We don't meet people by accident (Blue)

J’avais longuement hésité entre me rendre à cette soirée ou rester sagement à la dunster à réviser. Lorsque je vis le bar bondé et en grande partie par de la viande saoule, je regrettais presque d’avoir cédé à la tentation et d’avoir finalement accepté l’invitation de mes amis. Mais à présent, j’étais là alors autant en profiter. J’avais commandé une bière et mon pote s’absenta, me laissant un instant seul au comptoir avec ma pinte pour seule compagnie. Je parcourus alors l’endroit des yeux. Les gens semblaient décidés à se lâcher ce soir, l’un attira particulièrement mon attention : il approcha en titubant d’une jolie blonde et commença à lui parler, ce qui ne sembla pas du goût de l’étudiante. Pourtant l’individu, visiblement alcoolisé plus qu’il ne faudrait, continua et sembla se montrer particulièrement insistant. Je m’approchai, sourcils froncés, attentif à la scène. J’entendis la demoiselle protester que son petit ami n’allait pas aimer cela, mais comme le petit ami qu’elle évoquait ne se pointait toujours pas et que l’autre relou continuait à se montrer agaçant envers elle, je finis par les rejoindre. Je posai ma main doucement sur la taille de la jeune femme : « Il y a un problème ma chérie ? » demandai-je, entrant aussitôt dans le rôle du fameux petit copain, espérant ainsi que cela suffirait à dissuader l’autre bourré. Celui-ci sembla surpris, il me jaugea de haut en bas, son regard vitreux s’attardant un instant sur mes biceps, puis il finit probablement par penser qu’il ne valait mieux pas déclencher une baston avec moi. Il rebroussa chemin d’un pas chancelant en grommelant je ne sais quoi. Je relâchais alors la belle inconnue. « Désolé, j’ai pensé que je pouvais peut être te donner un coup de main pour te débarrasser de lui. » expliquai-je histoire qu’elle ne me prenne pas pour un énième dragueur pénible. « Mais je vais peut être te laisser avant que ton véritable mec débarque et m’en colle une. » ajoutai-je en souriant.

Une amie m'avait proposé de sortir ce soir. C'était le week-end, je pouvais donc me détendre un peu. J'avais laissé ma fille avec Vanille, qui s'occupait d'elle à merveille. La soirée battait son plein, c'était le genre d'ambiance que j'aimais bien dans des bars. Ça devait faire au moins six mois que je n'étais pas venue boire un verre ici, c'était bien la raison qui m'avait poussé à venir au Lord Hobo. Je me trouvais au comptoir, à la place où je m'asseyais dès que je venais, si bien sûr elle était libre. Après une vingtaine de minutes, mon amie devait malheureusement partir à cause d'un imprévu et m'avait proposé de me ramener, sauf que je n'en avais pas vraiment envie. Passer le reste de ma soirée seule ne me dérangeait pas, puis peut-être que j'allais croiser une de mes connaissances. Les minutes passaient, j'envoyais quelques sms, buvais un peu. En somme je ne m'ennuyais pas du tout, loin de là. Chacun faisait sa soirée, d'autres en groupe et d'autres seuls, comme moi. C'est alors qu'un inconnu aussi repoussant que bourré vint m'aborder, devant de plus en plus lourd. « Je vous conseille de partir, et maintenant, mon petit-ami ne va pas du tout apprécier ça.. » c'était totalement faux, je n'avais pas de petit-ami mais je faisais mon possible pour le faire partir. Malgré mes avertissements, il persistait. Je sentis une main se poser sur ma taille, ce qui me fit légèrement sursauter puisque je ne m'y attendais pas, d'autant plus que ce n'était pas celle du gros lourd en face de moi. Je tournais ma tête et vis un jeune homme, musclé que je ne connaissais pas du tout jouer le rôle de mon petit-ami. L'inconnu partait donc, craignant sûrement une bagarre puisque de toute évidence c'était mon sauveur qui allait gagner. Il s'excusa ensuite d'être intervenu. « Merci, vraiment. Je savais pas comment j'allais m'en sortir. » Mais il préférait partir afin de ne pas créer de problèmes avec mon petit-ami. Je lâchais un rire, il avait en réalité tout entendu. « Je n'ai pas de petit-ami, c'était juste pour qu'il me lâche.. » dis-je en riant un peu. C'était ridicule mais c'était la première étape avant que je le frappe et m'en aille. « Blue, enchantée. Et tu peux t'asseoir ici si tu veux, enfin tu dois sûrement être accompagné de quelqu'un. »

