Misha ► You should let me kill you

Il y a ce genre de personne que l'on croit et pense invincible. Ce genre de personne qu'on idéalise et qui représente quelqu'un de grand et d'indestructible. Au fil du temps, il devient notre bouclier mental comme physique. On se cache derrière lui, on se repose tout contre lui et c'était mon cas avec Misha. Aussi, en apprenant qu'il était à l'hôpital, je ne pus m'empêcher de croire à une blague au départ. Son père qui utilisait son téléphone pour prévenir son entourage, dont moi. Je me disais que j'avais surement due mal lire le message, mais pas du tout. Il avait tenté de mettre fin à ses jours. J'en avais mal au coeur. J'avais donc raison ce jour là. Ce jour où il était venu se glisser dans mon lit pendant la nuit. Il n'allait pas bien et quand je lui avais demandé ce qui n'allait pas, il m'avait menti en disant que tout allait bien. Un abandon de plus. Chose que je ne supportais pas. Je mis donc un certain temps à aller lui rendre visite à l'hôpital. J'y arrivais pas. Je ne voulais pas me faire à cette idée. Le voir, allongé là comme un pauvre con qu'il était me faisait terriblement mal avant même que cette vision ne se réalise vraiment. Mais ça y est, c'était le Jour-J. Il fallait enfin que j'y aille. C'était quand même mon meilleur ami alors qu'il me casse les ovaires ou pas en agissant égoïstement, je me devais d'être présente pour lui. Puis au pire, je pouvais l'aider à en finir avec ses jours en le tuant de mes propres mains pour son acte triste comme lâche.
J'arrivais à l'hôpital, me dirigeant vers l'accueil, je me demandais encore comment allait être mon entrée dans sa chambre. Si j'allai sourire et faire comme si tout allait bien ou au contraire, est-ce que j'allai sortir, acheter une bouteille de chloroforme, revenir et tenter d'en finir avec lui à ma façon. Franchement, je ne savais pas encore, j'y réfléchissais pour le moment. Je demandais à la femme se trouvant à l'accueil de l'hôpital le numéro de la chambre où résidait actuellement Monsieur Ienchenski. En y allant, je pensais, encore et encore. Je me demandais si je devais faire demi-tour ou l'affronter et surtout affronter la mauvaise opinion que j'avais de lui à présent. Je lui en voulais de ne m'avoir rien dit, de m'avoir menti, d'avoir mis fin à ses jours. Je lui en voulais pour beaucoup trop de chose. Ce sms m'avait fait profondément mal. Je pensais être sa meilleure amie, mais j'avais tord. Il aurait prit la peine de se confier à moi sinon. J'arrivais devant la porte. Je ne frappais pas, j'entrais comme si j'étais chez moi, comme si sa chambre était également la mienne. Je ne bougeais pas en le voyant allongé là. Il dormait. J'enlevais mes chaussures pour ne faire aucun bruit en m'approchant de lui. Une fois proche de son lit, je jetais toute mes affaires à terre, attrapant en quelque sorte sa mâchoire à une main. Je serrai bien fort. « Tu vas te réveiller et tout de suite Misha ! ». Je parlais doucement et froidement, comme si je le menaçais. Je voulais régler mes comptes avec lui !

