HEY SOUL SISTER ◈ JAELLE

Sinon ça fait quoi d'avoir une sœur ? Demi-sœur en réalité, et là était toute la différence. C'était une sorte de devoir que Joan se faisait de rendre visite à Jaelle de temps en temps à la Dunster House. C'est qu'elles étaient du genre pas très proches les frangines. La faute à leur mère, la faute à leurs pères, parce que ce n'était pas le même, mais aussi un peu des filles, il fallait bien le dire. Les deux brunes avaient été élevées dans deux milieux différents, Joan profitant de maman alors que Jaelle était limite à l'autre bout des USA. Malgré tout, depuis qu'elles étaient toutes les deux à Harvard, elles se voyait presque plus que lorsqu'elles étaient simplement sœurs. Leur relation n'était pas parfaite, loin de là, on peut même dire que sans ce lien de sang, elles se seraient presque ignorées. Cependant, la Lowell conservait une espèce de tendresse affective pour la plus jeune, peut-être pas ce qu'on peut attendre d'une grande sœur, mais plus d'une connaissance bienveillante. D'ailleurs, Lindley n'arrivait pas toujours à se présenter comme la sœur de l'étudiante, pourtant elle trouvait qu'elles n'avaient pas à pâtir d'être la sœur l'une de l'autre. Joan pénétra dans la Dunster House, cherchant du regard sa soeurette dans la salle commune, demandant à quelques étudiants s'ils n'avaient pas vu sa sœur et finalement la trouva plongée dans ses bouquins. Joan s'approcha doucement, tapotant l'épaule de la brunette. « Hey toi, je suis venue comme prévu. »

Tut,tut,tut, oh ta gueule, tut,tut,tut; putain de merde, noon. Mon bras donna un coup sur le téléphone qui tomba sur la moquette beige de la chambre. Je le ramassai, il continuait de sonner, c'est pas vrai que ces nouvelles technologies se cassent pas quand on veut. Mon coude s'enfonça dans le matelas et je regardais le soleil passer entre les persiennes de la chambre et venait se répercuter sur le meuble blanc d'en face, qui paraissait gris depuis quelques mois. Je décidai donc de me lever, pour me préparer à aller travailler au bar. Deux barrettes, un cappuccino et un jean plus tard, j'étais prête. Ma vie n'est pas si passionnante que ça, être à Harvard est n'est plus une nouveauté, et n'est plus aussi excitant qu'avant, lorsque je découvrais encore la grande université. J'avais souvent l'habitude de me lever, d'aller travailler ou en cours, puis bosser à la bibliothèque et enfin passer la soirée dehors, plus rien ne devenait surprise. A part la visite de ma soeur, Joan, la brunette comme j'avais l'habitude de l'appeler. Nous avons vécu une enfance loin l'une de l'autre, mais malgré tout, je la considérais comme ma vraie soeur, comme mon modèle - enfin, seulement pour certaines choses- , mon conseiller. « Hey toi, je suis venue comme prévu. » Je relevai la tête de mon code civil et la regardai. « Ah, salut Jo' ! » Je poussai la chaise en face de moi avec le pieds pour qu'elle puisse s'asseoir. « C'est ... c'est cool que tu sois venue. » Je lui souris. Je repris mon stylo avec lequel je me mis à jouer.

Sa sœur poussa du pied la chaise et Joan la rattrapa pour la pousser un peu plus et poser ses fesses sur l'assise. La jeune femme regarda autour d'elle, c'est qu'à force de passer à la Dunster House pour voir Jaelle ou d'autres amis Dunsters, la brune commençait à connaître les lieux. De toute façon, il y avait peu d'endroits qu'elle ne connaissait pas sur le campus, après sept années à Harvard, à l'instar de sa sœur, elle n'avait pas l'impression de se trouver dans l'une des plus grandes universités du monde. C'était devenu son quotidien, ça ne l'impressionnait que peu tout ça. Les gens qui y vivaient et évoluaient la surprenaient plus que l'université en elle-même, maintenant pour elle ce n'était qu'une jolie boîte avec plein de figurines dedans. Une grande boîte quand même, plusieurs fois elle était arrivée à perdre de vue des étudiants avec qui elle passait du temps. Regardez, quelques temps plus tôt elle avait revu un de ses exs, alors qu'il habitait pourtant dans une des résidences étudiantes, de plus la Mather House où Joan avait des amis. « C'est normal, de toute façon si je le fais pas j'ai les autorités du Vermont qui vont me tomber dessus pour me forcer. » Elle rit puis regarda sa demi-sœur. « Fort heureusement on ne me force pas, ça me fait plaisir. Alors c'est comment la DH en ce moment ? »

