Retour à la case hôpital (PANKIRA)

C'était le black-out total... La dernière personne à laquelle je pensais c'était Akira... Puis le noir complet... J'aimais pas ça... Mais de toute façon que je le veuille ou non j'étais inconsciente... J'entendais vaguement des cris, des voix, mais surtout la voix du garçon que j'aimais... Ou que j'avais aimé... Je ne savais plus où j'en étais, j'savais plus si à l'heure actuelle j'étais encore vivante ou non... J'savais plus rien. Je savais juste que j'avais mal, un putain de mal de chien qui me lançait sur tout le corps... Une sirène d'ambulance... Putain vous me faites mal... Laissez-moi crever, au moins comme ça j'aurais pas à affronter Akira...

Finalement au bout de quelques heures de black-out, j'ouvrais faiblement les yeux, reconnaissant que trop bien cet endroit et l'odeur de l'hôpital... J'étais shootée aux médicaments et anti-douleurs, j'avais un bras dans le plâtre... une chance ça n'était pas ma jambe... J'devais avoir aussi quelques côtes cassées, mais j'me sentais horriblement faible. Et j'aimais pas ça. Akira ? Où était-il ? Est ce que finalement il avait décidé de m'abandonner, de me fuir ? Je sursautais quand mon médecin se pointa...

"Oh... vous êtes réveillée, bienvenue dans le monde des vivants mademoiselle Howard... On va prévenir votre ami que vous allez bien..."

Mon ami ? Qui ça ? Akira ?

L'attente... L'attente fut horrible. J'me retrouvais là, posé le cul sur une chaise, me forçant à rester en place alors que l'angoisse me torturait. En moins de 24 heures, il s'était passé bien trop de choses : j'avais fait une crise cardiaque à cause de la drogue, Pandora était potentiellement enceinte de moi et elle se faisait renverser par une voiture au pied de son immeuble... Et au beau milieu de tout ça, alors que je prenais mon mal en patience dans cette foutue salle d'attente, j'arrivais à me poser des questions sur mes sentiments. J'suis tordu.

Je ne me levai finalement que lorsque le médecin revint me voir pour m'annoncer le réveil de la jeune femme. Je pris tout ce qu'il me restait de courage et entrai doucement dans sa chambre. Je n'osais pas soutenir son regard... Mais je m'avançai jusqu'à la chaise à son chevet. Pour encore me rasseoir, sans rien dire, la toisant de haut en bas. Elle était dans un sale état... Mais elle ne risquait plus sa vie.

Tout cela était de ma faute. J'avais pété un câble, j'lui avais fait peur. Je sentais ma gorge se nouer; entre le soulagement de ne pas la perdre, et toute cette situation plus que tendue, j'avais l'impression de craquer nerveusement. Et malgré toute la volonté que je mettais à les retenir, je sentis quelques larmes perler du coin de mes yeux, sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. C'était... trop, je suppose. Trop à supporter. Je les essuyai rapidement sur ma manche, et tentai de reprendre le contrôle. "Comment... tu te sens ?"

J'avais le regard vide, probablement à cause des cachetons que l'on m'avait obligé à prendre... J'avais mal, partout, j'avais effectivement quelques côtes cassées et je galérais pour ne pas souffrir lorsque j'essayais de m'installer un peu mieux dans ce putain de lit d'hôpital... J'pensais pas que Akira serait encore là, alors que l'occasion de pouvoir se barrer comme un lâche s'était présentée plus tôt... Je comprenais pas pourquoi il était là... J'avais de plus en plus de mal à le cerner et je fus surprise de voir quelques larmes au coin de ses yeux... Étrangement ça ne collait pas du tout avec son caractère...
Il me demandait comment j'allais, à vrai dire j'en savais trop rien, tout ça c'était trop... "J'sais pas... j'me sens comme une fille qui vient de se faire renverser par une voiture..."

