C’était la première fois qu’il voyait sa copine dans cet état. Si leur relation était animée de péripéties depuis le début, c’était la première fois qu’elle s’énervait de la sorte et qu’elle montrait son côté agressif. Tandis qu’il l’avait transporté dans ses bras, elle n’avait fait que se débattre, et de temps à autres, elle lui avait fait mal, mais Ashton avait pris sur lui. Si elle avait été une tout autre personne, il lui aurait probablement rendu les coups, mais avec Naomi, il changeait, il ne se comportait pas de la même façon, parce qu’il refusait de la blesser. Elle le rendait presque doux comme un agneau. Au fond, elle exerçait sur lui le même pouvoir que sa mère : il se muait en un rôle protecteur et se comportait de façon exemplaire. Il savait que ça ferait rire sa mère, parce que jamais une autre femme n’avait été capable d’une telle chose avec lui jusqu’à présent. Il était difficile à convaincre et à diriger. Mais ce soir, c’était l’inverse qui se produisait. Naomi était juste intenable, et alors qu’il cherchait à la récupérer, à la rendre lucide et à la calmer, la jeune femme s’isola dans ses pensées, restant hermétique à toute forme d’affection de la part d’Ashton qui se débattait, et qui ne savait pas quoi faire d’autre pour lui faire oublier la fin de soirée. Pire, il ne s’était pas attendu à ce qu’elle lui vocifère des paroles blessantes. Et Ashton se recula d’un pas se relevant de tout son long, se braquant comme jamais, vexé. « Quoi ?! Attends, c’est la NBA le problème maintenant ? Je te préviens Naomi, il est hors de question que j’abandonne mes rêves, même pour toi ! » Il était trop près du but pour y renoncer. Et puis, ses rêves sont présents depuis le début, et il n’est pas prêt à faire ce sacrifice pour une histoire qui pourrait éventuellement échouer, même s’il aimerait qu’elle fonctionne. « Putain tu m’énerves ! Ca fait près de trois semaines que je suis irréprochable, que je fais tout pour te contenter, et c’est jamais suffisant ! » Les autres filles, il ne les a plus touchées, il a limité ses sorties, il n’a fait que voir Nevada pour lui parler de ses tracas et puis voir quelques personnes mais sans arrière-pensées. Pourquoi n’était-elle jamais satisfaite ? Et puis, elle le faisait flipper avec ses histoires de bébé. Ca ne marchait pas à tous les coups. Il était possible qu’elle ne tombe jamais enceinte de lui, alors pourquoi se mettre dans tous ses états. Il soupira regardant à droite à gauche avant de se passer une main sur le visage. Les choses étaient toujours compliquées entre eux. Heureusement que les moments positifs étaient tellement appréciables qu’il finissait par oublier les disputes, mais il fallait s’accrocher avec elle, et surtout éviter de prendre mal toutes ses remontrances, sinon il n’était pas sorti de l’auberge.
Finalement, Naomi baissa la garde, et finit par s’excuser, regrettant les paroles prononcées. Comment faisait-il pour la supporter ? C’était bien simple : l’amour fait pardonner beaucoup de choses. Il haussa les épaules, les mains dans les poches, posant enfin le regard sur le visage éreinté de la belle amérindienne. « Je te supporte, c’est tout. » Mais voilà qu’elle doutait, et qu’elle se dépréciait, et Ashton voulait à tout prix éviter que ce genre de choses arrivent, parce que si elle perdait confiance en elle, ça pouvait être dramatique pour elle, et pour leur couple. Alors qu’il se rapprochait d’elle sous l’impulsion de sa main posée sur son cou, il secoua la tête avant de poser son front contre le sien et de la regarder droit dans les yeux pour lui dire : « T’es parfaite pour moi. C’est le plus important. » Il souhaite la rassurer, alors il l’enlace et la serre fort dans ses bras, nichant sa tête dans son cou pour déposer quelques baisers rassurants, et puis il lui demande alors : « Y a peut-être des pharmacies de garde ouvertes ? Et puis sinon si t’as peur, on peut aller aux urgences ? » Mais oui, tout ira bien, il ne veut pas qu’elle pense le contraire. Il souhaite juste lui faire comprendre qu’il n’y a pas le feu à la maison, que les choses sont encore sous contrôle. Il ajoute alors : « Et puis, bébé, au pire… si t’es enceinte…tu peux avorter, ou alors on le garde et on avisera après… » Il n’a pas réfléchi, c’est sorti spontanément, mais il lui montre son attachement, parce qu’il ne serait pas capable de la laisser tomber comme l’a fait son père avec sa mère, même s’il était enfant quand ça s’est passé. La jeune femme se réfugie dans ses bras et exprime sa volonté de faire des efforts, et il dépose un baiser sur son front pour lui souffler : « Non. Je veux que tu sois toi-même. » Il l’aime comme ça. Elle fit ensuite une proposition, ou plutôt une suggestion plus qu’impérative. Elle voulait rentrer. Le programme lui plaisait bien, alors Ashton acquiesça, se relevant en prenant encore dans ses bras sa copine, avec cette fois plus de délicatesse, pour la porter jusqu’à sa voiture et l’emmener jusqu’au bâtiment des Cabots. Il fallait qu’il le lui dise. Il l’aimait. Ca trottait dans sa tête.
