Stay cool | CHARLYA

Bordel ce que je pouvais être tête en l'air parfois. Mon père m'avait collé un rendez vous pour Charlie en ville pour je ne sais quoi et j'avais complètement oublié de lui demander l'adresse à laquelle je devais me rendre. Il était maintenant bientôt l'heure du rendez vous et je n'en savais toujours pas plus. Je savais juste qu'il fallait que je me dépêche à récupérer ma voiture, ma fille et que je file. Le parking grouillait pas mal à cette heure, j'allais mettre un temps fou à sortir. Afin de tenter de gagner du temps, alors que je rejoignais la place que j'avais trouvé ce matin, j'accostai une fille qui était là à attendre je ne sais quoi, espérant que peut être elle connaitrait le lieu de mon futur rendez vous. " Excuse moi " Alors qu'elle levait la tête j'enchérissai : " Est ce que tu sais où... ? " Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que la demoiselle me coupa. J'avais l'impression qu'une tempête allait me tomber sur le coin de la tête et je n'étais peut être pas si loin que ça de la vérité. Mais une chose était sûre : je ne comprenais absolument pas ce qu'il se passait d'autant plus que j'étais nouvelle en ville, dans cette université et que je ne l'avais jamais croisée auparavant du moins pas que je m'en souvienne.

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Y avait des moments, comme ceux là, où je perdais patience très rapidement. Premièrement parce que le parking était totalement bondé dégageant un brouhaha pas vraiment reposant et deuxièmement parce que je poireautais depuis une vingtaine de minute attendant que Jaelle se décide à ramener ses fesses. J'avais promis de l'emmener à Boston mais, si elle continuait comme ça, j'allais juste me tirer. La patience n'avait jamais été mon fort et là, j'ruminais à moitié -comme les vaches- pianotant d'un air particulièrement agacée sur le capot de ma voiture. " Excuse moi " J'levais la tête deux minutes faisant passer en un regard le message que c'était pas du tout le moment avant que la blonde en face de moi reprenne la parole. " Est ce que tu sais où... ? " « La ferme ! » J'étais pas la meuf la plus polie à la base mais avec elle, ça risquait d'être pire. Son père avait été le médecin du mien. Mon père était mort. J'pense que ça suffisait à expliquer toute l'animosité que je pouvais ressentir à cet instant précis. « Demi-tour, tu dégages. »

J'étais tellement lancée dans mon élan, dans mon empressement que je m'étais attendue à tout sauf à cela. La fille en face de moi venait de me demander de la fermer et de dégager. Ses quelques mots me stoppèrent net dans ma lancée. Je restai là en face d'elle quelques secondes sans rien dire, la bouche légèrement entrouverte et les yeux écarquillés. L'Amérique c'était décidément un pays avec des gens bizarres... En vingt quatre ans d'expérience je n'avais jamais vécu cela en Ukraine mais ma foi... Je n'allais pas me laisser traiter de la sorte par une fille à qui je n'avais rien fait et surtout à qui je ne voulais pas de mal mais quand même. Il y avait des limites à ma gentillesse. " Tu rigoles ? " Rien d'autre n'avait pu sortir de ma bouche là de suite maintenant. " Ca te prend souvent de parler comme ça aux gens que tu ne connais ni en blanc ni en noir ? " J'avais eu envie de rajouter un pauvre fille derrière mais si je voulais avoir une chance d'avoir l'adresse dont j'avais besoin il fallait peut être que j'évite, quoi que au vue de notre première accroche je doutais que je puisse tirer quoi que ce soit de cette fille.

