it's so weird ∞ rhys.

L'aurore boréale, ou le phénomène naturel le plus magnifique que je n'ai jamais vu. C'est d'une beauté à couper le souffle, vraiment, et je suis comme une enfant à la contempler. Assise sur un rondin de bois autour du feu de camp, un peu éloignée du groupe, je reste pensive. Beaucoup de choses trottent dans mon esprit ces temps-ci et j'ai du mal à faire le tri. Heureusement, je remonte la pente petit à petit et j'essaie tant bien que mal de ne plus penser aux choses qui fâchent. Je m'éloigne de toute source potentielle de me faire mal et ça a l'air de fonctionner pour le moment. Ce voyage en Laponie est certainement le meilleur moyen pour me détendre avant les partiels qui arrivent à grands pas et il faut admettre que ça fait du bien. Il fait froid comme jamais, on doit avoisiner les moins quarante degrés, mais on prend l'habitude finalement. Alors que je suis captivée par l'aurore boréale, je tourne mon visage vers le feu de camp, divaguant mon regard vers ma soeur. Enceinte. Je souris à cette pensée, ayant toujours du mal à me dire qu'elle va avoir un bébé. C'est tellement génial pour elle, et je suis vraiment heureuse d'être tata dans un peu plus de sept mois. Et là, mon regard tombe sur Rhys. Je déglutis. Je ne savais pas qu'il venait avant de le voir à l'aéroport. Et depuis notre dernière entrevue, je n'avais eu absolument aucune nouvelle. Il m'a vraiment blessé en coupant les ponts avec moi, mais on peut dire que je l'ai mérité, peut-être.. Je soupire légèrement, ne m'attardant pas trop sur lui car même si je crève d'envie de lui parler, Rhys m'a demandé de le laisser alors je m'exécute. C'est dur de le savoir si près de moi sans pouvoir faire quoi que ce soit, mais après tout, c'est la vie non ?

Après un long moment à bouder dans mon coin en me remettant de mes émotions que je croyais engloutit à tout jamais, j'avais fini par faire un break dans mes études pour revenir en Australie et retrouver mon père. J'avais besoin de me rapprocher d'avantage de mes amis et de ma famille, bien que celle-ci compte cette salope. Mais j'avais pris sur moi, et j'avais profité à fond de mes deux semaines pour me revigorer au niveau de l'esprit. C'était ma manière à moi de guérir et de grandir à ma manière. Accepter, petit à petit. Avaler la vérité et en prendre en subir les conséquences, bien que souffrance puisse en suivre. J'étais arrivé à être quelqu'un que je détestais. Je ne suis pas ce mec prise de tête, non, j'avais envie de liberté, j'en avais besoin. Je ne devais pas m'emprisonner avec toutes sortes de sentiments inutiles et qui peut vous détruire. Je voyais l'amour comme une faiblesse. Et je détestais l'idée même de pouvoir montrer que je l'étais. A mon retour à Harvard, j'avais appris pour ce voyage, et c'est tout naturellement que j'avais décidé d'y mettre les pieds. Le froid n'était pas la température que je préférais mais je devais avouer que le changement, ça ne pouvait que me faire du bien. La valise pleine à craquer d'affaire chaud, c'est ainsi que j'avais fais mon entrée dans ce territoire inconnue et hostile à première vue. Mais mon avis avait réellement changé en y passant du temps. Ce soir, c'était activité aurore boréale au coin du feu. C'est donc de cette manière que je m'étais retrouvé emmitouflé sous différentes couches de pull, une doudoune, une pantalon épais ainsi qu'une pair de botte ainsi que des gants. Je grelottais malgré ma place stratégique de me mettre près du feu. J'étais bel et bien un mec du sud, habitué à la chaleur. Là, c'était plutôt un choc thermique pour mon corps. Relevant les yeux un moment, je croisais le regarde d'Addison qui dévia automatiquement celui-ci. J'avais bien de la chance. Dire que j'avais réussis à l'enlever de mon esprit ! Mais dans un même temps j'étais bien con de croire que je ne l'a croiserai pas, elle est présidente des Quincy. C'était une évidence. Je soupirai, laissant alors une fine brume sortir de mes lèvres. J'étais pas sensé avoir dépassé tout ça ? J'étais pas non plus sensé ressentir une once de sentiment pour elle, et pourtant.. Je n'avais pas encore réussis à tout oublier. Quel emmerde. Je ne comptais pas aller lui parler, après tout, on s'était mit d'accord sur le fait de ne plus avoir aucun contact. J'étais nul pour faire semblant. Un très mauvais acteur même. Fouillant mes poches, mes mains rencontrèrent un bout de papier en plastique je jeta alors dans les étincelles enflammés devant moi. Du moins, j'en avais eu l'intention puisque ce bout de détritus avait volé jusqu'aux pied de la jeune Quincy. Oh. Non. Quelle poisse. « Tu peux le jeter sil te plaît ? » Dis-je avec calme, alors que je me sentais tout bonnement stupide.

