Briander ∞ Je fais camping dans ta chambre.

26 janvier
J'avais reçu un message la veille de mon meilleur ami et j'm'étais demandée je ne sais combiend e fois si ça avait été bien réel. Depuis hier soir, j'me posais des questions sur comment il allait, comment il se sentait, combien de temps sa rééducation allait durer, combien de temps son séjour à l'hôpital allait se prolonger et plein d'autres questions d'ordre médical comme les conséquences de ce coma et cette blessure dans sa cavité pleurale. Ugh. Dès que les horaires de visite avaient commencé, j'tais allée dans la chambre d'Alexander et j'avais eu un air déçu en le voyant endormi. En fait ça changeait pas des autres jours, c'tait toujours la même rengaine, j'avais pas eu de chance et j'me voyais mal le réveiller pour mon plaisir égoïste aha. Bien le bonjour. J'allais encore parler à un mec qui allait pas me répondre. J'posais mes affaires sur la petite table avant de me mettre assise sur la chaise face au lit, prenant la main d'Alexander. J'penserai que ça serait différent aujourd'hui.. alors j'ai pas amené le journal désolée aha. T'auras pas ton horoscope. J'pouvais ptete le trouver sur mon téléphone au pire.

26 janvier
Faire semblant de dormir, c'est comme être encore dans le coma en fait. Sauf que là, j'entends tout. Ouais donc en fait c'est pas pareil, c'est carrément mieux. « Bien le bonjour. » que je l'entendais dire, sentant même une pointe de déception dans sa voix. Forcément, elle devait s'attendre au Alex réveillé et totalement maître de son corps. Et là, elle fait face à un corps endormi qui serait à la limite de ronfler. Mais je sais pas le faire pour de faux donc je préfère m'abstenir de toute imitation, pour mon bien comme pour le sien. « J'penserai que ça serait différent aujourd'hui.. alors j'ai pas amené le journal désolée aha. T'auras pas ton horoscope. » Je me retenais de sourire, c'était dur... très dur. C'est bien pour ça que du coup, je cédais à la tentation de lui répondre. « C'est con, je suis sûr que c'est une super journée pour les poissons aujourd'hui. Genre un truc de la mort à la vie, tu vois le genre » disais-je en ouvrant les yeux pour la chercher du regard et le bloquer sur elle une fois qu'elle était dans mon champ de vision. « Bien le bonjour » Foutage de gueule ? Non... ou peut-être un peu léger.

26 janvier
J'étais déçue. Je m'étais vraiment attendue à autre chose.. je sais pas. Ptete pas de la musique à fond, ou déjà mon meilleur ami sur son ordi en train de coder. Mais presque. Et là.. c'tait again, comme tous les jours auparavant depuis la prise d'otages, une chambre sans vie. Y avait rien dedans. Des bips. Un lit. Un mec qui était dessus, qui dormait, qui était pas conscient. J'avais l'impression que j'allais pleurer tellement j'avais eu de l'espérance. J'parlais dans le vide, m'installant quand sa voix retentit entre les quatre murs. « C'est con, je suis sûr que c'est une super journée pour les poissons aujourd'hui. Genre un truc de la mort à la vie, tu vois le genre » Mon coeur se mit à battre plus fort et plus vite dans ma poitrine. J'avais tellement mal au ventre.. mais c'était un mal positif vous voyez ? C'tait du soulagement. J'pleurais presque en voyant ses yeux ouverts. Ses yeux, son sourire, qui m'avaient tous les deux tellement manqué. Putain quel con. « Bien le bonjour » Je ris légèrement, passant mes mains sous mes yeux, essayant de faire le point dans mes émotions. Abruti, t'es fier ? Je me rapprochais de lui pour prendre sa main dans la mienne. Je posais mon front contre le sien un instant, fermant les yeux avant de déposer un baiser sur son front.

