dear lord, i'm gonna die (addison)

Une journée banale, avec des personnes banales qui pouvaient marcher autour de moi. J'inspirais profondément, je n'étais d'humeur à rien aujourd'hui, si ce n'était de boire un bon café afin de me réchauffer les entrailles. J'étais sortie tôt de l'appartement d'Ezra en ce 6 décembre. Il devait pas être plus tard que neuf heures du matin, l'air à cette heure-ci était plutôt agréable et je pouvais profiter paisiblement de Cambridge à une heure aussi matinale. J'entrais alors dans un petit café d'Inman Square et commandait ma boisson un large sourire sur les lèvres. Alors que j'attrapais mon verre, je sentis quelque chose qui n'était pas normal. Je restais immobile, la bouche entre-ouverte avant de comprendre d'où venait le problème. Je baissais alors mon regard afin d'observer la partie haute de mes jambes. Horrifiée, je laissais tomber ma boisson chaude sur le sol. Je venais de perdre les eaux, et j'avais pourtant un mois d'avance, chose qui n'était donc pas normale. J'inspirais et expirais fortement, je ne savais pas quoi faire et rester planter au milieu du café sembla être la seule décision que mon esprit était capable de prendre.

Avant de commencer les cours, il m'arrive de passer dans un petit café pour bien me réveiller. Bon, j'ai une cafetière chez moi, mais j'adore les cafés de ce bar. Un petit salon de thé situé à Inman Square, non loin de chez moi. Et puis même si c'était loin, j'ai une voiture maintenant, et il faut admettre que ça change la vie. Avoir de l'argent, ça a des avantages finalement. J'ai toujours vécu sans, je m'y étais habituée, mais maintenant.. j'ai l'impression de devoir tout changer chez moi. Ou pas vous m'direz. Bref, j'arrive vers neuf heures moins quart dans le café, commandant mon habituel latte en partant m'asseoir à une table près de la fenêtre. Pensive, je jetais un oeil à l'extérieur, me rendant compte que ma vie est vraiment pourrie en ce moment. Je n'ai plus aucune nouvelle de Valentin, en même temps, c'est mieux pour moi. Je crois. Quant à Rhys, ce n'est pas mieux. C'est pas la joie quoi. Je bois une gorgée de ma boisson chaude, rivant mon regard vers la pièce où je découvrais une jeune femme complètement apeurée. Je fronce les sourcils, me levant de ma chaise pour voir qu'elle a fait tomber son café. Mais ça n'a pas l'air d'être le plus gros problème, alors je décide de m'approcher avant de me planter devant elle. Je lui adresse un regard compatissant en l'attrapant par les épaules. « Tour va bien ? » Je ne savais pas trop ce qui se tramait mais j'avais envie de l'aider, la jeune femme n'avait pas l'air dans son assiette.

J'étais clairement choquée, j'avais l'impression que quelque chose de terrible venait de m'arriver ou que je venais tout simplement de voir un revenant. Je venais de perdre les eaux, ce qui signifiait que j'allais accoucher très rapidement. Ce qui signifiait aussi que je devais me rendre rapidement à l'hôpital, mais le problème c'est que j'étais tout bonnement incapable du moindre mouvements et que j'avais l'impression que j'allais me liquéfier sur place. Aussi alors que j'étais légèrement tremblante et que j'aurais pu mettre ces tremblements sur le compte de ma maladie du parkinson, la raison en était tout autre. J'étais terrifiée de voir ce qu'il allait se passer, de voir comment aller évoluer les choses. Quand une jeune fille s'avança vers moi, un air légèrement inquiet placardé au visage, je secouais négativement la tête en posant mes yeux affolés sur sa personne. Je... J'ai perdu les eaux... Je l'observais d'un regard suppliant, comme-ci je l'implorais de m'aider.

