Calixte Jody Pearce - "La vie est trop courte pour se faire chier un samedi soir."

Jeune et con, c'était un peu la phrase qui résumait bien l'état d'esprit de Calixte lorsqu'elle avait 16 ans. Elle était dans une période à la con, elle ne pouvait pas s'empêcher de tout faire pour rendre ses parents dingues. Le look gotique, s'enfermer dans sa chambre en écoutant de la musique à fond, répondant, parlant mal, insultant tout le monde qui était contre elle. Bref, elle était en pleine crise d'adolescence. Si encore ça c'était juste arrêté à une petite rébellion, peut être que ses parents auraient pu accepter son tempérament, mais voir votre fille se faire ramener par les flics le soir à minuit passé alors que celle ci est totalement saoule ou défoncé, ça devenait de plus en plus pesant. Le pire dans tout ça, c'est que plus ils lui criaient dessus, plus ils la punissaient, et plus elle leur en faisait voir de toutes les couleurs.

« Merci monsieur l’agent de nous l’avoir ramené … une fois de plus »
« Hey merci dude ! A la semaine prochaine ! »
« Calixte !!! »
« Quoi ? J’ai mon abonnement ! En plus tu te poses pas la question de pourquoi il me ramène toujours sans broncher ? »
« Files dans ta chambre on parlera demain »
« Ouais ouais c’est ça ! A samedi prochain Mike, on terminera ce qu’on avait commencé … »

Un petit sourire malicieux, Calixte aimait bien semer le doute dans la tête de ses parents ; Ce qui avait commencé ? Rien du tout, simplement cet agent à la noix qui n’avait pas fini de lui prendre la tête en lui faisant la morale, mais c’était tellement plus drôle de laisser penser à ses parents qu’il avait pu se passer quelque chose entre elle et lui.


« Calixte t’étais où putain je t’ai cherché partout ! »
« J’étais avec des amies c’est bon, tu vas pas te la jouer comme les parents toi aussi »
« Tu pues l’alcool putain, mais c’est pas vrai ! Tu vas grandir quand bordel ? »
« Je suis jeune, je profite, tu devrais en faire de même »
« Ouais c’est ça, pour le moment vas te changer qu’on dirait une pute, on va à l’hôpital »
« Mais je veux pas aller à l’hosto ! »
« Nahélie vient d’avoir un accident elle est dans le coma »

Ce soir là, en rentrant chez elle et en se retrouvant nez à nez avec son frère, Calixte s’attendait à tout sauf à ça. Pendant deux semaines elle c’était relayé avec sa sœur, son frère et ses parents au chevet de sa petite sœur pour qu’enfin elle ouvre les yeux. C’est à ce moment là que Calixte a décidé d’arrêter de faire des conneries, de grandir un peu, de ne plus aller au-delà des limites. Voir sa petite sœur comme ça, ça lui avait fait un sacré choc. Un mal pour un bien comme on dit.



« Vous m’avez fait peur ! »
« On savait qu’on te trouverait là »
« On est venue te chercher pour aller manger, depuis quand t’as pas avalé quelque chose d’autre que de la peinture ? »
« Ah ah, très drôle Meg ! Je me fais livrer quand je viens d’ici »
« Non non, c’est pas ça qu’il faut lui demander… Depuis quand t’as pas eu de mec ? »
« C’est bon j’arrive, vous êtes vraiment des pestes ! »

Les jumelles étaient venus voir Calixte à l’improviste dans son atelier, et d’ailleurs elles faisaient partie des rares personnes à savoir qu’elle en possédait un. Aux yeux de tout le monde, Calixte était une étudiante plutôt modèle qui se passionnait pour la dentisterie et qui allait bientôt terminer ses études et avoir son propre cabinet à l’emplacement même où son père l’avait décidé. En réalité, elle détestait tout ça et elle aurait voulu vivre de sa passion. La peinture, c’était tout ce qu’elle avait toujours aimé et en faisant l’acquisition de ce petit local qui était devenu son repère, elle pouvait faire ce qu’elle aimait. Seul bémol, il ne fallait pas que soit son frère, soit ses parents puissent l’apprendre sinon ils seraient capables de brûler toutes ces toiles. Et pourtant, elle avait tellement de talent …


« Prêt à jouer ? »
« Toujours tu le sais bien ! »

Ca faisait un petit moment que Calixte assistait à de drôle de soirées. Au début, elle pensait juste qu’il s’agissait d’un regroupement de jeune artistes en herbe qui aimait parler d’art, montrer leurs œuvres, mais au fur et à mesure qu’elle devenait fidèle à ce genre de soirée elle a put accéder à plus, bien plus. Les artistes et la drogue vont souvent bon ménage, c’est souvent dans un état second qu’on peut trouver l’inspiration et ils en avaient fait leur mot d’ordre. Seules quelques personnes connaissaient les lieux de ces soirées, dans des usines désaffectées, des lofts ou encore des maisons de riches prêtés pour l’occasion. La drogue, l’alcool coulait à flot et il y avait tout autour des toiles de peintures. Calixte avait fait la connaissance de ce jeune homme, ce jeune artiste qui l’avait en quelque sorte initié à tout ça. Ils leur arrivaient bien souvent dans leur partie de boy painting endiablée de finir la soirée ensembles. Ici le mot d’ordre c’est Sexe, Drogue et Art.


« J’ai passé une trooop bonne soirée ! »
« J’imagine t’as encore de la peinture »
« Où ça ? »
« Sur le visage ! »

Heureusement qu’elle avait Sasha, ça colocataire, son amie aussi. Elle se doutait bien que Calixte passait de drôles de soirées. Elle lui avait déjà raconté une ou deux fois comment ça se passait, parlant aussi de ce jeune homme qu’elle pouvait rencontrer et de cette vie de bohème qu’elle touchait du bout des doigts. Peut être qu’un jour, elle parviendrait à dire à ses parents ce qu’elle souhaite réellement. Elle s’en fichait de l’argent, des commodités, tout ce qu’elle voulait, c’était être libre …


« Côme je dois te dire un truc ... Sasha est à l'hôpital, elle a eu un accident et elle a perdu la mémoire.»

Calixte ne pouvait pas vraiment lui en dire plus parce qu'elle même n'en avait pas compris plus. Elle savait que son amie avait perdu la mémoire, mais n'avait pas compris si c'était partiel ou total, si tout allait revenir ou pas. Ce qu'elle savait, c'est qu'elle devait le dire à son meilleur ami, après tout, ils avaient étés ensembles par le passé Sasha et lui, alors elle se voyait mal lui cacher un truc aussi important que ça. Peut être aussi, parce que au fond, elle aimait bien leur couple.