• L'enfer est sous mes pieds, et j'ai même osé y tremper les orteils, profitant de la chaleur mais aussi de la douleur de ce paradis qui était autrefois mon quotidien. J'y avais ma place, et ça, depuis mon premier souffle. Je savais très bien que je n'étais pas fait pour aller au Paradis, pour m'endormir à jamais et rêver pendant l'éternité de mon plus beau souvenir. Mon destin était de descendre en enfer, en même temps, lorsqu'on a ma gueule, on est fait pour faire le mal. J'avais essayé de ne pas trop rentrer dans ce jeux, mais, vu toutes les conneries que j'ai pu faire gamin, me ranger ne changerait pas mon destin. J'irais en enfer, aux côtés d'Abraham Lincolm ou bien de Strauss Kan, le gars qui a baisé une femme de chambre dans un hôtel y'a pas longtemps, encore un politicien Français. J'avais eu le choix, le choix de tremper entièrement mon corps dans cette lave et ne plus jamais revenir ici, ne plus avancer, ne plus voir mes amis, ma famille, j'avais le choix entre dire adieu à tout ça, où bien, essayer de m'en sortir. J'avais pas choisi la deuxième solution, pour moi, s'en était finit, ma vie ne pouvait pas plus être chaotique, mais quelqu'un en avait décidé autrement. Est-ce que j'étais vraiment fait pour l'enfer ? Car le diable lui, n'aurait pas chercher à réfléchir, il m'aurait attirer vers le fond aussi fort qu'il aurait pu. Est-ce que le Paradis était fait pour moi ? Peut-être qu'une demi place m'y était réservé... Alors, j'avais décidé de vivre, pourquoi mourir si même la mort a décidé de te laisser en vie, et ça, pour la troisième fois de ton existence ? Peut-être qu'au final, j'ai un rôle à jouer sur cette terre, peut-être qu'au final j'suis fait pour m'en sortir et pour réussir ? Du coup, j'étais là, dans cet hôpital. Je recevais quelques visites, mais j'faisais en sorte que peu de monde saches que je sois là, j'avais aucune envie de devoir répondre à une multitude de questions. Alors ouais, j'avais voulu crever, un ral le bol de cette vie m'avait poussé à ça, mais, je ne cherche pas de la pitié, désormais, avec le temps, j'irais mieux, et ma vie sera parfaite. « Tu vas te réveiller et tout de suite Misha ! ». D'un coup, je sent une pression s’exercer sur mon menton. Putain, en fait je crève maintenant, c'est ça ? J'ouvre rapidement les yeux et je fais face à Jade, qui a pas l'air contente du tout. Merde, là, j'vais en prendre plein la gueule... "C'est bon... C'est bon... Va pas me péter une dent..." Ouais, j'ai eu quelques bleus, des égratignures et un petit comas, mais j'ai encore toutes mes dents, alors j'ai pas trop envie de les perdre maintenant... •

Il y avait certains actes que j'avais du mal à cautionner, à comprendre. Ta mère te supporte souvent 9 mois dans son utérus, elle mets du temps à accoucher et en souffre en plus et toi, irrespectueux comme tu es, tu mets fin à tes jours. Tu agis égoïstement envers ta mère et envers ceux qui t'aiment. J'avais vraiment les nerfs. J'avais du mal à croire que ce petit con de Misha avait tenté de se suicider. Je n'arrivais pas à croire que j'avais appris la nouvelle de son père aussi. Depuis quand tes parents sont ceux qui annoncent ce genre de nouvelles à tes proches ? Normalement, ça devrait être l'inverse. J'étais là, devant la porte de sa chambre et je ne me disais pas, Il faut que tu soutiennes ton meilleur ami ! Non, vraiment pas. Je me disais juste qu'il fallait que je réussisse à faire ce qu'il n'avait pas réussit à faire lui. C'est-à-dire, en finir avec sa vie. En entrant dans sa chambre, ce n'était pas mieux. C'était même pire car j'avais à présent la preuve vivante et endormie que ce n'était pas une blague. Qu'il l'avait vraiment fait. Je ne fus pas envahi par la joie de le voir, par la tristesse face à ses actes mais par une colère monstre. Le chemin entre la porte de sa chambre et son lit avait été si rapide. J'avais balancé mes affaires par terre, mes chaussures avec et ça ne l'avait pas réveillé. Il dormait paisiblement, comme un petit ange. J'aimais pas ça. J'allai vraiment péter la gueule de cet ange. Mes doigts contre sa peau, serrant fermement sa mâchoire. Là, il s'était réveillé. Sombre idiot. "C'est bon... C'est bon... Va pas me péter une dent..." Je lâchais ma belle petite prise. Il avait le culot de me donner des ordres en plus. Bon, ce n'était pas un ordre en soit, il voulait simplement que je le lâche et que j'arrête de lui infliger cette horrible douleur. Pour ma part, je ne sentais rien alors rien à faire. Mais je suis un minimum gentille alors je le lâchais. J'approchais mon visage du sien, pour être sûre qu'il me voit parfaitement et qu'il entende tout ce que j'avais à dire. « Rien à foutre de tes dents ! T'es sérieux Misha ? Tu me mens, tu mets fin à tes jours, j'apprends la nouvelle par ton père et quand je viens te voir avec l'envie de te péter la gueule tu me dis avec un naturel emmerdant de ne pas te péter une dent ? ». S'il savait. Je ne voulais pas lui casser une dent mais la bouche entière. Il ne faut pas me mettre en colère car malheureusement pour la personne en face, je ne maîtrise plus aucun geste et surtout, je n'ai plus aucun filtre. Les mots sortent de ma bouche comme ils arrivent dans ma tête. C'est du texte brut, tout ce qu'il y a de plus brut.

