BURN OUT | Jasper

Comme une envie de faire les magasins, de se faire plaisir, de prendre soin de moi m'avait prise ce matin et pour une fois je l'avais écoutée. Charlie était avec Sienna qui s'était gentiment proposée de la garder, et j'avais pris la direction du centre commercial pour aller faire mes amplettes. Un magasin, puis deux puis trois, les sacs commençaient à augmenter dans mes mains, avec la carte bleue du papa c'était toujours plus facile de dépenser. Après avoir fait le tour et trouvé tout ce qui me faisait envie, je pris la direction des ascenseurs pour rejoindre le parking souterrain. J'avais réussi à faire le tour en un temps reccord si bien qu'il n'y avait pas encore trop de monde vers les ascenseurs. L'appelant, il arriva plutôt vite, je m'engouffrais dedans. Les portes allaient se fermer lorsqu'un jeune homme sauta dans l'ascenseur à la dernière minute. Je lui adressai un petit sourire le reconnaissant, reconnaissant ce regard bizarre qu'il m'adressait tout le temps, c'était un dunster. Je ne pipai pas moi jusqu'à ce que les lumières vascillent et que l'ascenseur se stoppe d'un coup dans le noir. " Et merde tiens ! "

On lui rappelle pourquoi il se retrouve dans ce plan foireux ? Ah oui, parce que sa multi-prise avait décidé de décéder ce matin, et que sans elle, la chambre Jaspriarlie se trouvait dépourvue de toute technologie. Or, la technologie, c'est un peu la base de ses études et de son boulot. Jasper se rend donc au centre commercial rapidement, histoire de pas perdre encore d'avantage de temps. Il se hâte dans le magasin d'informatique, et se hâte encore pour attraper l’ascenseur de justesse. Pour vous dire combien il est pressé, le garçon ne s'arrête même pas en voyant que dans la cage se trouve déjà la bizut dunster qui le perturbe. Celle qui ressemble tellement à Reaghan qu'il a du mal à la quitter des yeux. Heureusement qu'elle n'habite pas à la confrérie. Se terrant dans un coin de l’ascenseur, bras croisés, il se concentre sur ses chaussures. Passionnant. Quand d'un coup, la mécanique décide de jouer avec ses nerfs. Leur cube en métal s'arrête dans sa descente, provoquant secousse et noir complet. Loose. Il lâche un juron, et prononce :  « Tu peux.. appuyer sur les boutons ? » Qu'il a l'air con putain. Mais il veut pas s'approcher au risque de la frôler ou un truc comme ça.

Je ne crains pas les espaces fermés mais je ne les adore pas non plus, l'ascenseur est mon ami uniquement lorsqu'il fonctionne et m'évite de prendre les escaliers. Lorsqu'il s'agit de le prendre avec le mec qui me regarde tout le temps comme si j'étais une morte vivante ou quelque chose du genre, et qu'il se coince, il parait tout de suite moins adorable à mes yeux. Aujourd'hui, il était moins adorable. Et ce mec évitait mon regard et me demandait d'appuyer sur les boutons. Non mais sérieux ? Il croit que je fais quoi depuis que tout s'est arrêté. " C'est déjà fait ! Si tu me regardais autrement tu l'aurais peut être vu. " Bing, comment placer délicatement, ou pas d'ailleurs, dans la conversation que j'avais bien vu qu'il me regardait d'une drôle de manière. J'espérais qu'il saisirait la perche pour avouer pourquoi j'avais le droit à ce regard mais j'en doutais. " Va falloir attendre, c'est tout. " J'aurais bien rajouté avec moi mais il aurait pu dire la même chose et oui je n'étais pas tellement rassurée d'être avec lui alors j'oubliai ces deux mots.

L'angoiiiiiisse. Bon, l’ascenseur passe encore, Jasper n'est pas claustrophobe. A la limite, il peut rester bloqué pendant quelques minutes pour le fun d'avoir un truc à raconter le soir. Mais juste, pas avec la blonde là. Ca le rendrait « presque » désagréable, lui qui s'efforce que chaque dunster se sente à sa place. Pourtant, c'est son regard qui la rend désobligeante. Il comprend bien le message, t'inquiète pas, c'est pas un intello pour rien. Mais choisit de l'ignorer. « Si je te regardais autrement ? Il fait complètement noir comment tu veux que je te regarde ? » Joue l'idiot, puisque s'en est un. Un idiot qui se fait hanter. Toujours planqué dans son coin, le garçon n'a pas l'air décidé à en bouger. « Parfait.. » Qu'il ironise, s'auto-persuadant qu'il pourrait rester immobile jusqu'à ce que la solution descende du ciel. Sauf que ce n'est pas lui de juste attendre que ça se passe. Après quelques secondes d'un silence de plomb, il soupire et lâche un : « Enfin non, pas parfait. On va pas rester bloqué là-dedans pendant des heures ! » Longeant avec sa main le bord de la cage, il trouve les boutons. Enfin, il trouve surtout les doigts féminins. Damn. Aussitôt les hôte comme une brûlure.

