le jour ... • SIAM&CHARLINE

J'avais décidé d'accompagner Charline pour qu'elle avorte. Je savais que c'était une épreuve difficile pour elle et j'avais voulu être là. Elle m'avait proposé de venir et je n'aurais pu refuser, car je voyais à quel point elle était dans une mauvaise situation et je ne pouvais pas la laisser tomber. J'attendais dans la salle d'attente, attendant qu'elle revienne, attendant que je puisse la revoir. Parce que j'étais stressée, peut-être pas autant qu'elle, mais je m'inquiétais réellement pour elle ne voulant pas qu'il y est des complications. Surtout que Charline avait tenu à ce que personne ne le sache, donc j'avais gardé le secret et je n'avais rien dis à personne. Ni à sa famille, ni à ses proches, ni même au père de l'enfant. J'avais gardé ce secret pour moi, Charline avait confiance en moi et je n'avais pas envie de la décevoir. J'attendais encore et encore, le temps s'écoulait et je regardais mon téléphone, en espérant la voir arriver. Puis je la vis, le temps avait passé et elle était là, je ne savais pas si elle était triste, si elle était soulagée, si elle regrettait, mais j'arrivais vers elle pour la prendre dans mes bras. Il fallait que je la rassure comme je l'avais fais la première fois, sauf que cette-fois ci, il n'y avait plus de bébé. Je vins lui chuchoter à l'oreille. « Ne t'inquiète pas maintenant c'est fini. Tout est terminé, tu n'as plus à être stressée, tu as fais le bon choix. » répétais-je d'une voix calme et très douce. Il ne fallait pas que je la brusque, je tentais d'être attentive et gentille, je rompis mon étreinte pour la regarder droit dans les yeux. Pour tenter de comprendre ou plutôt de savoir comment elle allait, car même si j'étais soulagée de la voir, je voyais bien qu'elle n'était pas d'humeur à se réjouir de cet avortement. Ce qui était tout à fait normal, car cette décision elle avait du la prendre seule et heureusement que je suis passée à la Mather House ce jour là. Parce qu'elle aurait sûrement du affronter cette épreuve seule encore une fois.

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 J'crois que c'était sans mentir l'un des jours les plus difficile de ma vie. Parce que ouais, j'avais enfin pris mon courage à deux mains pour me pointer à l'hôpital et.. Faire ce que j'avais à faire. Alors ouais, j'avais l'impression d'être au bout du rouleau, vraiment. Et si Siam n'était pas là pour m'accompagner, je me serais certainement écroulée. Parce que très honnêtement, même la pire des garces dans mon genre ne pouvait pas rester insensible et complètement stoïque face à ce genre de truc. Non vraiment, j'étais au bout. J'avais mal au ventre, l'atroce envie de vomir et surtout, j'étais persuadée de ne plus être capable de me regarder dans un miroir pendant au moins quelques semaines. Et l'pire c'était qu'une fois arrivée sur place, Siam devait rester dans la salle d'attente pendant qu'on m'amenait pour régler.. Les détails. Mon dieu, j'avais l'impression d'être un monstre. Un vrai monstre et pourtant, j'pouvais pas me permettre de pleurer. J'avais pas le droit. J'devais me montrer forte comme à chaque fois et ne pas craquer. Si j'craquais, on m'sortirais des belles phrases pour que je change d'avis et j'voulais pas laisser ça arrivait. J'avais pas l'étoffe d'une maman. J'étais même pas capable de m'occuper de moi même alors de quelqu'un d'autre ? Valait mieux ne pas y penser. Je fermais les yeux cherchant à me détendre et tentant de ne pas tenir compte de la douleur. J'avais pas oubliée à quel point ça pouvait être désagréable et pourtant, je bronchais pas. Je faisais rien jusqu'à ce que ça soit finit et qu'on me permette de regagner la salle d'attente. J'y retrouvais Siam qui venait directement me prendre dans ses bras. Encore une fois, je tentais de rester forte, de ne pas pleurer mais ma voix plutôt rauque aux airs légèrement enrouée me trahissait fortement quand je prenais la parole. « Tu crois que je suis un monstre d'avoir fait ce choix ? Tu crois que j'suis quelqu'un de mauvais ? » J'savais que j'avais pas la meilleure réputation au monde, que j'étais pas non plus particulièrement sympa mais... J'voulais vraiment pas être vue comme quelqu'un dénuée de sens moral. Parce qu'aussi difficile que ça puisse être d'y croire, j'avais des valeurs. Aussi infime soit-elle.

