MAXWAN ✮ Nobody Said It Was Easy

Je clos mes pupilles un instant me laissant bercer par le vent qui assaille les murs du chalet. Étrangement ce bruit sourd à le don de m’apaiser. Alors allongé sur ce pauvre matelas, j’oublie qu’une amie chère à mon cœur est à quelques mètres en train d’élaborer un plan pour s’enfuir d’ici. Je sens une pression sur le matelas et ouvre mes yeux lorsque les doigts de Maxym viennent toucher mon dos. « Hé.. Tu me laisses une place ? En échange on partage la couverture. » Naturellement je me déplace pour laisser une place à la brune. Même sans le tissu, la chaleur due au rapprochement de deux corps réchauffe. Mon épaule se colle à celle de l’eliot, ne laissant plus aucun espace entre nous deux. La couverture recouvre à présent l’ensemble du lit. Il ne fait pas beaucoup plus chaud sur le coup, mais la présence de Maxym me fait du bien. Si c’est moi qu’elle cherchait à fuir tout à l’heure, maintenant ce n’est plus le cas. Depuis qu'on se connait il y a toujours eu ce fil invisible où se propage divers émotions. On se comprend, on se connait. Depuis le Housing Day, j'ai peur que ce fil soit dysfonctionnel, qu'il ne fonctionne plus que dans un sens. « Tu crois que les murs vont tenir ? » demandais-je en souriant. Mon but n’est pas de l’effrayer ou quoi que ce soit. Mon but est tout autre. Je veux la faire sourire à nouveau en ma présence. Cette complicité me manque trop.

En guise d’accord, Antwan lui laisse la place de se glisser à ses côtés. C’est ce qu’elle fait religieusement, en douceur, presque timidement ; recouvrant le corps masculin d’un bout de la couverture. Le lit n’est pas bien grand, et j’vous parle pas du confort. Mais être à côté du garçon la rassure, et fait cesser ses frissons presqu’instantanément. Ca lui fait penser à ces moments d’enfance, passés sous la couette à discuter. Ces errances adolescentes sous les étoiles. Son contact l’a toujours apaisé. Ca n’avait pas le droit de changer, ils n’avaient pas le droit de laisser ça arriver. Pas eux. « Tu crois que les murs vont tenir ? » Les billes sombres se tournent vers le visage d’Antwan, son sourire répondant au sien. Il est bien plus beau quand ses lèvres s’étirent. Elle rit doucement, lui donnant un petit coup de coude. « Arrête, commence pas ! » Elle n’a pas peur un instant, malgré le bruit que fait le vent contre la pierre. Quasi invincible à côté de lui. Max détourne ses yeux pour regarder le plafond, ses traits laissant place à un sourire malicieux. « Ca vaudrait peut-être mieux pour toi que les murs s’effondrent sur nous et qu’on retrouve plus ton corps. » Puis s’explique, lui jetant un regard. « Pire qu’une tempête de neige, une petite-amie jalouse. » Ca lui brûlait les lèvres depuis le début de la classe de neige. Hé oui, elle lit CS aussi Max, et n’avait certainement pas loupé l’information sur Antwan et sa rousse. Son comportement avec lui vous étonne moins maintenant ?
 

« Arrête, commence pas ! » Sourire sur les lèvres, je fixe le plafond comme si ce dernier était un drap projetant des souvenirs d'enfant. Faire peur aux filles m'a toujours amusé. Tout ce qu'il y a de plus masculins me direz-vous. Je n'ai pas épargné Maxym de cette activité. Et puis, c'était toujours agréable de la rassurer. « Ca vaudrait peut-être mieux pour toi que les murs s’effondrent sur nous et qu’on retrouve plus ton corps. » Mes sourcils se froncent. Je ne vois pas l'allusion de l'eliot. Alors je jette un coup d’œil vers la brune en attente d'une justification. « Pire qu’une tempête de neige, une petite-amie jalouse. » Elizabeth. Seulement je ne n'ai pas décroché un mot sur la rousse à Maxym. Puis, l'évidence me saute aux yeux. CS. Même plus besoin d'informer ses amis, Cambridge Secret est là. Elle est courant.. Je me sens bien idiot à présent. Lui parler de Lizie n'a pas été ma priorité ces derniers jours. Déjà que je dois me battre pour avoir Maxym à moi tout seul l'espace de quelques minutes.. « J'ai même pas le droit à des félicitations ? »

