J'étais donc réellement content de la voir. Evidemment, j'avais de très bons amis mais avec Willow, c'était différent. Elle avait ce côté un peu garçon manqué dans sa personnalité : boire comme un trou, avoir beaucoup de répondant, ne pas avoir peur de dire tout et n'importe quoi. Elle changeait de toutes ces étudiantes qui passent trois heures dans la salle de bain, à vouloir plaire à tout le monde, à chercher à être la plus populaire ou la plus parfaite. Ce que je comprenais, c'est que Willow, elle, n'en avait rien à faire d'être la plus connue du campus ou la plus appréciée. Elle restait elle-même et finalement, c'est peut-être ça qui me plaisait chez elle. Bien sûr, j'aimais les jeunes femmes féminines et qui prenaient un minimum soin d'elle et elle venait d'ailleurs de me prouver que c'est ce qu'elle faisait, en portant ce fameux kilt. Je n'avais aucune idée de la tournure des événements avec elle, et au fond, c'est peut-être ça aussi qui me plaisait. Le suspens, le mystère, ne pas savoir ce qui se passerait ces prochaines minutes.
Elle était donc là, devant ma porte, à me prouver qu'elle avait relevé le défi ce qui m'arrachait un sourire amusé. Elle m'avouait qu'elle aussi doutait que cette jupe écossaise aurait pu m'aller. Epilation des jambes. Il ne faut pas exagérer. L'épilation à certains endroits, c'est bien. À d'autres, ça fait perdre sa virilité. Les poils, c'est l'homme, non ? « Et ce n'est pas quelque chose qui est dans mes projets... » Dis-je en riant légèrement, avant de la laisser entrer dans mon espace privé. Je refermais la porte derrière elle, m'excusant du bordel dans lequel je l'accueillais. « J'y travaille mais c'est tout un art d'être bordélique. » Je lui souriais. J'avais l'impression d'être un peu gêné face à elle. La dernière fois, l'alcool avait facilité les choses, le dialogue. Là, je ne savais plus ce que je pouvais me permettre et ce que je devais éviter. J'imagine que cette sensation d'intimidation était temporaire et qu'elle s'atténuerait au fil des minutes.
J'entrais alors dans le milieu de l'humour, comment savoir s'il s'agissait bien d'elle et qu'elle n'avait pas envoyé sa jumelle pour éviter de passer à nouveau un moment avec moi ? D'accord, cela s'appelle de la psychose. « Je ne te promets pas de me souvenir de tout ce qu'on a pu se raconter... Mais en général, les choses intéressantes et importantes, je n'oublie pas. » Dis-je en souriant. Je me souvenais aussi qu'elle avait plus ou moins évoquée son père et qu'elle était bisexuelle. Mais c'était seulement des points, des sujets. Je ne me souvenais plus de nos propos en eux-même et de chaque explication. Pour me le prouver, Willow revenait sur le fait que je n'arrivais pas à finir cette bouteille, même en étant aidé. Un petit sourire en coin se marquait sur mon visage, et mes yeux se posaient dans les siens. « C'est petit de me dire ça... C'est très petit, même. Mais je trouverai probablement un moyen de te relancer la même. » C'est vrai, j'avais l'impression de ne pas passer pour un vrai homme et de ne pas être capable de finir du whisky. Bon, du whisky, ce n'est pas de la bière ou du vin. C'est fort, c'est direct. Alors j'avais des circonstances atténuantes. Mais je voyais bien qu'elle s'amusait à me chercher, sans savoir pourquoi elle le faisait tant. Mais j'aimais ça.
Elle enlevait sa veste et je pouvais donc découvrir ses jambes, sans pantalon et simplement cachés par une jupe et des chaussettes. Je commençais sérieusement à la trouver sexy, et ça me troublait. Mais bon, je savais le cacher. Pour le moment. Je l'écoutais alors et son sous-entendu n'était pas difficile à comprendre. J'ai beau être un vieux étudiant en médecine, savoir me tenir et être respectueux, je reste aussi et avant tout un homme. Et sa façon de me chercher commençait à changer de navire, dans le sens où je ne savais pas si c'était simplement et purement de la taquinerie, ou si on entrait plutôt sur un terrain de séduction, davantage dangereux. Un léger sourire coquin aux lèvres, je ne la quittais pas du regard. « Mais il faut assumer les conséquences du kilt. Ça fait partie du jeu... » J'étais bien placé pour dire ça, moi qui avait tant eu peur de devoir le porter. Stop aux bêtises, il valait mieux repartir dans un stade de taquinerie. S'embêter et seulement s'embêter. C'était plus sûr. « Par contre, le 'si on sort, il faut que ce soit en intérieur'... C'est dû à ta couleur de cheveux, j'imagine ? » C'est vrai que "sortir" et "en intérieur", c'est un peu contradictoire. Et puisqu'elle aimait me taquiner, je me devais de faire de même. Bien que les blagues sur les blondes ne soit pas très original. On était toujours debout, face à face. Je ne savais pas trop ce que l'on attendait et surtout, je ne savais pas quoi faire. Je réalisais que l'alcool avait bien faciliter les choses la dernière fois...