SHERNILLE + it's been a year.

J'avais vraiment mal pour mon amie. C'était tellement pas juste ce qui lui arrivait, elle était tellement adorable. A la limite ça aurait été plus logique qu'une merde pareille m'arrive à moi, j'étais un peu la connasse de service, fallait l'avouer. Toujours celle qui me comportait mal avec les gens, qui passait sa vie à fumer des joints et à boire, pas du tout avec le coeur sur la main et tout ça quoi. Mais non, j'étais en pleine forme et j'avais en face de moi une fille tellement adorable qui ne cherchait pas les problèmes dans cette situation super hard. Ça devait être tellement horrible de ne pas sentir ses jambes. « Okay, c'est normal qu'ils disent ça s'ils sont pas sûrs que tu remarches, mais ça veut pas dire non plus que c'est définitif. Faut laisser un peu de temps passer, que tu te reposes et ensuite faut que tu te concentre à fond sur le fait de remarcher. » sa phrase suivante me fit froncer les sourcils. Seriously ? « J'ai vraiment envie de te gifler mais j'le ferai pas, alors j'vais juste me contenter de te dire que t'as pas intérêt à avoir des pulsions suicidaires, c'est clair ? Rien n'est définitif, et on sera tous là pour te soutenir, que ce soit ta famille et tes amis. » et son mec, si elle en avait un. Je voulais pas le dire parce que j'en étais pas sûre du tout en fait.

Et c'était affreux de dire un truc pareil mais c'était la stricte véritée. T'aurais carrément préférée mourir dans cette prise d'otage plutôt que de devoir affronter le fait de ne plus pouvoir te déplacer sur tes deux jambes. Et tu te fichais de savoir à quel point ça pouvait être monstrueux de dire un truc pareil puisque c'était exactement ce que tu voulais. T'aurais voulu ne pas te réveiller. Crever sur la table d'opération. Peu importe mais ne pas avoir à affronter tout ça. Alors peu importe si c'était choquant au yeux des autres. Tu t'en fichais totalement. « Pourquoi ? Pourquoi est ce que je devrais me concentrer sur un truc qui arrivera pas ? J'ai pas envie de me battre pour un truc qui ne viendra pas. J'veux pas passer mes jours à croire que tout pourra s'arranger alors que c'est pas le cas. » Et là, t'étais en colère parce que t'avais l'affreuse sensation que les gens ne comprenaient pas. Ils ne comprenaient pas ce que tu ressentais et en même temps, comment le pourrait-ils ? Ils n'étaient pas à ta place. C'était pas eux qui étaient coincés. « C'est pas du soutien que je vais avoir, c'est de la pitié. Et quand vous arrêterez de croire aux miracles et que vous vous rendrez compte que c'est la réalité, vous arrêterez de me soutenir parce que vous en aurez marre de me voir dans cet état. Alors j'ai parfaitement le droit de regretter de ne pas être morte dans c'foutu merdier. »

