Things to tell us || Nikolaï

J'avais encore le coeur lourd de tout ce qui venait de m'arriver. Cette dernière semaine n'avait pas été facile à gérer. Pas des moindres. Je venais d'être blessée, touchée en plein coeur comme ça n'arrivait jamais. J'étais du genre à m'attacher aux gens, seulement quand j'avais pleinement confiance en eux et qui, je le savais ne risquaient pas de me faire du mal. Mais là, j'avais été trompé, bernée comme une débutante. Roulée dans de la farine, si tous ces synonymes ne vous suffisaient pas. Andrew. Comment avais-je pu me montrer si naïve ? J'en avais encore la rage au ventre pourtant, entre mes grands élans de colères, mes envies incontrôlables de lâcher prise, de frapper, de boire, de coucher avec n'importe qui, de se droguer.. j'avais une irrésistible envie de disparaître dans ma chambre, de glisser dans un coin de la pièce et de pleurer toutes les larmes de mon corps. Et Andrew n'était pas le seul à moisir mon humeur. Matthew. Cette fois ce n'était pas de sa faute, mais la mienne. Oui, j'avais fauté, cette fois on pouvait le dire, j'avais bien merdé. Je ne m'étais pas encore remise de cet accident de voiture et j'avais échappé de peu à la prise de sang. Mais je n'allais pas y échapper bien longtemps. Je risquais gros. J'étais mal. Matthew lui, ne s'était pas encore réveillé. Comment-avais-je pu.. Lui. Mon meilleur ami.. Et puis, alors que je me morfondais, me laisser mordre violemment par la culpabilité, mon téléphone, balancé dans un coin de la pièce avait vibré. Nikolaï. Même si je l'avais longuement senti depuis la rentrée, je réalisai à quel point il me manquait. A quel point nous nous étions seulement contenté de nous rencontrer, de nous aimer et de nous oublier. Sans plus attendre, j'avais enfilé mes vieilles converses et une chemise bien chaude et m'étais précipitée à la winthrop house. Trois coups à la porte, une morsure légère à la lèvre. Je l'attendais.

Quand on a l'impression que tout va bien, finalement tout va mal. J'ai perdu énormément de personnes en qui je tenais depuis la fin du Summer Camp, dont Sharon. J'ai fauté, j'ai déconné et je m'en veux. Fort heureusement ça s'est arrangé entre nous, nous tentions de rester amis mais avec Maddie dans le coin, ce n'est pas toujours facile. À vrai dire depuis que j'ai trompé mon ex avec elle, on s'évite, je l'évite. Sans compter sur Maggie .. Oui Maggie et les sentiments que je commence à avoir pour elle, bordel j'en ai marre que mon cœur termine toujours par parler à ma place. Les filles auront ma fin, j'en suis sûr et certain. D'ailleurs en parlant de fille, une me manque particulièrement. Amber, mon coup de cœur du Summer Camp. Jamais je n'aurais cru un jour faire une si belle rencontre, malheureusement on ne s'est plus réellement vu depuis les vacances. Et j'ai énormément de choses à lui avouer, dont une qui risque fortement de lui déplaire. D'ailleurs en attendant son arrivée je me suis fumé un joint, j'en ai besoin, c'est un peu mon oxygène mais en l'entendant frapper à la porte je l'ai immédiatement jeté par la fenêtre, me dirigeant vers la porte pour l'ouvrir et tomber sur mon amie. Un petit sourire s'affichait sur mon visage rien qu'en la voyant en face de moi. Salut toi .. T'es sûre que ça va ? J'ai beau être légèrement défoncé, je vois bien dans son regard que quelque chose n'allait pas. Elle n'était pas si souriante que d'habitude, pas aussi joyeuse que durant le Summer Camp. J'ai bien l'impression qu'Amber hérite de la même rentrée pourrie que moi. Je me décalais légèrement de l'entrée pour qu'elle puisse entrer. Je t'en prie, entre. Elle m'avait manqué, réellement.

