Our own Thanksgiving - Feat Jeno

C'est avec un grand sourire que j'avais commencé à prendre le bras de Jeno pour lui dessiner une pure oeuvre d'art. Un grand sourire qui ne me quittait presque plus, depuis que je recommençais à croire en moi, et en mes capacités. J'avais traversé une période difficile après l'abandon d'Esteban, j'avais perdu toute confiance en moi, j'avais perdu mes petits rires quotidiens, mes conneries, bref je m'étais perdue moi-même, au fond. Et là, je recommençais à me retrouver. Je me levais le matin avec envie, et j'avais au fond l'impression que l'homme à mes côtés ce soir n'y était pas pour rien. Je ne voulais pas retomber dans le panneau, Olympe la bonne poire qui se fait avoir, mais j'avoue que je commençais à me laisser aller à ses côtés, comme maintenant : assise en tailleur, extra concentrée sur mon dessin, chose que je ne ferais jamais en présence d'un parfait inconnu, ou même une personne à qui je veux renvoyer l'image sérieuse et parfaite de la Jones en moi. Jouant avec le bouchon entre mes lèvres, je réfléchis un moment au dessin que je pourrais faire sur la peau à ma portée, et je trouvais finalement. Je traçais les traits, appliquée, oubliant même à qui appartenait le bras que je tenais entre mes mains. Les oreilles, sans bouger, pour pas me louper.. oui, j'étais pas trop déçue de mon dessin, jusqu'à ce que je loupe totalement mes pattes. Je fronçais de nouveau les sourcils, tentant de rattraper avant de fermer le bouchon du stylo que je tenais dans les mains. J'allais m'expliquer et m'excuser pour la fin étrange de mon magnifique dessin, lorsque je sentis une main sous mon menton. Levant immédiatement un regard surpris vers Jeno, incertaine sur ce qu'il faisait, et pourquoi il le faisait, je n'eus pas le temps de poser des questions, et des réfléchir à ce que j'aurais aimé qu'il fasse, puisqu'il m'embrassa. Comme ça, il posa ses lèvres sur les miennes, sans prévenir, et à vrai dire sans que je m'y attende. Je restais figée quelques dixièmes de seconde, sans bouger, les yeux écarquillés, peinant à réaliser. Ce n'est qu'en sentant sa main froide glisser doucement dans mon cou que je compris, il était en train de m'embrasser. Sentant que si je commençais à réfléchir j'allais paniquer, je me contentais de fermer les yeux, profitant de sa sensation. Laissant mon corps me guider, je me redressais légèrement pour à mon tour glisser une main contre lui, sur sa clavicule. Mon coeur allait sûrement exploser tellement j'avais franchit le nombre de battements par minute recommandés, et les noeuds de mon estomac allaient me tuer, mais j'en avais rien à faire en fait. Reculant tout doucement, les yeux toujours fermés, comme pour ne pas regarder la réalité en face - il m'avait embrassée et non seulement je l'avais laissé faire, mais en plus je m'étais presque jetée sur lui à mon tour !- passant ma langue sur mes lèvres. Okay, je devais trouver un truc à dire pour éviter le moment gênant. Me raclant la gorge, les yeux toujours fermés, je me mordis la lèvre en avouant : J'ai loupé le lapin sur ton bras. Je suis pas douée pour les moments comme ça.

