le jour ... • SIAM&CHARLINE

Pour elle sa vie était un désastre, pour moi elle passait juste une mauvaise passe. Parce que je savais que dans la vie il y avait des hauts puis des bas, pour certaines personnes il y avait beaucoup de bas. « Bon t'inquiète pas plus tard tu seras heureuse. Tu auras une belle maison, un mari et peut-être quelques gosses. » dis-je avec un léger sourire sur le coin des lèvres. Parce que c'était ça la vie, elle était quasiment la même pour tout le monde. On empruntait tous des chemins différents, mais à la fin tout le monde finissait mort dans une tombe. Alors bon être riche, pauvre, joyeux, gentil, méchant cela changeait quoi ? Parce qu'à la fin on mourrait tous et c'était la vie. Pour moi il n'y avait pas de justice dans cette vie de merde, parce que s'il y en avait une mon frère ne serait jamais mort. Mes parents se seraient occupés de moi, enfin j'aurais eu une belle vie, je n'aurais pas quitté Dorian. Enfin tout des petits détails qui auraient rendu ma vie tout simplement meilleure. « Ouais de toute façon ça te fera du bien à toi et à moi. Et puis tu vas voir après ça je vais dormir comme un bébé et on va plus penser à cette vie de merde ! dis-je en affichant un large sourire déterminé. J'appelais alors le serveur de la main. « Servez-nous des shooters, autant que vous voulez. On veut juste se bourrer la gueule. » dis-je toujours avec ce sourire radieux. Le serveur revint alors avec des shooters et il y versa de l'alcool, quoi je ne sais pas, mais rien que l'odeur était forte. Je pense qu'on peut commencer. » dis-je en buvant cul sec mon premier verre, puis mon deuxième. En fait je les enfilais encore et encore sans me rendre compte de ce que je faisais. C'était un automatisme de boire encore et encore.

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 Quoi qu'il était fort probable que je n'ai jamais l'impression d'en avoir assez. Mais peu importe, des mètres shooters c'était ce qu'il y avait de mieux et rien ne m'empêchait d'en commander encore et encore. C'était pas l'argent qui manquait chez les Kovalevski, au final, chez les Kova, on manquait de rien à part d'amour mais puisque c'était le genre de truc que l'argent ne pouvait pas acheter, il était fort probable que nous n'en ayons jamais. Tristesse. « C'est ironique de parler de gosse là maintenant non ? » Non mais je venais quand même de réduire à néant le foetus qui aurait pu se développer à l'intérieur de moi alors m'imaginer dans dix ans avec des gosses c'était quand même risible. Peut être que le whisky avait déjà tapé sur la tête de Siam en fait. Ouais. J'souriais quand même à sa seconde phrase puisqu'elle n'avait absolument pas tord. Et le lendemain on se lèverait avec une tel migraine qu'on ne penserait à rien à part à une jolie boîte de doliprane. Ouais, voilà. C'était le rêve. Je la laissais donc passer commande et le barman s'empressait de remplir une tonne de petit verre qu'il disposait juste devant nous. « A la tienne ! » Et de un. Et de deux. Et de trois. Siam tenait elle aussi la cadence et on avait à peine le temps de poser le verre qu'il était aussitôt reremplit de liquide prêt à nous brûler la gorge. Chouette. Fort heureusement, on était des Mathers. Et même si on était pas invincible à l'alcool, on disposait quand même d'une forte résistance. Question de crédibilité.

