Over the edge - Madeline King

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Madeline & Téo

Une bonne soirée, rien de mieux pour décompresser de la semaine et profiter du week-end ! Avec une bonne de bois, mais quelle bonne idée !
Non en vrai, ce que je préférais en soirée, après avoir de l'alcool dans le sang, c'est de regarder les autres avec pour mieux pouvoir les critiquer ! Enfin non, que dis-je ! Pour mieux pour dominer, avoir des dossiers, bref. Rester populaire et les rabaisser quand bon me semblerait. Après tout, il fallait bien que je me trouve un moyen de me les mettre dans la poche ? Qu'ils me considèrent bien ou non. Assis dans ce bar entouré d'ami que je ne connaissais pas une heure plus tôt, j'avais mon air hautain, enfin un peu supérieur. Qui attirait pas mal de filles en fait ! Elles venaient se présenter les unes après les autres après avoir danser à cinq millimètres de mon nez. C'était... Humoui, agréable je dirais. J'avais quand même une préférence pour les filles qui n'avaient pas des lèvres vingt fois plus grosse que les mêmes. Car ensuite impossible de les embrasser comme un homme : mes lèvres se perdaient entre les leurs ! Grrr, trop désagréable. J'ai passé une main dans mes cheveux et je l'y ai laissée. Avec l'autre j'apportais mon verre au niveau de mes lèvres (puisque je parle de lèvres autant le faire à fond...), pour engloutir une gorgée de ce cocktail tout à fait inconnu à mes douces papilles.

Ce soir là, une fille est rentrée pas net dans le bar. Elle, elle venait pour se saouler, c'était plus qu'évident. Voilà encore un avantage à être intelligent comme ça ! On pouvait enfin comprendre que ce les gens comptaient faire sans faire le moindre effort ! Oh, je m'aimais tellement...
Par contre, j'étais incapable de savoir pourquoi, mais je ne pu m'empêcher de l'épier du regard et de faire attention au moindre de ses mouvements.
Un verre... Encore un autre... Et encore un autre... Avec un sourcil plus élevé que l'autre, j'ai du murmuré ça à voix basse tellement je le pensais fort. "Et ça, c'est le verre de trop..." Une fois de plus, j'avais vu juste. Il semblerait qu'elle manquait de tomber de sa chaise. Incapable de savoir pourquoi ce soir j'étais d'humeur généreuse comme ça, mais je me sentais d'aller l'aider. De la raccompagner. D'être quelqu'un de bien en fait ! J'avais tellement pas l'habitude faut dire...
En m'approchant d'elle, j'ai posé mes mains sur ses deux épaules pour la maintenir droite. "Ouh là, eh. Ca suffit maintenant." Lançais-je avec mon ton sec de tous les jours. "Moi c'est Téo, et ce soir, je fais exception." Je savais pas vraiment à quoi je faisais exception... Mais je le faisais quoi... "Je te ramène. T'as intérêt à te tenir un peu mieux par contre..."
Je crois que j'allais avoir du mal à la sortir de ce bar...

 Mon père. Comme toujours. Je ne le comprenais pas.
Il insiste de plus en plus pour que je rentre, alors que je vois clairement dans son petit jeu. Lui et ma mère m'en veulent, pour une chose que moi-même je n'avais toujours pas digéré.
Il m'arrivait de me réveiller en pleine nuit, pleine de sueur, après avoir revécu encore et encore l'affreuse scène. Ce n'était pas vraiment de ma faute, je n'avais que sept ans, mais c'est comme ça que je me sentais : coupable.
Est-ce qu'ils désiraient me rabaisser ? Me rendre encore plus mal ?
Peut-être que la réponse était au fond du quatrième verre que l'on me servait. Je le bus, avide, sans découvrir la moindre solution. Si ça se trouve, le prochain sera le bon, me dis-je, encore et encore, sans jamais trouver la moindre réponse.
Ce manège continua assez longtemps, et je me sentais de plus en plus loin, comme si mon esprit était allé se balader, laissant mon corps seul et abandonné.
Des mains se placèrent sur mon épaule, et Teo, c'est le nom avec lequel il s'était présenté, essaie de m'aider. « Je n'ai pas besoin d'aide ! » crachai-je. Et c'était vrai ! Je n'avais bu que quelques verres, enfin, je crois. Avec le plus de dignité possible, je retirais ses mains, comme si j'étais dégoûté, alors qu'elles étaient plutôt agréables ses mains. C'est peut-être l'effet de l'alcool. Enfin bref, à partir de là, je me mis à l'ignorer, tout bonnement.