Plantée devant la jeune femme blonde, j'essaie de comprendre ce qui se passe, car elle a vraiment l'air perdue. J'ai toujours le besoin d'aider les gens quels qu'ils soient de toute manière. Je plonge mon regard dans le sien, du moins, j'essaie de trouver le sien. Elle a l'air réellement ailleurs. Je dépose mes mains sur ses épaules avant de prendre la parole. « Bon écoute moi, je vais appeler une ambulance et on va aller s'asseoir d'accord ? » dis-je en prenant un ton rassurant, sans la lâcher. « Comment tu t'appelles ? » Ce serait tout de même plus simple si je connaissais son prénom n'est-ce pas ? La tenant toujours par l'épaule, je sors mon téléphone de l'autre main pour appeler une ambulance. Elle ne va pas accoucher en plein milieu d'un bar quand même, elle serait trop mal encadrée car je n'ai aucune connaissance en matière de sage femme. « J'appelle une ambulance. » dis-je d'une voix douce à la jeune femme, l'asseyant sur une chaise pour qu'elle essaie de se calmer du mieux possible.

J'étais tétanisé, c'était limite si je savais où je me trouvais. Inspirant alors profondément, cette petite brune s'était approché de moi et m'avait tout de suite demandé comment j'allais. Je trouvais fort gentil de sa part, surtout en voyant la non-réactivité des autres personnes présentes dans ce café. Je.. Je m'appelle Lyson. J'inspirais alors profondément. Je ne m'étais jamais sentie aussi bête, j'avais l'impression que j'allais perdre la vie alors que j'allais seulement accouché, si ce n'était pas triste. Inspirant alors profondément, j'observais cette jeune fille qui avait une réelle volonté de m'aider. Elle déclara qu'elle allait appeler une ambulance, sage décision, sachant l'état dans lequel je me trouvais. Je la laissais me guider et m'asseoir sur une chaise comme-ci j'étais une gosse, et je posais une main sur mon ventre. Ce n'était pas censé arriver et je n'avais pas envie d'accoucher en plein milieu d'un café. J'attendais alors que l'ambulance arrive, mais je n'étais pas réellement sereine, je faisais de drôle de grimaces tout les trente secondes et j'essayais de contenir mon envie irrésistible de vouloir insulter tout le monde. Raison ? Il n'y en avait pas, j'avais juste envie.

Lyson. C'est déjà un bon point que je connaisse son prénom, sinon je ne m'en serais jamais sortie je crois. Je me tourne donc vers Lyson et l'invite à s'asseoir près d'une table le temps que j'appelle une ambulance pour qu'elle puisse accoucher en toute sérénité à l'hôpital. C'est mieux que dans un café. « Moi c'est Addison. » l'informais-je à mon tour en composant un numéro pour qu'une ambulance arrive au plus vite. La personne au bout du fil me demande des informations totalement inutiles mais je répond, agacée. Je lui précise bien le lieu où nous sommes et où en est - apparemment - le travail. Je ne sais pas si la jeune femme va accoucher dans les secondes à venir, et à vrai dire, je n'espère pas. Après quelques minutes au téléphone, je m'approche de Lyson en posant une main sur son épaule, m'agenouillant près d'elle. « L'ambulance ne devrait pas tarder. » dis-je d'une voix douce, comme si je la connaissais depuis toujours. En même temps, je ne vais pas la laisser au milieu du café, toute seule, la pauvre. J'ai vraiment envie de l'aider et de la rassurer. Je cours vers le bar pour demander un verre d'eau au barmaid et reviens pour lui donner le verre. « Tu veux boire un peu ? Ça va ? Tu as des contractions ? » Vingt-cinq questions à la suite, c'est tout moi ça.