J’avais aussitôt retiré ma main de la taille de la jolie inconnue. Le relou venait de disparaître, je ne voulais pas qu’elle pense un instant en avoir gagné un autre en ma personne, c’est pourquoi je lui expliquais le pourquoi de mon intervention. La jeune femme ne sembla pas du tout gênée, au contraire elle me remercia et un sourire étira aussitôt mes lèvres. « Je suis sûr que tu t’en serais très bien sorti avec une prise de karaté. » plaisantai-je alors avant d’ajouter que j’allais filer, supposant que son vrai petit ami allait surement arriver. Elle laissa alors échapper un petit rire et je la regardais, intrigué. Elle m’expliqua alors qu’elle n’avait pas de petit copain, que cela lui avait simplement servi d’excuse pour tenter de faire fuir l’autre dragueur. Bizarrement, une petite bouffée de satisfaction me gagna en entendant ses paroles et mon sourire s’élargit. «Je le trouvais un peu lent à réagir aussi… » Si j’avais eu une petite amie aussi ravissante, je ne l’aurais probablement pas laissé se débrouiller toute seule avec un mec bourré. Elle se présenta alors avant de m’inviter à lui tenir compagnie. « Priape, enchanté de te connaître. » me présentai-je à mon tour avant de parcourir la salle des yeux pour repérer l’ami avec qui j’étais censé passer la soirée. Il était un peu plus loin, en train de flirter avec une brune que je ne connaissais pas, apparemment bien occupé donc. Je tournai de nouveau la tête vers ma nouvelle connaissance : « J’étais accompagné mais je crois que mon pote m’a préféré une brune pour finir la soirée. Mais ça tombe bien dans un sens, j’aime autant rester avec toi. » confiai-je avant d’ajouter : « Juste au cas où ton harceleur reviendrait à la charge bien sûr… » J’essayais aussi bien de la convaincre elle que moi. La vérité, c’était que j’avais du mal à rester de marbre devant les jolies yeux bleues de la jeune femme.  

J'aurais sûrement encore été ennuyée par le mec bourré d'il y a une minute si ce bel inconnu n'avait pas intervenu.
« Une prise de karaté ? Je n'ai jamais fait rien d'autre que de la danse et du cheerleading. J'ai été la capitaine de l'équipe l'année dernière, donc tu me connais peut-être de nom.. Enfin si tu t'intéresses aux sports féminins. » C'était une grande fierté pour moi d'avoir été la capitaine. Et à vrai dire je me surprenais de me confier aussi rapidement. Peut-être parce que j'avais confiance maintenant qu'il m'avait sorti de la merde en quelque sorte. « Moi de même Priape, c'est orignal comme prénom, j'aime. Ça vient d'où ? » j'étais plutôt curieuse de nature. Le dénommé Priape regardait autour de lui avant de me regarder à nouveau. Son ami était occupé avec une fille d'après ce qu'il me disait. Il rajoutait aussi qu'il aimait autant rester avec moi. J'affichais un large sourire sur mes lèvres, plutôt contente de ce que je considérais comme un compliment. Priape rajoutait qu'il souhaitait rester au cas-où l'inconnu de tout à l'heure comptait revenir. Je regardais un peu autour de moi, il avait l'air d'être parti du bar. Je regardais ensuite le beau jeune homme dans les yeux. « Et bien restes donc, au cas-où s'il revient à la charge comme tu dis. » répondis-je en entrant clairement dans son petit jeu. « Tu es étudiant à Harvard ou tu es bien plus âgé pour être un élève ? » demandais-je. Pourquoi ne pas faire connaissance maintenant, il avait l'air autant mystérieux que charmant.