Ne plus voir Rhys pendant quelques semaines avait été bénéfique. Cet éloignement m'avait permis de penser à autre chose et d'essayer d'oublier son visage, et je pensais que ça avait marché. Seulement, le revoir ici, en Laponie, c'est plus difficile que ce que je croyais. Il n'a pas changé en tout cas, et il est toujours aussi beau. J'ai l'impression qu'il m'évite de toute manière, alors ça ne sert à rien d'aller lui parler pour qu'il soit froid et distant. A priori, il est facilement passer à autre chose et le fait qu'il coupe les ponts avec moi n'a pas eu l'air de le déranger plus que cela. Tant pis, je dois bien m'y faire moi aussi. Pensive, c'est sa voix qui me fait revenir à la réalité. Je relève mes yeux vers lui et plonge dans son magnifique regard. Il parait toujours aussi distant, et quoi que j'en dise, ça me fait mal et j'aimerais que notre amitié se reconstruise.. si seulement c'était possible. Rhys me demande si je peux jeter un bout de papier, je ne comprend pas trop ce que ce fichu morceau de papier fait ici mais je l'attrape et le jette dans le feu. Soudainement gênée, je ne sais pas trop quoi dire face à cet homme qui m'a abandonné il y a quelques mois. « Voilà. » dis-je d'une petite voix, bras croisés. Je trouve que l'atmosphère entre nous est complètement enfantine et je n'aime pas cette situation. Je prend mon courage à deux mains et j'ose relever mon regard vers le jeune homme. Après tout, il m'a manqué et j'ai envie de prendre de ses nouvelles. « Alors la Laponie te plaît ? »

« Voilà. » Plus bref, ça ne doit pas exister. Même si j'avais pu paraître froid aux premiers abords, je ne m'attendais pas à une réponse aussi rapidement expédiée. Mais je devais avouer que je l'avais tout de même bien mérité. En y repensant, c'est moi qui avait foutu une emmerde dans notre relation en commençant à ressentir des sentiments, mais une question me brûlait toujours les lèvres et me torturais l'esprit. Avait-elle trouvé ce qu'elle cherchait ? L'avait-elle choisis ? J'étais pathétique à ressasser tout ça mais je ne pouvais m'en empêcher. Je voulais savoir si je ne m'étais pas éloigné d'elle pour rien. Enfin, je ne l'avais de toute manière pas fait inutilement. A quoi bon se faire du mal en restant près d'une personne qui ne ressent pas la même chose pour vous. C'est esquintant et réellement gênant. « J'ai pas l'habitude du froid mais on s'y fait. Et toi ? » Demandais-je en étant tout de même surpris, moi qui pensait que la discussion tournait court, je me trompais. Je relevais donc la tête timidement en cherchant une fois de plus son regard orangé que je trouvais bien évidemment en face de moi. Je ne savais plus vraiment comment me comporter en sa compagnie. J'avais pris l'habitude de l'ignorer et de m'éloigner d'elle. Je n'avais donc pas prévu de la croiser de sitôt et surtout pas pendant le voyage.