• Gamin, on rêve tous de devenir quelqu'un, on s'identifie à ces putains de superhéros qui finissent pas nous déçevoir un jour où l'autre. On se rend compte que Superman c'est juste un coincé, Batman un connard friqué, et cet enculé de Spiderman... Bah... C'est Spiderman, il est cool, mais il est con. J'ai eu plusieurs rêves étant gosse, comme celui d'être astronaute, j'me voyais bien dans l'espace, à la conquête des planètes, poser mon drapeau dans ces terres inconnus, planer dans l'espace, rencontrer des aliens et j'en passe. Et puis, j'ai toujours voulu être un pirate, pas pour avoir une jambe de bois ou un oeil en moins, p'tête pour avoir un perroquet qui rote et qui ne connait que des insultes posé sur mon épaule, ouais, mais surtout, pour être capitaine de navire, pour pouvoir avoir une grosse barbe, sauter de bateau en bateau, piller, voler de l'or, être le roi des océans, ne pas avoir de limite, faire ce que tu veux, quand tu veux, avoir tes propres règles, n'être sous les ordres de personne, découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles îles, se baigner dans l'eau turquoise, faire façe aux tempêtes, avoir un pote nain sans cheveux et des dents pourris, bref, une vie de pirate. Sauf que si à un moment donné dans ma vie, mon destin avait été celui-ci, j'm'en suis éloigné, et à l'endroit le plus loin qui puisse exister. Ma vie a été un enchainement de pourritures entassés les unes sur les autres, j'ai failli mourir à la naissance, ensuite j'ai encore failli crever dans cet accident de voiture, puis, la semaine dernière où j'ai décidé de monter dans ma voiture et de m'éclater la gueule dans un mur pour en finir une bonne fois pour toute. Super la vie étant donné que j'me suis chié. J'étais tranquillement endormi dans mon lit d'hôpital, cherchant le calme et le bien-être dans le monde des rêves, jusqu'au moment où je sentis une pression s'exercer sur ma machoire. Jade... « Rien à foutre de tes dents ! T'es sérieux Misha ? Tu me mens, tu mets fin à tes jours, j'apprends la nouvelle par ton père et quand je viens te voir avec l'envie de te péter la gueule tu me dis avec un naturel emmerdant de ne pas te péter une dent ? » Bon, d'accord. J'hausse un sourcil et me remet la machoire en place une fois qu'elle eu enfin relâché ma machoire. Elle avait l'air en colère la petite. Et, c'était ma faute, juste la mienne. Du coup, j'me réhausse dans le lit, et après avoir avaler ma salive, j'me décide à lui répondre. "Bon... Tu vas te calmer déjà hein... Premièrement, jamais je ne t'ai menti, si tu fais référence à l'autre matin où j'suis venu te rejoindre, j'ai pas menti, j'allais très bien à ce moment là... Du moins, très bien... Comme j'vais d'habitude quoi..." Disons que j'suis loin d'être le gars le plus hereux sur terre hein. "Mais tu crois vraiment que c'était quelque chose que j'avais en tête depuis longtemps ? Le jour où j'ai fait ça... C'était l'anniversaire de la mort de mon frère... J'me sent responsable, c'est grâce à lui que j'suis encore en vie... J'me suis reveillé avec la sensation de ne pas avoir ma place ici, avec la sensation d'être inutile... Pourquoi j'ai voulu en finir ? Parceque sur le coup, j'en pouvais plus, tout ce mal qui me bouffe de l'intérieur, j'pouvais plus le supporter, ça me bouffait de l'intérieur à un point que t'imagines même pas... Tu crois vraiment que j'ai fait ça en étant heureux ? J'ai fait ça parceque pour moi, c'était la seule solution, le seul moyen d'arrêter de faire du mal aux gens et de m'en faire à moi c'était d'en finir... Sauf que pour la troisième fois de ma vie la mort m'a refoulé... Alors, j'me dis que même si la mort ne veut pas de moi, j'ai peut-être ma place ici..." Vous savez, être enfermé h24 dans cette pièce et devoir voir un putain de psy tous les jours, ça fait réfléchir... •