Je m'étais promis de ne plus me laisser tomber dans le panneau des hommes : j'avais décidé de me tenir à distance de toute forme de douceur et d'affection pour éviter de me retrouver encore une fois en bas de la pente, à devoir faire des sourires en plastique à l'ensemble du monde. Et pourtant, je n'avais ressenti aucune panique due à ça en sentant ses lèvres sur les miennes. J'aurais habituellement été paniquée, mais depuis quelques semaines j'étais un peu plus zen, pas beaucoup, mais au moins, je n'étais pas tombée dans le pommes, je n'avais pas piqué de crise et je ne l'avais pas repoussé, j'avais juste profité, repoussant les questions qui me venaient à l'esprit. Et putain, c'était agréable. J'avais des picotements dans les lèvres où ses lèvres les avaient touchées, j'avais les joues teintés légèrement, et j'avais surtout l'impression d'être sur un petit nuage, bonjour le cliché. Je préférais du coup, pour me laisser le temps de réaliser ce qu'il venait de faire, de parler de mon dessin loupé. Parce que sous le coup de l’adrénaline, j'étais ravie et comblée, mais j'avais l'impression qu'il fallait réfléchir avant de me relancer dans tout ça. Déjà, est-ce qu'il avait fait ça comme ça, sous le coup d'une pulsion? Est-ce qu'il y avait déjà pensé, comme moi je l'avais presque -ou un tout petit plus que presque- fait? Ouvrant les yeux doucement en l'entendant s'éloigner, je mordillais ma lèvre en le suivant du regard, le remerciant mentalement pour ne pas être vexé par ma réaction. Peut-être qu'il s'attendait pas à ça, mais clairement il ne fit aucun commentaire désobligeant, le montrant attentif, malgré tout ce que le peuple pouvait dire. Me levais à mon tour, je repris ma manette, laissant le feutre sur le canapé que j'avais quitté : LA MACARENA ! criais-je en voyant le nom défiler alors qu'il cherchait une chanson à mettre. Appuyant sur son pouce avec un sourire innocent pour qu'il la sélectionne, sans lui laissant le temps de réfléchir, je me préparais pour la chanson en lui jetant un petit coup d'oeil sur le côté. Merde, il venait de m'embrasser. Et re-merde, il allait tout faire à cloche pied.

J'avais été plus rapide que Buzz l'éclair pour venir choisir la musique que je venais de voir apparaitre en bas de l'écran : la macarena, j'avais envie de m'éclater, puis c'était fun à danser. J'avais réalisé après que pour lui à cloche-pied, ça allait devenir de la pure torture, mais trop tard.. Je ris et je secouais la tête, pour le contredire : ce n'était absolument pas dans mes plans de le faire passer pour un loser. "N'importe quoi, je te permets d'extérioriser ton talent fou de danseur tu devrais me remercier plutôt ! " Hum bon, peut-être pas jusqu'à me remercier, parce que déjà rester à cloche pied c'est dur, mais alors là.. J'ai été vache. Mais tant pis, j'ai pas la tête à m'en vouloir, mon subconscient restant fixé sur la chaleur encore présente sur mes lèvres. Reprenant mes esprits dès le départ de la musique, je commençais à danser comme le petit bonhomme sur l'écran, plus ou moins en rythme, me mordant la lèvre pour ne pas exploser de rire en le voyant galérer, littéralement. Lorsqu'il me demanda de quoi il avait l'air, je retins un éclat de rire, haussant les épaules en montrant que je n'en savais rien. J'avais envie de rire et je me retenais, pour éviter de me moquer, mais après sa dernière phrase ce fut plus fort que moi, je te cessais de danser pour rire, me cachant derrière ma main : Je suis désolée, mais je trouve que le combo lapin/macarena a beaucoup de cachet .. Bon en vrai, c'était lui qui avait du cachet. Mais ça je ne lui dirais pas, hors de question. Je le fixais en riant, tellement c'était incongru de voir Jeno Carpenter danser la macarena dans la cabot house avec moi, un lapin dessiné sur le bras. On avait évolué, clairement.. Je n'aurais jamais pensé pouvoir m'amuser à ce point avec lui. Je ne croyais plus pouvoir ressentir ce que j'avais ressenti sur le canapé précédemment, et pourtant il y arrivait. Perdue dans mes pensées, j'avais arrêter de danser quelque secondes, alors que lui marquait des points, et je me ressaisi comme je le pouvais, en protestant : Je vais quand même pas perdre face à toi haaa ! Me concentrant, je voyais avec horreur nos points presque identiques.

