Il s'excusait de son comportement. J'avais envie d'accepter ses excuses, de me retourner et faire comme si de rien était. Comme s'il n'avait pas essayé d'en savoir plus, comme s'il ne s'intéressait pas de nouveau à moi, seulement je ne pouvais pas. Le problème, c'est qu'il ne s'excusait pas pour les bonnes raisons, je me fichais qu'il me juge, qu'il porte un jugement négatif sur mes actions, son regard importait peu à présent surtout que je n'étais pas fière non plus, en revanche, j'étais plus contrariée par son envie de renouer contact avec moi. Je voulais qu'il s'excuse pour ça, qu'il me laisse, qu'il décide de m'oublier comme il était si déterminé à le faire au début de l'été. Tu peux me juger autant que tu veux, c'est pas le problème dis-je calmement. Seulement, après, je m'étais emballée, prise par l'émotion et tous ces sentiments que j'avais laissés de côté. Il prenait mes mains dans les siennes, ce contact me faisait instinctivement bondir en arrière mais je décidais de ne pas rompre le contact. C'était si... inattendu. Je ne comprenais véritablement pas ses actions, pourquoi agir de cette manière, pourquoi m'infliger ça ? Mais, étrangement, ce contact, insupportable et soulageant à la fois, réussissait à me faire reprendre mes esprits progressivement. J'avais moins envie de pleurer, je décidais de me ressaisir, j'avais déjà trop versé de larmes devant lui, pour lui, il ne méritait pas que je craque à nouveau. Malheureusement, son beau discours me faisait ravaler mon soudain soulagement, il s'inquiétait pour moi. Durant l'été je l'avais imaginé heureux, profitant sans se soucier de moi puisqu'il avait tourné la page. Je pensais que c'était une affaire bouclée, qu'il était passé à autre chose et que je n'étais plus qu'une ex parmi les autres. C'était douloureux mais jamais je n'avais imaginé qu'apprendre le contraire serait plus douloureux encore. Je déglutissais fixant nos mains unies les unes aux autres. Il avait été si dur, froid et distant lors de notre dernière rencontre... Pourquoi avait-il agit ainsi alors qu'au fond il n'était pas prêt ? Au moins pendant l'été, tu es passé à autre chose, je vois pas pourquoi tu décides de faire marche arrière maintenant Priape. Tu y es arrivé, tu me le dis toi même. Je le fixais, continuant. Si tu penses que c'est le mieux, alors pourquoi revenir me parler, pourquoi ! insistai-je. Je t'ai jamais rien demandé, pas depuis la Russie, j'ai écouté ce que tu m'as dis, et même si c'est plus fort que toi, je crois que tu réalises pas ce que tu me fais... Quand tu m'as dit que c'était terminé, j'avais ravalé toute ma fierté et j'ai décidé d'avancer alors que je t'aimais encore. Tu m'as traité comme une merde, véritablement ! Je ne parlais plus au présent de manière intentionnelle, malgré la place qu'il tenait toujours dans mon coeur, je ne l'aimais plus, du moins pas de la même manière. Il avait détruit l'amour inconditionnel que je lui portais, cet amour que je ne ressentais que pour lui. Aujourd'hui, c'était de l'amertume que j'avais, tout avait changé et je n'étais plus prête à me sacrifier pour lui ni à souffrir. Je voulais qu'il le comprenne, je n'étais plus la petite marionnette Caly qui était à ses pieds deux mois auparavant. Il décidait de rompre le contact de nos mains, je continuais à le fixer, imperturbable. Priape... dis-je en tentant de me ressaisir, j'étais vraiment qu'une guimauve, une larme commençait à rouler sur ma joue droite, je détournais le regard un instant avant de prendre Priape dans mes bras, je posais ma tête sur une épaule. Mon geste était non réfléchi, instinctif, comme si... comme si j'en avais besoin malgré mon envie de le rejeter, c'était trop dur. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas été aussi proche de lui, sentir son odeur, le sentir, là, tout proche. Mes larmes, discrètes, continuaient leur chemin et je soufflais à son oreille. Priape, je suis désolée... Je ne peux pas te laisser faire ça, même si j'aimerais... je ne peux pas te laisser entrer dans ma vie à nouveau, même si tu t'inquiètes, même si c'est plus fort que toi, je dois penser à moi tranchai-je. C'était si dur de lui avouer ça, alors que nous étions si proches durant cet instant, mais je voulais me préserver avant tout, et en même temps... c'était si tentant.