Bien sur qu'il ne lui a rien dit. Maxym préfère, je crois. Elle a pu (sur)réagir de son côté, ravalant un peu d'eau salée et énerver ses nerfs. Vaut mieux ça dans un coin discret d'un appartement, que devant ses billes inquisitrices. « J'ai même pas le droit à des félicitations ? » Il a de l'humour l'Antwan. Elle est bonne menteuse, c'est dans ses gènes. Mais s'extasier sur son nouveau bonheur tout mignon, elle peut pas. Sa voix déraillerait, ses yeux la trahiraient, même dans le noir. « Ca mérite vraiment des félicitations ? » Qu'elle lâche, ne quittant pas son plafond des yeux. C'est vrai, ça en mérite ? Surement, se mettre en couple c'est magnifique parait-il. De toute façon, McAllister n'aime généralement pas les copines de ses amis proches. C'est de la possessivité parait-il. Mais pas là. C'est plus que ça. Ca la rend triste, un peu. Et elle a envie d'arracher la perruque rousse de la VP des attardés d'Harvard, aussi, sans raison particulière. D'ailleurs, elle n'a rien contre les Lowells normalement. « Si t'y tiens.. Félicitations. » Autant lui faire avaler des épines. Elle tourne son regard sur Antwan, joue le sourire qui va bien, l'amie qui n'est qu'une amie. « Soyez heureux, toussa. » Puis oubliez-moi pour le mariage, merci.  

« Ca mérite vraiment des félicitations ? » Bien sûr que non, cette récompense est totalement ridicule. Après tout, se mettre en couple n'est pas une nouveauté. Tout deux l'avons déjà été et jamais des félicitations ont fusé. Au contraire. Pour ma part, je haïssais tous les mecs avec qui elle sortait. Pourtant, l'analyse du véritable ressenti de la brune se fait par ce simple mot : félicitation. « Si t'y tiens.. Félicitations. » Son regard vaguement posé sur le plafond se tourne vers moi. Elle sourit. Elle semble heureuse pour moi. Pourquoi est-ce qu'elle est contente ? Nan, c'est pas la réaction que ma logique avait prévu. Elle n'aurait pas dû prononcer ce mot. « Soyez heureux, toussa. » Des vœux de bonheur de McAllister.. Totalement illogique. Sincèrement je suis perdu. J'ignore ce que je dois penser des mots de la brune. Sincérité ou non. Je la fixe silencieusement, analyse ses traits. « Et t'es heureuse pour moi ? » que je demande curieux et avide de la comprendre. Qu'elle ne s'avise pas de mentir, cela ne prendra pas. Pas avec moi, ce type qui l'a aimé pendant des années et qui espère secrètement qu'elle soit jalouse.

Ben alors Wayans, on est pas content quand Maxym joue l'amie parfaite ? Celle qui fout de côté tout ce qui la bouleverse pour ne garder qu'un sourire de circonstance. Elle doit être heureuse pour lui. C'est son job. T'es heureux, donc je suis heureuse. Parce que j'veux que ton bonheur. C'est vrai, elle veut qu'il soit heureux, juste... pas avec quelqu'un d'autre. Y a pleins de pensées qui la traversent, pendant qu'elle raconte ses conneries. La demoiselle aurait voulu qu'il se venge, qu'il prenne une espèce de dinde qui ne servirait que pour lui faire payer ses années d'ignorance. Mais c'est pas ça. Lizie c'est pas le genre de fille dont on se sert, c'est le genre de fille dont on tombe amoureux. Max ne la connait pas, ne sait que ce que ses yeux voient d'elle, et ce qu'Aidan a pu lui conter, mais ça suffit pour savoir. Tu fais même pas partie du tableau McAllister, t'es totale hors course. « Et t'es heureuse pour moi ? » Qu'il lui balance, cruel qu'il est. Et elle, elle est juste prisonnière de son regard. Elle peut pas mentir, comme ça. Ni baisser les yeux. « Si t'es heureux, je suis.. » Pourtant Max essaye, mais garde ses lèvres entrouvertes, incapable de finir sa phrase. Elle est pas heureuse, non. « Je suis désolée, je veux pas te mentir. » Murmure de confession, ses billes solidement accrochées aux siennes. Ils se sont dit plus de secrets, plus de mensonges, alors elle ne continuera pas cette putain de phrase, même si ça fait d'elle une de ces amies indignes et que ça en dit plus qu'elle ne voudrait lui avouer.