Oups j'avais fais une gaffe en parlant de gosse, en vérité je n'avais vraiment pas pensé à ce que je disais, c'était sûrement l'alcool qui prenait le dessus sur moi, il devait agir vite. Enfin du moins il y avait une part de vérité dans ce que je disais, j'avais envie d'une maison, d'un chien, d'un mari, deux ou trois enfants et un métier. C'était la métier que j'avais envie et je pense que je ne suis pas la seule à espérer à obtenir cette vie. Même si elle est vraiment très loin pour le moment, car je n'ai rien de tout ce que j'ai décris. Histoire d'oublier que pour l'instant j'étais loin d'avoir une vie parfaite, je buvais à nouveau, encore et encore, pour oublier. Le temps passait et je restais silencieuse, une heure peut-être oui cela devait faire une bonne heure qu'on buvait avec Charline et qu'on ne disait plus rien. Parce que j'avais besoin de réfléchir et elle aussi, cela faisait peut-être quelques verres de trop que je m'étais enfilée. Le pire c'est que moi j'avais l'alcool dépressif, quand je buvais trop d'alcool je pleurais, oui c'était étrange, mais comme ça, je pleurais sans aucune raison et c'est ce qui commençait à m'arriver. Les larmes coulaient sur mes joues, alors que ça aurait dû être l'inverse, Charline aurait du pleurer et pas moi. « Putain ça fait du bien. J'en peux plus, j'en peux vraiment plus, je crois qu'en fait notre vie est de la merde, ça tombe je suis une merde ? Non tu ne penses pas ? Parce qu'on est tous des petites merdes qui vivent et après pouf elles sont remplacées par d'autres merdes. Ben oui c'est la vie. » Oh putain qu'est-ce que je racontais ? Je disais vraiment de la merde quand j'étais bourrée, pas sur que Charline me comprenne vraiment, mais bon je continuais de pleurer en disant de la merde. On pouvait appeler ça une bonne soirée je pense. Au moins elle oubliait et j'oubliais avec elle.

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 Du moins, quand je disais qu'on disposait de résistance, c'était juste pour souligner qu'on était pas en train de vomir au bout de cinq verre. Par contre, nos discours pouvaient vite devenir incohérent. Après tout, on était pas non plus invincible aux effets de l'alcool. D'ailleurs, j'pouvais sentir que les shooters commençait à faire effet sur moi puisque peu à peu à ma tête se remplissait d'idée bizarre. Encore quelque uns et je ne penserais plus à rien. C'était l'effet que je recherchais après tout. Alors je continuais à enchaîner les cul secs comme si ça allait changer quelque chose à ma misérable vie. Ouais, c'était beau de rêver. J'avais le droit de me décharger de tout de temps en temps. Et on enchaînait encore et encore sans pour autant prononcer un seul mot. Comme si on s'était tout les deux plongés dans un silence sans fin. Ça pouvait sembler étrange mais quelque part, ça faisait du bien. Juste le silence, l'alcool et l'ivresse qui venait peu à peu nous envahir. Et puis d'un coup, sans que je comprenne pourquoi, je voyais des larmes couler sur les joues de Siam. WHUT ? Et j'étais censée faire quoi moi dans tout ça ? J'étais bien trop bourrée pour essayer de dire quoi que ce soit de réconfortant. Ouais, j'étais une amie pitoyable mais ça, c'était pas nouveau. Et elle tenait un discours vraiment bizarre aussi. Sauf que j'en rigolais plus qu'autre chose. Bonjour les effets de l'alcool. Y avait rien de drôle mais je riais. « Tu veux que je te dise ? Tout ce qui existe dans ce monde est de la merde, t'as parfaitement raison. Alors on devrait trinquer aux merdes que nous sommes histoire de bien souligner le truc. » J'faisais signe au barman qui lui semblait plutôt sceptique vis à vis de tout ça. Quoi ? Il servait pas les bourrés ou quoi ? « Oh, toi là ! On paye alors tu continues de nous servir. Et plus vite que ça. »