Blue me répondit ensuite qu’elle était plutôt danse et cheerleading. « C’est vrai que je t’imagine plus facilement dans un petit tutu ou dans une de ces charmantes tenue de cheerleaders plutôt que dans un kimono… » avouai-je en observant la jeune femme avec un regard amusé. Et puis surtout ce genre de tenues lui allait très certainement à ravir. Lorsqu’elle me raconta qu’elle avait été capitaine l’an passé, je m’étonnais intérieurement de ne pas l’avoir reconnue. « J’ai surement du te voir avec ton équipe lors de l’une de vos prestations d’avant match. » Mais l’année dernière avait été une année particulière pour moi et j’étais à l’époque très certainement trop accroché à ma petite amie du moment pour me laisser envouter par le charme d’une jolie cheerleader. Après les présentations usuelles, Blue souligna l’originalité de mon prénom qui ne sonnait pas très américain c’était évident. « C’est grec, je suis né à Athènes. » expliquai-je avant de la questionner à son tour sur les origines de son prénom : « Et toi, tes parents ont choisi de t’appeler Blue-Ivy parce qu’ils savaient déjà que tu aurais des yeux aussi ravageurs ? » Les prunelles intensément bleues de la jeune femme avaient en effet un pouvoir envoûtant indéniable. D’ailleurs, lorsqu’elle me proposa de m’asseoir à ses côtés, je ne pus qu’accepter après m’être assuré que mon pote de soirée était bien occupé de son côté. Je m’installai près de la jeune femme en prétextant que c’était plus prudent ainsi. C’était probablement plus facile comme ça. Se dire qu’on ne restait en compagnie l’un de l’autre que par sécurité et dans l’optique où l’harceleur de la jolie blonde reviendrait à la charge. La vérité c’était que j’avais bien envie de prolonger ce moment avec ma nouvelle connaissance, et c’était un étrange sentiment pour moi. J’avais l’impression d’être presque rouillé après huit mois de célibat. Heureusement, mon interlocutrice dégageait une fraicheur et une spontanéité qui mettaient aussitôt à l’aise. « Je suis un vieil étudiant d’Harvard. » répondis-je avec humour faisant ainsi un petit mix des deux hypothèses qu’elle venait de faire. « Je suis en sixième année de médecine. Et toi ? » Son visage m’était familier, le campus était tellement vaste qu’il était possible qu’on s’y soit déjà croisés…

En plus de ça il était charmeur, tout ce que j'aimais. « Viens voir un de nos entraînements un jour et tu pourras juger par toi-même si la tenue de cheerleader me va bien.. » le jeune homme m'affirmait ensuite qu'il avait sûrement dû me voir avec mon équipe lors d'une de nos prestations. « C'est possible.. Mais tu te serais souvenu de moi dans ce cas, je ne suis apparemment pas un visage qu'on oublie facilement. » pourquoi ne pas entrer dans son jeu ? J'aimais beaucoup charmer les hommes même si ça n'allait jamais plus loin. Lorsque Priape se présentait à moi avec son prénom, je comprenais directement que ce n'était ni américain, ni français puisque j'étais bilingue et je connaissais le style des prénoms français. Il m'éclaira tout de suite en disant qu'il était né à Athènes et que c'était grec. « C'est vrai ? La classe, j'ai toujours voulu aller en Grèce. » avouais-je en souriant. C'était possible mais je n'avais eu l'occasion d'y aller. Priape me faisait maintenant un compliment à propos de mes yeux. J'affichais un sourire sur mon visage avant de baisser les yeux, légèrement intimidée. C'était pas du tout mon genre d'être comme ça face à un garçon, il fallait que je me reprenne. « Peut-être.. Enfin à ma naissance je m'appelais Amélia.. Longue histoire. » je ne savais pas pourquoi je me confiais aussi facilement. L'alcool peut-être? J'avais tendance à trop parler lorsque je buvais. Mais ça me détendait alors je finissais tout de même mon verre. Afin d'apprendre à faire sa connaissance je demandais s'il était étudiant à Harvard. J'avais bien raison, il n'avait pas l'air trop vieux pour avoir déjà terminé ses études. Il était en sixième année de médecine, décidément il avait tout pour plaire. « Un futur médecin donc. Je suis en cinquième année de journalisme. » affirmais-je, un léger sourire aux lèvres. Cependant une question me trottait dans la tête. Maintenant que je savais que le grec était étudiant, il faisait peut-être parti d'une confrérie. « Et tu dans une confrérie ou simplement étudiant. J'espère que tu n'es pas un mather, je n'arrive pas à m'entendre avec eux généralement. » puis il avait l'air bien trop sympa pour l'être.

