" Une hirondelle, c'est bien " - Maydell.

T'écrase ta clope alors que tes fringues commencent vraiment à être trempées. Tu as toujours détesté cette période de l'année à Cambridge, la pluie, le froid qui se fait bien trop ressentir, pour un californien comme toi, c'est beaucoup trop. T'entre dans cette boutique de tatouage qu'on t'a conseillé. On t'a dit que c'était la meilleure, alors tu t'es dit que t'allais y faire un tour, voir si ça valait vraiment le coup. C'est pas comme si t'avais trop de tatouages de toutes façon. T'arrives à l'accueil, personne. Y'a déjà cinq personnes dans la salle d'attente en train de feuilleté des magasines. Tu soupires, y'a vraiment trop de monde, mais ça veut surement dire qu'ils sont bons, du coup. Tu t'assoies sur un banc, commençant à pianoter sur ton telephone. Doit bien y avoir des gens pour passer le temps avec toi. T'as horreur d'attendre et de t'ennuyer.

Quelle idée franchement de sortir alors que dehors il pleut... Comme si j'avais que ça à faire... Mais aujourd'hui j'voulais faire un truc spécial de la liste que j'm'étais faite il y a quelques jours plus tôt. Et la première chose qu'il y avait d'écrit dessus c'était "Tatouage" du coup, j'étais partie à la recherche de la meilleure boutique de la ville. Et comme une conne j'avais oublié de prendre mon parapluie. Du coup j'étais trempée, et j'étais entrée dans la boutique sans me rendre compte qu'il s'agissait de celle que je cherchais. Je poussais la porte, mes cheveux trempés, vêtements de même, bref j'étais gelée. Y'avait déjà six personnes, un mec déjà tatoué presque de partout, enfin j'en savais trop rien, qu'est ce qu'il faisait là du coup ? Puis les cinq autres personnes me fixaient, amusées d'me voir trempée probablement.

T'es sur Candy Crush, bloqué à ce putain de niveau 30 - ouais, t'es une brèle à ce jeu - quand une jeune bridée rentre dans le salon. Tu captes que tous les regards se tournent vers elle et tu comprends vite pourquoi. Elle est trempée. En même temps, elle est un peu cruche de sortir sans parapluie. Ok, tu l'as fait aussi. Tu captes que la seule place vide est à côté de toi, et t'as aucune envie qu'elle te colle vu comme elle est mouillée. Tu te décales un peu sur ta chaise en attrapant un de ces magasines. Merde, qui c'est qui a foutu closer dedans ? Oh eh puis, ça fait toujours de la lecture. Tu te focalise sur la rubrique beauté, apparemment, on peut faire facilement disparaitre les points noirs avec cette fabuleuse crème. Ouais non, tu poses le magasine, et tu soupires. Tu te lèves en direction du comptoir, toujours personne. " Bon sinon les gars, ils sont morts ou quoi ? "

Je me sentais un peu gênée d'être trempée comme ça, devant les yeux des inconnus. J'ai froid en plus, merde. Je soupire, je remarque aussi qu'il n'y a personne à l'accueil, super... Puis le tatoué décide de se lever pour se renseigner, personne ne réponds. Génial. Du coup les cinq autres personnes décident de partir, eux ils ont des parapluies, pas moi, donc je préfère rester dans la boutique pour éviter d'être trempée encore plus. Je me rapproche du tatoué, enfin de l'accueil pour être exacte. "Pourquoi la boutique est ouverte si il n'y a personne? Tu connais cet endroit toi ?" que je demandais finalement au garçon.

Tu observes les gars, ils filent tous alors que personne ne répond. Génial. Peut être qu'ils ont simplement oublié de verrouiller la porte et qu'ils sont parti s'prendre une bonne cuite. Ils ont raison. C'bien aussi. Tu souffles alors que personne n'arrive pour autant. La chinoise te parle tu te tourne vers elle aussi les épaules. " Aucune idée, mais ça m'soule, j'vais m'barrer aussi. J'les connais pas, ils disent qu'ils sont bons, mais j'suis persuadé que j'te fais pareil pour moins cher chez moi. " Tu pianotes sur le comptoir avant de foutre ta capuche sur ta tête et de mettre une clope dans ta bouche en te dirigeant vers la sortie.

J'ai essayé d'être sympa avec lui, de tenter la conversation mais non monsieur décide de me snober, enfin plus ou moins. Il me sort que lui aussi finalement va se barrer, que chez lui j'aurais un meilleur service et pour pas cher. Sa proposition m'intéresse alors qu'on se connait à peine, j'ai à peine le temps de lui répondre qu'il est deja vers la sortie. Je le rattrape "Attends, j'te suis. Mais t'aurais pas un parapluie, parce que je veux pas être encore plus trempée ou choper la crève tu vois ?"

Cette meuf, tu la connais ni d'Adam ni d'Eve, mais sa tête te dit vaguement quelque chose, tu crois que c'est une présidente de confrérie ou quoi mais t'en es pas sur. T'hausses les épaules en montrant tes mains vides. " J'ai oublié mon ombrelle chez moi princesse. Faut assumer d'vivre là, c'tout. " Tu sors de la boutique en allumant ta clope, attendant la jeune fille qui apparemment a décidé de te suivre. Au moins, t'aura pas perdu ta journée, tu pourras t'entrainer sur quelqu'un si elle accepte que tu la tatoue.

C'qu'il pouvait être désagréable, puis je tiquais sur le "princesse", sérieusement, j'avais une tête de princesse ? Je ne crois pas non. Bref, il acceptait que j'le suive, c'était déjà ça, mais qu'est ce qui me prenais moi de suivre un parfait inconnu ? Quoi que sa tête me disais vaguement quelque chose, il devait être Winthrop ou Lowell, ou peut-être aucun des deux au final. "Bon, bah j'espère que t'as des fringues à m'prêter, parce qu'il est hors de question que j'me balade trempée chez toi." Oui oui je suis chiante et je l'assume totalement. Puis j'le regarde allumer sa clope, encore un fumeur, je soupire "T'sais que tu vas te tuer les poumons si tu continue de fumer ?" C'est mon côté instinct maternel qui m'fais parler, j'm'en fous s'il se tue les poumons, t'façon c'est pas comme si lui et moi on était potes. "Moi c'est May au fait, tu es ? " que je demandais finalement.

Des fringues ? Non mais elle est sérieuse ? J'connais cette meuf depuis trois seconde et déjà que je l'invite ploiement à la tatouer, elle veut mes fringues, et pourquoi pas un café, une pizza, puis elle passe la nuit dans mon lit pendant qu'moi, j'me tape le canapé. Va chier merde. Surtout après sa petite réflexion sur les fumeurs. Tu la regardes, lui craches la fumée dans la gueule et continue ton chemin. May, putain, quel prénom de merde. Sans te retourner tu lâches un . " Cordell. "

J'aurais pas dû le suivre, j'aurais dû rentrer chez moi au lieu d'me plaindre de la pluie, de la clope, de lui, mais intérieurement. Puis je toussais comme une merde lorsqu'il m'envoya la fumée de sa clope au visage. "Sérieusement ? " Je lui gueulais dessus, puis retenais un sourire quand il me balança son prénom. Original, je n'avais encore jamais entendu ce prénom, c'était une première tiens. Je ferais peut-être même une croix dans le calendrier. "Dis moi, ça t'arrive d'être agréable ou bien c'est seulement tous les 36 du mois ?"