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La bagarre avait éclaté d'un coup, sciant sur place tous les invités. Tous les regards étaient rivés sur elle mais Naomi s'en foutait complètement, trop préoccupée à sauver son honneur bafoué. Bien qu'elle soit une personne d'ordinaire de sang froid, ce soir Naomi avait eu une fois de plus une réaction démesurée qu'on pouvait aisément expliquer par la prise de drogue combiné à sa consommation d'alcool et le vent de panique qui venait de souffler dans la buanderie. Ne pensant même plus à Ashton, elle sembla redescendre sur terre lorsque Ashton posa ses mains sur son visage et que le fait de croiser son regard la ramena brusquement à la réalité, comme une décharge électrique. Elle comprit alors qu'elle venait de se ridiculiser à se battre comme une chiffonnière pour la énième fois depuis qu'elle était à Harvard et que les Cabot allaient lui passer une fois de plus un savon, menaçant encore de la radier de la sonorité ce que Naomi pouvait parfaitement comprendre car elle serait le genre à demander le même traitement pour une autre de ses soeurs. "Mais c'est elle Ashton, t'as vu comment elle m'a parlé cette garce !" adressant un autre regard mauvais à l'autre, elle protesta lorsque Ashton l'a pris dans ses bras. "Laisse moi descendre, laisse moi descendre !" Encore énervée; elle se débattait comme un beau diable alors que son petit-ami prenait la meilleure décision à prendre, à savoir la foutre hors de vue de tous ces gens qui s'étaient délectés de la voir perdre ses moyens. Une fois dehors, l'air frais fut comme une gifle pour Naomi qui n'était toujours pas complètement redescendue. Elle criait encore, ameutant tout le quartier lorsqu'il la déposa dans un coin afin qu'ils puissent parler tranquillement. Mais Naomi n'avait aucune envie de parler, pensant encore à cette pauvre fille qu'elle n'avait pas pu défoncer dans les règles de l'art, même si avec le recul elle regrettait son comportement elle aurait quand même préféré tout donner pour faire les choses correctement. Énervée, elle tremblait de tout son corps, ramenant ses genoux à sa poitrine. Ashton s'était mis à sa hauteur afin de la raisonner mais la jeune femme faisait la sourde oreille, laissant son regard vagabonder sur les autres maisons de la résidence, il était là comme un papa qui rassurait sa petite fille, multipliant les gestes et les baisers rassurants mais la belle étudiante s'y sentait complètement hermétique. "Oh bah oui hein c'est pas grand chose un bébé quand on va bientôt se barrer pour la NBA, tu seras pas le premier à jouer à semer ta semence dans tous les états unis au grès de tes transferts !" Elle s'auto-insupportait elle-même de lui parler de cette manière elle ne comprenait pas pourquoi ils en venaient toujours au conflit, comme si le bonheur était trop ennuyant pour se laisser le vivre. Le même cercle infernal se répétait jour après jour, menant Naomi à penser que leur relation était quasiment disfonctionnelle. D'un coup d'un seul, elle relâcha la pression, poussant un long soupir…