L’invitation de la jeune femme m’arracha un nouveau petit sourire. « Ca sera avec plaisir. » Elle savait visiblement user de ses charmes, et sans que je m’en rende véritablement compte j’étais déjà complètement séduit, ne réalisant pas trop les airs de flirt que prenait notre conversation. Je parlais ensuite à mon interlocutrice de mes origines grecques, point qui ne sembla pas lui déplaire au contraire. « C’est le plus joli pays du monde. » fis-je avec un certain chauvinisme. J’étais très fier de ma terre natale, de ses paysages splendides, de sa culture et de son histoire et souvent cela me manquait. Je n’avais ni le temps, ni les moyens de retourner aussi souvent que je l’aurais souhaité là bas. Et à présent que mon frère Emrys avait quitté Harvard, je n’avais plus que ma cousine avec qui évoquer les souvenirs de notre patrie donc ça me faisait toujours plaisir de pouvoir vanter les mérites de ma Grèce adorée auprès de mes interlocuteurs. Je ne pus m’empêcher de faire le rapprochement entre le prénom de Blue et la couleur merveilleuse de ses yeux. « J’ai tout mon temps si jamais tu te sens l’envie de me la raconter. » fis-je après que la jeune femme m’ait révélé son prénom de naissance et évoqué l’histoire compliquée qui en découlait. A l’origine, je n’étais sorti que pour boire un seul verre et j’avais prévu de rentrer tôt, mais bizarrement toutes mes bonnes résolutions s’étaient envolées depuis que je m’étais installé aux côtés de cette charmante blonde. Je n’avais aucune envie d’écourter ce moment. D’ailleurs je remarquais qu’elle venait de finir son verre et qu’il en était d’ailleurs de même pour ma bière. « Je te paie un autre verre ? » lui proposai-je alors en faisant signe au barman pour qu’il vienne nous resservir. Puis, on se mit à parler de nos études. « Un futur pédiatre même. » précisai-je alors que Blue venait de me qualifier de futur médecin. A vrai dire, je ne m’imaginais pas me spécialiser dans un autre domaine que la pédiatrie. Elle me répondit ensuite qu’elle était en journalisme avant de me questionner sur ma confrérie, s’inquiétant de me voir appartenir à la mather house. « Si t’as rien contre les intellos de la dunster house on devrait pouvoir s’entendre. » fis-je avec un sourire amusé. Un peu d’autodérision ne faisant jamais de mal à personne, et puis c’était bien ainsi que nous voyaient les autres étudiants : comme des têtes d’ampoule coincées toujours le nez dans leurs bouquins… En tout cas, elle n’était certainement pas chez les dunsters, je ne l’avais jamais croisée là bas. Certainement pas une mather, vu ses dires. « Et toi Eliot je présume ? » L’hostilité entre les verts et les bleus était connue de tous, je supposais donc que son animosité à l’égard des fêtards du campus venait de là.