Lorsque la porte s'ouvrit, je perçu très rapidement cette odeur. Je clignais quelques fois des yeux avant de le dévisager, comme surprise, perdue. Comme si je ne m'étais pas attendue à ce qu'il ouvre. Pourtant Nikolaï se tenait face à moi, ce sourire familier dessinant ses traits. Je souris à mon tour, peut-être un peu trop tristement puisqu'il enchaîna avec cette question. J'haussais les épaules, repoussai les problèmes d'un geste las de la main. J'inspirai calmement en observant le blondinet. Il se remettait à la weed, décidément, il s'en était passé des choses depuis que nous nous étions séparés. Lui qui disait en avoir finis. Moi qui renchérissais et en disais autant. Lorsqu'il se décala pour me laisser entrer, je m'approchai silencieusement. Venait-il de se débarrasser de sa cam juste avant que j'arrive ? J'observais lentement les quatre coins de la pièce, en m'arrêtant à côté de lui. "Merci..." Je me tournai vers lui, plongeai mes yeux dans les siens, s'évadant dans un monde que nous ne connaissions que trop bien. Je me jetai dans ses bras et le serrai le plus fort possible. J'expirai lentement en fermant les yeux. "Tu m'as manqué, sale blond."

La personne à qui j'ose le moins avouer mes retrouvailles avec mes vieux démons, c'est bien Amber. Elle a vécu la même chose que moi, d'après ce que je pense savoir elle n'a toujours pas replongé et c'est mieux ainsi. Au final c'est peut-être mieux qu'elle ne sache rien, quitte à lui mentir à contre cœur pour qu'elle n'apprenne jamais cette triste vérité. Finalement la belle se jeta dans mes bras, sa petite insulte absolument pas méchante concernant ma couleur de cheveux me fit sourire, mais c'est vrai qu'elle aussi me manque. Toi aussi. Disais-je avec un faible sourire avant de déposer un baiser sur le haut de sa tête. Amber est l'une des rares amies que j'ai, voir même l'une des seules et je me rends bien compte que je n'étais pas très présent pour elle depuis la fin du Summer Camp, je vais essayer d'être plus présent pour elle maintenant. Promis on va faire en sorte de se voir plus souvent maintenant. murmurais-je au creux de son oreille avant de mettre fin à notre étreinte. D'un léger coup de tête je lui fis comprendre de s'installer où elle veut, ma chambre c'est en quelque sorte la sienne à vrai dire, ce qui m'appartient lui appartient. Raconte-moi ce qui ne va pas .. disais-je d'une petite voix en fermant la porte derrière moi.

Nikolaï me rendit mon étreinte. Je fermais les yeux, me laissant alors aller dans ses bras, comme si à présent, je pouvais me débarrasser, ne serait que pour cette heure, de tous les problèmes qui m'accablaient. Il me promis qu'on allait se voir plus souvent maintenant. Je levais les yeux sur lui, esquissant un pauvre sourire. Remarquer qu'il avait repris la fumette ne me surpris pas tant que ça, étrangement. Pourtant, quand on s'était trouvés au summer camp, il m'avait parut si déterminé à l'idée de ne plus y toucher. Mais alors que j'avais repris moi aussi et bien pire que de la simple weed, en fumer ne me semblait pas si horrible que ça. Je me détachai de lui et m'approchai de sa fenêtre. "Rien ne va." Je parcourais mes doigts sur la vitre refroidie par la fraîcheur de l'automne. "C'est loin maintenant..et pas tant que ça en fait." Je scrutai l'allée de grands arbres au milieu du campus. "Je ne savais pas que tu avais repris l'herbe. Depuis quand ?"

Ça me faisait réellement plaisir de revoir mon amie, mais beaucoup moins de la voir si triste, ça s'entendait à sa voix, ça se voyait dans son regard, dans sa façon de parler. Je sentais la quincy quitter notre étreinte en m'avouant qu'au final rien n'allait pour elle. Je t'écoute .. Tu sais que tu peux tout me dire Amber. lui disais-je d'une voix sincère en allant m'asseoir sur le pied de mon lit pendant que mon amie allait observer la vue à travers la fenêtre. Visiblement l'odeur de mon joint n'a pas échappé à son odorat. Je baissais mon regard vers le sol, ne sachant plus vraiment où me mettre après ça. Depuis la fin du Summer Camp .. Depuis que Sharon m'a largué et que mon père s'est tiré. Puis j'ai repris le reste au fur et à mesure. Autant être franc avec elle, je n'ai pas replongé qu'un peu dans la drogue et l'alcool, mais totalement. Joints, cachetons, piqûres, alcools .. J'ai totalement replongé. Je suis désolé, je savais pas comment te le dire surtout que .. 'fin je voulais pas t'emmerder avec mes problèmes de drogues en sachant que t'essaies de ne pas replonger. lui avouais-je en levant mon regard vers le sien, ne sachant pas que de son côté elle avait aussi retouché à ces merdes.

