Champ de bataille ... rrrrrhhh !

Je venais de finir de manger un sandwich dans un pub de la ville qui nous recevait pour cet événement, ce matin les pistes de skis avaient été prises d'assaut, mais j'avais tout de même pu me frayer un petite chemin pour arpenter les pistes parfaites, neigeuses et magnifiques à travers les sapins. Pour ce qui était du programme pour l'après midi, je me baladerais un peu pour voir si je ne croisais pas quelqu'un qui pourrait égayer ma journée, qui sait sur un malentendu je pourrais tomber sur Minnie qui voudrait quitter Mickey pour moi, ou encore sur l'escarpin de Cendrillon, je comptais bien prendre mon avenir en main, reprendre ma vie comme elle se doit ... Chaussure de neige dans les pieds, j'arpentais les rues de la ville, avant de rejoindre un petit parc qui était recouvert totalement de neige; des enfants jouaient avec des boules ou à faire des bonhomme de neige, les grands faisaient de même, comme quoi Noël, la magie qui remonte le temps, te fait retomber en enfance. Soudain mon regard se posa sur une blondinette, son visage familier, sa silhouette, tout en elle me rappellait Chrissy, il fallait que j'en ai le coeur net, je m'approchais à pas de loup, le roi des forêts enneigées. A chaque pas, la conviction de son retour, ici devant moi s'éclaircissait, c'était bien elle, comme un gosse je me mettais alors à courir comme pour ne pas perdre encore une seule seconde pour la retrouver. Elancé dans un rythme infernal, je tentais de ralentir, mais trop tard je l'avais déjà prise dans mes bras, avant de me casser la gueule, nous nous retrouvions au sol, comme des cons, enseveli de neige, romantique au fond.

Non mais.. Pourquoi est ce que j'étais venue ici ? J'avais l'impression que tout se passait mal depuis mon retour, vraiment. J'faisais le tour pour m'excuser auprès des gens que j'avais laissée tombée mais.. Les choses étaient vraiment atroce. J'avais l'impression que la plupart des personnes m'en voulait tellement que jamais ça ne s'arrangerait et pour le coup, j'commençais à être un peu déprimée. En gros, c'était la lose total. J'avais même plus le courage d'aller affronter d'autre personne pour la peine. Non, je préférais rester traîner un peu partout en attendant que le temps passe. Fallait croire que j'aurais vraiment pas du revenir, j'aurais du me douter que les choses ne se passeraient pas bien. Quelque part, je le savais, mais en éternelle optimiste, j'avais bien sûr voulu croire que tout serait parfait. J'poussais un soupir entrant dans un petit parc et souriant bêtement en voyant des enfants jouer. C'était beau. L'insouciance tout ça. Tiens, j'aurais pas été seule au monde, j'serais certainement allée faire un bonhomme de neige, sauf que pour le coup, là, j'aurais plus l'air ridicule qu'autre chose. Et j'étais tellement absorbée par le spectacle que je voyais qu'au dernier moment qu'un mec me courait droit dessus. Il allait bifurquer au dernier moment non ? NON ? Et paf, la collision. Le taré venait de me foncer dessus me prenant dans ses bras alors qu'on s'étalait comme deux gros tas dans la neige. Mais même à moitié sonnée, j'arrivais à reconnaître Matthéo et j'pouvais pas m'empêcher de rire devant son comportement. « Manquerait plus que tu me roules une pelle et t'aurais fais la totale là. »

Non je ne m'étais pas arrêté en si bon chemin, le chemin qui me ramenait à ma meilleure amie, cette folle qui était partie trop longtemps à mon goût, j'avais même longtemps cru qu'elle ne reviendrais jamais parce que oui pas de nouvelles depuis son départ déchirant, je savais même pas pourquoi elle était partie et finalement revenue maintenant. Mais j'aurais tout le temps de savoir les raisons, du moins j'espérais qu'elle ne partirait pas de si tôt à présent, le drame serait : je reviens pendant trois heures et après je me casse, la mauvaise ! Allongés dans la neige, elle me parlait de pelle, qu'elle idée elle avait non je ne voulais pas la tuer et l'enterrer vivante, oui je faisais semblant de pas comprendre. Parce que tu mérites que je te roule pour te mettre en boule et t'enterres, oui tu as peut être raison, surement la seule chose qui pourrait assouvir ma vengeance de ton abandon ! dis je avant de lui taper un check, c'était bon de la retrouver, elle était fraîche comme avant, naturelle, ça faisait du bien, rien que sa présence me redonnait le moral. Tu es partie alors pour immigrer au Canada ? Quelle idée dans ta petite tête, il fait horriblement froid, tes seuls potes doivent être des pingouins quoi que si ils sont aussi cool que ceux de Madagascar ça peut être cool, même si ils peuvent pas être plus cool que moi !