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Madeline & Téo

Ah les filles... Toujours les mêmes. Ca en devient exaspérant. J'ai conservé mon sourcil sur-elevé, j'ai pris une chaise à côté d'elle. Levé le bras pour qu'on me serve un verre, et je la regardais d'un air pathétique jusqu'à ce que ça passe. Ensuite, elle reviendra plus ou moins (plutôt moins vu l'alcool qu'elle a déjà ingurgité) à la raison. Et c'est là que je fais ce que je fais jamais : je l'aide !
Oh eh puis, après avoir longuement soupiré de voir l'animal dans lequel elle était en train de se transformer, j'ai posé mon coude sur la table, et mon menton dans ma main. Mais pourquoi des filles qui ont tout pour plaire passent leur soirée à se mettre mal comme ça ?! Ca n'avait : au-cun sens. C'est dingue ! Si elle cherche à s'envoyer en l'air, fallait que quelqu'un lui dise qu'elle n'avait pas besoin de ça ! En la regardant j'ai lancé : "Ca y est ? On peut parler ?" je sais pas vraiment si c'était ce que je souhaitais. Disons que ça allait dépendre de sa manière de répondre, encore une fois. Et comme d'habitude, Téo le bavard ne pu se retenir. "Non mais en vrai ? Je pense pas du tout que l'alcool règle quoique ce soit. Enfin j'veux dire ! T'aurais mieux fait de te changer les idées en allant draguer un inconnu ! C'est moins nocif..." Ouh ça faut voir... Ca dépend du type... Mais moi je lui aurais fait aucun mal par exemple ! Ensuite faut juste bien choisir ces cibles, c'est sûr c'est mieux... Bon et ensuite faut le talent quoi ! "Allez, on va faire un tour ? Franchement ? Il fait super bon en plus pour un hiver..." lui dis-je en osant un petit coup de coude amical.

 Il s'assit à côté de moi, comme si ça allait changer quelque chose. « Non. Toujours pas, mais bien essayé. » Et soudain je me rendis compte que justement, je lui avais parler. Je mis ma main devant la bouche, prise dans mon propre piège. « Oh et puis tant pis. » C'est vrai quoi, je savais que j'avais l'air pathétique. Une fille qui boit pour noyer son chagrin, c'est pas joli-joli à voir et je devais probablement le dégoûter. Alors qu'est-ce qu'il faisait là, à me regarder comme si j'allais me mettre à danser partout en vomissant des paillettes ? À cette image, je me mis à rire, puis à pleurer. Il ne manquait plus que ça. Je ne l'avais pas encore remarqué, mais j'étais complètement défoncée. Je ne suis pas le style de fille à pleurer. Allons, ressaisis-toi, Madeline. « Ça résout mes problèmes... pour une nuit, et c'est justement ce qu'il me faut. Demain, j'aurais eu le temps de digérer ce qui m'est arrivé et je pourrais reprendre le cours de ma vie, comme s'il ne s'était rien passé. C'est toujours comme ça que ça se passe avec moi. » Je réfléchis et ajouta « Je suis en couple et même si j'adorerais draguer tous les inconnus du monde, j'adore mon copain, c'est dommage. » Mon rire qui suivit fut un peu hystérique et quand il me proposa de sortir, je cris « NON ! Je... je peux pas ! » Le sens des mots m'échappaient et j'eus du mal à articuler « C'est pas comme ça que ça doit se passer, tu dois me laisser ! » Le coup de coude fut de trop et en tombant, j'essayai comme je pouvais de me rattraper quelque part. Ma seule prise fut le gars de ma droite, qui m'attrapa de son mieux. En voyant son visage, je minaudai « Oh la la... T'es plutôt mignon toi... Mais bon, il va falloir attendre ton tour, mon copain n'a pas l'air de vouloir me lâcher, allez, salut et merci de m'avoir attrapé beau gosse ! » Je lui fit un petit signe de main et me remit tant bien que mal sur ma chaise. « Bon on en était où ? »