Je savais user de mes charmes lorsque j'en avais envie, et cette fois-ci c'était bien le cas. Mais après tout je ne savais rien de lui. Peut-être qu'il avait une petite-amie qui l'attendait à la maison, on ne savait jamais. Je ne lui offris que mon plus beau sourire comme réponse, ne voulant pas trop insister non plus. S'il voulait venir à un de nos entraînements, il en avait parfaitement le droit. Nous parlions ensuite de ses origines grecques. La Grèce c'était un très beau pays, et je n'avais pas eu l'occasion d'y aller dans ma vie, même si j'avais déjà visité quelques pays comme la France plusieurs fois et la Russie, ayant des origines russes. « Tu y vas souvent ? » Après tout ce serait logique vu qu'il est né là-bas et qu'il a l'air d'adorer ce pays. Je me surprenais ensuite à lui dire que je n'avais pas eu le même prénom à la naissance. L'alcool me faisait vraiment trop parler. Mais Priape me surprenait, il était vraiment gentil. Il me faisait comprendre que je pouvais lui faire confiance et me confier. C'est vrai que je ne parlais jamais de mes racines à personne. « C'est pas super intéressant de toute façon. J'ai été kidnappée à la naissance après la mort de mes parents biologiques. » avouais-je tout naturellement. C'était tout sauf naturel ni joyeux, et je voulais pas gâcher la bonne ambiance qu'il y avait. Il n'y avait plus rien dans mon verre, je m'apprêtais à appeler le barman pour prendre un autre verre, mais Priape me dévançait en demandant si je voulais un autre verre. « Oui, j'vais prendre la même chose que toi. » répondis-je en souriant. Nous parlions ensuite de nos études, Priape voulait devenir un pédiatre, intéressant. « C'est un beau métier je trouve.. Pour ma part j'dois reprendre l'entreprise de mon père dans quelques années. Sauf si je décide de me rebeller. » dis-je en souriant. Enfin, l'idée de reprendre l'entreprise de mon père me plaisait, mais j'étais imprévisible donc il se pouvait que je change d'avis d'ici quelques années. D'un coup, une question me vint en tête. Et s'il était mather ? Ça pouvait tout gâcher, je n'aimais pas trop les mathers même s'il y avait des exceptions comme mon cousin qui était l'une des personnes les plus importantes dans ma vie. Mais Priape me rassura bien vite en me disant qu'il était un dunster. « Oh si tu es un Dunster tout va bien, je m'entends généralement bien avec eux. D'ailleurs je sais pas si tu connais Torrey mais elle est ma cousine. » Il devait sûrement la connaître puisqu'elle avait été la vice-présidente l'année dernière. Le dunster comprenait bien vite que j'étais une eliot et j'affichais un sourire fier. « Tout à fait. Tu comprends donc pourquoi je n'aime pas beaucoup les mathers.. »

Parler de mon pays natal était toujours un véritable plaisir. Mais là en plus, je le faisais avec une ravissante blonde aux yeux bleus, si bien que je ne pouvais me défaire de mon sourire charmé. La jeune femme semblait véritablement s’intéresser à ce pays, elle me demanda si j’y allais fréquemment et une petite moue s’afficha brièvement sur mon visage. « Pas suffisamment à mon goût. » répondis-je avec franchise. « Les études, les stages, les dossiers à rendre… Ca ne me laisse pas beaucoup de temps pour y retourner j’avoue… » Et même si j’aurais donné n’importe quoi pour revoir les villages blancs aux coupoles bleus de chez moi, je devais faire passer ma formation avant tout, même si dans ma tête je n’excluais pas de retourner un jour exercer dans mon pays, une fois mon diplôme en poche. J’invitais ensuite Blue à m’en dire plus sur ses origines. Sa réponse me laissa un instant sans voix, bien qu’elle avait essayé de me répondre avec détachement. « Oh je suis désolé… » fis-je avec sincérité. « Pour le kidnapping et pour le décès de tes parents… » Je m’en voulais presque de m’être montrer aussi curieux, je