C'était ce que j'aimais le plus dans la relation que je pouvais avoir Matthéo. Ce côté sans gêne. Parce que pour être honnête, je pouvais parler absolument de tout avec lui sans qu'il soit choqué une seule seconde par mes paroles et vice versa. Non, vraiment, c'était cool. J'adorais ça. Et le retrouver, je devais dire que ça faisait plutôt du bien. Surtout qu'à en voir sa réaction, lui au moins, il était heureux de me retrouver. Et bordel, j'avais tellement l'impression que personne ne l'était que je ne pouvais que me montrer heureuse à cet instant précis. Je l'écoutais me sortir sa phrase totalement hors contexte avant de lui balancer de la neige dessus. « T'oserais pas parce que je te manquerais de nouveau et que tu devras vivre avec ce geste affreux sur ta conscience tout le reste de ta vie. » Et hop, un check comme au bon vieux temps. Mon dieu, c'était fou ce qu'il avait pu me manquer pour la peine. Matthéo, c'était le genre de mec que tout le monde voulait avoir pour pote et comble de chance pour moi, c'était mon meilleur ami. « Détrompe toi, les pingouins c'est plutôt intéressant et je suis sûre que j'ferais ma vie avec l'un d'entre eux. » Je riais à nouveau me décontractant totalement cette fois ci. Tout semblait toujours beaucoup plus facile avec lui, allez savoir pourquoi. « Je t'annonce la bonne nouvelle du jour, je suis ici en tant qu'étudiante d'Harvard ce qui veut dire que je reviens et que je vais pouvoir à nouveau te coller 24/24 h. Alors, heureux ? »

Oui j'avais le don inégalable de ne pas comprendre comme il fallait les choses, j'étais toujours en décalé avec la réalité peut être parce que cela me faisait marrer de voir les autres en pleines désillusions. Pour le coup elle avait du me prendre pour un fou, même si je n'avais pas oublié sa proposition que je lui "roule une pelle" comme l'avait très bien formulé. Je ne sais pas comment je le vivrais .. mais on a qu'à dire que tu as raison je ne voudrais pas que tu rentres en dépression ... Et pour le roulage de pelle, tu me fais des propositions peu catholiques ! dis je en arquant le sourcils pour faire le regard charmeur et dragueur, qui n'aurait aucunes incidence sur notre relation, car notre vie à deux était faite sans gênes, nous pouvions tout faire sans jamais voir d'ambiguité. La révélation, elle allait se marier avec un pingouin oh merde ! Ah oui tu es si désabusé des hommes pour t'en remettre aux pingouins ... drôle de projet ... et ils parlent quoi comme langue, que je m'entraîne ! Oui après tout le wof wof je connaissais un peu, le beeeeehhhh moutonnier aussi, mais le pingouins que très peu ... elle pouvait pas me faciliter la vie, la miss ! Nous redressant un peu parce que la neige glacée dans le dos, c'était pas le top, assis, je la regardais faire sa déclaration, heureusement mon cul était bien au sol sinon j'aurais sombré face à son retour officiel. 24heures sur 24 tu es sûre ? Ah merde ! Finalement je vais t'enterrer ... Je me laissais alors à rire, en voyant sa tête se décomposer un instant même si elle en le prenait pas réellement au sérieux, car c'était tout simplement impossible !

