SHERNILLE + it's been a year.

C'était vraiment le bordel ces temps-ci, avec la prise en otage et tout ça. Heureusement j'avais préféré rester chez moi ce jour-là et j'avais pas bougé de la journée ni de la soirée. J'avais vraiment de la chance parfois. Mais j'avais appris que des amis avaient été blessés comme Dorian et Vanille, et qu'ils se trouvaient à l'hôpital. Autant dire qu'en l'apprenant, j'avais pas réfléchi cent ans pour courir à l'hôpital et aller les voir. Tant mieux, j'étais dans les heures de visite et j'allais pouvoir les voir. J'étais juste trop inquiète qu'ils soient vraiment blessés, parce qu'au final j'avais pas eu trop d'informations. J'avais préféré aller voir Vanille d'abord et laisser le pire pour la fin, Dorian. Je demandais le numéro de la chambre d'une Vanille Clayton et on me le donnait. Je traversais donc les couloirs et arrivais devant la porte. Je toquais et lorsque j'entendis sa petite voix dire "entrez" j'eus un léger sourire sur les lèvres. J'entrais et refermais la porte derrière moi avant de m'avancer. « Devine qui c'eeeeest ? » demandais-je avec un large sourire sur les lèvres avant de rire. Elle était obligée de me reconnaître, j'allais être vexée. Je ne voulais rien paraître mais elle n'avait pas l'air en forme, ce qui me faisait un peu mal au coeur. J'espérais juste qu'elle n'ait pas été trop blessée par cette salope qui l'a prise en otage.

Est ce que tu allais bien ? Non, définitivement non. Si le simple fait que tu te sois fais tirer dessus était un prétexte pour que tu sombres dans une dépression, ajoutais à ça une paralysie des jambes et une incompréhension avec son petit ami pour faire exploser le tout. Y avait pas de remède miracle, t'étais juste d'une humeur massacrante et c'était presque si tu n'avais pas insultée la dernière infirmière ayant osée venir voir comment t'allais. Les gens étaient définitivement stupide. Te demander si tout était 'okay' alors qu'on venait de t'annoncer que tu ne marcherais probablement plus jamais était la question la plus stupide au monde. Bien évidement que t'allais pas répondre que c'était super chouette et que t'étais la personne la plus heureuse au monde de pouvoir passer ta vie sans jamais avoir à te lever. Stupidité constante. Un soupir sortait de ta bouche alors que depuis ton réveil, tu te repassais encore et encore les paroles de Max en boucle dans ta tête. Fallait croire que t'aimais te faire souffrir mais d'toute manière, t'avais rien de mieux à faire ici. « Devine qui c'eeeeest ? » Tu ne réagissais pas dans un premier temps. T'avais pourtant été claire, tu voulais voir personne. Et puis au bout de quelques secondes, t'avais un déclic. « Sherlyn ? »

Lorsque je rentrais et pris la parole, Vanille me regardait quelques secondes le regard vide. Elle avait vraiment pas l'air bien et ça me faisait mal au coeur. Juste le fait de la voir immobile sur ce lit d'hôpital ça m'inquiétait encore plus que lorsque j'avais appris la nouvelle, alors j'espérais juste qu'elle allait bien. Puis elle prit la parole et me reconnaissais. « C'est moiiii ! » m'exclamais-je histoire de détendre un peu l'atmosphère. Je lui offrais mon plus beau sourire avant de venir m'asseoir à côté d'elle sur le lit pour déposer un baiser sur son front. « Je t'aurais bien fait un gros câlin mais j'veux pas te faire mal. » Après tout je savais pas trop si elle était blessée et où mais elle avait pas l'air en forme. « Alors.. tu veux en parler ? » je parlais bien sûr de ce qu'il s'était passé, je voulais savoir si elle allait bien physiquement, parce que je me doutais bien que mentalement ça devait mal aller avec ce qu'elle avait vu. Ça devait être vraiment traumatisant une prise en otage.

