only it's you got me feeling like this, oh why? (Silvia)

Au fond, Jacey s’en voulait de devoir rendre les choses compliquées, de venir demander des comptes à la pauvre Silvia qui n’avait rien demandé et qui avait cru bien faire en mettant un terme à leur relation qui n’aurait jamais eu de rebondissement puisque Jacey aimait Jade. Et ça resterait probablement ainsi. S’il avait envie de retrouver Silvia, il était peut-être temps qu’il comprenne qu’il ne pouvait pas tout avoir. Il soupira. Ca lui faisait de la peine ce que lui confiait Silvia. Elle n’avait peut-être jamais eu de chance avec les gars, mais son tour viendrait forcément. Il n’était question que de temps. Il secoua la tête, se pinçant les lèvres pour lui dire. « Je suis désolé que tu te sentes ainsi Silvia. » Parce qu’il n’avait jamais essayé de lui faire sentir qu’elle était la dernière roue du carrosse, ni même tenté de lui faire espérer plus, même s’il avait apprécié ce qu’ils avaient partagé, il allait de soi qu’il ne quitterait pas Jade. Pourtant il était persuadé que Silvia était une personne plus que bien, et il était persuadé qu’un jour elle dirait qu’elle avait peut-être attendu longtemps, mais qu’elle avait trouvé chaussure à son pied. Il n’y avait pas de doute pour lui, cette fille trouverait bien vite un gars qui la ferait vibrer autant qu’elle lui ferait tourner la tête. Jacey ne pouvait pas être cet homme-là, car celle qui avait ce statut pour lui, c’était la jeune Gauthier. Ce qui ne l’empêchait pas de la tromper visiblement, c’était là tout le paradoxe. Mais plus il discutait avec Silvia, plus il comprenait, qu’effectivement son comportement posait problème après deux ans de relation avec Jade, et qu’il était peut-être temps de s’en rendre compte et d’y faire quelque chose. Quand la danseuse lui demanda pourquoi sa copine se comportait comme cela avec lui, Jacey haussa les épaules. Bien sûr, il avait une petite idée sur la chose : elle ne lui faisait plus confiance depuis qu’elle avait appris qu’il allait rigoler avec Grace et qu’elle pensait qu’il fricotait avec elle. Mais ça, il se garda bien de le dire, parce que c’était surtout son propre comportement qui l’inquiétait. « Je sais pas du tout, en fait je comprends pas grand-chose ces derniers temps, je suis paumé, je sais plus ce qui se passe. C’est peut-être moi qui déconne aussi. » En fait, Silvia avait soulevé un problème important : la franchise. Il demandait à Jade d’être irréprochable alors qu’il ne l’était pas. Et c’était préjudiciable. Des explications s’imposaient, mais il craignait tellement de perdre Jade qu’il repoussait sans arrêt le moment de l’annonce fatidique. Il venait de dire qu’il ne voulait pas l’emmerder avec ses histoires de couple, mais finalement, c’était ce qu’il se passait. Silvia avait bien cerné le personnage qu’il était. Elle le connaissait plus que ce qu’il se connaissait en réalité. Jacey ne se concentrait plus sur la personne qu’il était devenu, et il était persuadé qu’il décevrait beaucoup de gens s’il leur racontait son évolution dans le mauvais sens. C’était un tort auquel il devait remédier. Ses yeux s’illuminèrent presque quand il avoua la teneur des sentiments qu’il avait pour Jade. Cela dit, il fit la moue à la fin de sa réplique. « Oui… Ca c’est vrai, je peux pas le cacher. Je l’aime vraiment. Mais je sais jamais ce que je veux faut croire… » Parce qu’il était au départ venu ici pour demander à Silvia de repartir comme avant, sauf que plus ils avançaient dans la conversation, et plus ce sentiment disparaissait, grâce à la jeune femme qui lui faisait prendre conscience que son comportement était intolérable. Il avait peur que Jade apprenne son infidélité, plus que ce qu’il ne le laissait penser, et soupirant, il lui répondit doucement, résigné : « C’est pas faux, Sil’… Je t’avoue, je préfèrerais qu’elle ne sache jamais rien. Mais on pourrait au moins rester amis ? Ou ça te serait trop compliqué ? » Evidemment, il voyait bien qu’elle se battait contre ses propres ressentis, et il s’en voulait de lui faire subir une telle chose. Elle n’avait rien demandé, tout était de sa faute, mais elle avait raison sur toute la ligne.