A ause de lui j'avais l'impression d'être tout ce qu'il y a de plus détestable au monde, alors que je ne pensais pas l'être et que je n'avais strictement rien fait pour qu'il me mette cette étiquette là sur le front. Il était étrange et comment dire que l'occasion tombait plutôt bien pour savoir quel était son problème. Je m'attaquais tout de même au président de la maison que je souhaitais rejoindre, mais merde à la fin je voulais savoir qu'est ce que c'était son problème avec moi, histoire que je quitte les Dunster directement pour tenter ma chance ailleurs si mon bizutage est voué à l'échec. " Est ce que tu crois que j'ai envie de rester bloquer là des heures avec toi et ton côté désagréable qui est le seul truc que je connais chez toi ? " Les regards, son humeur, on ne pouvait pas dire qu'il savait se mettre à son avantage celui là. Lorsqu'il frôla ma main je le sentis s'écarter d'un coup, j'aurais presque ri mais au lieu de cela je préférai lui lancer : " Vas y écarte toi bien... On sait jamais des fois que frôler ma main provoquerait ta mort.... Ridicule ! " Il avait quoi dans le cerveau pour être arrivé à la présidence des Dunster ? Je me le demandais bien car moi je ne le voyais pas du tout à son avantage.

Hum, bon point. Mais Jasper ne faisait pas exprès. Au quotidien, c'était la compagnie parfaite. Il savait se montrer charmant et attachant, toujours poli. Sauf quand une demoiselle arbore le masque de celle qui avait secoué son cœur pendant quelques mois, laissant quelques cicatrices sur son passage trop court sur terre. A la jeune bizut, le garçon ne montrait que ses mauvais côtés. Ceux qu'il réservait à peu. « Tu sais aussi que je suis ton président, ça fait deux trucs. » Qu'il siffle, se disant qu'utiliser son titre pourrait peut-être abattre le ton belliqueux féminin. Ca n'a rien de très glorieux, mais à situation désespérée, solution toute aussi désagréable. Puis, il avait essayé. De s'approcher, de se sortir de cette connerie, et avait finit par empirer les choses. Il sur-réagit, elle provoque. Utilise le mauvais mot. « Parle pas.. de trucs comme ça. » La mort, c'est vraiment pas un truc qu'il gère avec beaucoup de sérénité, surtout quand ça a un lien avec la jolie blonde. La paume de sa main s'abat fortement sur les boutons, les lumières de la cabine finissant par se rallumer faiblement, par intermittence. Ses billes bleutés se posent sur la demoiselle. « Tu lui ressembles tellement. » C'est à voix basse, pour lui-même. Il a pensé tout haut, le regrettant déjà. Du coup, il se préoccupe à nouveau du boîtier, harcelant le bouton de secours.

" Joue sur les mots éclate toi ! Tu veux qu'on y aille par là ? Je sais aussi que tu t'appelles Jasper et que Leyna est ta soeur, t'as vu j'en sais des choses sur toi malgré tout hein ? " Je regardai finalement partout pour voir s'il n'y avait pas un endroit par lequel nous pourrions sortir de là mais non rien. Une lueur d'espoir apparut dans mon regard lorsque la lumière revint quelques instants mais non. J'étais maintenant trop concentrée sur ce qu'il venait de dire et dont je ne connaissais pas le sens, et oui il ne parlait pas alors je ne pouvais pas tout déchiffrer non plus. " Je ne dois pas parler de quoi ? Et je ressemble à qui ? " Il s'exitait de plus bel sur les boutons de l'ascenseur, c'était assez drôle sans l'être, ça m'agaçait surtout. Je m'approchai de lui, lui pris la main avec laquelle il agissait et lui dit, fixant mon regard dans le sien : " Arrête ça et réponds moi ! Tu vas me faire paniquer à force et crois moi ce n'est pas ce que tu veux, d'autant plus que c'est inutile de s'affoler comme ça ils se sont surement rendus compte que l'ascenseur est coincé ! " Je pouvais être ferme lorsque je le voulais, lorsque je tentais de canaliser ma peur.

