THROW IT UP, WATCH IT ALL FALL OUT ❋ HAYTAM

Ah le destin, c'était le genre de trucs avec lesquels elle avait du mal. C'était pas scientifique, il suffisait pas d'appliquer une théorème ou une loi physique pour tout prévoir, c'était la surprise à chaque fois, au petit bonheur la chance. Et justement, c'était pas un truc contre lequel on ne pouvait pas aller, va expliquer à Pythagore que son théorème s'applique aux cercles. Le karma ne devait pas s'acharner sur eux, elle refusait de voir Haytam se laissait aller, soi-disant car il ne pouvait rien faire. Bien au contraire, il n'avait pas de contraintes, tout restait à faire, alors non, il allait se bouger les fesses, ce serait peut-être violant, mais Joan refusait de le voir dans cet état, laissant son destin ou je-ne-sais quoi lui miner le moral parce que deux filles l'avaient jeté et qu'il avait peur de ne jamais trouver le grand amour. C'était erroné ce genre de principes, quoi, laisser faire la vie ? Il attendait peut-être de voir qu'il était arrivé au bout pour regretter. Sauf que d'un point de vue extérieur, Lindley ne voyait que son potentiel, elle ne le voyait pas finir comme il se voyait peut-être. Elle voyait le mec sympa, drôle, sérieux, une épaule solide sur laquelle elle pouvait se reposer, le mec mignon qui s'enfermait parfois un peu trop dans ses pensées et qui ratait la vie qui se déroulait devant lui. « Arrête ! Je suis sure que t'avais toutes les petites fées au-dessus de ton berceau, il y en a juste une un peu peu à la bourre. Je vois pas pourquoi t'aurais pas le droit d'avoir les mêmes choses que les autres, t'as beaucoup plus qu'eux. » Heureusement, les deux jeunes avaient fini par sortir de leur bibliothèque, ils allaient vraiment finir comme ce vieux cliché, avec le teint blafard et un livre greffé dans la main. Une fois à l'extérieur, le brunet posa une question à Joan, sur ce à quoi elle pensait, ce qui la fit sourire. « Mon mariage, mon ex, mon autre ex, ce que j'aurais du faire ou pas par rapport à tout ça. »

J’étais terre à terre, j’étais un scientifique puisque j’étudiais la médecine, et dans cette branche il n’y avait pas de miracle, pourtant à chaque fois que je reprenais le détail du parcours de ma vie, je ne pouvais m’empêcher de penser que j’étais la marionnette de quelqu’un et que cette personne prenait un malin plaisir à me faire souffrir. Pourquoi me faire mourir lorsque l’on peut s’amuser à torturer encore et encore ? Dire qu’avant je n’étais pas vraiment doué avec les gens, dire qu’avant j’étais la bête noire de cette Université, quoique je la suis encore un peu, mais dire qu’avant je ne me souciais pas de tout ça. Parfois j’aimerais redevenir l’autre Haytam, celui qui m’est inconnu, le double maléfique que je n’aimerais pas voir ressurgir. Au moins lui il ne souffrait pas et se foutait de tout sauf de sa personne. Je baissais la tête et passais une main dans la touffe de cheveux sur mon crâne, qu’est-ce qui me poussait à penser ainsi ? Tout ça me rendait littéralement dingue. « Tu parles, elles se sont réunies pour se foutre de ma gueule avant de déguerpir ouais ! » Je lui décrochais un sourire et enfouissais mes mains dans mes poches, scrutant ensuite mes pieds, m’amusant avec un gravier sous ma chaussure. Je l’écoutais tout en me pinçant les lèvres, ses deux exs et son mariage… Je n’avais rien vécu de tout ça, j’étais un novice par rapport à elle dans les sentiments et tout ce qui va avec. « Han… et c’est concluant ou… ? » Je relevais la tête vers un marchand de café ambulant qui s’était installé non loin, ça arrivait parfois qu’à Harvard des mecs de ce genre se posent durant une petite heure ou deux. « Viens-je te paye un truc. » Je descendais les marches de la bibliothèque et me dirigeais vers le mec en question, commandant un café.