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La politesse incarnée. Parfois, je m'impressionnais moi même en fait. Mais là, j'pouvais absolument pas rester neutre face à cette fille. Pour la simple et bonne raison que dans ma tête, c'était à cause de son père que ma famille était ruinée. A cause du sien que moi, je n'avais plus le mien. Et puisque je n'avais à la base rien contre qui ruminer, elle faisait le punching ball parfait. " Tu rigoles ? " Mh. Est-ce que j'avais l'air de plaisanter ? Parce qu'aux dernières nouvelles, y avait rien dans mon visage qui laissait penser que j'étais juste en train de faire une blague. Pauvre fille, sa blondeur avait du lui atteindre le cerveau en fait. " Ca te prend souvent de parler comme ça aux gens que tu ne connais ni en blanc ni en noir ? " C'était quoi qu'elle avait pas comprit dans le mot "dégage" au juste ? Parce que j'avais quand même été très clair pour le coup. « Seulement à ceux que je peux pas me piffrer. Comprends par là que t'en fais partie. »

Cette fille était timbrée, complètement folle. Elle m'agressait sans raison apparente et maintenant elle m'avouait clairement qu'elle ne pouvait pas me voir alors que je ne la connaissais pas du tout... C'était assez improbable comme genre de situation d'autant plus que je n'étais pas d'ordinaire la fille qui cherche les problèmes, mais je n'allais pas non plus me laisser agresser de la sorte sans rien dire. " Je peux savoir ce que je t'ai fait pour attérrir directement dans ta liste noire ? On ne se connait pas et je n'ai même pas eu le temps de te demander le renseignement que je voulais ! " Je secouai légèrement la tête avant d'ajouter : " T'as un réel souci ma pauvre..." Voilà c'était sorti. Merde alors je voulais bien être gentille mais tout de même pas lorsqu'on me traitait comme cela sans raison. Et puis je devais avouer que j'étais curieuse de savoir comment elle allait justifier son agressivité envers moi pour le coup. Je sentais le truc ridicul arriver ou alors qu'elle se débine et ne me le dise pas... J'allais bien voir parce que même si elle ne m'aimait pas je n'allais pas la lâcher comme cela, quite à être en retard ou même ne pas aller à mon rendez vous en même temps je ne savais pas où s'était et ce n'était pas d'une importance vitale.

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Bordel, elle m'énervait. Vraiment. J'étais de mauvaise humeur et elle n'arrangeait absolument rien. Au final, y avait rien de compliquée dans ce que je demandais si ? J'voulais juste qu'elle se tirer et qu'elle aille demander ses trucs à quelqu'un d'autre puisque je ne comptais absolument pas l'aider. Je levais les yeux au ciel poussant un soupir alors qu'elle reprenait la parole. Très bien, elle ne voulait pas lâcher l'affaire. Elle était peut être stupide en fin de compte. C'était limite suicidaire de s'en prendre en moi. En fait, c'était comme signer son arrêt de mort que de se prendre aux Kovalevski. Et si j'décidais de vraiment faire de sa vie un enfer, elle allait le regretter jusqu'à ce qu'elle quitte l'université. « J'm'en tape le cul par terre chérie, j't'ai juste demandée de me foutre la paix. » Ce qu'elle ne comptait pas faire de toute évidence et qui avait le don de m'emmerder encore plus. « Ouais, j'ai un souci. Comme le fait que ton père l'incapable n'ait pas sauvé le mien alors qu'il est sois disant l'un des meilleurs mèdecins de la région. » Et maintenant, casse toi Blondie.

Lui foutre la paix et la laisser cracher sur mon dos à tout le monde sans rien dire ? Impossible ! Et puis j'étais le genre de fille à vouloir connaitre le fond du problème et un peu têtue donc elle ne se débarasserait pas de moi aussi facilement c'était tout. Et j'avais ma foi bien fait d'insister puisqu'elle venait de cracher le morceau. Je ne lui avais rien fait mais c'était mon père le problème. En tant que médecin c'était logique qu'il n'ait pas que des amis mais m'en vouloir pour un truc donc je n'étais pas responsable mais que lui l'était c'était un peu fort tout de même. Cependant, je pouvais comprendre sa réaction, sa déception au vue de la réputation de mon père et au vue de la relation qu'elle pouvait avoir avec le sien. " M'attaquer moi ne ramènera pas ton père et ça ne touchera pas le mien alors pas la peine de t'exciter sur moi ! " Cette fille ne cherchait pas de la pitié, pas de l'empathie pour son cas, du moins pas à ce que je voyais cependant j'étais tout de même désolé pour son père mais je n'allais surement pas lui dire après qu'elle se soit excitée de la sorte. " Puis tu sais quoi ? Mon père n'est pas infaillible, c'est pas dieu, y'a des choses contre lesquelles il ne peut pas lutter. " La médecine avait beau faire des progrès montres tout n'était pas encore résolu, j'étais plutôt bien placée pour le dire comme je l'étudiais maintenant.