J'avais pas envie de lui parler de mon état de santé, j'étais en train de réaliser qu'il ne m'arrivait que du malheur depuis que je le connaissais, qu'il fallait que tout ça, ça prenne fin, même si au final c'était peut-être moi qui allait le plus en souffrir...
J'sentais les larmes me monter aux yeux, et mon coeur se serrait encore plus... "Tu...tu devrais rentrer, j'ai pas besoin de quelqu'un à mon chevet..." Je tremblais, je ne savais pas par où commencer...

"Ecoute... J'peux plus continuer comme ça à faire semblant de ne rien ressentir pour toi... J'suis ptêt maso jusqu'à un certain point mais là c'est trop... On peut plus continuer comme ça... Je crois qu'on devrait arrêter de se voir, parce que à force d'espérer, c'est moi qui souffre, et je commence à en avoir marre de devoir t'attendre... J'veux que tu partes...s'il te plaît..."

Est-ce qu'elle était en train de me... "larguer" ? Je sais, on n'était pas ensemble. Mais c'était globalement la même chose. Et pour le coup, je ne savais pas quoi lui dire. J'avais ce sentiment de m'être fait coupé l'herbe sous le pied. C'était justifié, et je ne pouvais que comprendre. Je lui faisais trop de mal, ça ne pouvait pas durer. Elle voulait une vraie relation, quelqu'un de stable et de normal... J'étais trop loin de tout cela. Et à vrai dire, j'avais eu envie de lui dire la même chose, lui dire que j'avais envie de tout arrêter. Alors... j'aurais dû me sentir soulagé de l'entendre prendre cette décision d'elle-même. J'aurais dû. Mais étrangement, je me sentis mal. Comme si mon égo se prenait une grosse claque. J'avais l'impression qu'elle me retirait quelque chose dont j'avais besoin, alors même que je le refusais.

"Hm." acquiesçai-je tout simplement, prenant encore sur moi pour garder mon calme. Et mon regard se perdit dans le vide. Bordel, pourquoi cela me décevait-il à ce point ? Je me relevai, faisant grincer la chaise sur le sol. "Remets-toi bien." murmurai-je, en me pinçant un peu les lèvres. Et j'avançai vers la porte, lui adressant finalement un dernier regard avant de sortir. Un regard étonnamment bienveillant.

Il ne trouvait rien à répliquer... comme si il s'y attendait, comme si tout ça c'était prévu... et peut-être que lui aussi il voulait tout arrêter... J'me sentais limite blessée qu'il ne réponde rien... Comment il pouvait partir sans rien trouver à dire ? Pourquoi il me faisait subir ça alors que je souffrais déjà beaucoup trop ? Et il quittait la chambre, en me sortant uniquement de bien me porter... Je ne l'empêcherais pas de partir... parce que c'était moi qui avait lancé cette conversation à sens unique... Je ne le regardais même pas, m'enfonçant sous les couvertures, et c'est le coeur meurtri que je pleurais sans chercher à retenir mes larmes... Mais c'était mieux ainsi, du moins c'était ce que je pensais... Alors pourquoi est ce que je pleurais ? Pourquoi est ce que j'avais mal ? Parce que, que je le veuille ou non j'étais encore amoureuse de lui...

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Ellipse bitches

Quelques jours étaient passés. Je n'avais pas rappelé Pandora, et elle n'était pas revenue vers moi non plus. Ca semblait... définitif. On ne se reverrait plus. Et c'était mieux comme ça. J'pourrais reprendre ma vie de débauche sans m'inquiéter des conséquences, sans personne pour se soucier de moi.

Cependant, j'avais été dans l'obligation de revenir en ces lieux aseptisés. Suite à ma crise, je devais faire un dernier examen, qui me dirait si les dégâts causés à mon coeur étaient résorbés, ou s'il y avait un problème persistant... J'vous avoue que malgré tout le sérieux de la chose, j'avais dû me faire violence pour venir le faire. Surtout sachant que je risquais de croiser Pandora. Elle devait être là pour un petit moment, avec tous ses os brisés...

