LYEO ♥ What's up ? I hate you ...

Je venais de sortir de cours, tout allait pour le mieux dans ma petite vie du moins c'était ce que je me tuais à me répéter pour ne pas sombrer totalement, je m'étais mis à affronter toutes les embûches qui s'étaient mises sur ma route ces derniers temps, j'avançais la tête haute et les épaules droites : en conquérant ! Mais le sourire qui était affiché sur mon regard depuis quelques heures maintenant, depuis que je mettais levé du bon pied, s'effaça en quelques millièmes de secondes seulement: elle était là, Lyson !
Je cherchais un échapattoire, un moyen de partir, m'enfuir, je ne voulais pas la voir, ne souhaitais pas qu'elle refasse partie de ma vie, non elle avait été rayé de mon existence, comme une traitresse qui était partie trop vite, trop loin, trop longtemps. Mais trop tard, elle venait de croiser mon regard, et s'avançait déjà en ma direction: what else ? I dead !

J'avais passé une journée monotone, comme à mon habitude, rien de farfelues ne se passait dans ma vie, c'était triste. Alors que je m'étais rendu à mes cours, comme une bonne élève l'aurait fait, j'observais autour de moi, à la recherche d'une quelconque tête connue. Et c'est à ce moment-ci que mon regard vert émeraude se posa sur Matthéo. Il n'avait fallut qu'un seul regard pour que je le reconnaisse, en même temps il n'avait pas vraiment changé, et pour moi il ressemblait toujours à ce bon vieux Matthéo du passé. Au moins, d'apparence extérieur. J'hésitais à m'avancer vers lui, il devait probablement ne pas vouloir me voir mais qu'importe j'avais besoin de lui parler. Arrivant alors devant lui, je déglutis légèrement, le regard figé sur les nombreux traits de son visage. Matthéo...? Ma remarque sonnait comme une question, et pourtant je savais très bien que c'était lui, je voulais juste voir comment il allait réagir, comment tout ça allait se passer. J'étais sortie de sa vie si brusquement.

Rien que la vue de cette jeune femme ravissante, me glaçais le corps tout entier, elle était tout ce qui aurait pu me plaire, le charme incarné et pourtant rien qu'à l'idée que cette séduisante femme et Lyson soit la même personne me faisait ressentir un brin de mélancolie. Nous ? Non le nous n'existait plus depuis le temps, cela faisait plus de six ans maintenant que nos vies s'étaient séparées et dieu sait que j'en avais traversé du chemin, et pourtant elle se trouvait bel et bien devant moi, je levais les yeux au ciel en la voyant se poster devant moi. Incrédule, je ne savais comment réagir, agressif ? doux ? ignorant ? Sarcastique ? Tu veux jouer au jeu des prénoms ou tu permets que je passe mon chemin ? J'tais d'une humeur massacrante en un claquement de doigt.

Dans un sens j'étais ravie d'être retombé sur Matthéo, mais ma réjouissance tomba bien rapidement lorsque je me rappelais mon départ soudain d'Angleterre. Je n'avais même pas pris le temps d'en discuter avec lui, j'étais partie, et puis c'est tout. Alors que j'étais rapproché de lui, me tenant droite devant lui, le regard presque perdu dans le vague. Les mains moites, oui le revoir me faisait ressentir des choses bizarres. Il avait été si important pour moi, et je comprenais parfaitement le fait qu'aujourd'hui il m'en veuille pour mon silence radio. Il était froid, distant et je le comprenais parfaitement. Je mordais ma lèvre inférieur en baissant légèrement la tête vers le sol. Puis redressant mon regard, je reposais mon regard émeraude sur les traits de son visage. Je... Je ne pensais pas te revoir un jour. Je l'observais, oui il voulait surement partir mais pourtant, je n'étais décidément pas résolue à le laisser faire.

La sensation était étrange, j'avais déjà connu cette montée de joie et de mépris contradictoire en moi lorsque Leena était réapparu dans ma vie il y un mois, mais à cet instant même tout était décuplé car pour le coup je n'avais aucuns tords, sauf peut être d'avoir été trop con étant jeune pour m'accrocher à une telle personne. Des flashs me revenaient en tête, une bague en réglisse, moi qui la poussait sur la balançoire pendant qu'elle cherchait un défi pour me ridiculiser et lui prouver que je l'"aimais". Lyson et moi c'était intense, fort, des enfants inséparables, des promesses, des non dits, et un abandon ! Moi non plus pour être franc ... et encore moins ici ... là ... après tant de temps. En tout cas tu te portes à merveille. Je préférais faire comme si tout ceci ne m'atteignait pas, comme si finalement nous étions de simples amis qui se retrouvaient après de nombreuses années.