Me demander de me calmer quand je suis en colère, surtout de la façon dont il le faisait, c'était pas une chose à faire. Ca m'énervait encore plus. Je ne supportais pas ça. Il essayait de se trouver tout un tas d'excuses, me disant par la même occasion qu'il ne m'avait pas menti la fois où il était venu dans ma chambre et qu'il s'était glissé telle une feuille dans mon lit, en me disant que tout allait bien et que je n'avais pas à m'inquiéter. J'avais le regard noir. J'avais envie de prendre son oreiller et de l'étouffer avec, franchement. Quand rien ne va plus, je l'appelle moi, je discute avec lui, je me confie à lui. Non, quand ça va mal, il se réveil et va s'encastrer dans... dans quoi même ? Apprendre ça par son père en plus. D'où ton père annonce ta mort ou ta tentative de suicide à tes amis. C'est plutôt le contraire. "Tu crois vraiment que j'ai fait ça en étant heureux ? J'ai fait ça parce que pour moi, c'était la seule solution, le seul moyen d'arrêter de faire du mal aux gens et de m'en faire à moi c'était d'en finir..." J'avais les larmes et la colère qui montaient. J'étais prête à exploser, à appuyer la où ça fait mal physiquement. Aggraver ses blessures pour qu'il comprenne ce que je ressentais au plus profond de moi en le voyant dans cet état. J'avais envie de lui foutre mon poing dans la gueule. « Parce que tu crois que ça m'a fait quoi d'apprendre que t'as voulu en finir avec ta propre vie Misha ? Tu crois que j'ai sauté au plafond ? Que j'ai envoyé chier ton père ? Que je me suis dit "Chouette, je peux faire ma vie comme je l'entends à présent" ? Putain Misha mais t'es con ou tu le fais exprès ? ». Ca y est, je me mettais à pleurer en parlant et je détestais ça. Je ne pleurais pas, je ne pleurais jamais. Même triste, je ne le faisais pas. Il fallait vraiment me pousser à bout et me mettre dans une colère énorme pour que je me mette à pleurer. « Tu dis que c'est grâce à ton frère que t'es encore en vie. Donc pour le remercier, tu fous ta vie en l'air... je comprends pas ! ». J'essayais de me calmer, je parlais sans hurler pour une fois. Puis, je ne voulais pas qu'une infirmière me foute à la porte parce que je troublais le repos de certains patients avec ma grande gueule. Je pris sa main dans la mienne, la serrant fort et je soupirais. Je n'arrive pas à me calmer toute seule mais là, il fallait que je réussisse à le faire pour réussir à dire tout ce que j'avais sur le coeur. « J'ai eu peur de te perdre. J'avais juste lu le début du message de ton père et j'ai eu l'impression que mon coeur cessait de battre lentement. Et quand j'ai lu la fin, je n'ai eu qu'une envie... celle de te tuer de mes propres mains ! Ca m'a fait mal d'apprendre ce que t'as fait ! Je te veux à mes côtés, je ne te veux pas dans une tombe, six pieds sous terre ! ». J'aimais pas non plus parler de mes sentiments alors il allait le payer pour ça aussi. Je lâchais sa main, lui tournant le dos afin de sécher mes larmes.