T'étais pas vraiment sûre au final. Sherlyn était le genre de fille que tu avais rencontrée à Yale pendant l'Ivy League et qui appartenais donc à l'université de Yale. En somme, elle n'avait pas rien à faire ici mais, il était étrange qu'elle soit à Cambridge juste après cette prise d'otage qui avait fait énormément de blessée si tu écoutais les "on dit". Bref. T'avais l'impression d'être complètement paumée et à l'ouest mais peut être étais-ce à cause des médicaments qu'on te forçais à avaler à chacun de tes repas. Au final, t'en savais trop rien mais tu saluais son côté enjouée sûrement programmée pour te remonter le moral. T'esquissais un faible sourire sans trop savoir s'il avait pu paraître sincère alors qu'elle prenait place sur le lit déposant un baiser sur ton front. « Oh t'inquiète pas pour ça, je sens rien. » Ahaha, ironie quand tu nous tiens. Certes, elle n'avait pas pu saisir l'intensité de ta blague puisqu'elle n'était probablement pas au courant mais.. Peu importe. « Pas vraiment non. » Puis parler de quoi ? De paralysie ? De mort et de blessé ? C'était pas le meilleur sujet de conversation au monde et tu préférais vraiment éviter. « Comment ça s'fais que tu sois là ? »

Vanille avait vraiment pas l'air d'être en pleine forme et ça me faisait de la peine. J'avais bien des fois vu mon amie sourire au cours de l'Ivy League et même quand je l'avais sur skype, alors je pouvais reconnaître quand elle faisait un faux sourire et là c'était clairement le cas. Je pouvais pas lui en vouloir après ce qu'elle avait vécu, elle devait sûrement être encore secouée après tout ça. Elle me disait qu'elle ne sentait rien, tant mieux alors. Je lui répondais par un simple sourire et elle me disait qu'elle n'avait pas envie de parler de ça. Soit elle allait bien au final mais elle était encore super choquée de la prise d'otage donc elle ne voulait pas trop parler de ça, soit elle était blessée. Mais je ne voyais pas de blessure sur ses bras ou son visage alors la première option était la plus crédible. « J'ai été transférée à Harvard début janvier. J'arrive pas au meilleur moment mais bon.. je voulais justement passer te voir cette semaine mais en apprenant que t'étais ici, j'ai pas pu faire autrement. Tu sais j'm'inquiète pour toi.. ça me fait un peu flipper de te voir allongée là, t'es carrément immobile. »

Fallait pas se méprendre, t'étais pas en train de l'agresser ou quoi. T'étais juste perplexe quant au fait de sa présence ici. Et même si ça ne pouvais te faire que du bien de voir un visage connu dans ta chambre, t'étais pas vraiment d'humeur. Peut être parce que tu avais pris trop de gifle en plein visage en trop peu de temps. Parce que t'avais du mal à réaliser que c'était vraiment en train de t'arriver et que malgré toute ta bonne foi, tu ne pouvais pas faire semblant que tout allait bien alors que c'était loin d'être le cas. « Oh, c'est chouette que tu sois là. » T'essayais de sourire à nouveau sans grand résultat. T'étais contente qu'elle soit là, qu'elle vienne ici mais t'avais pas l'coeur à le montrer. Pas maintenant. T'étais pas dans ton assiette de toute façon. « Faudra t'y habituer. » Une sorte de semi révélation ? Peut être bien. En même temps, tu savais pas vraiment comment dire les choses. Fallait avouer que c'était un peu compliqué quand même. C'était pas le genre d'information qu'on balançait comme ça. « Désolée. »

Je savais bien qu'au fond elle était contente de me voir, mais je voyais aussi bien qu'elle n'était pas dans son assiette. Ça se voyait par son faux sourire. Puis on en avait discuté plusieurs fois du fait qu'on voulait vraiment se revoir, alors je me doutais bien qu'elle devait être contente, mais ça se voyait pas vraiment. En temps normal j'aurais été vexée d'aussi peu d'enthousiasme, mais je comprenais bien que la prise d'otage avait dû la choquer. Je lui faisais remarquer qu'elle m'inquiétait, elle n'osait même pas bouger et elle était aussi immobile qu'une statue. Sa réponse me fit écarquiller les yeux. « Quoi ? » j'étais pas sûre de bien comprendre. Vanille reprit la parole pour s'excuser. Wow, il se passait quoi là ? « Attends de quoi tu t'excuses et pourquoi je devrai m'y habituer ? » Pourquoi je devrai m'habituer à la voir immobile ? .. Me dites pas qu'elle était blessée, genre.. vraiment blessée « J'espère que c'est juste mon imagination qui me fait imaginer des mauvaises choses, c'est ça ? » mais en voyant sa tête, je me rendais compte que c'était pas du tout mon imagination. Merde, j'étais vraiment bête, je l'enfonçais plus qu'autre chose et elle avait sans doute pas besoin d'entendre des trucs comme ça.