Là, j'avais clairement l'impression d'avoir tentée de faire la pub de la maaf. Manquait plus que je mette à chanter le célèbre slogan et j'avais la panoplie complète. La grande classe quoi. Bref, c'était du grand n'importe quoi. Comme à chaque fois que j'étais avec Matthéo en fait mais je pouvais vraiment pas m'en plaindre. J'avais besoin de ça tout comme j'avais besoin de lui et bordel, c'était dingue ce que ça pouvait faire du bien de ne pas se prendre la tête pour une fois. Il allait vraiment falloir que je pense un jour à ne rester qu'avec lui. Ma vie serait beaucoup moins compliquée pour la peine. « Tu sais que j'adore ça. Et puis t'en rêve. Genre m'embrasser c'est ta passion numéro un, fais pas le choquée. Je sais que là, tu te retiens pour pas me sauter dessus. » J'esquissais un sourire pervers avant de me mettre à rire. C'était tellement pas crédible. Et de toute manière, même s'il le faisait, je savais que ce serait plus pour rire qu'autre chose. Zéro ambiguité quoi. Il ne se passerait jamais rien entre Matthéo et moi. C'était juste impossible. « Tout le monde devrait se mettre aux pingouins tu sais ? Et ils parlent pas. C'est ça qui est cool. Je peux me plaindre à longueur de journée sans prendre la moindre réflexion. Le paradis quoi. » Non mais sans déconner, c'était quoi ce délire là ? On parlait vraiment de n'importe quoi pour le coup. D'toute manière, un pingouin c'était muet, j'pouvais carrément pas imiter leurs bruit ou quoi que ce soit alors il allait se contenter de cette explication aussi débile soit-elle. « Comment oses tu ? » Je prenais un air faussement indignée avant de lui lancer de nouveau de la neige au visage. « Tu mériterais d'être lapidée pour oser dire de tel chose. »

C'était bon de la retrouver, je me sentais comme revivre en sa présence, c'était simple ... pas de prises de têtes pour des futilités comme il pouvait m'arriver d'avoir ces derniers temps, j'avais d'ailleurs eu ma dose pour un petit moment, entre les histoires avec Sally et Jorden, il fallait que je regoute à la vie sans embrouilles, zen et détendue. Elle me défiait ou quoi sur le coup, bien sûr elle savait que mon égo en prendrait un coup rien qu'à l'idée que je puisse être incapable de le faire, elle verrait bien ... Mettant alors ma main doucement dans sa nuque que je massais légèrement, je m'approchais d'elle avant de déposer mes lèvres sur les siennes d'un baiser passionnel, juste pour voir, pour jouer ... vraiment ? M'éloignant ensuite d'elle avec un sourire plein de malice, j'étais fier de moi sur le coup, elle voulait jouer ... elle allait perdre comme souvent, coriace comme nous étions, cela promettait des délires à venir. Ah oui tu peux les saouler sans que ça les fassent chier ... punaise faut que je devienne un pingouin alors .... Non mais qu'est ce qui va pas ma chérie ? Oui après tout si elle passait son temps à se plaindre c'est bien parce qu'elle avait quelques soucis. Et puis il fallait qu'elle me parle de son petit départ, de ce qu'elle avait fait et pourquoi finalement elle avait fait chemin inverse, mise à part l'idée que sa vie sans moi lui était insupportable, trop évident ! De la neige dans la gueule, acte 2, je crois que pour cette scène on était au point, même pas besoin de continuer à répéter. Tu as fais quoi alors pendant ces mois ? Je veux tout savoir !

Ou fouetté en plein milieu de la place public. Au choix. Mais il devait être châtié tiens. J'allais m'assurer personnellement qu'il soit puni pour cet affront. Ou pas. Ahem. J'avais parfois tendance à m'emporter un peu trop mais c'était pas de ma faute. C'était à cause de lui tout ça, il avait le don de détraquer mon cerveau en quelques secondes. Suffisait d'écouter les conneries qu'il pouvait raconter pour comprendre. Mon meilleur ami était vraiment pas net dans sa tête, c'était limite encore pire qu'avant même. La preuve était que là, d'un coup, il posait sa main dans ma nuque avant de m'embrasser passionnément. Werido. Mais toujours pas d'ambiguité non. Je lui rendais son baiser comme si c'était normal et qu'on était un parfait petit couple avant de rire aux éclats. Non mais ce mec, il m'impressionnerait toujours quoi. « T'es en train de dire que tu voudrais être un pingouin pour que j'arrête de te faire chier ? » Tristesse, c'était en train de me briser le coeur pour le coup. Comment osait-il dire un truc pareil ? J'étais l'amour incarnée, il avait juste pas le droit de faire un truc pareil. J'étais brisée quoi. « Tout vas bien. Enfin, tout vas mieux, t'inquiète pas pour moi. » Bien sûr que je lui raconterais tout mais avant de plonger des discours dramatiques, je voulais rattraper le temps perdu. Sauf qu'il ne semblait pas du tout de cet avis là puisqu'il continuait avec ses questions. « J'étais à Londres, dans un institut en quelque sorte. Pour me soigner quoi. Fallait que je remonte la pente. » Ok, j'avais peut être un peu honte de parler de ça.