Je tenais bien l'alcool, sauf que les effets secondaires étaient là, oui ils étaient là et je le sentais. Parce que je disais que des conneries et à chaque fois que je parlais c'était pour dire de la merde. En plus je chialais comme une merde pour rien, alors que Charline riait. Deux filles bourrées, c'était pas le top du glamour ! « Oui on pourrait faire des chansons la vie d'une merde, la merde en boîte, comment je suis devenue une merde. On peut même en faire des films et tout c'est beau ! » dis-je en continuant de pleurer. J'en avais marre, j'arrêtais pas de pleurer et je ne savais pas pourquoi. « En plus je chiale comme une merde et je sais même pas pourquoi. » dis-je en riant, sauf que mon rire était vite remplacée par un sanglot avec les larmes qui coulaient. J'avais besoin d'alcool, encore un peu d'alcool, je sentais que la soirée n'était pas terminée. Non. En plus le serveur nous regardait bizarrement, il ne savait pas s'il devait nous servir encore une fois il était vraiment lent et nul. « Allez dépêche toi. T'inquiète pas tu vas l'avoir ton argent, de toute façon le temps que tu te remplis les poches ne t'occupe pas de nous ! » dis-je levant le poing vers le haut. Pourquoi ? Je n'essayais même plus de me comprendre. Enfin le serveur arriva avec les verres d'alcool. J'affichais un large sourire de satisfaction en regardant Charline. « Enfin on va pouvoir continuer à boire et glouglouglouglou. » dis-je en prenant le premier verre qui passait par là pour le boire. Demain je savais que j'allais avoir un horrible mal de crâne.

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 Désagréable ? Moi ? Pas du tout. Mais j'aimais pas cette tête qu'il faisait en nous regardant. C'était lourd de jugement et très franchement, il était qui pour nous juger là. On avait bien le droit de se bourrer la gueule entre fille non ? Et s'il refusait de nous servir encore, il allait avoir droit au scandale du siècle. J'rigolais absolument pas et puis, j'étais une Kovalevksi. Même si je n'aimais pas me servir de mon nom pour obtenir des choses, y avait des fois où c'était indispensable. Et j'savais d'avance qu'il se sentirait bien con de me refuser des choses. Je lui lançais un regard menaçant alors que Siam continuant son discours incohérent. Et comment voulait-elle que je reste sérieuse si elle racontait tellement de connerie à la seconde, hein ? Elle m'aidait pas trop pour le coup. Mais fallait croire qu'elle finissait par avoir un éclair de lucidité puisqu'à son tour, elle s'en prenait au barman. « Voilà. J'te laisserais même un énorme pourboire si tu continue à nous servir et surtout, SURTOUT, si t'arrêtes de nous regarder comme ça. » Parce que là, son regard accusateur m'exaspérait tellement que j'avais juste envie d'aller lui en coller une en toute amabilité. Bref. Fallait croire que ça marchait puisqu'il se décidait finalement à re remplir des verres qu'il posait devant nous. « Ew, t'sais que tu risques de finir dans les toilettes à vomir tes tripes ? » Non mais elle semblait déjà particulièrement en mauvais état. Je secouais la tête buvant à mon tour. « On est misérable là. Tellement misérable. »

Je parlais mal au serveur alors qu'il n'avait rien fait, il me regardait comme si j'étais une pauvre fille. Avec ce regard de pitié que j'avais à l'égard de certaines personnes. Mais là c'est sur moi que le regard était posé et j'avais honte, tellement honte de provoquer de la pitié. Parce qu'après tout j'avais ma dignité cette fierté que je voulais conserver. Enfin maintenant c'est sûrement trop tard. J'écoute Charline et je la regarde en poussant un long soupir avant de commencer à parler. « De toute façon je finirais dans les toilettes près de la merde, c'est sans doute une bonne idée pour une merde comme moi. Et puis si je ne fais que vomir ce n'est pas bien grave. Je bois pour dire d'oublier, je dors pour dire de passer le temps, je mange pour survivre et je vis pour ceux qui veulent bien de moi. » dis-je en pouffant de rire. Je disais de la merde et cela me faisait rire, mais j'éclatais d'un fou rire énorme, je ne pouvais pas me retenir et je riais aux éclats, j'étais franchement morte de rire. « Ouais je pense que je vais arrêter de boire on va peut-être y aller si on veut pouvoir chopper un taxi à cette heure ci. » dis-je toujours en riant comme une conne. De toute façon j'étais conne, conne d'avoir pensé que ma vie pouvait être parfaite, conne de penser que l'amour c'était beau, conne d'être moi ! Enfin là je rapportais l'attention sur moi comme d'habitude, je ne faisais que me plaindre alors qu'à la base c'est Charline qui aurait du se plaindre.