Piégé. Elle l'est actuellement. Aucun moyen de sortir, que ce soit de ce chalet ou de mon regard. « Si t'es heureux, je suis.. » La brune s’arrête, bloqué. Sa bouche, alors encore entrouverte, décide d’arrêter le suspense en me murmurant ces quelques mots, « Je suis désolée, je veux pas te mentir. » La vérité. C'est celle là. Enfin McAllister a décidé d'être honnête. Enfin. Néanmoins, comme un idiot, je reste muet face au regard de l'eliot. Mon corps est frodoyé par d'intenses émotions, passant de la satisfaction à la peur. Satisfait du présent, peur de la suite. Pour parer à cette absence de mot mes pupilles décident d'étudier chaque centimètres carré du plafond. Cet unique moyen de fuir les perles brunes de Maxym et d’arrêter les battements bien trop rapides de mon cœur. En temps normal j'aurais affronté les mots de l'eliot, je l'aurais questionné du regard, j'aurais eu mes réponses. Maintenant, ça me parait impossible de croiser ses iris sans me rappeler les sentiments que j'avais pour elle. Que j'ai pour elle ? Ma tête va exploser. « Alors il faut que je sois seul pour que tu sois heureuse. » Je ris nerveusement. « C'est bien la première fois que j'entends ça. »

Obligée d'avouer, sous la menace d'un regard brun auquel elle ne sait mentir. Ou plutôt, auquel elle ne veut mentir. Maxym le sait, si elle simule en soutenant ses billes, alors ils ne valent plus rien. Pas le choix. Si tu tiens à lui, tu balances ce qui dévoile la vérité, même si c'est pour le perdre après. Même si c'est pour que tes traits se liquéfient quand il te fuit. Il aurait pu tout aussi bien quitter le lit et la planter là, c'est pareil. Elle reste interdite, l'observant de profil, lui qui s'est détourné pour lui préférer au-dessus. Voilà. Fallait s'y attendre en même temps. C'est pas pour ça que ça fait moins mal ceci-dit. Le silence, c'est pire que des questions, des reproches. Ca se brise un peu à l'intérieur, derrière la carcasse solide de l'Eliot, mais elle contient ça, pour la façade. Ne jamais montrer que l'autre a gagné, même quand vous agonisez. « Alors il faut que je sois seul pour que tu sois heureuse. » Sa voix comme un écho à la réalité. La crue, la moche, l'honteuse. « C'est bien la première fois que j'entends ça. » L'absurdité de la situation fait naître un sourire acide sur son visage défait. « Je sais.. » Elle admet, avoue. « Ca passera... je te promets que ça passera. » Comme lui, ça lui est passé. Comme un jour,  il a arrêté de l'aimer. « T'es bien avec elle Antwan ? Dit-moi que t'es heureux avec elle, et ça passera. » Si Lizie peut lui donner plus de joie qu'elle, alors Max l'acceptera. Un jour.

« Je sais.. » Tout est absurde. Sa réaction, ma réaction, notre amitié qui en prend plein la tronche. Jamais je n'aurais dû parler. Jamais je n'aurais dû l'aimer. C'était pas l'ordre des choses. C'était pas marqué dans le livre. Il n'était pas prévu non plus que mon coeur se serre quand mon amie avoue la vérité. « Ca passera... je te promets que ça passera. T'es bien avec elle Antwan ? Dit-moi que t'es heureux avec elle, et ça passera. » J'aimerai que trois mots suffisent à oublier cette mauvaise passe. « Je suis bien avec elle. » soufflais-je comme un dernier aveu. Ce n'est pas un mensonge, non, Lizie me rend heureux. J'en suis convaincu. Ce qui se passe avec elle est devenue important pour moi, la seule tache dans le tableau est Maxym. Sa réaction. Elle n'est pas contente pour moi et sincèrement cela m'attriste. Il est temps d’arrêter ce massacre. Je me redresse, hésitant, puis me lève pour rejoindre une fenêtre. Déplacement symbolique. Je n'ai rien d'autre à dire.  

Y a pas d'happy ending pour Maxwan. T'façon, c'est que dans les contes de fées que ça se termine bien. Dans la vraie vie, la fille lutte de tout son être, de toute sa fierté, pour ne pas réagir à un  « Je suis bien avec elle. », où le elle n'est pas.. elle. Elle avale les sanglots silencieusement, ceux qu'elle aurait dû laisser couler depuis longtemps. Un jour, Maxym sera heureuse pour lui, quand la douleur sera passé, quand son cœur aura arrêté de s'emballer. Après tout, c'est une promesse, et une McAllister tient toujours ses promesses. Surtout s'il s'agit de rassembler les débris de sa relation avec Antwan. Maintenant qu'elle sait. Si y avait encore un brin d'espoir de la part de cette optimiste convaincue, l'amoureux avait soufflé dessus comme on éteint la dernière flamme. Ne restait que la froideur d'un homme qui quitte un lit. Maxym remonte la couverture sur elle, se tournant vers là où il n'est pas.