Je retirai ma main du verre froid de la fenêtre lorsque Nikolaï m'expliquait les raisons de sa reprise. Je me tournai vers lui, le regard désolée et m'assis doucement et silencieusement à ses côtés. Comme quoi, on ne pouvait jamais savoir ce qui se passait dans la vie des gens. Il suffisait de s'éloigner quelques semaines, quelques mois pour avoir l'impression d'avoir raté tout un tas de chapitre de leur vie. Je plongeai mes yeux dans les siens. "Je suis désolée pour ce qui t'ai arrivé. Tu n'as plus eu de nouvelle d'elle depuis ? Et..ton père est parti ?" J'avais besoin qu'il me raconte car aussi étrange que cela puisse paraitre en vu de notre amitié précipitée, son bien être m'importait plus que tout. Après un silence, je murmurai :"Mais je l'ai fais. J'ai réfléchis à tout ce qui nous arrivait, à toutes ces contraintes, les difficultés à s'arrêter, ce contrôle permanent qui nous ronge... Et je me suis dit, à quoi bon ? Et je ne trouve plus ça grave, en réalité, c'est une libération." Je ne m'étais pas contenté de reprendre l'herbe et je savais que c'était aussi le cas de mon ami. Quelques semaines auparavant, je prenais pour la première fois de l'héroïne avec mon meilleur ami Matthew. Evidemment cet évènement avait précédé notre accident de voiture et j'avais tellement de problèmes maintenant. "Tu te souviens d'Andrew ? Le gars dont je te parlais au summer camp ? Celui que j'étais censée aimer ?"

Énormément de choses se sont passées depuis notre dernière rencontre et de toute évidence pas que de bonnes choses, surtout de mon côté. La Quincy s'installa à mes côtés en me demandant plus d'explication sur ma rupture et le départ de mon père. On s'est revu l'autre jour, visiblement elle me pardonne mais ça n'ira pas plus loin et c'est mieux comme ça. Quant à mon père il s'est barré du jour au lendemain sans me donner de raison, il n'a pas supporté de me voir replonger je crois. Comme d'hab' je me retrouve seul, j'en ai l'habitude maintenant. disais-je en soupirant. J'ai l'habitude d'être seul, même si c'est vrai que depuis quelques temps une autre fille commence à hanter mes pensées, mais je préfère y revenir plus tard car apprendre qu'Amber avait elle aussi replongé me faisait mal pour elle. Je suis désolé .. Comme quoi on n'arrivera jamais à sortir de cet enfer. murmurais-je en posant ma main sur son dos, oui être drogué - et alcoolique pour mon cas - c'est un enfer constant dans lequel il est impossible de s'en sortir. Néanmoins lorsque mon amie évoqua l'homme dont elle était visiblement amoureuse lors du summer camp, je n'ai pu m'empêcher de froncer les sourcils et serrant légèrement mon poing. Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Si c'est à cause de lui que tu n'as pas le moral, j'te jure que je lui casse la gueule. Et défoncé comme je suis, j'étais totalement capable de le faire.

J'écoutais Amber me parler de l'homme dont elle est visiblement tombé amoureuse et qui lui a brisé le cœur sans une once de remord. J'ai tellement envie de me lever et de partir à sa recherche pour le remettre à sa place, mais je préférais tout de même rester aux côtés d'Amber. Quel fils de pute .. marmonnais-je entre mes dents. Je n'ai pas énormément de personnes à qui je tiens alors lorsqu'on s'attaque à eux ça me met en rogne, comme à cet instant. Je regardais Amber dans les yeux, ce mec mérite pas une fille comme elle, il mérite simplement mon poing dans la gueule et vous pouvez être certain qu'il risque de se le manger tôt ou tard. Tu mérites mieux que cet abruti et tu peux me croire, si jamais je croise sa sale gueule dans le coin, il risque de passer un sale moment. Et j'ai bien peur que même elle ne puisse me faire changer d'avis, je suis du genre à m'énerver assez vite et ce mec m'a tellement foutu en rogne, comment peut-il prendre une fille aussi douce et gentille qu'Amber pour une conne ? C'est probablement de sa faute si elle est retombée dans cette triste spirale infernal et je compte bien régler mes comptes avec cet enfoiré. Puis soudainement la quincy me fit savoir en tournant les yeux que ses problèmes n'étaient pas terminés. C'est officiel je m'inquiète encore plus d'un seul coup. Comment ça t'as d'autres problèmes ? lui demandais-je en posant doucement ma main sous son menton pour qu'elle me regarde dans les yeux et comprenne que je suis là pour elle, que je le serai toujours. Je t'écoute Amber, tu peux tout me dire tu sais. Lui fis-je savoir à la fois inquiet et impatient de savoir ce qu'elle a vécu ses dernières semaines, voir même mois.

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