Ah ouais. J'avais oublié que je m'adressais à la fille la plus bornée du monde. Elle était vraiment pire que moi, c'était pas possible. Bon d'un côté elle avait pas tord et on pouvait pas la blâmer. Dans son état j'aurais sûrement pas été mieux et j'aurais pas cherché à me faire d'illusion si au final je restais paralysée à vie. Mais j'étais pas prête de la laisser croire que c'était terminé pour elle. « Arrête Vanille. Parce que tu crois que passer le reste de ta vie à déprimer en pensant que tu pourras plus jamais marcher va t'aider ? Si tu veux vraiment plus jamais marcher, courir, te déplacer sur tes deux jambes et rester cloitrée à un fauteuil toute ta vie, alors ouais, n'aie aucun espoir, ne fais aucun effort et crève sur ton fauteuil. Mais si tu veux pouvoir remarcher un jour, sois pas aussi pessimiste et bats toi pour un truc qui pourra arriver si tu mets toute la volonté du monde pour réussir. Parce que c'est clair que si t'as déjà dans l'idée que tu seras paralysée à vie, tu risques pas de remarcher un jour. Sois pas aussi faible, t'es pas comme ça. T'as pas envie d'te battre pour quelque chose qui en vaut la peine ? » je pouvais paraître un peu dur mais ça m'énervait qu'elle soit aussi abattue. Okay c'était compréhensible, j'aurais sûrement pas été dans un meilleur état qu'elle, mais déjà qu'elle était totalement déprimée, c'est pas en lui donnant raison qu'elle risquait de se bouger. « D'la pitié pourquoi ? Arrête de croire que t'es une merde, tes vrais amis t'abandonneront pas sous prétexte que t'es sur un fauteuil. Et le jour où t'ouvriras les yeux et où t'auras marre d'être sur un foutu feuteuil, tu vas commencer à penser comme nous et à vouloir te sortir de ce merdier. Mais j'te conseille de pas attendre trop longtemps, car à ce moment-là ça pourra être définitif. »

Est ce que tu étais en train de te mettre réellement en colère ? Oui. Définitivement oui. Mais t'avais toutes les raisons du monde d'être en colère. T'avais le droit d'hurler à quel point c'était injuste. T'avais le droit de pleurer encore et encore et de t'en prendre à tout le monde même si ça ne changerais rien à ton sort. T'avais le droit de faire tout ça sans que personne ne t'en blâme parce que c'était pas évident voir même carrément impossible d'accepter un truc pareil. Alors oui, tu pouvais être lugubre, emmerder profondément l'espoir et détester être ici. T'avais le droit et personne ne pouvait rien dire contre ça. Pas même Sherlyn, pas même Max. Personne pouvait t'empêcher de détester tout ce qui se trouvait autour de toi. Ni aujourd'hui, ni demain, ni même dans les prochains mois. « En quoi ça en vaut la peine de se battre pour quelque chose qui n'arrivera pas ? C'est comme parler à haute voix avec un sourd, il te comprendra pas et il t'emmerdera profondément. Alors quoi maintenant ? J'dois passer ma vie à espérer qu'un miracle se produise ? J'dois fournir plus d'effort que les autres pour me tenir deux secondes debout ? Arrête de parler de quelque chose que TU comprends pas ! » Tu grinçais des dents fermant les yeux quelques secondes pour tenter de retrouver ton calme. Tu détestais ce qu'elle te disais parce qu'elle se trompait sur toute la ligne. Et même si ses paroles étaient censés être encourageantes, ça avait l'effet contraire sur toi. « Parce que tu cherches de l'espoir ou y en a pas. Tu crois quoi ? Que j'ai envie d'passer mon temps à voir mes proches rêver que tout vas s'arranger ? J'ai l'impression que les rôles ont été inversés là. Faut arrêter de croire que ça va changer, arrêter de croire que j'vais me lever. Tu vois, c'est ça le souci. Vous pensez tous que ça va aller alors que non, ça n'iras pas. Et j'trouve ça affreux de vous voir tous dans le déni là. »

Okay, je sentais clairement que l'ambiance commençait à devenir vraiment tendue, et c'était pas ce que je cherchais. En venant, je pensais vraiment voir une Vanille en bon état, enfin pas paralysée quoi. Je pensais qu'on allait parler de nos vies, de ce qu'on était devenues, mais c'était tout le contraire et ça me faisait tout de même un peu de peine car c'était pas le genre de retrouvailles que j'espérais pour nous deux. Mais au fond je comprenais son comportement et je pouvais pas lui en vouloir. Je ne trouvais plus quoi lui répondre, elle m'avait tout de même un peu vexée. Elle me renvoyait clairement chier, alors que j'essayais juste de lui remonter le moral. Mais c'était pas d'sa faute aussi, c'est presque si je l'agressais parce qu'elle voulait pas m'écouter et c'était pas cool de ma part. Parce que c'est clair qu'à sa place j'aurais été dans le même état et j'aurais aussi pensé que j'étais condamnée histoire d'éviter de me faire trop d'illusions. « Okay.. c'est vrai, je peux pas comprendre. Je suis désolée. T'as toutes les raisons du monde d'être en colère et de plus avoir d'espoir, c'est clair. » Je décidais finalement de laisser tomber, parce que cette conversation n'allait nous mener nulle part. J'étais super têtue et Vanille aussi, et je laissais d'habitude jamais tomber, mais c'était pas la peine. Elle était trop énervée pour le moment pour avoir une discussion avec elle là-dessus. Je préférais donc passer à un autre sujet de conversation. « T'as reçu d'autres visites sinon ? »

