so far and yet so near. - Orlane.

Calvin feat. Orlane

so far and yet so near.

Parler n'avait jamais été mon point fort, et pourtant je me sentais prête à le faire aujourd'hui. Deux ans s'étaient écoulés depuis ce changement radical dans ma vie, et je ne pouvais plus laisser le sablier se vider sans rien faire. J'avais été un monstre avec lui, agissant à l'inverse de ce que j'aurais voulu, et malgré tout ça, il était encore à mes côtés. Alors oui, peut-être que s'expliquer sur tout ce qui s'est passé ces derniers temps était arrivé, surtout si ça pouvait apaiser les choses et me faire agir différemment. Je n'avais jamais voulu en arriver avec là, à la sortir de ma vie, ou du moins tenter puisqu'au fond je n'y suis jamais parvenue. Certes j'étais des plus désagréable avec lui, mais c'était ma seule arme pour l'éloigner de moi à contre-coeur. Je n'ai jamais été bonne pour les excuses, ni même pour les explications, et pourtant j'y étais parvenue à l'instant-même. En réalité, ça me blessait de voir tout ce que j'avais gâché, et je me détestais d'avoir été aussi odieuse avec lui.  « Ça ne marchait peut-être pas autant qu'on le pensait.. tout simplement. » Peut-être, ou peut-être pas, bien que je doutais très sincèrement que ce soit la vraie raison. "Ou alors c'est parce que j'ai été trop stupide." En réalité, je savais pertinemment que la raison même de notre rupture et tout ce qui avait suivi était dû à mon comportement. Il avait beau prétendre le contraire, je n'en croirais pas un mot. Ne dit-on pas que c'est lorsque l'on perd des personnes chères à nos yeux que l'on se rend compte de leur importance? Alors même si la fierté me voilait la face, j'étais loin de détester Caleb, loin de là... "Je ne suis bonne qu'à ça: fuir les gens que j'aime." Une conclusion belle et bien réelle, malgré moi. Sur ces mots, je lâchais son regard, me ruant littéralement sur une des viennoiseries qu'il avait ramené, alternant par des gorgées de mon chocolat tant qu'il était encore chaud.

Il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre ! Elle culpabilisait, et au fond elle avait peut-être raison, mais de ton côté tu pensais aussi avoir merdé quelque part, ou tout simplement ne pas avoir été assez bien. Eh oui, tu étais tombé amoureux, et forcément cela changeait tout. Dès le moment où tu avais pris conscience de tes véritables sentiments pour elle, tu t'étais persuadé que rien ne serait jamais comme avant. Tu n'avais pas tord. Tu avais vécu cette relation avec la peur de merder, de la faire souffrir et si à priori tu n'avais rien fait pour l'atteindre, tu n'avais pas su pour autant être la personne qu'elle voulait à ses côtés. Tu étais trop fier ! Ton ego était peut-être un peu trop prononcé mais tu ne pouvais pas changer cela. Et puis ton côté macho, mâle ne cautionnait pas le fait de pas être le refuge de celle que tu aimais. Oui tu faisais les choses pleinement ou tu ne les faisais pas ! Tu vins à répondre à ses deux remarques. « Allez ! Si j'avais voulu te voir pour te faire culpabiliser y'a longtemps que je l'aurais fait. » Oui, tu ne voulais pas rester là-dedans. Tu ne lui rendrais pas service, et tu ne supporterais pas non plus. Tu n'avais pas énoncé les regrets que tu avais et tu ne voulais en arriver là. Tu avais souffert de tout ça et tu n'avais pas envie de le reconnaître outre mesure, mais tu tenais à cette demoiselle, tu ne pouvais pas faire autrement, et surtout bien que votre relation soit finie tu te sentais toujours concerné par sa situation, parce que tu avais été dans sa vie quand cela s'était produit mais également parce que tu pouvais aisément imaginer sa détresse. « Si tu te sens mieux aujourd'hui.. c'est l'essentiel. » Dans le fond tu étais curieux de voir qui elle était. Avait-elle vraiment changé ou était-ce simplement une passage ? Pendant longtemps tu n'avais pas vraiment été capable de la reconnaître, pensant presque qu'elle se perdait.

