restée dans le coma combien de temps là ? Un léger soupire. Un an. Je me suis réveillée sans plus rien comprendre et j'étais en fauteuil roulant encore le mois dernier si tu veux tout savoir. Putain mais c'est affreux, et moi à côté j'vivais ma vie tranquillement. Je souris tendrement, la tête penchée. Faut pas t'en vouloir Babe. C'est normal que tu ne savais pas.

J'étais choquée et j'étouffais un cri lorsqu'elle me disait qu'elle était restée un an dans le coma. « UN AN ? » je pouvais pas m'empêcher de dire ça en gueulant, j'étais tellement choquée. Elle s'était réveillée il y a à peine six mois en fait, elle avait perdu un an de sa vie, c'était affreux. « Ouais je savais pas mais j'm'en veux de pas avoir cherché à avoir de tes nouvelles pendant quatre ans. » c'est en la voyant maintenant que je me rendais compte qu'elle m'avait vraiment manquée. Je commençais vraiment à culpabiliser de pas avoir cherché à lui donner des nouvelles et en plus de ça j'avais fait ma vie tranquillement à Yale en pensant de temps en temps à mes souvenirs avec Faith sans savoir qu'elle était dans le coma. Bon je pouvais pas savoir non plus qu'elle aurait été dans le coma super longtemps. « Et du coup comment ça se fait que tu sois plus en fauteuil roulant maintenant ? En tout cas c'est génial, j'suis fière de toi. »

C'était clair que tout ça, ça avait été plutôt difficile pour moi. Surtout en ce moment, avec les prises d'otage qu'il y avait la semaine d'avant, tout le monde était encore sous le choc et en panique : et tout ça me rappelait les réactions de mes proches en me voyant réveillés. En plus, il y avait toujours ce rêve qui me rongeait que je faisais bien trop souvent à mon goût. Mais personne ne le savait encore, même Antwan, Marley et Dwight n'étaient pas au courant. Sans parler de Curtis à qui je n'osais pas en parler non plus. Ca voulait tout dire. Si mes deux meilleurs amis et mes frères n'étais pas en courant, c'était vraiment que ça me faisait du mal et tout le monde sait bien que je déteste montrer mes faiblesses en général.
Quand je disais à Lyn que j'avais été dans le coma un an, elle gueula tellement elle était choquée, ce qui me fit esquisser un sourire en coin. Ouais je savais pas mais j'm'en veux de pas avoir cherché à avoir de tes nouvelles pendant quatre ans. Elle s'en voulait, ça se voyait et ça me faisait mal. Elle ne pouvait pas s'en vouloir pour ça ! Oh tu sais, sur quatre ans j'ai eus trois ans durant lesquels je pouvaient t'appeler ou quoi, et j'l'ai pas fais non plus. On est quitte. Par la suite, elle me posa LA question. Et du coup comment ça se fait que tu sois plus en fauteuil roulant maintenant ? En tout cas c'est génial, j'suis fière de toi. Je souris légèrement et un peu tristement. J'ai été dans un fauteuil roulant car en un an, j'étais restée dans un lit d'hôpital immobile. Du coup, mes muscles ont perdu tous leurs forces. Ils m'ont musclés les bras dans un centre de rééducation tout l'été pour que je puisse faire tourner les roues de mon fauteuil histoire que je puisse aller en cours. Dès septembre, on a commencé à me faire faire des exercices aux jambes pour me les remuscler un peu et que je réapreene à marcher. Les béquilles sont encore là parce que je mets du temps à progresser. Lyn savait que j'avais toujours détester dépendre des autres. Et elle savait qu'en fauteuil, on dépendait des autres. Donc elle se doutait sûrement bien que cette période a été psychologiquement très dure pour moi.

J'étais pas du tout le genre de meuf qui culpabilisait pour tout et rien à la base, mais pour le coup oui. Enfin c'était quelque chose d'énorme là et même si c'était pas ma faute au final, je trouvais cette situation super bizarre. J'avais fait ma vie tranquillement sans même prendre la peine de l'appeler ou de lui envoyer un sms puis j'faisais ma vie à Yale alors qu'à côté elle était dans le coma, c'était quand même chaud. Donc forcément je culpabilisais, car si j'avais essayé d'avoir de ses nouvelles, j'aurais peut-être fini par savoir via un ami à elle ou via sa famille qu'elle était à l'hôpital. Mais ma Faith trouvait rapidement le moyen de me déculpabiliser. Elle avait pas tord. « C'est vrai, on est quitte !  » dis-je le sourire aux lèvres. Bon, c'est clair que je me sentais mieux et Faith me connaissait toujours aussi bien, elle savait bien comment me calmer et elle l'a toujours su. C'est sûrement la personne qui m'a toujours le mieux connue en dehors de Dorian. J'avais donc cherché à en savoir plus sur comment est-ce qu'elle avait fait pour n'avoir que des béquilles maintenant, et au fil de son explication je commençais à regretter de lui avoir posé la question. Je savais à quel point Faith était une fille indépendante qui détestait avoir besoin des autres, et en étant dans un fauteuil c'est certain qu'elle avait dû être tout le temps entourée. « C'est génial en tout cas.. j'suis contente pour toi. Puis j'suis là maintenant et j'vais te porter chance. Tu verras que dans un mois t'auras plus besoin d'avoir tes béquilles et on pourra à nouveau se faire des sorties en boîte comme on le faisait avant. » rien que d'y repenser, ça me donnait le sourire.