• Vous savez, j'étais pas méchant, même si j'avais la tête du plus gros enculé sur terre, même si tu sais pas si quand je souris c'est pour me foutre de ta gueule ou que je trouve ça drôle, j'suis pas un mauvais gars au fond, j'aime juste être froid et envoyer chier les gens, c'est tout. J'voulais que ma vie soit comme je l'ai décidé, car malheureusement, j'avais pas eu de chance par le passé, ce passé qui me rattrapais et qui me foutait parfois des coups de pieds en plein dans le cul. J'savais très bien que ce putain de passé restera gravé en moi toute ma vie, et, c'était le cas, j'avais juste à me regarder dans un putain de miroir et c'était bon. Mon cœur n'était pas le mien, le cœur que je portais, cet organe qui me tenait en vie était celui de mon frère, un cadeau empoisonné en quelque sorte, car il n'était plus là physiquement, juste... Mentalement diront nous. Ouais, j'étais conscient d'avoir merdé, et, pour la première fois de ma vie j'étais prêt à admettre une erreur que j'avais commis. Mais, j'pense qu'avoir fait ça, c'est bénéfique pour moi, j'veux dire, j'admets avoir merdé, et j'arrive doucement à voir le futur, pas dans le sens j'ai des pouvoirs, j'me suis pas prit un pare brise dans la gueule qui m'a rendu fou, vous inquiétez pas pour moi, mais, dans le bon sens, j'arrive enfin à me dire que mes jours ne sont pas compté, que je ne risque pas de mourir d'un jour à l'autre. J'ai envie d'arrêter de me maltraiter, j'ai envie d'arrêter d'être ce connard qui te chie en plein dans la bouche quand ça va pas et qui s'amuse à te dégueuler des mots qui sortent plus vite de sa bouche qu'ils ne sont pensées. J'suis pas si mauvais que ça vous savez, certaines personnes le savent d'ailleurs, comme Jade. Elle était là, devant moi, et, je n'arrivais pas à la fixer, à la regarder dans les yeux. J'voulais faire de mal à personne, juste à moi, sauf que j'avais merdé, et, en beauté même. Je l'écoutais m'engueuler, me faire la morale, se livrer, chose qu'elle fait rarement au passage. Elle était ma meilleure amie, et, à sa place, j'aurais finit le travail, j'me serais mis deux grosses claques dans la gueule pour me réveiller, j'sais pas trop, mais quelque chose du genre vous voyez. J'étais qu'un con, un vrai con qui faisait pleurer sa meilleure amie. Là, j'ai envie d'me mettre des baffes, pas pour crever, mais pour me souvenir de ne plus jamais faire ça, de ne plus jamais lui faire du mal. J'la vois me tourner le dos, et j'comprends bien qu'elle est pas bien. "Jade... J'suis désolé... J'sais que c'est pas pardonnable, que j'ai merdé... Mais... S'il te plait, pleure pas... J'pensais qu'en finir était la meilleure solution, une pensée de merde... Mais maintenant je sais que j'ai ma place ici, j'sais que c'est débile de dire ça, que tout ce que je mérite c'est une grosse claque dans la gueule, mais... J'suis plus cette bombe à retardement que j'étais, j'ai l'impression que toute cette haine en moi est partie..." Ouais, si elle voulait venir et me foutre un coup de tête, j'la comprenais tout à fait, car c'est limite si j'dis pas que j'ai bien fait. Mais, ça m'a apporté de savoir, de me rendre compte. Avec du mal, j'me redressa de mon lit pour ensuite en sortir et emporter avec moi le pied à perf, j'étais branché de partout, mais j'en avais rien à foutre, j'pouvais pas mourir. Alors, m'avançant vers elle, je la pris dans mes bras, sans trop lui laisser le choix, être debout me faisait mal, j'avais l'impression que mes jambes allaient lâcher, mais j'pouvais pas la laisser comme ça, j'devais rattraper ma connerie... •

Est-ce normal d'en vouloir à une personne qui a affronté la mort de très près et qui en est revenu vivant ? Je trouve que oui. Surtout quand on sait que cette personne l'a provoqué. J'avais énormément de mal à me faire à cette idée. Me dire qu'il avait tenté de mettre fin à ses jours car il ne pensait pas mériter cette vie. Car il ne s'aimait pas, qu'il n'aimait pas le fait d'être en vie contrairement à son frère. Et nous alors ? On ne servait à rien apparemment. Je pensais lui apporter un peu de joie dans sa vie si triste mais ce n'était apparemment pas le cas. Il avait préféré se lever et foncer dans le tas. Malheureusement pour lui et heureusement pour moi, il y avait survécut. Mais j'avais vraiment peur qu'il tente à nouveau le diable, tout ça parce qu'il se croit à présent invincible. Personne ne l'est et il devrait le savoir mieux que quiconque ayant perdu lui-même un proche.