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Madeline & Téo

Ah mince... Ca semblait plus complexe que ce que j'avais imaginé au début. Si c'était le garçon qui l'avait quittée ça aurait été plus simple. Je suis tellement mieux que tous ceux qu'elle doit connaître... J'aurais forcément su faire la différence et elle serai passée au dessus de ça. Mais là, partagée entre le rire et les larmes ? Je connaissais pas vraiment encore. C'est cool, ça me faisait de l'entrainement !
Wow... je n'avais pas prévu que ce coup de coude la fasse tomber de cette façon là. "Bien rattrapé, Jane" Jane ? Tarzan ? bref, c'était la référence... J'ai pris mon verre, bu une gorgée, et décollé mon index. "On en était a... Ah oui !! Mais que c'est-il passé ? Je pose la question mais en fait je veux pas savoir. Ce soir euh..." Là il m'aurait fallut le prénom... "Mademoiselle, il ne s'est rien passé. On oublie tout ! Oui c'est pas possible nianiania... Mais si ! Je t'assure, tu vas voir. T'as déjà assez d'alcool j'te promets !" Et puis non. Avec l'introduction que je venais de faire je ne pouvais plus partir sans être touché dans mon ego personnel. J'ai pris cul sec de ce qu'il restait dans mon verre. Et toujours avec les yeux en décalés -à croire que je n'arrivais plus à regarder normalement ce soir...- Je lui ai tendu ma main tel un gentleman pour qu'elle me suive à l'extérieur. "Allez allez mlle ! Et puis si monsieur le copain vous aime si fort pourquoi il est pas encore là ?"

 Tout ce que ce garçon, Teo, me disait, me faisait rire. D'une façon niaise, certes mais ça restait un rire. J'essaie de le sortir de sa galère. « Madeline, je m'appelle Madeline King, enchantée. » Je parlais comme si j'avais le nez bouché, l'effet de l'alcool, sans aucun doute. Mais combien de verres avais-je bu pour être dans cet état ? Ce n'était pas si... grave d'habitude. « Je n'oublie jamais. Car qui songe à oublier se souvient. »
Je marquais un silence et ajoutais : « C'est une citation de Montaigne. » Lui qui avait voulu faire le malin avec ses références Tarzan (franchement puéril), je lui avais cloué le bec. Il but son verre cul sec, et je le regardai perplexe. Il voulait m'aider à rentrer chez moi en étant lui-même bourré ? Quelle drôle d'idée.
D'ailleurs, pourquoi tient-il tant à me raccompagner ? Je lui avais dit que je ne pouvais pas. Je suis censé passer la soirée seul, il ne pouvait pas s'incruster comme ça. J'avais déjà assez de problème pour en gérer un de plus. Sa dernière phrase me fit vaciller et je manquai de tomber. Je baissai la tête. « Il est pas là parce qu'il est certainement en train de culbuter sa sal*** de voisine. » Je chuchotais. Je n'étais pas très fière d'être fidèle envers celui qui me trompait sans remords. Et même si je n'avais pas de preuves... Je le sentais. Mais ça ne me touchait pas autant que ça le devrait. Je m'y suis habituée. Saisie d'une envie de rébellion, je pris le bras de Teo avec plaisir. « La vie nous laisse le choix d'en faire un accident ou une aventure. Et franchement, je serais laide dans une tunique d'hôpital non ? »