mes 3000 points (et deux mais faut pas dire ) pour toi ma Léa d'amour

« C'est normal, de toute façon si je le fais pas j'ai les autorités du Vermont qui vont me tomber dessus pour me forcer. » Je ris. Elle plaisantait, je le savais, mais au fond, j'étais sure qu'elle parlait de mon père. Cet homme, qui était devenu riche, en achetant des actions et en réhabilitant des entreprises. Il pesait dans le milieu. « Ah bah tu sais, tu pèse ou tu pèses pas dans le milieu.. » Je continuai à rire, approchant mon buste de la table. Ma jambe gauche passa sur ma jambe droite que je me mis à balancer. Joan venait régulièrement ici, limite, elle connaissait plus la Dunster House que moi.  « Et puis c'est vrai, c'est la moindre des choses, aller prendre des nouvelles de sa petite soeur adorée, qui travaille si dur !  » Je fis la moue, puis fis un grand sourire. J'aimais la taquiner, par le fait qu'elle était une artiste, et que cela ne demandait pas de travailler son code civil une dizaine d'heure par jour (éxagéré), c'était le talent et l'envie, la motivation. « Fort heureusement on ne me force pas, ça me fait plaisir. Alors c'est comment la DH en ce moment ? » Je souris, encore à ma belle brune qui me servais de soeur. « Ca me fais plaisir aussi ! » Je regardai ensuite autour de moi, et posai mon stylo, avant de passer ma main dans mes cheveux. « Ca se passe, ces derniers jours, je suis plus trop ce qu'il se passe. Mes premiers partiels sont bientôt et ... j'ai pas beaucoup pris le temps d'apprendre les lois 376 et 780 du code civil. » Je ris encore, j'aimais lui parler avec des termes et de choses, que seul moi je connaissais, bien que mes dernières paroles n'étaient pas dures à comprendre. J'aimais lui rappeler que j'étais rigoureuse, et puis, ça me faisais aussi beaucoup rire.

La jeune femme ricana avec sa sœur, même si au fond, elle aurait presque pu se sentir visée. C'est vrai, autant le père de Jaelle « pesait » autant celui de Joan était presque insignifiant, pas à ses yeux bien sur, mais aux yeux de l'économie du Vermont. Mais au fond elle aimait bien ça, sa demi-sœur était différente, de par leur éducation à chacune, si bien qu'elle était une amie à ses yeux, pas simplement sa sœur. Leurs différences enrichissaient et avaient toujours enrichi leurs relations. « Et voilà comment me réduire à l'esclavagisme et au rang de baby-sitter pour petites sœurs. » Ça c'était de l'hyperbole, parce que c'est pas avec leur année de différence que Joan appuyait sa position de grande sœur et puis la jeune femme était loin d'avoir besoin d'une baby-sitter, elle s'en sortait aussi bien ou mieux que sa sœur. Lindley sourit à la brune. « J'espère bien que tu travailles ! L'honneur de la famille repose sur tes épaules. Puis après tu pourras réviser pour moi si tu veux. » disait la vieille qu'elle était et son doctorat d'astrophysique qui approchait. Ah faut tout leur apprendre à ces gosses j'vous jure. Joan écoutant la miss Lafferty lui faire part de ses petits soucis d'apprentissage des lois truc et machin. Rien que de s'imaginer devant un Code Civil, la jeune femme en avait des frissons. « Je sais même pas pourquoi tu t'imposes ça. T'aurais pas pu faire maths sup ou chimie nucléaire ? C'est bien plus simple. »