C'est bizarre de la retrouver, de la voir là devant moi après toutes ses semaines à penser qu'elle était peut être partie pour de bon, et là pour nos retrouvailles je ne la lâchais pas d'une seconde, c'était du travail au corps. Enfin c'était le moins que l'on puisse dire car mon baiser avait été répondu par la jeune femme, comme si c'était NORMOL d'embrasser son ou sa meilleure pote, ces derniers temps j'embrassais un peu trop de personnes, trop de merde dans ma tête, c'était l'horreur. Non je retire ce que j'ai dit ... je crois que j'ai eu des vacances et maintenant j'ai besoin de toi prêt de moi ma petite Sisi l'impératrice ! Oui après tout elle était la meilleure, elle pouvait dominer le monde à elle toute seule, Alors qu'elle faisait de nouveau la moue, je la prenais dans mes bras tout en la serrant contre moi, sa chaleur contre la mienne ça faisait du bien, dans ce froid ambiant, nos coeurs se réchauffaient d'amour et d'amitié. Je te lâcherais pas de toute façon ... j'aime pas te voir comme ça, même mes conneries ne suffisent plus à te faire vivante Roseburry ! Elle voulait faire des énigmes, des petites réponses en suspens, je détestais cela en plus, mon truc à moi c'était les défis, mais les jeux des énigmes c'était toujours pour Maéva d'habitude, pas que je sois con, juste pas assez patient. Heu ... Beurk ... Oh ... Hiiiiii ! Smachhhh ! dis je en faisant le con avec ma tête, oui après tout si elle voulait jouer au jeu des énigmes moi j'excellais dans celui des onomatopées, en bon trisomique que je pouvais être quelques fois. Et tu en es où aujourd'hui ? Si tu reviens c'est que tu vas mieux hein ... Oui fallait qu'elle aille mieux, sinon je veillerais sur elle nuit et jour, c'était décidé, elle viendrait à la coloc à la rentrée, fallait pas qu'elle soit loin de mes merveilleuses ondes.

J'voulais pas avoir honte de ce genre de chose parce qu'au final, ça pouvait arriver à n'importe qui mais.. J'avais pas tellement envie de raconter le pourquoi du comment. C'était toujours difficile à placer que de dire qu'on avait passé plusieurs semaines pour les personnes souffrant de trouble. Parce que oui, la dépression était considérée comme un trouble. Tout comme l'anorexie d'ailleurs. Et même si maintenant j'allais beaucoup mieux, j'devais avouer que j'avais vécus un sacré calvaire entre les cachets, les insomnies et les rechutes. Alors non, j'étais pas vraiment fière de tout ça et je préférais le garder pour moi. Histoire que mon retour à Harvard ne soit pas affiché en grande pompe par CS qui ne se priverait pas de raconter tout et n'importe quoi pour me descendre. « Et promis je reste. A seule condition que tu vires ce surnoms débile de ton langage. » Non mais Sisi l'impératrice quoi. C'était juste affreux. Ça me donnait limite envie de me pendre quoi. Je pouvais pas vivre avec un surnom aussi atroce. Quoi qu'au final, c'était toujours mieux que Chrissy pussy la chatte en folie -et là je crédite Dorian-. « Je ne suis pas imitable Matthéo, t'aurais du te douter que rien ne pourrais remplacer ma présence. » Ouais, c'était la seconde, je m'envoie des fleurs. Et alors ? Je pouvais bien de temps en temps, c'était pas la fin du monde non plus. « Mais bien sûr, pour Noël, j'acheterais un traducteur comme ça je pourrais comprendre le débile que tu es. » J'éclatais de rire à mes propos avant de le serrer une nouvelle fois contre moi. Non mais sérieux, y avait rien de mieux que passer un peu de temps avec Matthéo. « Ça va, du moins assez pour qu'on me laisse revenir mais faut que je fasse attention à ne pas laisser mes anciens démons remonter à la surface. »