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Madeline & Téo

Madeline... Ah c'était pas mal ! j'aurais jamais pensé à un truc comme ça pour elle en plus. Ch'ai pas... Je voyais bien le truc du style... Sarah ? Jennifer ? hanwai Jennifer ! Pourtant je déteste ce prénom mais... Elle avait une tête comme ça !
Humpf ! Montaigne ! Oui bon d'accord... pardon... Je voulais pas sortir le grand jeu tout de suite faut dire. Oui non et puis qu'on se le dise, l'alcool n'a pas le même effet sur tout le monde ! Voilà ! Tss...
Je n'étais déjà pas spécialement en grand mouvement alors que l'on parlait. Mais lorsqu'elle m'a appris ce que son copain était probablement en train de faire, je me suis figé. A l'extérieur, comme à mon habitude, je n'ai absolument rien laissé paraître. Il fallait rester classe, en toutes circonstances. Mais à l'intérieur, ça donnait un truc du genre... QUOI ????????????!!!!!!!!! MAIS COMMENT C'EST POSSIBLE ?!!!! Bon je dis ça mais un bon paquet de mes coups d'un soir n'était pas célibataire. Elles avaient cas faire attention avant, ou bien ne pas crier le nom du copain en personne au lieu du mien ! Merde quoi. Enfin bon. Peu importait. Encore un mystère féminin. "Oh il me trompe ! Oh mais je l'aime quand même..." TU PARLES !!! Voilage de face moi je dis. Mais allo quoi, on ouvre ses petits yeux !
"Hum... Oui en effet... Ca t'aiderait pas beaucoup de te retrouver dans ce genre de tunique..." Tout fier qu'elle prenne finalement mon bras, je sais plus qu'elle bêtise j'ai raconté, mais on était littéralement morts de rire avant d'avoir franchi le seuil du bar. Une fois à l'extérieur, monsieur le bavard à recommencé... "Boooon alors ! Allez, on balance. Je déteste les Mather." On s'est regardés presque sérieusement avant d'exploser de nouveau dans un fou rire ! C'était tellement naz, et évident, qu'il n'y avait encore aucun dossier de balancé ou autre. "Non mais en vrai. Je déteste l'amour ! Et toi ?" Bon j'avais mes raisons aussi... mais ce soir on balançait !

 Les larmes coulaient de mes yeux. Certaines étaient versées à cause de mon copain, que j'essaie de piéger afin de le quitter devant sa faute, en regardant la culpabilité dans ses yeux. La plupart coulait parce que j'étais ivre et morte de rire.

Teo me parlait d'amour. Il déteste l'amour. Je le déteste aussi. L'amour faux que mes parents me portent par exemple. Je m'arrêtais et le regardais dans les yeux. « On a beaucoup plus de points communs que je ne le croyais... de la part d'un Eliot. » Je ris de nouveau. « Je t'avais déjà vu à Harvard, et ça se voit que t'en ai un. » lui expliquais-je. « Moi, je déteste les miroirs. Pas étonnant de la part d'une Cabot. » Je lui fait un clin d'œil et avisa le lampadaire droit devant moi. La lune était déjà haute dans le ciel et je voulais paraître belle et mystérieuse en tournant autour de ce même lampadaire.

Je fis la connaissance du sol, qui est froid et dur. Je n'avais pas prévu que l'alcool me fasse autant perdre l'équilibre. Quelle idiote ! Non mais quelle idiote! Et ça se dit Cabot. Une Cabot ne se ridiculise jamais normalement... Furieuse, je me lève et hurle contre moi-même, contre la lune, contre ce fichu lampadaire, contre Teo qui, je le voyais, se retenait (presque pas) de rire, contre tout le monde. « OH ET PUIS ON S'EN FOUT. J'SUIS MÊME PAS ENCORE UNE VRAIE CABOT. LES BIZUTS ONT LE DROIT DE FAIRE DES ERREURS MERDE! » Soulagée, je rejoignais Teo, avec un sourire, comme s'il ne s'était rien passé.

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Madeline & Téo

Hum ? Elle m'avait déjà vu ? Pas étonnant. On ne peut pas passer à côté de quelqu'un comme moi à Harvard, ou que quelqu'un qui appartient à la maison Eliot, sans nous remarquer.
Les miroirs ? En effet, rien d'étonnant non plus ! Moi en revanche je ne trouvais pas ça spécialement déplaisant.
Eh bien ! L'alcool avait inévitablement un effet triplé quadruplé tout c'que vous voulez sur elle ! Mais ça rendait la soirée encore plus drôle ! Et voilà qu'elle manquait de tomber... AH lala... Chose sûre du moment : je me souviendrai d'elle pendant encore biiiien bien bien longtemps. Voire même toujours ?

