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Tu te sentais... épuisé. Tu avais l'impression que ton cerveau tournait au ralenti depuis un certain temps, privé d'un temps relativement normal de sommeil et l'esprit accaparé par mille et une choses. Tu avais passé ces quinze derniers jours à courir dans tous les sens, entre les cours, devoirs et ton boulot... à ceci s'étant ajouté ce foutu projet dans lequel tu t'étais engagé sous la direction d'Anastasiya. A la joie des premiers instants, à l'idée d'avoir le premier rôle masculin d'une nouvelle pièce avait succédé la détresse de cette impression que tu étais tombé dans un foutu piège dont tu ne pouvais guère sortir sans te flanquer une balle dans le pied en même temps. Après tout, tu n'avais jamais parlé de danse avec ce projet... sauf à partir de la première répétition, et il fallait que tu y sois parfaitement à l'aise pour les représentations. Tu passais donc tout le peu de temps libre qu'il pouvait te rester à l'entraîner, au risque de te blesser. Ce n'était jamais bien aux yeux de la Russe, et toi, tu avais toujours l'impression d'être un bébé échassier apprenant à se servir de ses longues pattes. Tu te sentais en permanence ridicule pendant les répétitions, et tous tes efforts pour assumer tes faiblesses depuis cet été fondaient comme neige au soleil à cause de cela. Tu t'épuisais totalement, que ce soit physiquement comme moralement, mais tu ne t'arrêtais pas de danser. Oui, tu savais que tu risquais de te blesser de plus en plus, mais tu ne voulais pas arrêter. Si tu baissais les bras, tu serais ridicule, encore plus que d'habitude, et tu serais mal jugé lors de la représentation. Mais tu évoluais bien trop lentement, tu sentais que tu n'y arriverais pas, toi et ton pessimisme. Ce soir cependant... Pas de danse au programme, ni rien d'autre niveau travail. Non, aujourd'hui était un jour particulier, tu ne dormirais sans doute pas du tout, mais pour une fois.. Tu t'en fichais. Aujourd'hui était l'anniversaire du décès de tes parents, et tu étais encore moins d'humeur que d'habitude. William t'avait envoyé un SMS pour te dire qu'il rentrerait tard, et tu ne lui avais pas dit que ce ne sera pas ton cas, histoire d'être seul dans la chambre. Non, ce n'était pas comme si tu l'évitais depuis ces quinze jours, histoire qu'il ne remarque rien, ou du moins le moins possible. Tu ne voulais pas qu'il voit ses yeux de pandas, le vide de ton regard, et les bleus qui parsemaient tes jambes, la faute aux entraînements auxquels tu te soumettais. Tu avais laissé la lumière de la table de nuit au minimum, histoire d'y voir quand même quelque chose, et sortis un vieil album photo de tes affaires soigneusement rangés. Tu ne possédais réellement pas grand chose de Londres, encore moins porteurs de souvenirs, mais cet objet était une réelle exception, hormis ton ancien appareil photo. Te mettant en tailleur sur le lit, tu commençais tranquillement à le feuilleter, te plongeant dans les quelques souvenirs qu'ils te restaient, bien trop peu nombreux et diminuant d'année en année. Tu devais tellement maintenir ta concentration pour ne pas flancher que tu n'entendis même pas la porte s'ouvrir, les yeux mi-clos.
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