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minutes ça peut être très court comme très long. Pour Wesley, cela paissait être long, gagner 5 minutes de travail en moins semblait quelque chose d'important pour lui. Pour ma part, 5 minutes, ce n'était rien. J'avais l'habitude de faire de nombreuses heures supplémentaire, qu'est-ce que 5 min face à 60
? « Si tu y tiens tant, je te laisserai le faire... » dis-je en riant face à sa déception, s'il tient tant à ce que je finisse 5 minutes plus tôt je ne vais pas gâcher son plaisir. Mais comme je le dis ensuite, ce n'est pas la tâche la plus dur que j'ai à faire. On ne sait jamais comment un client, surtout s'il y a bu un peu trop. C'est vraiment ce que j'ai horreur dans ce boulot, me retrouver face à des gens ivres dont personne ne sait comment ils sont lorsqu'ils sont soûls.
« Pas besoin d'être baraqué, suffit d'avoir une grosse voix ! Bon si certains clients s'énervent là oui il faudra être costaud ! » Je lui souris, mais je n'ai pas tort , certains peuvent faire peur. Bosser ici est plus agréable que de bosser dans un restaurant, mais la sécurité n'est pas la même. Ici les gens s'en fichent pas mal de l'heure de fermeture, ils partent quand ils en ont envie, et si ça ne plaît pas à la barmaid tant pis. Voilà pourquoi je n'aime pas faire la fermeture, je préfère faire l'ouverture où ce sont les petits vieux qui viennent ici, avec leur journal pour boire leur café matinal, mais c'est rarement le cas.
Je lève ma bière avec lui pour trinquer en souriant légèrement
« ce destin-là, c'est si tu bois trop de bière... sinon il n'y a pas de raison que ton destin soit triste ? » je aussi légèrement un sourcil face à son regard quelque peu égaré. Je le sens toujours un peu distant quand il parle de lui ou de sa vie d'autrefois. C'est peut-être pour ça que j'aime être en sa compagnie, je ne me sens pas coupable de ne pas parler de ma vie, car il agit de la même manière.
« j'aimerais bien avoir les mêmes problèmes qu'eux moi ! » dis-je en souriant. Des problèmes tellement stupides, tels qu'un fil qui dépasse d'une robe ou encore, un repas pas assez chaud, sans doute un des problèmes dont doit souvent faire face Wesley.
« comment t'as fait pour avoir un job là-bas ? » ça me surprend, je ne le vois pas se diriger vers ce genre d'établissements, parler et essayer de convaincre le responsable qu'il est fait pour ce métier dans ce genre d'établissements. La motivation de l'argent peut être une de ses raisons, mais Wesley n'est pas le genre à avoir besoin absolument d'argent, et d'autant d'argent surtout. En tout cas je le félicite intérieurement d'avoir réussi à se faire embaucher, et surtout à toujours y travailler sans se faire virer. Ce ne serait pas mon cas...
« Et il t'a demandé quoi à ce prix-là ? » certainement une broutille vue comment ce souvenir l'amuse.
« le plus gros pourboire que j'ai dû avoir ça devait être 10 dollars peut-être... » Un zéro en moins que celui de Wesley tout de même.
Je aussi légèrement les épaules avec un petit sourire.
« Oh avec un beau sourire ce n'est pas dur de charmer, et en rajoutant une petite plaisanterie... le tour est joué, on obtient la sympathie des clients. » La plupart sont des hommes beaucoup plus âgés qui ont connaissent et ont déjà connu les difficultés de la vie d'étudiante, et qui parfois font un geste généreux, de quelques dollars, certes, mais c'est déjà ça.
« Tu veux que je charme qui ? Les hommes là-bas ? Ah non merci ! Je sens déjà qu'ils vont faire la gueule quand je vais leur donner la note de toutes leurs bières ! » Un léger sourire s'installe sur mes lèvres. Ils sont là depuis un sacré moment à regarder la télévision, à commander des bières, ainsi que des cacahuètes pour avoir quelques choses à se mettre sous la dent, pensant qu'au final ça leur reviendrait moins cher que de commander un repas... mais je crois que c'est plutôt l'inverse.
Je me mords l'intérieur de la joue alors qu'il change de sujet. Je sais que si je serai à sa place, je ne voudrai pas qu'on me force, mais de l'autre côté... j'aimerais bien savoir ce qui ne va pas. A priori je suis une personne qui s'est écouté...enfin d'après quelques personnes.
« tu veux vraiment pas en parler ? » la curiosité et l'envie de l'aider prennent le dessus sur le reste. Je dépose un nouveau verre sur le plateau avant de le regarder en secouant la tête.
« Oh non laisse, je vais me sentir mal à l'aise si tu fais mon travail à ma place ! »