« Et voilà comment me réduire à l'esclavagisme et au rang de baby-sitter pour petites sœurs. » J'aimais la relation qu'on entretenait. Même si nous avons vécu deux vies parallèle, avec deux éducations différente et en partageant la même mère, on se considérait comme soeur, enfin, c'est comme ça que je la considérais, et on se cherchait encore, l'un et l'autre. J'aimais en apprendre un peu plus encore d'elle. Je lui donnai une tape sur l'épaule. « Oh ma pauvre ! » Je fis la moue et me mis à rire. Puis je regardai autour de moi et jetai encore un coup d'oeil vers elle. C'était ma grande soeur, et malgré le petit écart, elle était plus grande et mon père, m'avais toujours conseillé de l'écouter, quand elle disait des trucs utiles. « J'espère bien que tu travailles ! L'honneur de la famille repose sur tes épaules. Puis après tu pourras réviser pour moi si tu veux. » Je ris. En vrai, je n'étais pas plus intelligente que moi, l'astrophysique, c'était ce qu'elle faisait. Mais disons, que j'étais d'un naturel plus bosseur et moins rêveur.  « L'honneur de la famille ! Ahah, laisse moi rire, t'as vu la gueule de la famille ? » Je ris encore une fois. Non pas que j'aimais pas ma famille, bien au contraire, mais il faut bien l'avouer, elle était sacrément bizarre.  « Je sais même pas pourquoi tu t'imposes ça. T'aurais pas pu faire maths sup ou chimie nucléaire ? C'est bien plus simple. »  Je ris. A mon avis, elle me mentais, ça m'aurais étonné qu'en astrophysique, il ne faille pas travailler. « Mais t'es dingue, les sciences, trop de molécules, trop de chiffres, qui mène à dire qu'on peut mélanger de l'huile et de l'eau. » Je grimaçai et tirai la langue. Puis je souris et fini par poser mon stylo et la regardai, avant de m'approcher d'elle. « Bon, la Lowell, qu'est-ce qu'il se passe de croustillant là-bas ? »  Je la regardai, comme une petite fille qui attend une surprise.

C'était ça, un éternel apprentissage l'une de l'autre, Joan était presque certaine de ne pas en savoir plus sur Jaelle que ses amies. Enfin peut-être que si, leurs relations familiales, le fait que la jeune femme ait souffert de ne pas avoir sa mère aussi souvent que Joan. La Lowell était d'ailleurs pratiquement sure de se tromper sur les cadeaux de Noël qu'elle lui faisait chaque année. C'était comme ça, ça avait toujours été ça, mais les deux brunes n'en faisaient pas un obstacle mais plutôt la base de leur complicité, de leur amitié et de leur relation fraternelle si particulière. D'ailleurs la jeune femme rit de concert avec Jaelle lorsque celle-ci se moqua gentiment de leur famille justement. On peut dire que sur ce plan là, les Lindley-Lafferty ne faisaient rien comme tout le monde. « Si maman t'entendait elle te ferait part d'un de ses discours anarchistes, rappelant que le pilier d'une famille c'est la mère, et qu'on devrait ne pas se plaindre d'avoir une mère si consciente de ça. » La brune secoua la tête en écoutant les théories scientifiques de sa sœur, non franchement elle n'avait pas raté tant que ça sa vocation. « Finalement reste en droit ça te va bien. » Ensuite elle lui demanda des nouvelles de la Lowell House. Ah ben tiens en parlant de ça. « Je vais me marier. »