Je sentais qu'elle avait envie de pleurer, mais elle tentait de se contrôler. Je comprenais qu'elle voulait rester forte, mais parfois pleurer pouvait faire du bien. Je devais vraiment la rassurer, car elle pensait qu'elle était un monstre d'avoir fait ça. Je posais alors mes deux mains un peu en dessous de ses épaules. Je voulais la rassurer et également la raisonner. « Tu ne peux pas dire ça. Tu n'es pas la seule femme qui avorte et tu ne seras pas la dernière. Si tu aurais mis cet enfant au monde qu'est-ce qu'il se serait passé ? Tu ne l'aurais pas voulu, le père n'aurait sûrement pas été très présent puisque tu ne l'aimes pas. Donc cet enfant n'aurait pas pu s'épanouir pleinement. C'est ça que tu aurais voulu ? Tu as pris une sage décision, car c'est peut-être cruel de dire ça, mais cet enfant aurait pu gâcher ta vie et tu la sienne également. » dis-je pour lui faire comprendre qu'elle n'était vraiment pas un monstre. Non pour moi elle cette décision était la meilleure décision qu'elle est pue prendre pour elle en tout cas. Et qu'importe que ce que le père pouvait dire je la soutenais dans son choix, car à sa place j'aurais peut-être fais la même chose. Je voulais qu'elle se sente mieux, qu'elle pleure un bon coup et qu'ensuite elle se reprenne. De toute façon je serais là pour elle, je me tiendrais au courant de sa santé, enfin je n'allais pas la laisser tomber. Quand j'étais en détresse on ne m'avait pas laissé tomber et c'est grâce à ses personnes là que j'allais mieux.

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 Ouais. J'sentais que j'étais à deux doigts de craquer mais, fallait vraiment que je me calme. J'avais déjà eu mon lot d'émotion et si je me mettais à pleurer encore une fois, j'allais casser toute la carapace qui faisait ma personnalité. Parce qu'aux yeux de tout le monde, j'étais la fille forte et incassable. J'avais construit une image pour chasser celle du vilain petit canard et j'avais pas le droit de tout envoyer péter pour une foutu erreur. Non, j'avais vraiment pas le droit. Alors même si c'était dur, j'allais pas craquer. J'allais pas me mettre à pleurer ni quoi que ce soit d'autre. Je devais être forte, un point c'est tout. Je devais montrer que même s'il m'arrivait des choses pas facile, j'étais capable de garder le cap sans m'effondrer comme une pauvre gamine malheureuse. « C'est une sage décision pour moi seulement. » Parce qu'en étant réaliste, c'était de l'égoïsme. J'avais cherchée à préserver que ma petite personne et rien de plus. On pouvait bien me trouver toute les excuses du monde, avec les moyens que j'avais, j'aurais pu nourrir cet enfant et lui promettre un avenir. J'avais juste décidée de ne pas le faire parce que j'en avais pas envie et que j'étais encore bien trop plongée dans ma vie de fêtarde pour faire une croix dessus. J'inspirais un bon coup comme pour ravaler mes larmes une nouvelle fois avant de la regarder. « Mais j'note les efforts que tu fais pour me soutenir. C'est pas tout le monde qu'aurait fait ça pour moi. » Même ma jumelle ne l'aurait pas fait.

J'étais triste pour elle, triste qu'elle se considère comme un monstre alors que pour moi elle était loin d'être un monstre. Oui elle n'était pas parfaite, mais personne ne l'est. Chaque personne à ses propres défauts, d'autres arrivent juste à les masquer et à faire croire à ceux qui le veulent qu'ils sont parfaits. L'Homme ne pourra jamais être parfait, car d'ailleurs si on serait parfait la vie serait sans doute trop ennuyeuse. « Je n'allais quand même pas te laisser affronter cette épreuve seule. Je peux te dire une chose. Heureusement que tu penses à toi, les personnes les plus généreuses et naïves sont souvent les plus malheureuses. » dis-je toujours en tentant de lui remonter le moral. Parce que oui je n'abandonnais pas, elle était pessimiste, elle était triste, mais je voulais qu'elle aille mieux. En plus on était toujours dans l'hôpital et c'est vrai que ce n'était pas le meilleur endroit pour lui remonter le moral. Je n'avais jamais aimé l'hôpital, les infirmiers, les malades, la peinture qui n'est franchement pas gaie. C'est pour ça que j'ai décidé de devenir vétérinaire, parce que les animaux c'est sans doute mieux, plus passionnant pour moi. « Déjà on va sortir de cet endroit qui n'est pas le plus joyeux au monde et puis je sais pas où on peut aller, mais dans un droit qui pourra peut-être te remonter le moral. » dis-je en me dirigeant vers la sortie avec elle. L'épisode de l'avortement devait être derrière elle, je devais lui montrer qu'elle n'était pas un monstre et que de toute façon son choix était le mieux pour elle et pour son entourage. C'était peut-être une mission difficile, mais je ne désespérais pas, je savais que je pourrais la convaincre qu'elle n'était pas un montre. C'était surtout ça ma principale mission.