Le fait de se comporter comme des étrangers, ça me fait mal. J'ai déjà vécu ça il y a quelques semaines avec Valentin et ça m'a complètement brisé. J'en ai marre de perdre tous les hommes à qui je tiens, ça devient vraiment difficile à encaisser. J'aimerais pleurer et me vider complètement de tous mes problèmes, mais je ne peux plus craquer devant Rhys. Il a pris une décision, qu'il en soit ainsi. Je suis un peu froide envers lui, mais ce n'est pas volontaire, j'ai juste peur de souffrir encore une fois. Bien entendu, je sais que moi aussi, j'ai dû lui faire mal et c'est ça qui me brise le coeur. J'engage tout de même la conversation, en tant que bonne présidente, c'est mon rôle non ? C'est quand même Dorian et moi qui avons organisé ce voyage, je me dois de demander aux Quincy si le lieu leur plaît. Apparemment, Rhys a l'air d'apprécier et j'esquisse un petit sourire gêné. « Moi non plus à vrai dire. » répondis-je en référence au froid, car au Mexique, il ne fait jamais moins de dix degrés l'hiver. « Sinon ça va, j'ai fait quelques visites et j'ai adoré. » répondis-je en haussant les épaules, n'osant pas lui poser des questions sur ses deux semaines d'absence. J'espère juste qu'il va bien.

Je n'étais clairement pas à l'aise, même si je voulais montrer le contraire devant elle. J'étais sensé réagir de quelle manière d'ailleurs ? Je m'étais fixé une limite que je venais tout bonnement de franchir sans m'en rendre compte parce que je trouvais ça banale. Du moins, même si au fond de moi une légère douleur subsistait. Peut être était-il temps de tourner la page et de se comporter en adulte ? D'arrêter de bouder ? Je me devais de me comporter comme un homme, et subir un quelconque rejet faisait partie du jeu qu'était la vie. Disons que j'espérai que cela me serve une fois de plus de leçon. Même à mon âge on ne cesse pas de grandir. Je me suis pas encore essayé aux visites.. Mais je pense essayer le ski avant la fin du voyage, si j'y arrive. Dis-je en émettant tout de même un léger doute sur mon exploits à réussir du premier coup. La course, la natation, le surf, j'étais relativement performant dans toutes les activités sportives, et pourtant, en voyant la neige et les montagnes à dévaler, j'avais un léger doute. Mais bon c,'était excitant de se dire que je n'avais pas encore tout pratiquer dans ce vaste monde.. Attend, on peut faire du ski en Laponie ? J'haussais les épaules en me promettant d'aller chercher sur google à notre retour au pays. Me rapprochant d'autant plus du feu, je continuais la discussion. C'est venue comment la Laponie ? Je veux dire, c'est assez drôle comme endroit. C'est pas ici que le père Noël habite ou un truc dans le genre ? Demandais-je en me rappelant soudainement ce genre de conte que j'adorai écouter quand j'étais enfant. Quelle douce mélodie que d'entendre ce genre d'histoire. Quelle belle époque. Ca va ? Finis-je par dire en reportant mon regard bleuté sur elle, car oui, ça m'intéressait. Comment se sentait-elle à présent ?

Si mes souvenirs sont bons, Rhys est un gars du sud, et ça ne m'étonne pas qu'il ne supporte pas trop le froid. Je suis un peu comme lui dans un sens, car venant du Mexique, je ne me sens pas dans mon environnement là. Quand j'avais déménagé à Cambridge, j'avais déjà eu du mal avec le climat alors en Laponie.. je ne vous en parle même pas. J'esquisse un petit sourire quand Rhys m'avoue qu'il va s'essayer au ski. De mon côté, ça n'a pas donné grand chose, mais espérons qu'il s'en sorte. « C'est clairement pas mon truc en tout cas. » dis-je alors, me détendant un peu face à cet homme pour qui j'avais eu des sentiments. Je pense que je n'en ai plus à présent, même si le revoir me donne un petit pincement au coeur. Nous nous étions quittés en mauvais termes et mine de rien, ça m'avait énormément affecté. Il me demande ensuite comment cette idée nous est venue à l'esprit. Je hausse les épaules en rivant mon regard vers l'aurore boréale toujours aussi parfaite. « Oui c'est bien l'endroit où vit le Père Noël. On a même fait une sortie y'a deux jours dans son village, c'était top. » J'avais l'impression d'être retombée en enfance quand j'avais mis les pieds là-bas, mais ça m'a fait beaucoup de bien aussi. Je me crispe à nouveau quand il me demande si ça va. Je sais parfaitement où il veut en venir et à vrai dire, je ne sais pas quoi répondre à cela. « Je.. Oui oui ça va. Tu m'as manqué. » Je n'aurais peut-être pas dû dire cela mais j'en avais terriblement envie, et il faut croire que les mots ont dépassé ma pensée.

