I want to know you better ◊ Ivy

Je n'en revenais toujours pas ... Je crois que j'allai avoir du mal à m'y faire. Moi qui pensais que j'étais fils unique, je venais d'apprendre que j'avais une petite sœur. Ne connaissant pas mon père, cela ne me surprenait pas trop. Un mec qui met une femme enceinte pour se casser ensuite. Mais quand même, apprendre du jour au lendemain que ma famille s'agrandissait et que cette personne se trouvait justement à Harvard.

Je l'avais appris par hasard en entendant le nom de son père alors qu'elle parlait avec quelqu'un. Ce nom je l'avais entendu une seule fois : dans la bouche de ma mère. Je savais donc que c'était mon père ...

Je ne lui parlais pas trop avant, à cette petite sieur, mais maintenant que je savais ça, j'avais envie de plus la connaître.
Je ne savais pas trop comment faire pour lui dire. Elle non plus ne devait pas être au courant.
J'avais profité de la classe de neige pour lui demander si on pouvait passer un peu de temps ensemble. J'avais prétexté que je voulais bosser sur une musique avec elle, la musique étant ce qu'elle aime le plus.
Je m'attendais donc tranquillement, espérant qu'Ivy accepte de venir.

Ivy devait se demander pourquoi je voulais subitement faire des projets avec elle et pourquoi je la contactais assez souvent. Je n'avais pas trouvé d'autres moyens pour m'approcher d'elle. Mais en faisant comme ça, j'avais aussi peur qu'elle me prenne un peu pour un pervers. Je devais trouver un moyen pour qu'on devienne de bons amis ou alors il fallait que je lui dise tout de suite. Mais je n'avais aucune idée de la façon dont elle allait réagir. J'avais peur en fait.
Au moins de cette façon, elle acceptait de me voir. J'y avais été juste un peu fort quoi .. Du jour au lendemain, il y a un gars que tu ne connais absolument qui veut passer du temps avec toi ...
J'étais au lieu de rendez-vous depuis 10 minutes et elle n'était toujours pas là. Ben voilà, j'avais gagné. A force de la harceler pour la voir, même si mes intentions sont bonnes, elle ne le sait pas forcément. A sa place aussi je douterais un peu.
Finalement elle arriva une minute après en s'excusant.
Salut Ivy ! Y a pas de soucis !
Aujourd'hui on devait écrire une chanson ensemble. J'avais déjà réfléchi au thème de la chanson. Une manière de lui faire comprendre ...
Nous nous installions et elle me demanda si j'avais des idées. Au moins on peut dire qu'on ne traînait pas avec elle.
Ben à vrai dire oui: j'avais une idée bien précise en tête. Je pensais faire une chanson sur un homme qui connaît une femme. Il se trouve que cette femme c'est sa sœur mais elle ne le sait pas. Il ne sait pas trop comment lui avouer et décide de lui dire en chanson... Je sais pas si c'est super clair...
Avec ça elle ne comprendrait pas bien sûr. Mais si jamais je voulais un jour lui dire que c'était ma sœur, j'avais un moyen si cette chanson aboutissait.

Ivy avait l'air surprise par le thème que je voulais aborder. J'espérai que ça allait quand même lui plaire. Le début de sa phrase me fit peur. En général, quand on commence sa phrase comme ça, ça n'annonce rien de bon.
Finalement elle me dit qu'elle était motivée pour travailler sur ce sujet ce qui me soulageait. Maintenant il fallait que j'arrive à dire ce que je ressentais. Est ce qu'elle avait compris que je parlais de moi quand j'avais mentionné un mec quelconque ou est ce qu'elle avait juste tourné sa phrase en me mettant à la place du chanteur ? Je ne pensais pas avoir dit que j'étais concerné.. Mais bon, si elle l'avait compris comme ça, je pouvais me lâcher pour dire ce que je ressens sans chercher à me contenir pour qu'elle ne se doute pas que c'est mon cas.
Elle sortit son cahier, prête à prendre des notes. Eh bien ! Elle était motivée !
Elle me dit de laisser parler mon cœur. Cette fois c'était sûr, elle savait que je parlai de moi.
Ben j'avoue que je sais pas trop quoi te dire ... Il fallait que je fasse passer mes émotions. Elle était bien gentille mais elle ne savait pas que justement, celle à qui je voulait avouer tout ça, c'était elle !
Bon ! Je pense qu'il y a plusieurs émotions à faire passer. La joie, de savoir qu'on est pas enfant unique, de savoir qu'il y a quelqu'un avec qui on pourra tout partager, les bonnes et mauvaises choses. La tristesse, quand elle passe à côté de toit sans même te remarquer, d'être près d'elle sans pouvoir lui dire. La peur, de lui dire, de la façon dont elle va réagir face à la révélation. Savoir si cela va vous rapprocher ou au contraire vous éloigner. L'envie, de passer du temps avec elle, d'apprendre à la connaître.
Elle avait raison. Cela fonctionnait. J'avais simplement dit ce qu'il me passait par la tête sans réfléchir, et j'avais réussi à exprimer ce que je ressentais.
Et toi ? Si tu étais cette personne, tu réagirais comment ? Tu aimerais qu'il te l'avoue de qu'elle manière ?
J'avais un moyen de savoir sa manière de penser. Mais j'avoue que j'avais un peu peur de la réponse.

Ivy m'avait écouté attentivement lorsque je lui avais parlé de mes sentiments et elle avait l'air d'avoir vraiment de la compassion pour moi. Cela comptait vraiment pour moi de lui dire et je voyais qu'elle voulait m'aider mais elle ne savait pas que c'était elle la concernée.
Le meilleur moyen pour moi de savoir ce qu'elle pensait était de lui demander, ce que je fis.
Elle voulait de la franchise. Plus facile à dire qu'à faire. Je voulais vraiment lui avouer mais je ne pouvais pas simplement dire: "Tu es ma sœur !" C'est bien trop direct ... Il me manquait vraiment du courage ...
Je respirai à fond et me lançai quand même:
Ben c'est toi ... commençai-je ma phrase. Mais c'était beaucoup trop direct, ça n'allait pas et je ne me sentais pas bien. Je continuai donc ma phrase au bout de deux secondes de silence. ... qui va m'aider à écrire cette chanson pour que je puisse lui dire ! Je souris.
J'étais pathétique ... Même pas le courage de dire deux mots à une fille pour régler tous les soucis. Ce qu'elle avait dit était vrai: cela nous ferait du mal à tous les deux si j'attendais trop. Cela aurait été tellement plus simple si on l'avait appris en même temps !

J'étais vraiment un idiot. Je l'avais balancé comme ça sans réfléchir. Je m'étais laissé emporter comme ça. Elle m'avait dit qu'elle voulait de la franchise, que ce n'était pas bon pour moi ni pour elle et je le savais. Ce n'était pas une raison valable pour le balancer comme ça.
Je pensais comme un idiot que la suite de ma phrase allait passer crème mais bien sûr elle le remarqua. Elle me demanda la confirmation. Maintenant que c'était dit je ne pouvais pas faire marche arrière. Je ne pouvais pas lui dire non. C'était trop bête. J'avais fait le plus gros du "travail".
Je n'avais absolument pas voulu que ça se passe de cette façon mais lancé pour lancé ... Je me levai et allai m'asseoir à côté d'elle.
Je ne savais pas si je devais la regarder ou non. Mais pour dire quelque chose d'aussi important ...
Je levai la tête et la regardai dans les yeux: Oui !
Ca y est. C'était dit !