Calvin feat. Orlane

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Il m'avait fallu du temps pour enfin me remettre en question, mais mieux vaut tard que jamais. Peut-être que j'allais enfin être capable de changer, ou du moins, de redevenir celle que j'avais toujours été. J'en avais marre de jouer un rôle qui était loin de me correspondre, et sans doute était-il le premier à le savoir mieux que quiconque. Se voiler la face comme je l'avais toujours fait n'était pas la meilleure des solutions, et au contraire, je voyais bien le mal que je faisais inconsciemment autour de moi. Le temps était ma seule guérison, et j'étais sur la voie d'en sortir bientôt. Je me laissais aller dans la confidence, dans cette culpabilité qui me rongeait plus que je ne l'aurais cru et à cette réalité qui me faisait prendre conscience de certaines choses. « Allez ! Si j'avais voulu te voir pour te faire culpabiliser y'a longtemps que je l'aurais fait. » Et justement, il ne l'avait fait. Il avait préféré faire comme si de rien n'était, restant toujours derrière moi pendant que je lui tournais le dos. Ma seule réponse était un haussement d'épaules alors que je ne comprendrais définitivement pas comment il pouvait être aussi compréhensif avec moi. «Si tu te sens mieux aujourd'hui.. c'est l'essentiel. » C'est tout ce qui l'importait: que j'aille mieux, fermant les yeux sur toutes ces horreurs que j'avais pu lui craché au visage. Calvin était tellement quelqu'un de bien, sans doute ma plus grande perte dans toute cette histoire. "Oui je vais mieux. Je ne peux pas indéfiniment rejeter la faute sur le monde entier pour la mort de ma soeur, et je crois que je suis prête à faire des efforts." J'avais pas mal déconné ces dernières années, jusqu'à faire n'importe quoi, mais je m'étais finalement calmée, dont ce coté à aller me réfugier chez n'importe qui, à boire jusqu'à m'en rendre malade. Tout ça, ce n'était pas vraiment moi.

Au fond ce que tu étais aussi venu chercher c'était ce détail. Tu voulais savoir si aujourd'hui, elle prenait du recul ou si au contraire elle n'a jamais été autant épanouie. Cette option était envisageable, même si tu ne l'aurais pas forcément cautionné. Était-elle encore la jeune femme qui t'avait poussé à courber l'échiner, à t'enticher comme rarement pour elle ?! Tu l'avais aimé c'était incontestable. Tu le savais et elle le savait. « J'ai failli perdre Sergueî plus d'une fois : uniquement parce qu'il est bon à se mettre de sales draps et pour une fois ce jour-là, il n'y était pour rien. » Ta main vint une fois de plus à frotter cette petite barbe de trois jours comme à chaque fois que tu étais l'embarras, ou que tu réfléchissais trop. « Il s'en est tiré et pas Sixti', et c'est peut-être aussi pour ça que j'ai pas su me battre pour te garder. » Jamais tu n'avais mis de mots là-dessus mais oui tu culpabilisais au fond. Tu savais qu'à sa place tu serait partie en vrille. Tu n'as jamais hésité à défendre ton frère. Souvent quand il fallait cogné, ou le couvrir tu le faisais. Tu n'hésitais jamais. Mais ce lien si spécial était toujours difficile à appréhender dans un couple, et quelque part le fait que Orlie ait eu une jumelle avait comme fourni un équilibre. Tu n'avais pas à te justifier outre mesure mais une fois Sixtina décédée, tu n'avais pas su te sentir légitime auprès d'Orlane. Elle t'avait repoussé, et tu n'avais pas assez eu de force pour la retenir.

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Au fond, il avait toujours été le seul à me comprendre mieux que quiconque. Sans doute était-ce cette même position que l'on partageait qui l'avait poussé à rester derrière moi malgré mon dénigrement total, et même s'il m'avait fallut du temps à m'en rendre compte, je ne pouvais être que reconnaissante envers lui. Alors que tout le monde avait fini par me laisser de monde à cause mon irritabilité, il était resté à mes côtés, il avait continué à m'épauler même si je prétendais ne pas en avoir besoin. Il s'en est tiré et pas Sixti', et c'est peut-être aussi pour ça que j'ai pas su me battre pour te garder. « J'ai failli perdre Sergueî plus d'une fois : uniquement parce qu'il est bon à se mettre de sales draps et pour une fois ce jour-là, il n'y était pour rien. » Je soupirais, plongeant un court instant mon regard dans ce chocolat chaud que je tenais entre les mains. Certains avaient eu de la chance, d'autres non. J'avais survécu à ce bombardement en me cachant pendant que ma soeur succombait à ses blessures sans que je ne m'en doute une seule seconde. Je crois qu'en fait, je culpabilisais de sa mort et je m'imaginais sans cesse une autre possibilité si j'avais été à ses côtés. « Il s'en est tiré et pas Sixti', et c'est peut-être aussi pour ça que j'ai pas su me battre pour te garder. » Relevant mon regard vers lui, je n'avais pas pensé à une seule seconde qu'il se soit sentit coupable. "Tu n'es y es pour rien dans tout ça... Peut-être que notre éloignement devait se produire tout simplement." Ou du moins, c'était plus facile de se dire ça. J'étais bien heureuse de le voir toujours là près de moi, et je me contentais déjà de ça même si un autre destin aurait pu nous concerner si tout ça n'était pas arrivé.