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 C'était peut être ça le pire. Ne pas pouvoir compter sur sa propre famille. J'savais bien qu'on avait pas les rapports les plus merveilleux au monde et que ça pouvait vraiment être compliqué par moment mais.. Les choses allaient plus loin que ça. J'pouvais rien demander parce que je savais que je n'aurais rien. Alors ouais, bien sûr, Apple n'était pas au courant de tout ça, de ce qui m'arrivait mais.. J'savais qu'elle s'en fichait. Elle prenait pas de mes nouvelles, j'faisais de même. Ça avait toujours marchée comme ça. J'avais appris à vivre avec comme tout le reste. C'était juste dommage de devoir en arriver là. Bref. Clairement, j'savais que si j'étais comme ça là maintenant, c'était juste parce que j'venais de faire un acte qui me rendait mal et que pour le coup, j'faisais tout remonter à la surface. Quelques jours de répit et tout irait mieux. Fallait que je me conforte avec cette idée. « Mais au moins, c'est des gens bien. Ce que je ne suis définitivement pas. » Ok. Là, c'était le moment où fallait que je me ressaisisse. J'étais tellement pas du genre à m'enfoncer que c'était juste bizarre de me voir agir comme ça. J'devais vraiment relever la tête pour le coup. Je m'étais déjà sentie tellement misérable que j'avais absolument pas besoin d'en rajouter. « T'as raison. Pourquoi est ce qu'on irait pas boire un coup ? Et puis on devrait vraiment sortir ce soir. Ça nous ferais du bien. » Et on était des Mathers, fallait pas l'oublier. Faire des soirées, c'était ce qui nous caractérisait le plus.

Même si sa famille ne l'aidait pas, elle disait du bien sur eux. Qu'eux au moins étaient des bonnes personnes, qui contrairement à elle n'était pas une bonne personne. Moi je pensais qu'elle en était une, qu'elle était serte différente des autres kovaleski mais qu'elle était tout de même une fille gentille et qu'elle avait sans doute un bon fond. Mais au moins elle accepta ma proposition d'aller dans un autre endroit que cet hôpital totalement déprimant. Je ferais la fête avec elle pour l'aider à oublier, même s'il fallait que je fasse attention à ce que je faisais un minimum. Parce que j'avais envie de me reprendre et ce n'est pas en finissant à nouveau bourrée que cela allait s'arranger. « C'est juste parfait comme programme. A deux on va montrer qu'on est des mather et t'inquiète pas je compte bien te faire oublier toutes tes galères. Ce soir on s'amuse et j'te le dis on va s'éclater ! » dis-je sur un ton enthousiaste. Je marchais à côté d'elle en direction d'un bar qui ne devait pas être très loin de l'hôpital, je n'avais pas envie de faire un trop long trajet. « En plus on est gelé dehors, un bon verre de whisky va me réchauffer directement je pense ! » dis-je en laissant un échapper un léger rire amusé. Enfin je me tenais devant le bar à côté de Charline, poussant la porte. Je sentais la chaleur gagner mon corps et cela me faisait du bien, bougeant mes petits doigts complètement gelés je savais que j'allais me réchauffer toute la soirée à l'intérieur de ce bar qui franchement était plutôt classe. Je pris le temps de m'installer au bar tranquillement, mais j'attendais que Charline le soit aussi pour commencer à boire. « Allez direct, tu veux prendre quoi ? J'ai pas envie de perdre de temps. » dis-je avec un large sourire. Oui il fallait qu'elle tente d'oublier et pour moi la meilleure solution c'était de boire pendant une soirée et de laisser les problèmes de côté quelques temps.