26 janvier
Bien sûr que c'était une blague de mauvais goût, parce que j'avais passé plus d'une semaine dans le coma, qu'elle était habituée à me voir dans cet état et que maintenant que mon réveil avait eu lieu, elle s'attendait à ce que je sois réveillé et "en pleine forme", du moins, autant qu'un comateux peut l'être quoi. Et du coup, quand je l'entendais parler, je me retenais de ne pas réagir pour pas gâcher le truc sauf que voilà, j'ai pas pu m'en empêcher et je me suis mis à parler. Et forcément, sa réaction était telle que je m'y étais attendu. Les larmes aux yeux, sourire sur les lèvres et tout le touintouin, autant dire tout de suite que ça m'faisait bien plus plaisir que je ne l'admettrai. « Abruti, t'es fier ? » Je la regardais alors que sa main venait attraper la mienne, et je me mis à la resserrer comme pour la réconforter. « Fier comme un comateux en vie ouais » disais-je en rigolant mais pas trop fort, parce que sinon ça fait mal quoi. Et si j'pouvais éviter de souffrir le martyr, et bien c'était tant mieux.

26 janvier
En déposant ce baiser sur son front, j'avais l'impression d'être la maman d'Alex. C'tait un peu le cas finalement non ? J'tais venue tous les jours, plusieurs heures, dans cette chambre. J'avais veillé, j'avais campé, j'avais pleuré, souri. J'avais fait tout ce qui était en mon possible pour quoi ? Pour faire en sorte que son séjour dans le coma soit bien cultivé avec des passages de journaux ? Pitoyable Briony. « Fier comme un comateux en vie ouais » J'souris un peu. Humour de merde quand même. Ca doit être les conséquences du coma et du réveil bien trop récent j'suppose. Ou c'est juste le retour de mon Alex. Possible également. J'aurai pas laissé la faucheuse te prendre. Pas de risque. Ca m'aurait été insupportable, définitivement. J'vous jure que voir les yeux de mon meilleur ami ouverts.. c'tait le plus beau cadeau du monde. Il m'avait tellement manqué.

26 janvier
Les mauvaises blagues de ce genre, j'en avais des tas et je n'en étais pas du tout rassasié, au contraire. Si je pouvais continuer de faire chier mon monde puisque j'étais encore en vie, je le ferai sans hésiter. Et la preuve, je l'avais fait avec Briony sans sourciller. C'était un peu comme si c'était naturel quoi. Et voilà le travail, elle m'en voulait sûrement légèrement, mais rien de bien grave en soi. Elle était surtout heureuse de me savoir en vie et en bonne forme, je suppose. « J'aurai pas laissé la faucheuse te prendre. Pas de risque. » Je me mis à lui sourire, heureux de l'entendre dire ça. Après tout, on s'était retrouvés y'a pas si longtemps que ça et maintenant, il était temps de montrer que notre amitié n'était pas si fragile que ça. Du coup, sa main était toujours dans la mienne parce que je ne voulais tout simplement pas la lâcher et je posais mon regard sur elle. « J'avais pas envie de partir, c'était obligé que j'allais revenir » Facile à dire maintenant que j'étais de nouveau dans le monde des vivants - même si pour moi, c'était semi-vivant puisque je suis cloué dans un lit d'hôpital jusqu'à nouvel ordre - et non encore comateux sous sédatifs et tout le touintouin.

26 janvier
« J'avais pas envie de partir, c'était obligé que j'allais revenir » J'souris doucement au jeune homme qui s'animait légerement à côté de moi. C'était bien de le voir juste vivre. Respirer par lui même, bouger, sourire, me prendre la main et puis un peu faire de l'humour, c'tait presque trop beau pour être vrai. J'acquiesçais. Normal, tu voulais pas me laisser ta play si jamais tu devais t'en aller. J'comprends.. égoïste. Parce que c'est le truc que j'aurai gardé en mémoire de lui voyez vous. Tant qu'à faire les gars, j'me mets bien. C'est l'héritage de mon mari huhu. Quoique maintenant qu'il avait Robyn, j'allais galérer un peu peuchère. Les médecins ont déjà tout checké ? Voir si tout allait bien et toussa ?