BI-QUOI ?!!!!! BIZUT DES CABOTS ??????!!!!!! Alors qu'elle me rejoignait j'apportais mes mains à mon visage qui devenait candide ! Ce n'est pas vrai ?! Elle, encore bizut ? Je fais jeune, certes, mais là ça restait dur à croire !! Puis mes deux index l'ont pointés. "Toi ?! Bizut ?! Mais !! Moi aussi !!!!!!!!! C'est dingue non ?!" Je n'en revenais pas ! Il faut croire que nous étions fait pour nous entendre. De bizut à bizut ! "Bon il évident que mon bizutage doit être bien plus costaud que le tiens... Après tout, on est les meilleurs ou on l'est pas." Lançais-je avec un regard provocateur et un léger coup de coude cette fois... Histoire qu'elle reste sur ces jambes ! L'incitant à le prendre par la suite. Puis nous continuions à progresser dans les rues de la ville beaucoup plus remplie que ce que j'aurais imaginé en semaine scolaire. C'était les soldes ? Voilà peut-être la raison ?
"Hum... A mort l'art contemporain ! C'est atroce. J'ai jamais un truc plus terrible que tout ce qui touche à ça !" Non mais qui peut trouver ça intéressant ou rempli d'un quelconque sens ?! C'était impossible ! Il n'y en a pas ! Aucune beauté rien. Non vraiment, c'est dégueulasse.
En continuant encore un peu notre marche nocturne, j'ai aperçu un vendeur de glace. "MADELINE !!!!! PAR CONTRE J'ADORE LES GLACES VIENS VIENS VIENS !!!" Il s'agissait d'un retour eme enfance instantané ! J'aimais tellement ça !!! Je n'ai pas pu m'empêcher, étant aussi donné l'alcool qui coulait dans mes veines, de devenir hystérique à l'idée de prendre une glace. Alors en m'approchant du petit monsieur qui faisait ça, j'ai lancé un lasso imaginaire sur Madeline. En faisant mine de le tirer pour la ramener vers moi. Et elle ne pu résister je crois ! Alors je l'ai prise dans mes bras avant de faire une moue d'enfant qui voulait que sa maman l'accompagne chercher de la glace et j'ai attendu une réponse. N'importe laquelle, tant que c'était positif ! Le fait qu'elle soit bizut m'avait tellement attendri envers elle...

 Quoi ? Lui aussi était bizut ? Quelle surprise. Je le vis d'un autre œil... Mais par contre, s'il pensait vraiment que son bizutage était plus dur que le mien... Il se mettait le doigt dans l'œil. « Il est aussi éprouvant que le tien, mon cher, car nous, soit on a l'attitude requise soit on ne l'a pas. » Il ne savait même pas toutes les choses auxquelles je devais faire attention. « Par exemple, il faut que je sois présentable à n'importe quel moment. Pas question de me voir désavantagée, ce serait un scandale, voyons. » Et je continuai ainsi, point après point, tout ce qu'une Cabot devait faire et être. Je savais évidemment que dans l'état où je me trouvais, je brisais probablement une bonne demi-douzaine de principes propres aux Cabots, mais tant pis.

Le bonhomme qui vendait des glaces finit par anéantir le peu de bon sens qu'il restait à Teo, qui me demanda, comme un enfant, si on pouvait aller en manger une ou deux. Moi je mangerai bien tout le stand. Il fit semblant de me lancer un lasso et me tira vers lui, je rentrai dans son jeu, amusée. Et dans ses bras, il me supplia. Il était trop mignon, je ne pouvais résister... Les prix me parurent bien trop chers pour une simple glace, mais je n'en laissa rien paraître et demanda « Quels goûts pour mon bizut préféré ? » Moi-même je regardai la liste de différents arômes et énonça « Bonjour ! Je voudrais une boule citron et une boule pastèque pour moi et... » Je me tournai vers Teo, lui faisant signe de continuer. Il me donna ma glace, que je commençai à lécher et attendit que Teo finisse de commander la sienne.

J'étais très fatiguée d'un coup, alors je parti m'asseoir sur un banc à proximité. Je m'affalas dessus et entreprit de manger. « Sans vouloir te vexer, tu as littéralement une moustache de glace. Elle atteindra bientôt ton front. » J'éclatais de rire, il avait rajeuni d'au moins cinq ans, ce qui était absolument irrésistible.