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 Ouais, j'étais convaincu que faire la fête était typiquement ce dont j'avais besoin pour me sentir mieux. Du moins, pour ce soir. Et si j'pouvais oublier dans des verres d'alcool et quelques joints, j'allais pas me priver. Après tout, j'avais toujours agis comme ça pour aller mieux et y avait aucune raison à ce que je j'agisse différement. Non. J'allais juste prouver une fois de plus que j'étais capable de garder la tête haute et que personne ne pouvait me considérer comme étant une personne faible. Parce que j'allais rebâtir les barrières comme à chaque fois et que je ne montrerais que le côté froid et sans coeur de ma personnalité. Ouais. C'était définitivement un bon plan. « J'te fais confiance sur ça. J'suis sûre qu'on va passer la meilleure soirée de toute notre vie. » On sortait enfin de cet hôpital morne et triste et le froid de l'extérieur me donnait l'impression de brûler ma peau. Peu importe, le bar n'était pas loin. Et elle avait raison, l'alcool allait nous réchauffer sans problème. Un des points positif de mon meilleur ami le whisky. Bref. On arrivait à destination et après avoir poussée les portes de l'endroit, on se dirigeait automatiquement vers le bar prenant place sur les tabourets. « Un whisky. Le plus fort possible. Autant sortir le grand jeu non ? » Et bordel, il me tardait de sentir le liquide couler dans ma gorge.

Je voyais qu'elle n'était vraiment pas bien, qu'elle voulait oublier. Qu'elle voulait vraiment oublier ce qu'elle venait de traverser et je la comprenais. Parce que quand je voulais oublier, j'utilisais le whisky comme moyen pour me faire oublier. Pour moi ça marche, du moins c'est ce que je crois, en vérité peut-être que je bois pour rien. « Et bien s'il vous plait servez-moi quatre whisky et les plus forts que vous avez. » dis-je en m'adressant au serveur. Oui parce que autant commencer fort comme elle le disait, quatre, deux pour moi, deux pour elle, parce que j'aimais enchaîner les verres. Sentir le liquide brûler ma gorge, mais en même temps me faire du bien. Quand il traversait mon sang, je me sentais plus apaisée, ce n'était peut-être qu'une impression, mais c'est ce que je pensais. Le serveur vint alors avec les quatre verres et commença à nous servir. « Allez à la tienne, en espérant que ça te fasse oublier. » dis-je en prenant mon verre et en le buvant cul sec. Je le sentais traverser ma gorge, cela me brûlait, mais j'aimais tellement cette sensation. C'était étrange, c'était indescriptible. Mais putain qu'est-ce que ça faisait du bien. « N'empêche qu'est-ce que ça fait du bien de boire. Je crois que cette boisson c'est vraiment un remède miracle pour oublier et anesthésier la douleur. » dis-je en buvant directement le second. Je n'avais pas envie de perdre de temps, non j'avais envie de boire, d'enchaîner les verres et ensuite je ne sais pas dans quel état je serais, mais j'étais une mather après tout. Je résistais à l'alcool, à force d'en boire je pouvais enfiler les verres et je ne les comptais même plus. Mais mon objectif était quand même de remonter le moral de Charline et je ne devais pas le perdre de vue.

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 Au final, il n'y avait pas mieux comme sensation que de sentir ce liquide s'infiltrer dans la gorge. En fait, c'était le moyen de ressentir un peu de chaleur et si le goût pouvait sembler répugnant pour certains, pour moi, c'était tout le contraire. J'avais besoin de ça. C'était une source de réconfort que j'avais trouvée il y avait bien des années et.. Ce n'était pas prêt de changer. Je réglais mes problèmes de cette façon, que ça plaise ou non. Un sourire venait étirer mes lèvres quand elle nous commandait deux verres chacunes. Siam était une vraie Mather, elle n'avait rien à prouver. Et j'étais ravie qu'elle soit devenue mon amie parce que sans elle aujourd'hui, les choses auraient certainement été un désastre. « J'propose qu'on trinque à ma vie désastreuse tiens. Autant fêter quelque chose. » J'attrapais un des verres qui venait d'être posée devant moi avant d'en boire le contenu cul sec. Aussitôt, le liquide venait me brûler la gorge mais je savourais ce plaisir que j'avais attendu toute la journée. Et bordel, ça faisait tellement de bien de décompresser un peu. Comme si je me sentais revivre un peu à travers quelques gorgées de Whisky. Et hop, c'était partit pour un second verre qui se trouvait vide en aussi peu de temps que le premier. « T'sais quoi ? Je pense qu'on devrais carrément commander un mètre shooter. Voir deux. Autant faire les choses bien non ? »