La famille, ça avait été tabou lors de mes premières années. Grandir sans figure maternelle, est souvent difficile, mais avec l'âge, j'avais appris à apprécier ma famille comme elle était. A aimer Joan comme une soeur et à pardonner à ma mère, même si son style de vie, ne me plaisais pas trop. C'était particulier, différents que les autres enfants, différents des autres enfants d'un couple divorcé. Mais, il fallait quand même se dire que l'originalité, ne faisait pas de mal, dans ce monde où tout le monde est "look like everyone else". « Si maman t'entendait elle te ferait part d'un de ses discours anarchistes, rappelant que le pilier d'une famille c'est la mère, et qu'on devrait ne pas se plaindre d'avoir une mère si consciente de ça. » Elle secoua la tête, et je ris, encore une fois depuis qu'elle était là. Ses discours étaient parfois fascinant, mais celui-là, m'énervait au plus haut point. Parce que dans notre cas, le pilier n'avait penché que d'un côté. Enfin, bref, j'étais bien, ici à Harvard, avec ma soeur. « Ah, les discours de maman, jamais je m'en lasserais. » Je souris et regardai vite fait ma feuille, après avoir craché gentiment sur les sciences que je ne comprenais pas. « Finalement reste en droit ça te va bien. » Je grimaçai et hochai la tête, avant de lui demander comment ça se passait chez les Lowell. « Je vais me marier. » Mon buste partit en arrière, et mon coeur se mit à battre très vite, très fort. Je ne savais comment réagir en vrai. Puis, je me mis à rire, nerveusement. « Non, c'est une blague ? Attend, mais avec qui ?Co...comment ça se fait ? 'Fin, j'veux dire ... maintenant ? » Je mis ma main devant la bouche, pour cacher ma bouche toute souriante. Je ne voulais pas me moquer, mais la nouvelle était ... surprenante.

La jeune femme se demandait si la brune prenait ça vraiment avec philosophie ou si elle essayait de faire comprendre à sa sœur ce qu'elle pouvait ressentir par rapport à leur mère. Parce que Joan était parfaitement au courant de comment leur mère avait géré ses deux familles si on peut dire. Ce qu'elle savait aussi c'est qu'elle s'était toujours dit qu'elle n'y pouvait pas grand chose parce qu'elle était petite à l'époque, elle avait presque l'âge de Jaelle et tout ce qui lui importait c'était d'avoir maman à la maison. Mais avec le recul, elle tentait aussi de se racheter de ces années où elle avait accaparé leur mère en se montrant proche de Lafferty. « Maman n'est pas une sainte non plus. » Puis l'annonce du mariage eut l'effet escompté. Malheureusement Lindley aimerait dire qu'elle allait avoir un mariage de rêve à sa sœur, seulement elle se devait de rétablir la vérité avant que la jeune femme ne se fasse trop d'illusions. « Avec mon ex. Pour ses papiers uniquement, rien de très affriolant tu sais. Mais je voulais que tu sois au courant même si ça risque pas d'être le mariage du siècle.

Joan s'était toujours très bien compotée avec moi, malgré la distance, et la compétition qui aurait put s'installer, à cause de notre âge très rapproché, mais aussi, de notre mère, dont la jalousie était le principal facteur dans sa relation avec nous deux. Mais elle, avait toujours été compréhensive, et moi, avais toujours essayé d'être heureuse pour elle, parce qu'elle le méritait. Et puis maintenant, nous étions toutes les deux à Harvard, à se croiser souvent et à la voir à la Dunster House. Notre mère avait toujours été une femme dans l'anarchie complète, ça se voyait déjà dans sa façon de voir et d'organiser sa famille. Disons, que c'est peu commun. « C'est vrai, mais si elle n'était pas comme ça, elle serait d'un ennui. » Je souris. Je détestais les gens trop coincés, qui lorsqu'un mot un peu décalé ou grossier sort de la bouche de quelqu'un, ils soient choqué. C'était quelque chose qui m'exaspérait au plus haut point. L'annonce de son mariage me fit un bond dans ma tête. J'en revenais pas, j'allais devenir belle-sœur, et avec un inconnu. Rassurée, lorsqu'elle m'annonça que c'était Cody, un bon gars, que j'aimais beaucoup. J'explosai de rire. « Ah, tu me rassures, vraiment, j'ai cru au pire. J'ai toujours sur que le destin réussirait à vous réunir à nouveau. » Je posai ma main sur la mienne, les yeux brillants, comme si sa nouvelle était vrai et que je voulais la féliciter, mais évidemment, c'était de la taquinerie, parce que j'avais vaguement entendu parler de leur histoire et c'était pas joli joli. Puis, je retirai ma main, et tout en souriant, je posai mon regard sur la table, puis, encore vers elle. « En tout cas, je suis contente que tu m'en ai parlé et c'est cool ce que tu fais pour Cody. » Je lui fis un clin d'oeil.