Ouais, tu pouvais au moins t'excuser après tout non ? Parce que tu l'aimais bien Sherlyn et t'avais pas été vraiment aimable depuis le moment ou elle avait passée cette porte. Certes, c'était pas le meilleur moment pour toi mais, t'avais pas non plus à lui parler sèchement comme tu étais en train de le faire. « Je.. » Oui ben c'était compliqué à dire en fait. T'avais un peu de mal. Est ce que tu devais le tourner d'une certaine façon pour que la pilule passe mieux ? Enfin, c'était pas vraiment comme si tu devais le faire puisque c'était toi qui était dans cette situation. Mais t'avais du mal. Dire à haute voix que tu ne pourrais plus marcher ça rendait les choses encore plus réelle et fallait dire que t'aimais pas vraiment cette réalité. « J'aurais bien aimée.. » Ouais. T'aurais aimée que ça ne soit que dans SON imagination. Que ça ne soit pas la triste véritée et.. Putain, t'étais encore à deux doigts de pleurer. Pourquoi c'était aussi difficile han ? Bien sûr, c'était normal comme réaction, qui ne pleurerais pas de voir sa vie changer du tout au tout comme ça ? Les gens dans le déni. « J'suis paralysée Sherlyn. J'pourrais plus jamais marcher. Plus jamais. »

J'étais vraiment choquée de ce que Vanille venait de me dire. C'était pas le genre d'informations qu'on balançait comme ça sérieux. Mais bon d'un côté je pouvais la comprendre, y'avait aucune "bonne" façon d'annoncer ce genre de truc. Donc valait mieux le faire rapidement et clairement et pas se torturer à trouver des moyens d'annoncer ce genre de mauvaise nouvelle qui au final allait faire le même effet. Et l'effet que ça me faisait c'était bien le choc en ce moment même. « Merde.. » aucun autre mot pouvait sortir de ma bouche. Je me rendais compte que je devais encore plus lui faire de la peine. Déjà qu'elle devait être entrain de paniquer complet, j'en rajoutais une couche puisque je paniquais pour elle. Sa dernière phrase me fit baisser les yeux, elle méritait pas ça, vraiment. Je prenais donc sa main dans la mienne et je la regardais dans les yeux. « Dis pas ça, y'a toujours un espoir pour que tu remarches un jour Vanille. Ils ont dit quoi les médecins ? Quand on te voit, t'as l'air d'être fragile mais t'es super forte, si c'est pas définitif t'y arriveras. »

Et t'aurais pu répéter le plus jamais indéfiniment. C'était affreux de dire ces mots, de dire à haute voix que t'étais condamnée à vivre dans une chaise roulante. Que tu pourrais plus jamais courir ni te déplacer d'un point à un autre à l'aide de tes jambes. T'avais l'impression que tout c'était écroulée autour de toi au moment où le mèdecin t'avais annoncée ça. Et c'était le cas. C'était comme si y avait une bombe à retardement dans ton corps qui avait fini par exploser et là, t'étais totalement anéantit. Mais le pire, c'est que tu pleurais pas. T'avais pas encore pleurée. Ni devant les autres, ni une fois toute seule. Comme si au fond, t'acceptais pas cette nouvelle. Comme si t'attendais qu'un mèdecin revienne pour te dire que c'était une mauvaise blague. Que tout allait bien et que tu pouvais te lever. Alors que non, ça n'arrivera pas. C'était pas possible puisque tu ne sentais plus tes jambes. Tu ne les sentais pas et tu ne pouvais pas les bouger. « Ils m'ont dit de ne pas me faire d'espoir. C'est assez explicite. » Et sans espoir, y avait rien. Les mèdecins ne se trompaient pas. S'ils disaient que c'était voué à l'échec alors fallait juste que t'acceptes. « J'aurais préférée mourir dans cette prise d'otage. J'aurais vraiment préférée. »