La jeune fille qui s'était rapproché de moi me dévoila enfin son prénom. Un léger sourire, tout de fois crispé s'étira sur mes lèvres. J'avais l'impression d'être au bout de ma vie, c'était assez frustrant. Elle m'avoua ensuite que l'ambulance n'allait pas tarder à arriver et j'avais l'impression que j'allais enfin pouvoir vivre. Oui oui parce que moi pour moi, j'avais presque un pieds dans la tombe. Je voulais une péridurale, ce genre de souffrance c'est pas ce que je préférais. La dénommée Addison me pose ensuite de nombreuses questions et je ne peux pas m'empêcher de faire une grimace. Si je n'avais pas perdue les eaux et si je n'étais pas en plein " travail ", j'aurais surement ris avec elle, puisque visiblement nous avions presque sensiblement le même caractère. Je secouais négativement la tête lorsqu'elle me tendit le verre, c'est pas que je n'avais pas soif, c'est juste que je ne me sentais pas assez forte pour tendre le bras et attraper le verre. Dear lord, qu'elle comédie tout ça. J'entendis alors les alarmes de l'ambulance qui venait tout juste de se garer devant le café. Je soupirais de soulagement, malgré le visage toujours crispé. Il fallait qu'Addison m'aide à m'emmener jusqu'à l'ambulance, j'allais probablement lui faire une fracture à la main si je continuais de serrer aussi fort cette dernière avec la mienne. Il faut vraiment que j'fasse sortir ce gremlins de mon ventre dis-je alors en pinçant les lèvres.

Lyson avait vraiment l'air paniquée, et ça peut se comprendre, je pense que je serai pareille à sa place. Je ne m'imagine déjà pas avoir un enfant maintenant, alors en plein milieu d'un bar, sans infirmières ni autres aides.. Je n'ose même pas y penser. Elle refuse le verre d'eau que je lui tend alors je le repose sur la table, m'accroupissant face à elle pour la rassurer. « Ça va aller. » répétais-je encore et encore, alors que je commençais à entendre les sirènes de l'ambulance à l'extérieur. Un sourire se dessine sur mon visage, je suis rassurée tout à coup. De ce fait, je ne perds pas une seconde pour aller à l'extérieur du bar et diriger les médecins vers la jeune femme en question. Je pose une main sur l'épaule de Lyson en plantant mon regard dans le sien. « Tout va bien se passer, ils vont s'occuper de toi. » dis-je en souriant, avant de rajouter tout de suite après. « Tu veux que je vienne avec toi ? » Peut-être qu'elle n'avait pas envie de traverser ça toute seule.

Cette jeune fille qui avait décidé de me prendre sous son aile en voyant probablement le teint blafard que je pouvais avoir, je devais avouer que je trouvais ça assez rassurant. C'est sur que ce n'était pas tous le monde qui s'étaient levés d'un coup de leurs chaises pour me venir en aide. M'enfin, tout le monde n'étaient pas parfaits, il fallait se faire une raison. Les alarmes des sirènes retentirent et j'eus enfin l'impression que j'allais enfin être soulagé de cette souffrance qui me déchirait littéralement. Addison me demanda si je voulais qu'elle m'accompagne, question stupide, bien sur que je le voulais. J'y compte bien. S'il te plait ne m'abandonne pas. J'attrape alors sa main au passage, l'observant de mes grands yeux émeraudes terrifiés. Je ne voulais pas être seule, et j'espérais de tout coeur que la jeune femme que je venais tout juste de rencontrer allait monter avec moi dans cette ambulance.

Une fois les ambulanciers et médecins sur place, je demande à Lyson si elle a encore besoin de moi. Après tout, je ne suis pas sage femme ou quoi que ce soit, et appart la rassurer, je ne vois pas trop ce que je pourrais faire d'autre. C'est vrai que c'est déjà important d'être là pour elle. La pauvre, le père n'est même pas là et la savoir toute seule dans cette salle de travail me fait mal au coeur. Elle m'attrape soudainement la main et me supplie du regard. « Hé je suis là, t'en fais pas. » dis-je alors en souriant, tandis qu'un ambulancier la prenait en charge. J'attrapais son sac à main qu'elle avait laissé tombé par terre et suivais les médecins jusqu'à l'ambulance. Une fois à l'intérieur, j'empoigne à nouveau sa main. « On est bientôt arrivées, c'est bientôt fini. » J'essayais de la rassurer du mieux que je pouvais, alors que l'ambulance zigzaguait dans les rues pour enfin nous amener à l'hôpital.