hj; désoléeee du retard.

C'était à toi d'être dans le déni non ? Ouais. Normalement, c'était à toi de dire tout ça. De dire que non, t'étais pas paralysée et que demain tout irait mieux. C'était normalement à toi de ne pas accepter un truc pareil. Pas à elle ni aux autres. Alors ouais, ça te mettais en rogne, t'avais envie d'hurler et de tout casser autour de toi. De crier à quel point c'était injuste. Mais tu faisais rien. Tu restais juste là attendant que les heures passent sans trop savoir quoi faire d'autre. Peut être que y avait rien d'autre à faire, tout simplement. C'était dingue ce que tu pouvais être irritable. Comme si t'en voulais au monde entier, comme si tu tenais tout le monde pour responsable de ce qui t'arrivais alors que non, personne n'y pouvait rien. Personne n'aurait pu changer quoi que ce soit à ça puisqu'il fallait croire que c'était le destin. T'avais voulu sauver Max et au final, tu t'étais perdue toi. Et finalement, elle capitulait. Peut être avait-elle comprit que tu n'étais pas en état de discuter de ce genre de chose. Tu pouvais pas, pas maintenant. Peut être que dans quelques semaines, tu voudrais espérer, tu voudrais faire cette rééducation en espérant que ça marcherait mais pas pour le moment. Tu poussais un soupir alors qu'elle reprenait la parole changeant le sujet de conversation. C'était certainement pour le mieux de toute façon. « Ouais.. Mon copain, mes parents.. C'genre de truc quoi. » Mais ça faisait pas super longtemps que t'avais le droit aux visites alors forcément, tout le monde n'était pas encore venu. Tu savais même pas si y aurait d'autre personne à vrai dire. « Alors, ça t'fais quoi d'être ici ? De quitter Yale ? »

hj : pas de problème

Je finissais par laisser tomber parce que ça servait à rien de continuer à débattre. Je comprenais qu'elle ait perdu tout goût de vivre, ça devait vraiment pas être facile à vivre et je pouvais pas vraiment me mettre à sa place parce que ça m'était jamais arrivé. Puis j'avais vraiment pas envie de m'embrouiller avec elle et c'est ce qui risquait d'arriver si je continuais dans ma lancée. Je demandais ensuite si elle avait reçu d'autres visites. C'était super important d'être accompagné et soutenu dans ce genre de choses, alors j'espérais qu'elle soit pas toute seule quoi. J'affichais un sourire sur mes lèvres lorsqu'elle mentionnait son copain. Bon au moins elle en avait un pour la soutenir, c'était déjà ça. « Un copain ? Comment il s'appelle ? » demandais-je curieuse. Bon c'était peu probable que je le connaisse vu que je venais tout juste d'arriver. « Ça fait bizarre de quitter New Haven, j'y ai passé pas mal d'années quand même.. Mais j'suis contente de venir ici. Je retrouve quelques connaissances et les gens m'ont l'air sympas ici donc ça va pour le moment.. » j'étais aussi super sociable donc c'était quand même une grande qualité qui me permettait de rapidement me faire des amis.

hj; j'suis vraiment désoléeee mais c'est bon j'suis de retour.