Revoir un amour, un meilleur ami d'enfance après tant d'années avait sérieusement de quoi déboussoler un esprit humain. Alors oui j'étais perdue, je ne savais pas, je ne savais plus comment me comporter avec lui, alors que nous avions été si proches par le passé. Fiancés avec des bagues en réglisse, constamment s'amuser à se lancer des défis, des cap ou pas cap pour voir jusqu'au l'autre pouvait aller. Puis vint le moment où il m'avoua que je me portais à merveille. J'esquissais un vague sourire, avant de glisser mes mains dans les poches de mon jean. Toi aussi. Fin t'a l'air bien... Vraiment... Vraiment bien. J'esquissais un nouveau sourire puis je pinçais finalement mes lèvres, inspirant profondément. J'avais vraiment l'impression d'être une parfaite imbécile. Je ne voulais pas lui montrer que le voir, ici, aujourd'hui devant moi, me bouleversait totalement, cependant je devais pas avoir l'air très crédible.

J'aurais vraiment voulu m'éclipser, pauser un lapin à Lyson et partir d'une minute à l'autre, après tout cela ne serait que le rendu de bâton et pourtant maintenant qu'elle se trouvait là j'avais du mal à déguerpir, comme si mes jambes étaient prêtes à flancher d'une minute à l'autre et que mes pieds se trouvaient bien ancrés au sol. Les fausses paroles qu'elle et moi formulions se trouvaient être d'un ridicule sans bornes, je levais alors les yeux au ciel, face à sa phrase qui trahissait notre éloignement car sinon elle aurait su que j'étais au bout de ma vie. Le plus heureux du monde Lyson ... Et tu es à Harvard ? J'espèrais qu'elle ne soit pas chez les Mathers depuis récemment, moins je la verrais pour le moment mieux je me porterais, et pourtant les flashs venaient encore et encore, notre petit baiser pour notre pseudo mariage d'enfants.

Les retrouvailles spéciales. Pittoresques, et presque démoralisantes qui étaient entrain de se dérouler entre Matthéo et moi, avaient le dons de me faire perdre pieds. Tout ça n'avait aucun sens. Comment je pouvais savoir si Matthéo allait bien alors que ça faisait de nombreuses années que je ne l'avais pas vu ? Aussi lorsqu'il prononça mon prénom, j'eu des frissons le long de mon échine, entendre mon prénom sortir de sa bouche après tant d'années de séparation me faisait bizarre. Oui vraiment bizarre, c'était assez indescriptible. Hum... Bien... Bien... Je ne pensais pas qu'il me disait la vérité mais après tout c'était son choix. Nous étions devenus comme deux inconnus et je n'étais plus vraiment sûre de le connaître, même si je me souvenais parfaitement de nos grands moments d'amitiés que nous avions pu avoir dans le passé. Oh oui, j'étudie ici depuis un petit moment maintenant. Et toi...? Je fronçais les sourcils, j'étais assez gênée.

Quoi elle se trouvait réellement là, à Harvard dans les même quatre murs que je arpentais depuis plus d'un an à présent, et dieu merci je ne l'avais pas croisé avant même si maintenant n'était peut pas le moment opportun. Elle avait cette tête que je connaissais si bien lorsqu'elle se trouvait être mal à l'aise, je ne savais pas que penser de l'instant présent, de nos retrouvailles, de Lyson face à moi aussi perdue que je l'étais. Depuis un an et demi maintenant ... et tu te plais ici ? Tu as trouvé une nouvelle famille ? Loin d'être un reproches, même si finalement cela pourrait en être un, comme un mal au fond de moi, qu'elle m'est remplacée, même si j'avais fais de même, c'était plus légitime pour ma part une fois la trahison digérée.

Gênée, je ne savais plus vraiment comment me comporter avec ce garçon avec qui j'avais toujours trouvé comment me comporter. Dans le fond, je trouvais cette situation assez triste et embarrassante, on ne pouvait pas dire que nous étions à l'aise tout les deux et je me demandais sérieusement si c'était une bonne idée qu'on poursuive notre discussion. Lorsqu'il me demanda si j'avais trouvé une nouvelle famille, je fronçais les sourcils, mordant ma lèvre inférieur. La manière dont il l'avait dit prouvait clairement que ce n'était pas spécialement un reproche, mais ses mots m'avaient tout de même fait un certain mal, même si j'essayais de garder mon visage le plus impassible possible. Oh un an et demi, ça commence à faire un sacré bout de temps. Je préférais ne pas répondre à son autre question. Parce que au fond je ne m'étais jamais sentie aussi seule de toute ma vie. Bon, bien je suis contente. Contente de t'avoir revu.. Je souriais alors légèrement, un sourire faux, mal à l'aise, qui cherchait refuge. Je m'apprêtais à partir mais j'avais une boule en travers de la gorge. Je me retournais alors brutalement, me mettant face à Matthéo. Matthéo, je regrette tellement d'avoir disparu si soudainement. Je n'ai jamais voulu t'abandonner aussi brutalement.