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Pourquoi est ce que je m'acharnais sur elle ? Honnêtement, je ne savais pas. J'avais peut être trop de rancoeur, trop de haine et j'étais pas capable de passer au dessus. Pour mon père, j'avais tout arrêtée. La drogue ainsi que les fêtes à répétition. J'avais simplement arrêtée et quand enfin je rentrais dans ses bonnes grâce, voilà qu'il disparaissait. Qu'il me laissait plus seule que jamais dans une famille qui n'avait de tout évidence absolument rien en commun avec moi. Alors oui, j'étais en colère. En colère et fatiguée de tout ça. Elle était juste la cible facile. Cible que je n'aurais peut être pas attaquée si elle n'était pas venu jusqu'à moi. Mais soyons clairs, je ne pouvais absolument pas simuler un semblant de gentillesse face à quelqu'un que je tenais pour responsable de mon propre malheur. « T'es quand même au courant que si tu t'barrais comme je te l'avais demandée on aurait pas cette discussion ? » Elle pouvait bien faire la choquée quant à mon comportement, je m'en foutais. Ca ne changeait pas le fait que si elle avait juste tournée les talons, on en serait pas là. « Pourquoi tu te justifies ? Je te demande rien. Tu voulais savoir, maintenant tu sais. Alors il ne te reste plus qu'à la fermer et chercher tes renseignements ailleurs puisque de toute évidence, j'vais pas t'aider. »

" Et tu remarqueras que depuis le début c'est toi qui est fermée à toute discussion et pas moi." Talya n'avait envie que de lui lâcher deux mots dans le nez: " Quelle conne !" Elle l'avait murmuré, dit très très bas, c'était inaudible mais elle le pensait tellement fort que cela avait tout de même dépassé ses lèvres. Elle se faisait agresser depuis tout à l'heure pour une faute de son père, père qu'elle venait tout juste de retrouver et il fallait qu'elle assume sa réputation et tout le reste. Ca n'allait pas le faire. " T'sais je viens juste de retrouver mon père je vais pas le défendre becs et ongles avec toi mais c'est nul de s'arrêter à mon lien de parenté avec lui, je t'ai rien fait moi et je lui en veux surement autant que toi pour d'autres raisons... Mais c'est pas grave reste entêtée et idiote comme tu m'as montré que tu savais si bien le faire ! " Mon père n'avait été là ni pour sauver mon frère, ni pour sauver mon mari, et il nous avait abandonné, n'avais je pas de meilleures raisons de lui en vouloir ? Et pourtant je n'en faisais pas un fromage et ne m'en prenais pas à la terre entière pour crier ma rage contre lui.

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Non mais le sort s'acharnait sur moi ou quoi ? Parce que là, j'en avais fortement l'impression et j'étais à deux doigt de lui balancer mon poing dans la figure si elle continuait à m'iriter comme ça. Parce que c'était clairement ce qu'elle était en train de faire pour le coup et j'en avais plus qu'assez qu'elle me tape sur le système. N'importe quelle personne censée aurait rebroussé chemin face à ma mauvaise humeur. Pour la simple et bonne raison qu'il était inutile de tenter de discuter dans des moments comme ceux là. « J'dis pas le contraire. Et puisque je suis fermée à toute discussion pourquoi est ce que tu m'emmerdes abrutie ? » Non mais elle était carrément stupide en fait. Y avait pas d'autre mot pour la décrire. La blonde dans toute sa splendeur, c'était affligeant. « Mais j'm'en balance de ta vie. Est ce que je t'ai demandée de m'expliquer quoi que ce soit ? NON. N.O.N. T'es teubée ou tu le fais exprès là ? » J'savais même pas si je devais rire de la situation ou pas pour le coup. Tout ce que je savais, c'est qu'elle était en train de me faire perdre patience et que c'était très loin d'être un bon signe.