26 janvier
Je n'avais pas envie de mourir, je tenais trop à la vie pour ça, même si le sacrifice aurait été beau malgré tout. J'avais pris position pour sauver ma fille. Ma petite fille. J'suis capable de tout pour elle de toute façon, quitte à perdre ma vie pour sauver la sienne. C'est un peu le principe d'être parent en fait. « Normal, tu voulais pas me laisser ta play si jamais tu devais t'en aller. J'comprends.. égoïste. » Je lui tirais la langue, en guise de réponse. Bien évidemment que c'était pour garder ma playstation, pour quoi d'autre sinon ? « Comme si tu le savais pas déjà. Mais dis le si tu louches tellement dessus, j'te la lèguerai.. peut-être. » Cependant, trêve de plaisanterie, elle venait parler d'un sujet un peu plus sérieux, comme mon hospitalisation ici en fait. Bon, j'suis pas certain de vouloir rester trop longtemps dessus, mais c'était nécessaire je crois, je lui devais bien ça. « Les médecins ont déjà tout checké ? Voir si tout allait bien et toussa ? » Je hochais la tête. Beh quand même, je me suis réveillé hier quoi donc bon. « J'ai de la rééducation, c'qui est normal après un coma et puis ils continuent de m'observer au cas où ça ait un impact sur mes problèmes de santé »

26 janvier
J'essayais de rendre la chose un peu moins dramatique, d'en rigoler voyez vous. Mais bon, c'tait quand même assez weird et risqué de déconner sur ce genre de sujets, même si on essaie d'aller mieux à travers ça. « Comme si tu le savais pas déjà. Mais dis le si tu louches tellement dessus, j'te la lèguerai.. peut-être. » Geeeenre ? D'où est-ce qu'il vient son peut être weeesh ? Nan mais mec, j'suis la femme de ta vie, j'ai l'droit d'avoir ce que j'veux de toi. Robyn, mon coeur, je t'aime, mais pour la play t'es trop jeune. Ami en carton. Pff. Puis parce qu'il faut bien un jour que je m'attarde de ça, je déviais vers la santé en elle même de mon meilleur ami qui était assez précaire. « J'ai de la rééducation, c'qui est normal après un coma et puis ils continuent de m'observer au cas où ça ait un impact sur mes problèmes de santé » J'fis une moue en acquiesçant. T'vas avoir une perte de la libido pauvrette. J'ai eu ça pendant un certain temps.. c'est affreux. Fin, j'espère que t'auras pas les mêmes conséquences que moi, du genre cognitif et émotif que c'est affreux de vivre avec. Et qu'est-ce que c'tait long surtout. M'enfin, t'es un warrior comme l'aurait dit Demi Lovato.

26 janvier
« Ami en carton. » Évidemment que je me mettais à sourire, c'était genre une petite pique bien rigolote avec laquelle j'allais faire mumuse moi aussi. Beh ouais, y'a pas qu'elle qui devait jouer à se foutre de ma gueule, moi aussi je pouvais. « Papier mâché, s'il te plait. Ne me surestime pas quand même » M'enfin, on retournait sur le sérieux en parlant de mon état de santé actuel et elle était loin d'être très optimiste quant à ce qui allait suivre. Bon, elle avait vécu le même... mais pas vraiment. Moi c'était artificiel alors bon. « T'vas avoir une perte de la libido pauvrette. J'ai eu ça pendant un certain temps.. c'est affreux. Fin, j'espère que t'auras pas les mêmes conséquences que moi, du genre cognitif et émotif que c'est affreux de vivre avec. » Je la regardais genre en perdant le sourire parce que moi, la libido, je la veux quoi. « M'enfin, t'es un warrior comme l'aurait dit Demi Lovato. » Je la sondais alors, en faisant un effet avec mes yeux genre 'tu mens ou tu mens pas ?' mais bon, j'suis pas sûr que ça rende très bien. « Beh moi j'voulais coucher avec Billie quand je l'ai vue t'sais... bon, pas tout de suite tout de suite mais bon.. j'suis pas sûr que la libido soit tant touchée que ça. Après le reste, t'es sûre ? Genre vraiment sûre sûre ? Parce que moi j'veux pas tout ça, j'veux revivre comme avant » Alex n'aime pas le changement, Alex parle de lui à la troisième personne. Ouais, Alex est tout à fait sain d'esprit.