Je venais de lui ouvrir mon coeur et de lui dire le fond de ma pensée et c'était pas beau à entendre. J'avais juste envie de me barrer et de le laisser seul, de ne plus jamais lui reparler, de l'oublier mais c'était impossible. Il m'avait vraiment poussée à bout et je n'arrivais pas à le laisser. Pire, je pleurais tant j'étais en colère contre lui. Genre Jade qui pleure quoi ! Et je lui tournais le dos. Je ne voulais pas qu'il me voit ainsi, je ne voulais pas qu'il me voit aussi faible qu'il l'avait été il y a peu de temps. Il s'excusa et même temps que sa voix, j'entendais aussi plusieurs sons derrière moi. C'est en sentant ses bras autour de moi que je compris qu'il s'était levé. « Fais plus jamais ça Misha ! ». J'arrêtais plus de pleurer, j'y arrivais plus. Je ne me contrôlais plus. Je me retourna pour le prendre dans mes bras, passer mes bras autour de son cou et le serrer contre moi tout en pleurant. J'avais eu tellement peur de le perdre que je ne voulais plus le lâcher, de peur de le voir partir à nouveau. J'avais envie de l'embrasser, de le gifler, de le tuer, de le pousser, d'appuyer là où ça fait mal, que l'on voit si monsieur est vraiment invincible ou pas.

• C’est ici que s’achève un beau voyage, de bons moments passés ensemble. Dernier jours, dernière minutes, dernière secondes, tous ces instants dont on profite au maximum pour repousser toujours plus le moment du départ, celui qui vous plantera un couteau en plein cœur et qui te dira « les vacances c’est finit maintenant c’est le retour à la réalité ». C’est toujours comme ça de toute façon, tous vos beaux moments, toutes vos vacances vont passer en un claquement de doigts, sans que vous puissiez réellement réagir et faire quelque chose pour empêcher ça. C’est clairement impossible, ça serait comme vouloir grimper sur la plus haute horloge au monde et lui envoyer son pied directement au cul, ça ne servirait à rien et ça ne changerait pas le cours du temps. C’était la fin de quelque chose de bien, d’un beau voyage qui restera gravé dans les mémoires. C'est ici que j'avais pris la décision de laisser cette vie derrière moi, cette façon de faire, d'être. J'avais décidé de laisser ma haine derrière moi, de laisser cette envie de mourir dans cette pièce sans pour autant la toucher, juste me tenir compagnie le temps du séjour, pour qu'au final, j'puisse lui dire au revoir, dire au revoir à ma vie passé, et aller de l'avant. C'est ce que j'avais décidé, aller de l'avant, faire en sorte que ma vie soit plus belle qu'elle l'était. Faire un peu plus confiance aux personnes, ne plus coller mon poing dans des gueules, ne plus faire trop de conneries. J'voulais juste... Vivre, et, même si pour certaines personnes c'était étrange à entendre après ce que j'avais fait, j'voulais vivre, tout simplement, ne pas chercher à me foutre dans un mur à la première baisse de motivation. J'ai jamais été dépressif ou autre, juste froid, méchant, et plein de haine. Sauf que ça a finit par me bouffer. J'savais bien qu'un jour ça allait arriver, qu'un jour, tout ce mal qui est en moi allait finir par prendre le dessus, et, ça avait pas loupé. Et, j'me rendais compte que tout ça, ça avait fait plus de mal à mes proches qu'à moi. Putain de merde. Jade est là, et j'vois bien qu'elle est pas bien. J'voulais pas ça, j'voulais pas la faire pleurer, bordel, tout ce que je voulais, c'est qu'elle soit heureuse, tout ce que je voulais, c'est qu'elle rigole, qu'elle profite de sa vie, pas qu'elle soit triste merde. Alors, je l'avais prit dans mes bras. C'est la première fois que je la voyais pleurer, et putain, ça me faisait du mal. Je la serra contre moi, j'voulais lui montrer que j'étais là, et que j'comptais plus refaire ça. "S'teuplait... Arrête... J'suis là Jade... J'suis désolé..." Qu'est-ce que vous vouliez que je fasse de plus ? J'avais merdé, et toutes les excuses que je pourrais lui donner de rattraperait pas mon erreur... Déposant un baisé sur son front, je repris la parole, essuyant ces larmes avec un mouchoir. "Arrête autrement c'est moi qui va pleurer..." Et, c'est l'une des choses que je faisais rarement, mais vraiment, vraiment rarement. La dernière fois que j'ai pleurer, c'est à la mort de mon frère, donc, il y a trois ans... Depuis, plus rien, le néant. •

