Tu avais pensé plus jeune, lorsque tu regardais des films d'époque où les mariages étaient souvent arrangés ou que les concernés n'avaient pratiquement aucun droit d'exprimer leurs avis sur la question, que les acteurs surjouaient toujours, que les scènes étaient bien trop dramatiques pour ce que cela était réellement. Aujourd'hui, tu comprenais. Tu comprenais la sensation horrible de voir sa liberté être arrachée devant ses propres yeux. Tu comprenais l'envie de crier, de se débattre, de clamer haut et fort que non, cela n'était pas ce que tu voulais, mais de rester impassible et soumis, privé de paroles. Tu sentais l'injustice s'installer dans chaque pores de ta peau et la colère en toi qui ne demandait qu'à sortir et à crier à la trahison. T'avais l'impression d'avoir gâché ta vie en un petit
oui, bien plus que lorsque les photos de toi et Oscar étaient sorties dans la presse mondiale.
« Tu serais à la une des journaux, avec tes larmes de crocodiles. » Tu lui répondais, souriant légèrement en coin. Quoi ? Tu la voyais déjà jouant le jeu, faisant semblant de perdre l'amour de sa vie et ayant le cœur déchiré de sa trahison. Heureusement pour elle, tu pratiquais strictement tout ce qui était consentant, elle n'aurait pas tous les yeux sur elle pour ce genre d'affaire. Ce qui te saoulait en revanche, c'est ta vie sexuelle. Ça allait devenir quoi maintenant, abstinence indéterminée. Hell no. Le gros problème c'est que tu e pouvais surement plus draguer ou coucher avec qui tu voulais comme tu le voulais, car si c'était public, on risquait de te cataloguer infidèle. Merde, comment t'allais faire ?
« Je pense que tu auras largement le temps de voir à quel point je suis cool. Moi aussi j'aurais préféré. Dis-toi que c'est que pour quelques années, que peut-être ils se lasseront après un an ou deux à jouer la comédie. » Et t'avais du mal toi-même à le croire mais bon, tu faisais ce que tu pouvais pour la rassurer. Pour te rassurer toi aussi. Peut-être qu'après tout vous n'auriez pas à faire ça toute votre vie. Quelques années puis un divorce à l'amiable, car tellement de familles divorçaient de nos jours, c'était tellement devenu courant, pourquoi pas vous ? Tant qu'on ne te demandait pas de lui faire un héritier avant... Tu lâchais tout de même un petit rire quand elle te disait qu'avec un peu de chance, en voyant ses pinces par terre ils penseraient que tu lui ai sauté dessus – et ça te faisait penser à cet épisode de Gossip Girl où Serena et Nate ont couchés ensemble lors d'un mariage. Ouais, t'avais des références très girly, et alors quoi.
« Pourquoi ce serait pas plutôt toi qui m'aurai sauté dessus ? Je suis super sexy dans mes costumes de mariage ! » Tu disais, un petit sourire au coin des lèvres. Le blanc et le gris t'allais très bien, il fallait l'avouer. Tu la sentais ensuite glisser sa main dans la tienne, et tu lâchais une petite expiration, comme pour te donner du courage.
« Pas vraiment, mais on a pas le choix. » Tu répondais en la regardant, avant de faire un grand sourire qui était ton sourire de monsieur comédie, et tu ouvrais les grandes portes afin de sortir, sa main dans la tienne. Il y avait des photographes, encore là pour immortaliser le moindre des moments, et ils commençaient tous à t'aveugler avec leurs putains de flash, tout en vous posant des questions tous en même temps. Tu faisais le mec protecteur de sa femme, histoire qu'elle ne devienne pas aussi aveugle que toi, mais tu gardais ton petit sourire de « je suis très heureux de ma vie », aussi fake soit-il. Devant une limousine vous attendait et tu l'ouvrais, laissant entrer Chrissy devant toi tel un parfait gentleman, avant de faire un dernier coucou aux photographes et de t'enfermer dans le véhicule.
« A l'hotêl s'il vous plait. » Tu disais au chauffeur, avant qu'il se mette à roule jusqu'à votre chambre pour la nuit.