Un peu rêveur sur le moment, je me souvenais alors de ma première glisse et de ma belle gamelle avec laquelle j'avais accompagné quelques personnes malgré moi. J'étais pas doué, pas dans ce sport et je détestais cette idée. En outre, j'avais décroché de la discussion jusqu'à ce qu'elle m'avoue que je lui manquais. Mémoire sélective quand tu nous tiens, j'étais persuadé qu'elle me frapperait si elle pouvait s'introduire dans ma boîte crânienne. Je levais les yeux sur elle, en me mordant fortement l'intérieur de ma joue. « Tu me manques énormément aussi. Pourquoi on a foutu tout en l'air sans déconner ?  » Répondis-je en grimaçant. Pourquoi J'AVAIS tout foutu en l'air oui, c'était mieux dans ce sens, non ? Elle avait juste subit en somme et puis je préférais arriver sur le vif du sujet au lieu de tourner en rond ou bien aboutir sur une conversation carrément stérile. « J'aurai pas du m'attacher, c'était puéril ma réaction. Je suis désolé. » Je ne pouvais pas faire plus honnête pour le coup. Et puis j'en avais ras le bol de tourner en rond, il était grand temps de se dire les choses. Et peut être recoller les morceaux ? J'en avais aucune idée mais je voulais lui prouver que j'avais tourné la page.

Et là, je relâche tout. Je m'autorise enfin à respirer une fois qu'il m'a dit que je lui manquais aussi. En réalité, je ne sais pas comment j'aurais réagi s'il m'avait dit l'inverse. Peut-être que ça m'aurait brisé le coeur qui sait. Je tiens à lui, c'est clair, et même si nous ne sommes plus aussi proches qu'avant, j'aime entendre ça de sa part. Ça me prouve qu'il tient quand même un peu à moi. Mes prunelles noisette se posent sur lui, et j'esquisse un petit sourire, me mordillant la lèvre. « Je.. Je sais pas. » dis-je d'une petite voix, gênée par la situation actuelle. J'aimerais le prendre dans mes bras et tout oublier, mais je ne peux pas, c'est bien trop déplacé. Il admet ensuite qu'il n'aurait pas dû réagir ainsi, et j'acquiesce, ne disant pas un mot de plus. Je suis contente qu'il s'excuse, ça m'enlève un poids, vraiment. « Et puis tu sais.. Je suis même pas avec Valentin. » Et oui, donc ce fameux choix de couper les ponts n'était sûrement pas le bon. Peut-être que si j'avais foncé avec Rhys, on serait heureux tous les deux maintenant ?

Fallait que je sois à l'autre bout de Harvard pour enfin avoir le courage de m'excuser, de tourner la page et de me conduire enfin en adulte. J'avais tellement honte de moi à ce moment-là, tellement que je fuyais le regard de la jeune femme. J'étais comme un petit garçon qu'on aurait grondé et qui n'aurait pas le cran d'affronter me regard de ses parents sauf que dans ce cas là, j'étais de la fille dont j'étais amoureux. Dont j'avais été amoureux, aujourd'hui je ressentais toujours la flamme, mais je préférai la faire taire une bonne fois pour toute, pour cette fois vivre une amitié platonique. J'avais sans doute un peu trop abusé de sa gentillesse, maintes et maintes fois. « Bref, tournons la page. J'ai besoin de pouvoir te regarder de nouveau dans les yeux et qu'on redevienne les amis que nous étions. » Techniquement, c'était beaucoup plus difficile que cela étant donné que nous avions été amants, et qu'un lapse de temps nous avait séparé. Mais essayer de coûtait rien. A sa petite indication sur Valentin et elle, je relevais la tête intrigué, presque surprise. Peut être que c'était mieux ainsi d'une certaine manière, je n'étais pas encore prêt à la voire avec un autre, bien que ce sentiment soit vivement égoïste. « Oh.. » Dis-je en ne sachant que dire devant une telle information. « J'ai donc fait tout ça pour rien.. ? » Dis-je en grimaçant avant de sourire, en détenant soudainement l'ironie de l'histoire. « Et bien sache que.. je suis là.. si t'as besoin ? » C'est ce qu'un ami faisait non ? J'étais toujours assez distant avec elle, mais c'était uniquement à cause de cette atmosphère assez bizarre et qui avait le don de me mettre légèrement mal à l'aise. Je devais dépasser ça, et j'étais persuadé que j'allais y arriver rapidement. Pour Addison.