ne voulais surtout pas mettre Blue mal à l’aise en la poussant à évoquer son passé compliqué. Heureusement, le barman arriva à ce moment là pour nous resservir et la jeune femme évoqua ensuite ses projets d’avenir. Sa remarque concernant une éventuelle rébellion m’arracha un petit rire : « Tu es le genre de fille qui se laisse pas faire c'est ça ? » conclus-je devant son insoumission. « Et sinon il tient une entreprise de quoi ton père ? » demandai-je toujours intéressé d’en apprendre plus sur cette jolie demoiselle au caractère apparemment bien affirmé. Nous nous étions ensuite mis à parler de nos confréries respectives et elle me parla alors de sa cousine dunster qui n’était autre que Torrey. « Bien sûr je la connais. Tout le monde la connaît. Elle a été une parfaite VP pour nous l’an dernier. » fis-je avec un sourire. « D’ailleurs ça fait un moment que je n’ai pas pris de ses nouvelles. Tu sais si sa grossesse se passe bien ? » J’avais ensuite supposé qu’elle était chez les Eliots, vu sa piètre opinion des mathers. Elle confirma mon hypothèse avant d’ajouter que je comprenais à présent son animosité à l’égard des verts. « A vrai dire, la guerre entre vos deux confréries m’a toujours un peu dépassé. » avouai-je en toute honnêteté. « Enfin une chance que je n’appartienne pas au clan ennemi sinon j’imagine qu’on aurait pas pu trinquer ensemble ce soir. » affirmai-je avant de soulever le verre que le serveur venait de poser devant moi et de l’entrechoquer contre celui qu’il venait de servir à la jeune femme.

La réponse de Priape me faisait un peu de peine pour le coup. Ça signifiait donc qu'il ne voyait pas beaucoup ses parents ? Sauf s'ils habitaient aux Etats-Unis. Tes parents habitent en Grèce ? Parce que du coup tu dois pas les voir souvent.. puis je pouvais que le comprendre, étudier à Harvard ça prenait beaucoup de temps. Quand on avait des jours de libres, on devais les utiliser pour étudier au maximum si on voulait pas se retrouver largués facilement. Nous parlions ensuite de moi et plus précisement mon kidnapping et le décès de mes parents biologiques, ce qui avait l'air de le mettre mal à l'aise et le toucher. Oh, tu peux te détendre t'inquiètes pas. C'est moins dramatique que ça en a l'air en vrai, je te raconterai un jour si on vient à se revoir. Je ne comptais pas non plus lui raconter toute ma vie de suite. Et c'était aussi une pseudo-invitation à se revoir si les choses se passaient bien maintenant. Je continuais toujours de parler de moi comme je savais si bien le faire. Priape me questionnait sur l'entreprise que gérait mon père. C'est ça, tu as compris. C'est Guess. Une graaande entreprise en fait.. Le jeune homme s'attendait peut-être à que ce soit une simple entreprise de mode peu connue, ou encore le directeur d'une entreprise d'un grand journal, mais pas du tout. Nous parlions maintenant de Torrey, j'admirais notre facilité à passer d'un sujet à un autre totalement différent. Je confirme, ma cousine est parfaite. répondis-je en souriant. Enfin elle était ma cousine d'adoption, mais pour moi elle était ma cousine tout court. A vrai dire ça fait plusieurs semaines que je n'ai pas eu de ses nouelles donc je peux pas trop te le dire.. Il serait temps que je la vois d'ailleurs. j'étais de retour à Harvard depuis deux semaines et je n'avais pas encore vu ma Torrey, c'était grave. J'aurais peut-être fait une exception puisque je ne déteste pas tous les mathers, mais c'est vrai que j'ai un peu de mal à m'entendre avec eux vu qu'on est totalement différents.. il y a deux ans je n'étais pas du tout différente qu'eux, je leur ressemblais même mais c'est quelque chose que je n'allais pas lui avouer histoire de ne pas l'effrayer. A cette merveilleuse soirée.. dis-je avec un sourire charmeur avant de trinquer avec lui et boire une gorgée.