Jamie ⊹ oh baby it's a wild world

Je savais pas trop ce qui m'avait pris de l'embrasser, mais c'était fait et c'était bizarre, malgré tout l'amour que j'y avais mis dedans, le baiser était froid. Jamie n'avait pas réagis tout de suite, le contraire m'aurait étonné. Au lieu de rester comme une conne devant lui, je préférais m'inviter dans ses bras pour me cacher du geste que je venais de faire. Cela ne me ressemblait pas, non, ce n'était pas moi mais une pauvre fille malheureuse qui essaye de récupérer son ex. Mais si je m'attendais à ça?! L'annonce de Jamie me brisa le coeur, oui là je le sentais vraiment. Je me reculais automatiquement en le regardant, les sourcils froncés. Ah tiens, il m'avait déjà oubliée pour se caser avec une autre! Haha, comme cétait drôle. Non j'suis pas en colère! J'étais maintenant dégoûtée de l'avoir embrasser. Pourquoi il ne me l'avait pas dit dès que j'ai ouvert la bouche? Je posais violemment mes mains sur son torse pour le pousser. Espèce de con! et encore, c'était faible comme insulte, j'avais envie de lui cracher toutes les saloperies du monde. J'avais mal, tellement mal, mais je me retenais de verser encore une larme. Je ne voulais plus verser une larme pour lui. J'en revenais pas, j'étais sidérée. Je m'approchais de lui en le pointant du doigt. Quatre mois putain! Je suis partie que quatre mois et t'as déjà trouvé quelqu'un d'autre pour me remplacer alors que moi, j'attendais désespérément le jour de mon retour pour TOI! c'était une mauvaise blague, une caméra cachée ou je ne sais pas. Je lui tournais le dos, j'essayais de me calmer. Je glissais mes mains dans mes cheveux en priant pour que je puisse sortir de cet horrible cauchemar. Je lui ai manqué? MON CUL OUAIS. Quel enfoiré. Je te... je te déteste Jamie Morrighan. T'es la pire douleur qu'on m'ait jamais infligée. je n'avais pas dit ça en le regardant, car j'étais pas sure de mes mots, j'étais tellement blessée. Je faisais quelques pas dans la pièce, je partais ou pas? Qu'est-ce que je devais faire à part rester plantée ici comme une conne? Non, je le détestais pas, pas vraiment. Je me détestais tout simplement.

Je savais qu'elle allait mal, très mal réagir. C'est d'ailleurs en grande partie pour ça que je ne le lui ai pas dit dès le début. Mais je ne m'attendais pourtant pas à ça. Il ne lui faut pas plus d'une demi-seconde pour se détacher de moi, me poussant au passage en m'insultant. Je secoue la tête en soupirant. Je n'ai pas envie de ça maintenant. Ca me peine de nous voir nous déchirer ainsi. Ce n'était pas la fin que je voulais. Son départ était à la limite une plus belle fin. Mais faut croire qu'on est sur le point d'avoir la rupture qu'on n'a jamais eu l'occasion d'avoir. En tout cas, c'est l'impression que ça me donne. Et je suis le premier surpris de voir que ça me blesse autant. C'est plus facile d'ignorer les choses, de passer à autre chose quand elle n'est pas là. Mais en l'ayant en face, c'est autre chose, et je me demande moi aussi si je n'ai pas été trop vite. Je n'ai pas cherché à la remplacer, je serais probablement toujours là à l'attendre comme un con s'il n'y avait pas eu Aby. Mais on était colocataires, elle m'a aidé à me remettre du départ d'Emma, et de vieux sentiments sont remontés à la surface. Ce n'était pas volontaire, j'ai rien demandé à personne. Mais je me vois mal expliquer ça à la mather. Je sais pertinemment qu'elle n'entendra que ce qu'elle veut entendre, que ce sera comme parler à un mur ou que ça ne fera qu'empirer les choses. Je reste là, devant elle, faisant mon maximum pour rester calme alors qu'elle me balance ses reproches. Jusqu'à ce que je puisse en placer une. " Et j'étais censé le deviner que t'allais revenir ? De ce que j'en savais, t'aurais pu être morte et enterrée ! Je suis supposé attendre madame patiemment, à m'inquiéter comme un con, alors qu'elle, ELLE, elle ne m'envoie même pas un message pour me dire qu'elle est toujours vivante! J'ai passé des semaines à tourner en rond, à faire n'importe quoi pour me changer les idées, essayer d'oublier que t'étais partie, pendant que toi tu ne te sentais même pas assez concernée pour ne serait-ce que me donner un signe de vie. Alors oui, j'ai fini par passer à autre chose, parce que j'ai juste fini par accepter l'évidence, toi t'avais tourné la page depuis longtemps ! " Je m'arrête à bout de souffle, ayant sorti tout ça d'une traite, sans lui laisser la moindre chance de m'interrompre. Et je dois dire que ça fait du bien de lui dire ce que je pense depuis un petit moment. Je te... je te déteste Jamie Morrighan. T'es la pire douleur qu'on m'ait jamais infligée. Je serre les dents alors qu'elle prononce ces mots. Elle arrive quand même à me faire sentir mal et à me faire culpabiliser alors que c'est elle qui m'a laissé. C'est le monde à l'envers. " Tu ne peux t'en prendre qu'à toi même. " J'essaie de me dire que j'ai raison, que le téléphone ça existe, même en Allemagne, qu'il y aurait eu pleins de solutions si elle avait juste pris la peine de me parler de ses problèmes. Je me répète que j'ai bien fait de passer à autre chose, qu'elle aurait très bien pu ne jamais revenir après tout. Oui, je me répète tout ça, pour essayer d'y croire. Parce que là, tout ce que je vois, c'est à quel point je l'ai blessée. Je n'ai pas de mal à imaginer comment elle risque de finir ce soir, par ma faute cette fois, alors que je m'étais promis d'être là pour elle, que je ne lui ferais pas de mal volontairement. Pourtant, avec tout ce que je viens de lui balancer, j'ai l'impression que c'est exactement ce que je suis en train de faire.