En sortant de ma salle d'examen, je du me résoudre à attendre les résultats sur l'un des quelques sièges du large couloir. C'était... long. Un peu stressant aussi, finalement.

Aujourd'hui ça faisait quelques jours que j'étais à l'hôpital, j'avais encore mal et j'étais toujours shootée aux médocs... J'l'avais plus revu depuis ce fameux jour, j'lui avais même pas envoyé un seul sms... parce que je savais que je n'aurais pas de réponse, j'le connaissais par coeur, que j'le veuille ou non. Alors pourquoi est ce qu'il me manquait autant ? Ce matin j'me réveillais la tête dans le pâté et j'avais soif, sauf que j'voulais pas boire leur eau... J'avais envie d'un soda et ça tombait bien y'avait une machine à soda dans le couloir. J'galérais à sortir de mon lit et j'prenais avec moi quelques pièces de monnaie pour aller me chercher une boisson... J'étais encore faible et j'me stoppais net quand j'aperçu Akira qui était là... Merde qu'est ce qu'il foutait là lui ? J'passais devant lui, sans même lui adresser un regard, je décidais de l'ignorer parce que c'était tout ce qu'il me restait à faire, pas vrai ?

Jpensais pas cet hôpital si petit. Non, je ne pensais pas croiser Pandora si simplement. Elle passa a coté de moi, m'ignorant parfaitement. Et a vrai dire, je me disais qu'elle avait raison. Quoi qu'on devait vraiment avoir l'air con.

Je finis par me lever. J'avais du temps a tuer, et peut-être étais-je parti trop vite la dernière fois. Je ne lui avais rien dit, comme d'habitude, mais je ne voulais pas qu'on se déteste... "Pandora ?" lui fis-je en m'approchant d'elle, essayant de paraitre le plus naturel possible. Ce même si j'avais la boule au ventre . "Tu sors bientôt d'ici?" façon de faire la discution... Et tâter le terrain. A vrai dire, je ne savais pas comment aborder le sujet, ni dans quel état d'esprit elle se trouvait...

J'me figeais sur place quand il prononça mon prénom... J'croyais pourtant lui avoir fait comprendre que j'voulais plus le voir, que j'y arriverais pas à continuer de faire semblant de ne pas avoir de sentiments pour lui... Sa voix me fit frissonner, j'voulais pas lui parler, mais j'aurais l'air bien conne, surtout que certaines personnes avaient leur regards posés sur nous. J'me tenais les côtes parce que j'avais mal et j'voulais pas m'écrouler devant lui... J'me tournais vers lui, pas de sourire aux lèvres, il me demandait si je sortais bientôt d'ici et ça j'en savais rien...

Parce que en prime d'être cassée de partout, les médecins s'étaient aussi rendus compte que j'étais en pleine période de déprime... J'mangeais plus et en quelques jours à peine j'avais maigri... "J'sais pas... pourquoi ? Les médecins veulent me garder encore ici à mon plus grand regret... Apparemment d'après eux j'serais devenue dépressive depuis l'accident..."

Je ne m'attendais pas à une telle révélation. Moi qui pensais me contenter de quelques banalités, voire d'un vent de sa part, je restai un peu hébété. Une dépression ? Due à l'accident ? Ou bien de ma faute ? Quoique ça revenait encore au même... Je détournai brièvement le regard, sans trop savoir quoi lui dire. "D'expérience, les médecins peuvent se tromper..." lâchai-je finalement en posant de nouveau les yeux sur elle. Et j'espérais que ce fut le cas, bien évidemment. Mais il était vrai qu'elle avait l'air affaiblie. Je la toisai un instant. Elle était devenue plus maigrichonne, mais se passerait certainement de la remarque.

Et cette histoire de potentielle grossesse me trottait toujours dans la tête. Fallait que je me lance pour avoir quelques réponses, avant qu'elle ne se ferme complètement à moi. Si ça n'était pas déjà le cas. "Tu as eu beaucoup d'examens... Ils n'ont rien trouvé de spécial ? Tu sais, par rapport à tes nausées de l'autre fois..."