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 Le pire, c'était certainement de s'en rendre compte. Savoir qu'on était totalement pathétique mais continuer tout de même sur cette lancée comme si c'était normal. Tristesse. De toute manière, je m'en fichais. J'avais besoin d'évacuer. D'évacuer des tonnes de chose et pour pouvoir le faire, y avait que l'alcool qui pouvait m'aider. Je règlais mes problèmes comme ça, toujours, ou alors avec un petit pétard histoire de bien m'enfoncer alors non, j'pouvais pas changer de tactique. Sauf que même si j'étais bourrée, j'étais bien loin de tenir les même discours que Siam. Elle, elle semblait vraiment au bout du rouleau et au final, je ne savais même plus comment réagir face à ce qu'elle pouvait dire. Sans déconner, c'était quand même super hard quoi, non ? Beaucoup trop défaitiste. J'avais absolument pas fait attention au fait qu'elle était aussi mal. Parce qu'elle ne le montrait peut être pas mais ce qu'elle était en train de dire le prouvait totalement. « T'as raison, on ferait mieux d'y aller. » Dormir, c'était aussi un bon moyen de ne plus penser. Je me levais difficilement tendant mon bras pour que Siam s'y accroche avant d'avancer petit à petit vers la sortie. « A cette vitesse là, on y est encore demain. »

J'étais sans doute plus bourrée qu'elle, elle avait l'air l'air encore présentable alors que moi je ressemblais vraiment à une alcoolique. Charline m'aida à aller jusque l'extérieur, même si j'avais vraiment du mal à avancer. « Je vais essayer d'accélérer. » dis-je en avançant un peu plus vite, mais je n'avais plus de force dans mes jambes. Je me sentais totalement vidée. Après quelques minutes, j'arrivais enfin à atteindre la sortie avec Charline. Bon je ne regardais même pas autour de moi, car j'avais honte, honte que les gens puissent me voir dans un tel état. Putain j'aurais du aider Charline pas me bourrer la gueule comme ça ! Je suis vraiment conne. « Je suis une connasse. Je devrais t'aider et regarde dans quel état je suis. Alors que ça aurait du être l'inverse je suis vraiment qu'une pauvre connasse. Je ne pense qu'à ma gueule, je fais vraiment pitié. Putain j'aurais t'aider, j'aurais du faire quelque chose et là je suis encore plus bourrée que toi. » dis-je sur un ton totalement blasé. Parce que je me sentais conne, je me faisais honte à moi-même. En vérité je faisais vraiment pitié, quand je m'observe dans le miroir je vois une asiatique avec un air tout gentil alors qu'au fond je suis surement une connasse, lâche et idiote. Mais bon c'était comme ça, on ne pouvait pas tous être des personnes parfaites, moi je suis loin d'être parfaite et j'aurais tellement aimé l'être.

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 Non mais sans déconner. On aurait dit deux vieilles mamie complètement HS galérant pour mettre un pied devant l'autre. Et si ça pouvait paraître un brin comique d'un point de vue extérieur, moi, ça me faisait un peu moins rire tout de même. Mais puisque la persévérance était ce qu'il y avait de mieux, on finissait par atteindre la porte nous laissant donc le loisir de rejoindre l'extérieur. Comme quoi, tout était possible. Manquait plus qu'à regagner la voiture. C'était une toute autre histoire mais j'avais foi. Je continuais à tenter d'aider Siam à avancer quand d'un coup, elle se lançait dans un nouveau monologue m'arrachant un froncement de sourcil. « Mais n'importe quoi. T'es la seule à être venue aujourd'hui, à t'être bourrée la gueule avec moi dans ce bar alors non, t'es pas une connasse. » Après tout, j'avais pu compter sur elle alors il était hors de question que je l'insulte. Mine de rien, elle avait fait beaucoup pour moi aujourd'hui et même si je savais que l'alcool influençait fortement ses paroles, j'allais pas la laisser se dénigrer comme ça. « T'es là et ça m'aide déjà beaucoup. Te fais pas de souci Siam. » J'étais nulle pour réconforter les gens alors j'savais pas vraiment quoi dire mais le coeur y étais.