Je soupirais, car je ne savais faire que ça. Ouais j'avais merdé, c'est bon j'ai compris Jamie, pas besoin de me faire un récit sur ce que je lui avais causé. C'était trop tard, c'était fini, le mal était fait et on en souffrait tous les deux. La voilà enfin notre vraie rupture, causée par ma personne, sans vraiment le vouloir. J'avais tout gâché alors que j'étais la femme la plus heureuse dans ses bras. Jamie m'avait sauvé une première fois, mais ça ne sera pas le cas une seconde fois. Qui allait me relever? Est-ce que je pouvais y arriver seule? Est-ce que j'étais si forte que tout le monde pensait? Emma Müller, la warrior complètement folle au naturel, ce qui la rendait si attrayante et aimée de tous. Je n'étais plus la même. J'étais qu'une simple fille ordinaire qui ne connaissait plus ses valeurs et ses priorités. Sans Jamie j'étais déboussolée, je perdais le nord. Il était mon ancre, la source d'énergie où je puisais mes forces. J'allais devoir me démerder toute seule et ça me faisait mal putain. Je regardais un peu partout dans sa chambre pour voir s'il y avait un indice qui me prouvait qu'une fille dormait ici. Je ne voulais pas lui demander, mais autant tout savoir plutôt que douter. C'est Abygaëlle c'est ça? C'était ma première hypothèse étant donné qu'avec Jamie, on se s'était pas mis en couple si rapidement, on a pris plusieurs mois avant de s'engager. C'était pas un mec qui s'engageait si facilement dans une relation sérieuse. Cela ne pouvait être qu'elle, son premier amour si je me souviens bien. Depuis qu'elle était revenue, je sentais que ça allait mal finir. Mais d'un côté, je pouvais comprendre qu'on ne pouvait pas vraiment oublier son premier amour. Ça avait été mon cas avec Wade au voyage des mathers lorsque Jamie était partis en France. J'avais ressenti quelque chose de bizarre, mais malgré cela, j'aimais Jamie et je n'avais rien fait qui pouvait le blesser. J'étais blasée, épuisée de devoir me faire pardonner auprès de tout le monde. Je finis par regarder de nouveau mon ex. Je crois qu'il était temps que je m'en aille. Que je quitte cette chambre, que je quitte sa vie, que... non, je n'étais pas prête, je voulais pas. Mais je n'avais pas le choix. Je déglutis puis je mis mes mains dans les poches de mon pull. T'aurais du me laisser pourrir seule quand tu m'a trouvé dans cette ruelle. T'aurais jamais du me sauver, tout aurait été plus facile. et je le pensais sincèrement. Mais de là à regretter notre rencontre, je n'irais pas jusque là. Je baissais la tête puis je décidais de m'en aller en faisant claquer la porte. Vite, boire, boire, boire j'avais une grande soif tout à coup! Et fumer tiens, ça m'avait manqué. Peut être que Jeno avait encore ses petits pilules. Je serais prête à prendre n'importe quoi mais il fallait que je m'évade.

J'ai essayé de rester calme, d'écouter ce qu'elle avait à dire. Mais ça n'aura pas duré très longtemps. On a chacun beaucoup trop de reproches à se faire et de rancoeur l'un envers l'autre pour arriver à s'entendre aujourd'hui. Je suis assez déstabilisé quand elle me demande si c'est Abygaëlle. Je m'attendais à ce qu'elle ait de la répartie, qu'elle me balance tout ce que moi j'ai fait de travers. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle redevienne calme, et qu'elle me pose la question qui tue. J'avale difficilement ma salive et détourne le regard en lui répondant un simple " Oui. " J'ai peur qu'elle croit que nous deux, ça n'a pas compté, que c'était juste pour m'aider à oublier Aby, pour passer le temps ou je ne sais quoi. Ce n'est pas du tout le cas. J'aimerais le lui dire, mais je n'en ai pas l'occasion, elle reprend la parole avant moi. C'est à son tour de me blesser. Il faut croire qu'on est doué pour ça et qu'on connait nos points faibles. Me dire que j'aurais du la laisser et ne pas l'aider cette fameuse nuit, ça revient à me dire qu'elle aurait préféré ne jamais me rencontrer. Personnellement, même si je lui en veux, je ne regrette rien de notre histoire. Du coup, c'est un peu dur de l'entendre dire ça. Je ne sais pas si elle le pense vraiment, j'espère que c'est la colère qui lui fait dire ça. Et puis elle sort de la chambre, sans un mot de plus. En même temps, je crois qu'elle en a assez dit. J'hésite un instant à la rattraper, je n'ai pas envie que ça se termine comme ça. J'ai peur de ne plus la revoir après ça. Mais je la laisse partir, beaucoup trop sur les nerfs pour avoir un mot gentil maintenant, pour essayer d'améliorer la situation après lui avoir sorti ce que je viens de lui sortir. J'ai besoin de temps pour comprendre ce qui s'est passé, même si je sais qu'elle n'est pas bien et quel est son remède contre ça. J'essaie juste de me convaincre que ce n'est plus mon problème maintenant. J'essaie, oui, mais c'est pas gagné.