J'allais gagner sans surprise, malgré mes quelques secondes d’inattention, puisqu'il était sérieusement handicapé, et que moi je n'avais non seulement aucune contrainte, mais en plus je me débrouillais plutôt bien à ce jeu. Mais si habituellement je pensais beaucoup à la victoire, ce soir je m'amusais vraiment. Le sourire qui ne quittait pas mes lèvres n'était pas faux, et je passais réellement un bon moment comme ça. M'appliquant comme je le pouvais en l'observant régulièrement du coin de l'oeil, je ris en l'entendant dire qu'il gagnait même avec une jambe en moins. N'importe quoi ! Je gagnais plutôt facilement, bien dans le rythme, et je tournais la tête en l'entendant dire qu'il n'était absolument pas sportif. En effet, il avait l'air fatigué.. enfin plutôt essoufflé. On avait pourtant fait qu'une danse. Je pinçais mes lèvres, lâchant doucement : C'est ça, la clope. Eh ouais, j'étais pas vraiment pour la cigarette. Je fumais de temps en temps, je n'étais une anti-tabac, faut pas non plus se donner une image pour se donner une image, mais clairement, je trouvais ça vraiment inutile. Plus merdique que ça on ne fait pas, ça bousille la santé, ça empêche de faire du sport.. Si je fumais, ça signifiait plus de place dans l'équipe des cheersleaders, plus de footing régulier, plus de soirées intenses de just dance... Plus de soirées intenses tout court, hum. Finalement gagnant au la main, je poussais un long soupir pour reprendre mon souffle ensuite, passant une main dans mes cheveux en souriant, posant la manette. T'es pas trop nul, c'est que je suis absolument extrêmement douée, dis-je tout en m'approchant de lui, assis sur le canapé avec une bouteille à la main, en train de boire directement au goulot. Je ris en le voyant comme ça, joueuse : tu sais qu'il existe des verres ici, Jeno? Venant à mon tour sur le canapé, je me glissais contre lui, appuyée à moitié sur lui, à moitié sur le dossier, les jambes repliées sur le canapé, tendant la main pour attraper la bouteille, dévorant son visage avec un air de chat poté : Personne n'aime perdre. C'est pour ça que j'ai été avec toi, taguer ce mur, je voulais pas.. me dégonfler face à toi. J'ai fais ça pour pas avoir la sensation de perdre, au début, tu sais. Je pris la bouteille entre mes mains pour la porter à mes lèvres, fermant les yeux, buvant petit à petit quelques gorgées, une délicieuse sensation de chaleur dans la gorge.

J'aimais les moments comme ça, me permettant d'apprendre à connaitre les personnes gravitant autour de moi actuellement. Et même si je l'avais pas vu venir, Jeno avait prit une place assez importante dernièrement : j'avais rien calculé , c'était venu comme ça, et je n'avais rien faire pour empêcher les moments à deux. Et ce soir après avoir dansé, je m'étais calée à moitié contre lui, sans ressentir la moindre honte. Parce que j'avais l'impression qu'il ne me jugeait pas : ou si il le faisait, il le gardait pour lui et ça m'incitait à me comporter plus normalement qu'avec d'autres personnes, où je devais faire attention à ma tenue, à ce que je disais, .. Prenant finalement la bouteille comme lui, je portais le goulot à mes lèvre, buvant quelques gorgées en profitant de la douceur du vin, avant de la poser sur ma cuisse, la tenant d'une main, lui avouant qu'à son image, je déteste perdre aussi, mais comme une majorité des gens à Harvard je pense, sinon nous ne serions pas dans cette université formant l'élite de l'élite. Je ris en l'entendant me dire que me voir me dégonfler ne l'aurais pas surpris, et je secouais la tête en buvant à nouveau une petite gorgée, avant de répondre, me tournant cette fois vers lui comme je le pouvais, toujours sur le canapé. J'avais carrément la frousse quand on a couru pour s'éloigner, je me voyais déjà en prison, avouais-je en baissant la tête. Je n'aimais pas trop lui laisser voir qu'à côté de lui j'étais fragile, que je n'avais sûrement même pas fait un tiers de ses conneries, mais je voulais pas être fausse. Hésitant quelques secondes ensuite, je fronçais les sourcils en voyant son sourire, lâchant d'une voix basse : pour m'amuser, j'avais confiance en toi pour ça. Me redressant un peu, je demandais, curieuse : Hé, pourquoi tu souris ! J'ai un truc quelque part? Je passais ma main sur mon visage, à la recherche d'une trace. J'avais peut-être fait un trait involontaire avec le stylo, perturbée par son baiser ..