Des excuses, encore et toujours des excuses. Je trouve ça tellement facile de demander pardon à quelqu'un, sous prétexte que ça y est, on s'est excusé, alors tu dois passer à autre chose. Mais non, j'en avais pas envie. Je ne voulais pas passer à autre chose. Je lui en voulais vraiment, terriblement d'avoir agit aussi égoïstement, alors qu'il aille se faire foutre dans le pays de l'est duquel il venait. Puis, il m'avait fait pleurer et c'est une chose à ne pas faire. Si tu arrives à me faire pleurer, c'est que tu m'as vraiment poussée à bout, que tu as donc cherché à me faire craquer et que tu y es parvenu à la perfection, alors pour ça, il pouvait aller se faire foutre deux fois plus. Ca allait sûrement être douloureux, surtout pour s'asseoir ensuite, mais, il l'aurait sûrement mérité. « Je suis désolée que tu sois aussi con ! ». Non mais non, con, c'était pas assez fort comme mot. Mais je n'allai pas m'emporter de suite. Faire la folle hystérique ne me ressemble pas du tout. Je savais que je trouverai bientôt un moyen de lui faire payer ce que je venais d'endurer par sa faute. Je suis sûre qu'un cheveux blanc avait poussé pendant la nuit. L'horreur ! Et là, le plus beau moment de ma vie, le plus jouissif. Misha qui menaçait de pleurer si je continuais de le faire, de mon côté. Il avait dit la chose à ne pas dire. J'étais actuellement en mode fontaine. Pas femme fontaine, juste fontaine et m'arrêter était pratiquement impossible à ce stade. Il fallait que je le fasse toute seule, que j'y arrive par mes propres moyens. Pour ça, il fallait qu'il se taise. Mais il ne le faisait pas. Au contraire, il disait plein de chose pour que je continue de pleurer. Du moins, c'était l'impression que j'avais. Alors je continuais sur ma lancée, puis j'avais de quoi. Dans ma tête, une petite voix hurlait Pleure enflure, vas-y, pleure avant que je te fasse pleurer ! Le pire dans tout ça, c'est que j'étais vraiment capable de trouver son point faible pour le faire pleurer. Le faire comprendre qu'il m'avait mise dans tout mes états et que j'aimais pas ça, du tout. « Dis-moi que tu ne me referas plus jamais  vivre ça ! ». Je relevais la tête, le regardant droit dans les yeux, jusqu'à ce que j'ai ma réponse, sincère.

• Une dernière fois, profiter de ces instants une dernière fois dans sa vie, pouvoir respirer cette odeur, ce parfum qui vous rentre dans les narines et vous fait apprécier cette odeur, cette odeur de bien être, de joie, de paix tout simplement. Le fait d'avoir pris la belle brune entre ces bras lui avait amené la paix et l'avait fait se sentir... Vivant, oui, c'est le mot, il était vivant pendant ces quelques secondes qui lui avaient paru si longue. Le temps s'était arrêter, tout était immobile. On entendait plus le tic-tac des montres, le bruit des voitures, la sirène des pompiers et le chant des oiseaux qui passaient à proximité des deux amoureux. Le monde s'était arrêter de tourner et m'avait emmené dans ce bien être. Vous me direz, je suis juste en train de la prendre dans mes bras, rien de plus, alors pourquoi tout s'arrêtait comme ça ? Pourquoi le temps n'avait pas continué d'avancer ? Tout simplement car j'étais tellement bien avec elle que je ne voulais pas que ce moment s’arrête. Après tout, j'étais loin d'être le gars le plus parfait sur terre, et j'étais conscient que j'avais merdé, j'étais conscient que ce que j'avais fait était loin d'être la meilleure action que j'ai pu réaliser dans ma vie. J'étais à la fois énervé et triste, triste de la voir dans cet état-là, enervé que ça soit de ma faute. Sauf que j'avais bien décidé de vivre, j'avais décidé de continuer ma vie, de la rendre plus belle, plus grande. Et, si je devais faire façe à Jade, si je devais lui montrer que plus jamais je ne ferais ça, et bien, je le ferais. Elle était là, face à moi, et, les larmes coulaient le long de sa joue. J'savais plus quoi faire, j'étais perdu... "Vient là..." Alors, sans un mot, je lui pris la main pour l'attirer vers mon lit d'hopital, et, m'allongeant dessus, je la fis faire de même, et, je la serra dans mes bras du plus fort que je pouvais, sans pour autant lui faire mal bien sûr. "J'te le promet Jade... J'te le promet..." Avais-je chuchotter à son oreille, la gardant contre moi... J'éspérais juste qu'elle allait arrêter de pleurer, car putain, ça m'faisait mal de la voir dans cet état-là... •