so if i run it's not enough x ft. Maxime

La balle. À un moment ou à un autre, elle s'écraserait contre ta raquette et tomberait au sol, inutile. Tu tapais tellement fort, ton bras allait si loin pour mettre toujours plus de puissance dans le coup. Depuis quelques jours, c'était ça ton moyen de décompresser, de laisser aller ta colère. C'tait pas la boxe, ni la course, mais ça viendrait. Pour l'instant, t'étais accro au tennis, étrangement. Tu te tuais le bras, mais t'en avais rien à faire : t'avais connu bien pire comme douleur. Dès que la balle s'abattait sur ta raquette, c'est le visage de Charlie, le visage de ton agresseur, le visage de celui qui t'avais enfermé dans ce restaurant en flammes qui apparaissaient. Quand la balle cognait contre le mur devant toi, c'est seulement le visage d'Adam qui s'laissait aller à ton imagination. T'avais vraiment besoin de décompresser. Sinon, tout allait bien, hein! T'étais juste incroyablement effrayée depuis deux mois, mais tout allait pour le mieux, c'que tu te faisais croire. Trop occupée à frapper et encore frapper la balle, t'avais même pas entendu les pas résonnant qui annonçaient la présence de quelqu'un. Quelqu'un qui viendrait péter ta bulle de solitude, et qui te ferait probablement fuir, car tu fuyais presque tout le monde qui s'approchait de toi, quand tu étais seule.

" Tiens salut... Dixie, c'est ça ? " Pivotant la tête, tu manquas ton prochain coup, et c'est à ce moment que tu grimaças à cause de la douleur à ton bras. Immédiatement, tu reconnus le jeune homme qui se tenait avec Olive, un peu très près d'ailleurs, à la soirée des Cabots. Tu fronças les sourcils en le questionnant, sans même répondre : " Tu joues au tennis toi? " Oups. T'oubliais les bonnes manières. " Merde, excuse-moi. Oui, c'est bien Dixie. Et toi, Maxime, j'me trompe pas? " À la soirée, t'avais eu l'occasion de le voir pas très longtemps, car dès qu'Adam était arrivé, t'étais partie avec lui derrière les rideaux. Tu fronças les sourcils à la question du jeunes hommes, puis te mis à rire avec une pointe de susceptibilité qui devait bien transparaître, mais tu te moquais un peu de toi-même, aussi " Quoi, j'suis pas douée? J'croyais que si, pourtant. " Tu hausses les épaules en soupirant, ramassant la balle qui venait d'cogner contre tes baskets, puis tu ajoutas : " Nah, j'joue surtout pour me défouler. Toi? "

Quand même, ton truc c'était pas tant le tennis. C'tait plus la danse, la course, même s'il n'y avait rien d'artistique là-dedans, tu te sentais juste bien après un bon tour de piste. D'ailleurs, tu t'étais mise depuis quelques mois à la boxe, pas pour décompresser, mais surtout pour l'auto-défense qu'il y a avait derrière ça. Le sport était un moyen de survie, pour toi. Depuis longtemps. Depuis la mort de ton frère, quoi et depuis, les raisons s'étaient simplement accumulées. Tu t'étonnes et tu tentes presque de te cacher lorsque Maxime t'apprends qu'il joue au tennis et qu'il joue pro. Quoi? Et toi qui jouais n'importe comment, il devait très certainement te trouver ridicule, encore plus si en fait, tu ne jouais pas vraiment, mais tu ne faisais plus que te défouler .. C'est bien ce que tu lui avais dit, mais il se trouvait à être en parfait désaccord avec toi. Avec raison. D'ailleurs, c'vrai que t'avais mal au bras, il te chauffait. " Pourtant, ça fonctionnait! Mais si t'as d'meilleurs moyens d'se défouler, vas-y, j'te laisse le champ libre, montre-moi, j'en ai d'besoin. ", souffles-tu, presque désespérément. C'tait ton adrénaline, ça te tenait en vie, ta survie. Pathétique, n'est-ce pas? " T'aurais pas des conseils, des trucs à m'montrer? Au pire, tu peux faire la cible, et moi je fais tous mes coups sur toi? ", dis-tu en rigolant, parant ta raquette vers lui.

La danse était pour toi ce que semblait être le tennis pour Maxime. Tu croyais pas qu'il y avait vraiment des gens qui réussissaient à s'donner à fond dans ce sport, car même si c'était pas du tout simple, ni facile et qu'il fallait un bon cardio - oh que oui -, c'comme si c'était rien à côté de la danse. C'est sûr, la danse - ou le striptease - avait toujours été pour toi quelque chose d'important et d'artistique : tu étais toi-même artistique, ce qui expliquait à peu près tout. Artistiquement sportive, oui! Comme il t'proposait de t'aider et de t'apprendre, Maxime te tendit une raquette qui n'était pas la tienne, mais qui semblait déjà plus...professionnelle que celle qu't'avais achetée à la première boutique du coin. Elle était déjà bonne pour la poubelle. Max va de l'autre côté du filet, te demandant d'te tenir prête après t'avoir apporté quelques conseils, et tu sens étrangement qu'il va s'donner un malin plaisir à te faire courir de tous bords tous côtés, comme il te l'avait si bien mentionné. Tu fronces les sourcils en pliant légèrement les genoux, te tenant prête, oui. Tu l'étais. Sûrement... Du moins, c'est c'que tu crois, mais tu sous-estimes un peu beaucoup trop le talent de ton adversaire, qui est un vrai pro. Rien que son service te le confirme. " Hey, oh! " Tu réussis à frapper la balle de justesse, l'envoyant de l'autre côté, mais elle accroche le filet retombe de ton côté, ce qui lui donnerait un point. Tu maugrées. " Si j'manque la balle chaque fois, j'crois pas que c'est comme ça que j'vais réussir à me défouler, hein... "

" Ah mais attends, te moque pas! P'têtre que j'suis juste bonne au théâtre et qu'j'vais bien t'envoyer la balle en plein front! ", dis-tu en bougonnant, avant de rire à ton tour, frappant cette nouvelle balle t'arrivant plus doucement devant toi, balle que venait de te servir de nouveau Maxime. Ah, tiens, t'étais arrivée à la frapper celle-ci, sans te gêner pour l'envoyer bien fort bien loin, tout droit sur Max. " Oups! " T'espérais qu'il la voit venir à temps, ce qui ne t'aurais certainement pas étonnée ; tu ne le connaissais pas, ni lui, ni ses talents de tennis, mais t'avais comme la certitude qu'il ne mentait pas en disant qu'il était joueur pro. Fallait bien qu'il te montre ses talents, non? " Alors, dis! Pour pas m'incruster trop parce qu'on s'connaît pas... Toi et Olive, c'quoi c'truc? " Bah quoi? Tu manquais pas de tact pour c'genre de trucs, surtout que tu croyais qu'Olive était amoureuse de c'Warren qu'tu connaissais (bon ok, ça fait schizo mais on s'en fiche!) avant même ton arrivée à l'université, y'a 5 ans d'ça! Tu faisais ta curieuse pour... p'têtre balancer à ton poto Warren, car lui t'savais qu'il était fou amoureux d'la blondinette de Mather. Et puis, parler d'autre chose que d'tes problèmes, en frappant sur cette foutue balle, ça t'ferait du bien un peu. Beaucoup, même!