Ajoute qu'il dirige une entreprise, et voilà les informations principales sur Jasper. Il souligne ses lèvres d'un sourire acide en seule réponse. Le garçon ne peut pas répliquer. Et ne peut pas lui répondre pour la suite non plus. Reaghan, il n'en parle à personne depuis qu'elle s'est barrée. Même pas à Leyna ou Leandra, encore moins à Salomée. Alors à une fille qui n'a de seul lien avec lui qu'appartenir à sa confrérie.. Non, il garde sa bouche close. Mais elle insiste. C'est ça de recruter des fortes têtes. Les doigts insistant lourdement sur le tableau de contrôle se font saisir par la main féminine, et Jasper n'y résiste pas. « Tu veux vraiment qu'on attende sans rien faire ? » Juste subir, c'est pas son délire. Non, il est habitué à diriger, tout contrôler. C'est pour ça que déballer son passif l'effraie. Mais a-t-il vraiment le choix ? Même l'idiot qu'il est, est conscient que la situation est arrivée à un point où il doit agir. Juste parler. Au moins quelques mots. Soupire. Yeux bleus plantés dans les mêmes. Ils sont différents de ceux de sa regrettée, il le voit maintenant. Ce moment de lucidité l'encourage à lâcher : « Tu ressembles à une fille que je connaissais, c'est tout. C'est rien.. j'vais essayer de moins te.. regarder bizarrement. » Légère grimace. « Désolé si je t'ai fais peur, c'était pas volontaire. » Voilà, affaire réglé.

Un petit rire nerveux s'échappa de ma bouche lorsqu'il me demanda si je voulais réellement qu'on attende sans rien faire. Mon esprit légèrement perturbé par la situation avait un peu déformé ce qu'il venait de dire et l'avait transposé dans un autre contexte pas du tout approprié à la situation. Il fallait bien rire un peu de temps en temps, surtout lorsque la situation avait tout d'angoissant mais rien de vraiment grave et alarmant. " Rien faire oui, à part parler un peu peut être pour passer le temps ! " Mon sourire disparu lorsqu'il se décida enfin à entrer dans le vif du sujet, à me dire pourquoi il était si bizarre avec moi. " Une fille que tu connaissais ? Tu en étais proche ? " J'étais légèrement curieuse de son histoire mais aussi du fait qu'une fille puisse me ressembler au point de le troubler autant. J'aurais aimé voir cette fille en fait sauf qu'il en parlait au passé alors je ne savais pas réellement si cela allait être possible, je verais bien à sa réponse. " Ce n'est pas grave ne t'inquiètes pas... Je me demandais juste pourquoi le président de ma confrérie me regardait comme ça, c'était troublant, surtout lorsqu'on arrive juste dans la confrérie! "

Vla qu'elle se met à rire. Jasper hausse un sourcil, étonné de cette réaction. Y avait-il seulement quelque-chose de drôle dans sa réplique ? Hum, c'est nerveux surement. Il choisit de ne pas insister, il avait suffisamment été désagréable, elle avait aussi le droit à de petits égarements. Surtout qu'il.. - choisit n'est pas le terme, disons qu'il n'avait plus vraiment le choix-.. se retrouve à devoir se confier sur ses raisons. Fallait bien que ça arrive. « Proche ? Ouais, on peut dire ça.. » Disons qu'elle faisait accélérer son cœur juste par sa présence. Il a un fin sourire, de ceux qui apparaissent sans prévenir. Le reste ne sortira pas tout seul. Il a du mal à exprimer toutes ces conneries de sentiments. « Je suis pas totalement cinglé, si ça peut te rassurer. » Se force un peu pour plaisanter, histoire d'apaiser l'atmosphère. Il reprend avec un rictus : « Juste ce qu'il faut. » Ca va mieux. La voix de Talya est différente, aussi. L'attitude, certains traits de son visage. Elle a bien plus de caractère que Reaghan, et c'est plutôt flagrant. « M'en veut pas si je suis pas.. naturel tout de suite avec toi. Ca risque de prendre encore quelques temps. » L'habitude à prendre. Il s'appuie contre le bord de la cage, comme acceptant l'idée de rester bloqué ici.